❊ Chapitre 33 - Marche funèbre

❊ Pdv Lily

   - Lily... Je suis... je suis vraiment désolé pour tout ce qui t'es arrivé.

Sa voix tremble. La mienne s'est éteinte dans le flot de mes larmes. 

Il poursuit.

  - Ecoute moi, tu... Tu n'y ai pour rien. Bon sang tu n'a pas à te sentir coupable, tu as agit selon ton coeur et à aucun instant tu n'a pensé à mal. Tu... Tu es... Tu es juste victime d'une putain de coïncidence ! 

Sa voix déraille. Sa sensibilité me touche mais il occulte complètement le fait qu'il à souffert de cette situation tout comme moi. Je suis loin d'être la seule victime. 

   - "Nous" sommes victimes de cette putain de coïncidence... Murmuré-je.

Mais comme s'il n'avait pas entendu mon intervention, il passe sa main dans ses cheveux avant de se pencher vers moi et de poursuivre.

   - Et tu... Tu n'as pas tué ta mère. je refuse de te laissai dire ça. Tu as tout fait pour l'aider... Tu... tu as fais bien plus que beaucoup de personne ! Tu t'es même mise en danger pour elle. Dans cet accident, tu aurais très bien pu y perdre la vie toi aussi. Tout comme moi. Tout est une histoire de coïncidence. Rien ne peut modifier le destin. Et pourtant si je pouvais t'épargner cette douleur, crois moi, je me serai jeté sous les roues sans hésiter un instant. 

Ce qu'il vient de me dire me percute comme un coup de poing. Comment peut il me dire cela ?! Je redresse brusquement la tête vers lui. Ses yeux sont baignés de larmes tout comme les miens.

   - Ne dis plus jamais ça. Tu m'entends ? Plus jamais.

   - D'accord. Promis.

Je perds encore une fois tous mes moyens. Je n'arrive plus à m'exprimer. Tout ce que j'aimerais lui dire, lui expliquer, tout reste bloqué dans ma gorge. 

Sa main qui n'est pas blessée vient chercher tendrement ma joue. 

   - Hey, c'est bon, je suis là. Avec toi.

   - Asena... Je... Je ne veux plus penser à tout ça pour l'instant ok ? Mais je veux encore moins imaginer ta mort. Genre... ça me terrifie, j'ai pas... J'ai juste pas envie d'imaginer la vie sans toi. Et, bon sang, j'ai tellement peur ! Je suis tellement faible putain ! Je sais pas quoi faire ! J'ai l'impression que je vais mourir ! J'arrive plus à respirer ! 

Son regard vient chercher le mien dans la pénombre. 

- Hey, tout va bien. Respire tout doucement. Tu ne vas pas mourir. Et je ne partirai pas... Je ne partirai plus. Et tu es tout sauf faible. Ok ? Tu m'as sauvé la vie... 

Un sourire triste apparait sur son visage.

Ses paupières se ferment momentanément et lorsqu'il reprend la parole, sa voix change et, devenant plus douce, il me murmure sur un ton faussement solennel :

    -  Lily vous êtes le super héros de ma vie.

Un petit rire s'échappe de mes lèvres et mes petits bras viennent entourer ses larges épaules. 

Si la haine et la douleur ont creusés une abysse au fond de mon coeur, peut-il aimer plus fort ?

Je le crois, oui. 

Ici, contre lui, Tout est plus simple.

Plus de larmes. Plus de tristesse. Plus de haine. Plus de regrets. 

A travers nos gestes et nos regards, nous nous crions indirectement que nous nous aimons. 

Mais personne ne peux l'entendre. 

J'espère qu'il ressent la même chose que moi. 

Je voulais le comprendre pour mieux le guérir et au cours de cette entreprise se sont mes plaies que j'ai soignées. Je pensais faire le bien autour de moi en occultant la vérité dans l'ombre désastreuse du mensonge.

Et j'ai failli le tuer.

J'ai failli le pousser au suicide indirectement en l'étranglant de culpabilité tandis que je me noyais dans le culte de mon épouvantable solitude.

Ce foutu effet papillon existe vraiment.

J'ai failli faire disparaître de ce monde Asena.

J'aurais pu ne jamais connaître ce sentiment incroyable qu'est... de se perdre dans son regard.
De se perdre entre ses bras.
De se perdre dans la profondeur de sa voix.

Je ressers mon étreinte autour de lui. 

Rien aurait été pareil avec un autre.
Tout aurait été plus fade.
Tout aurait été moins passionnant.

Ce lien entre nous qui m'était auparavant si étrange et mystérieux viens de prendre tout son sens.

Passé, présent, futur, tous s'étaient liés en cette matinée d'hiver pour former le "nous".

