❊ Chapitre 18 - Bubble Bath

03:15

   - Punaise, c'est pas possible....

C'est la troisième fois que je me retourne dans mes draps. Impossible de dormir.

Des perles de sueur sont apparus dans ma nuque , humidifiant mon oreiller. De mes doigts , je dessine indéfiniment le contour de mes lèvres. Mes lèvres... Celles que j'ai osé poser sur sa peau. Le pauvre fut stupéfait face à mon geste ! Lorsque je suis parti il avait encore un air béa. Je suis inconsciente. Réagir ainsi ne m'aidera pas à maintenir mon self contrôle à son égard. Et puis son parfum... Sa peau avait une odeur acidulée et de ses cheveux émanait des effluves d'agrumes.

Le même parfum que celui de la soirée à laquelle je l'ai rencontré. 

Un sourire se dessine sur ma bouche en imaginant ma langue parcourir sur son cou. Serait- elle aussi aussi fruitée que le pamplemousse ou plutôt amère comme la mandarine ? Serait-elle sucrée ou bien est ce que la sueur lui donnerait quelques notes salées ? En imaginant ce fantasme gustatif , ma langue humidifie légèrement mes lèvres, leur offrant une teinte rosée. J'ai chaud, bien trop chaud.

Je me lève de mon lit et ouvre en grand ma fenêtre. La vue sur le lac bordant mon cartier me fait penser au feu d'artifice. Cela fait des années que nous nous réunions ici avec les voisins pour admirer les festivités. Mais, dimanche prochain, je ne serai pas de la partie. Non, je serai avec lui.

Cette petite accalmie n'a pas duré longtemps. Voilà que mon coeur bat de nouveau la chamade.

L'air de la nuit m'a suffisamment aéré l'esprit pour l'instant. À présent je sais exactement ce qu'il me faut...

Je retire mes sous-vêtements et enfile mon peignoir de soie. La matière est très douce et ondule sur ma peau. À l'aide de ma lampe torche, je me dirige à pas de loup dans les escaliers. Je ne veux absolument pas réveiller mon père. Il a besoin de sommeil.

Je réussis finalement à descendre sans le moindre bruit. À présent le problème du bruit n'en est plus un. Les chambres sont à l'étages, isolées du bruit du rez-de-chaussée. Mon père ne remarquera rien du tout de mon activité nocturne.

Je récupère mon téléphone sur la table de la cuisine ainsi que mes écouteurs. Une fois mes biens récupérés, je me dirige dans la salle de bain et y allume une grosse bougie. Celle ci éclaire quasiment la totalité de la pièce, installant une ambiance tamisée et apaisante. Après avoir enclenché le verrou de la porte, je fais couler l'eau dans la baignoire et me débarrasse de mon peignoir. Le temps que la baignoire se remplisse, je me dévisage dans le grand miroir. Je déteste toutes mes cicatrices. L'année dernière des filles de ma classe s'étaient moquées de moi, m'insultant de toutes sortes de mots "Quasimodo, Frankenstein...".

Suite à cette humiliation, j'ai prêté nettement plus d'attention à toutes ses marques. Je me sentais souillée. De l'intérieur, et puis également de l'extérieur. Une nuit, j'ai rêvé que mes cicatrices représentaient mon mal être intérieur. Seulement celui ci était si grand que mon corps ne pouvait plus le contenir. Alors ma peau succombait, et craquait. Le sang jaillissait de toute part. Surtout de ma nuque. Ici la cicatrice est très importante et toute violacée. Le jour de l'accident, elle faillit m'être fatale.

Le lendemain matin, je me sentais si mal que je ne voulais plus retourner au collège. Je voulais que tout disparaisse. Devant tant de désespoir mon père eut une idée magnifique. L'après midi même nous sommes allés chez un tatoueur.

Un peu après ma naissance, maman s'était tatouée une libellule sur le poignet. En référence à mon prénom. Lily.

Ce jour là, je suis ressortis avec la même libellule qu'elle, mais dans la nuque. Le tatoueur eu du mal à tatouer par dessus ma cicatrice. C'était extrêmement douloureux mais je ne m'étais jamais senti aussi bien qu'en cet instant.

Suite à mon tatouage, les pestes qui se moquaient de moi ont arrêté de m'embêter et ont jeté leur dévolu sur quelqu'un d'autre. Ainsi va la vie.

À l'évocation de ses souvenirs douloureux, mes poings se contractent, mes sourcils se froncent, ma mâchoire se serre et mon regard devient noir.

Le bruit de l'eau me ramène à la raison. Mon esprit divague et mon visage se détend.

L'eau du bain est assez tempérée. Limite froide. Cela me fait un bien fou et contribue à apaiser mon esprit tourmenté. Je repense à ma principale cause de stresse. Asena.

Mes joues s'empourprent. Embrasser sa joue... C'était gonflé ! Pourquoi est-ce que je