Nos passés,
Nos présents,
Notre futur.

Le cercle vicieux nous menant à notre perte en prônant la mythomanie et l'auto destruction s'est enfin rompu. 

Face à lui dans cette foret sombre et humide, je me suis mise à nu en décidant de tout lui avouer.

Sa révélation préalable n'a rien changé à mes plans si ce n'est de les précipiter légèrement.

J'étais arrivé à un point de non retour,j'errais depuis bien trop longtemps dans tunnel à sens unique dans lequel la chaleur des flammes diaboliques de l'enfer me consumaient jour après jours.
Et à travers sa tendresse, ses mots, la haine qu'il m'a inspirer ainsi que l'amour qu'il m'a insufflé, Asena m'a redonné la confiance suffisante pour m'ouvrir à lui et peut être changer ma vie à jamais. 

Il m'a rendu à moi même. Il m'a fait sentir désirable, courageuse. 

Unique. 

Forte.

Fascinante.

Il est le seul à me donner envie d'aller de l'avant.
Je ne saurais pas comment l'expliquer mais sur les milliards d'êtres qui peuplent cette magnifique planète qu'est la Terre, il était strictement la seule personne à qui je pouvais me confier.

Car il est mon alter ego.

J'ai réussi à percer sa carapace en abandonnant la mienne.
C'était effrayant, pourtant je l'ai fait.
J'ai tout d'abord gagné son amitié même si je ne désirais que son amour. Et quelque part sur notre chemin, tous les mauvais côtés d'Asena sont parvenus à me réconcilier avec la sombre partie de mon âme que je me sentais obligée de refouler pour... réussir à tenir debout jour après jours.

Inspire. Expire.

Dans notre étreinte, prenant peu à peu conscience de la situation dans la quelle me suis foutu en parlant ouvertement de cette histoire, je me tétanise.

La peur des conséquences me submerge. 

La peur de l'avenir. 

La peur de l'inconnu. 

Je contrôlais ma vie.

Mais à présent je suis obligée d'être confronté à tout ce que je souhaitais enfouir, et ce, ne serait ce qu'à travers son regard.

Mon corps entier se raidi. Mes muscles sont tellement crispés par l'angoisse que j'en souffre.
Un effort considérable m'est nécessaire pour briser notre contacte et relever mon visage vers mon seul et unique étoile. 

Celle dont la lueur me fait exister au milieu des cieux orageux de mon univers.

Ses deux iris me fixent, celles la même contre les quelles je ne pouvais lutter il y a de cela quelque semaines. 
À ses côtés j'étais au bord d'un précipice de volupté, avec impression constante d'errer entre ciel et terre m'en faisans parfois même perdre la tête.

Et maintenant, il me guide.
Maintenant, je le comprend.

Il ne me déstabilise plus. 
Son regard me complète. 

Je serais à moitié vide s'il ne peuplait plus mes pensées nuit et jour. 

Ma main vient trouver la sienne une énième fois, mais j'ai besoin de son contact. 

Ses doigts s'enroulent faiblement autour des miens et m'aide à me relever. 

Son mètre quatre-vingt me permet de deposer mon oreille contre son torse et d'écouter attentivement les battement de son coeur.
Ceux ci sont plutôt lent et régulier. 

Tout comme les miens. 

L'un contre l'autre nous sommes apaisés. 

Quelque changement non négligeable perturbe son visage. 

Son habituelle moue est remplacée par le plus beau sourire timide de l'univers, tout aussi noir que d'habitude, son regard n'est pourtant plus froid, mais chaleureux et envoûtant.

Le mur auquel je me heurtais à disparu au cour de notre échange.
Désormais, il me laisse lire en lui, tout comme je l'ai laissai lire en moi.

Des larmes refroidies par la nuit perlent encore à ses yeux.

Il est d'une beauté à faire pleurer les anges.

Ses yeux habituellement ternes ont retrouvé un soupçon de malice.

Je vais pour chercher sa deuxième main dans le but de vérifier si sa blessure s'est correctement résorbée lorsque ses sourcils se froncent soudainement et tout son corps se crispe. 

Son sang coule en abondance à travers le tissus déjà complètement rougis. 

Il y a beaucoup trop de sang pour que ce soit normal.
Je remarque alors également que son visage pâlit, que ses lèvre blanchissent.

Son hémorragie ne s'est pas résorbée.

   - Mon dieu Asena ! Mais t'as blessure étais profonde !? Depuis quand est ce que ça coule comme ça ! 

   - Ma lame étais... visiblement... bien aiguisée. 

Ni une ni deux je l'entraine derrière moi vers ce qui me semble être le chemin du retour. Loin de moi l'envie de revenir aux festivités, mais mon étoile saigne. 

   - Essaies de marcher le plus vite possible !

   - ...Sans tomber ça va être compliqué... 

   - Tiens toi à moi !

Momentanément Asena perd l'équilibre mais ce dernier, dans le plus grand des silence, se stabilise en reprenant appui sur mon épaule. 

Sans arrêt je le questionne sur le saignement de sa blessure. Mon angoisse occulte tout le reste. J'ai rarement vu autant de sang.

Au fur et à mesure des minutes sa voix devient de plus en plus faible. 

   - Parle moi. Parle moi Asena. Je t'en prie ! Garde le yeux ouverts.

   - ...

Nous marchons toujours à travers les arbres.

   - Ok. Continu à avancer. On va soigner ça. On arrive bientôt.

Je mens. Je ne sais pas vraiment vers où nous allons. Mon sens de l'orientation à toujours était défaillant.

La tâche noirâtre créée par son sang sur mon teeshirt ne cesse de s'étendre tandis que je tente d'accélérer le pas.

   - Inspire. Expire. Pense bien à le faire régulièrement. lui rappelé-je.

Au même instant un panneau de chasse gardée tagué par de multiples graffitis entre dans mon champs de vision.

    - Je reconnais le chemin. On est dans la bonne direction !

Il se contente d'un petit "super" pour toute réponse.

   - On arrive dans cinq minutes, même pas ! J'entends la musique ! 

Ses jambes lâchent et tout son poids s'abat sur moi.

  - Relève toi ! 

   - Elle...l'impact... amour... l'hémorragie...

   - Pardon ? 

   - Elle...l'impact... amour... l'hémorragie...

Il délire complètement quand souain son air angélique ce transforme et laisse place à la panique.

   - Ulyana... Attention... Peter... Peter... dois pas... Ulyana... Danger...

   - Asena ? Tu me dis quoi là ? 

Je le vois qui lutte  de toutes ses forces pour réussir à s'exprimer. 

   - Pars...! Trouve...Ulyana... Danger...Peter ! 

Je ne sais plus quoi faire. Je ne comprends rien à ce qu'il veut me dire. 

J'essais de le porter mais c'est impossible. Il est beaucoup trop lourd. 

Je cris alors de toutes mes forces en espérant que quelqu'un entende mon appel à l'aide.

Mais personne ne vient. 

Mon téléphone ne marche pas. Il n'y à aucun réseau. 

Les choses se précipitent dans ma tête.

   - Asena, je vais chercher de l'aide ! Je reviens tout de suite ! Je dois partir ! 

Allongé au sol, il ne me répond même plus. 

Ne perdant pas plus de temps, je cours aussi vite qu'il m'est possible. Le chemin est droit, j'ai laisser Asena en évidence pour qu'il soit plus simple de le retrouver. 

Quelque instants plus tard, je déboule dans le jardin complètement affolée. 

Je m'effondre par terre en pleur et puise dans l'énergie qui me reste pour crier le plus fort possible.

   -  AIDEZ MOI ! 

Tout le monde me dévisage comme si j'étais une bête de foire. Ralph et un mec aux cheveux rouges arrivent jusqu'à moi dans une petite foulée. 

   - Lily ?!  Il se passe quoi ?

Je suis completement exténuée. Mon indexe leur indique la direction du chemin à travers les bois. 

   - Asena... Il avait un couteau... Il s'est coupé... Il saigne beaucoup...

   - Bordel c'est quoi ce merdier ! 

Les garçons se lancent un regard entendu et cours dans la direction que je leur ai indiqué.

La musique s'est arrêtée, du moins je ne l'entends plus et tout le monde dans le jardin guette le retour des deux garçons.

Je tremble de tout mon être. Je n'arrive pas à me calmer. 

Assise part terre je compte les secondes. 

Et c'est deux cent trente deux secondes plus tard  que des cris retentissent à l'orée de la forêt. 

Ralph portant Asena sur son dos débarque dans le jardin en hurlant : 

   - APPELEZ UNE AMBULANCE ! 

Tout le monde se rue dans la maison. C'est alors que je le vois allongé au sol. Son sang ne coule plus. Ralph lui a mis un nouveau bandage. 

Je crois qu'il est encore évanoui. Heureusement, les garçons sont arrivés à temps.

Et, alors que l'alarme de l'ambulance rugit non loin de là, je me demande où se trouve Ulyana. Je ne la voit nulle part. Tout comme Peter. 

C'est alors que je repense à ce qu'Asena m'avait dit. 

"Pars...! Trouve...Ulyana... Danger...Peter !" 

Sa phrase aurait-elle un sens, ou serait-ce simplement la voix de son délire  ? 

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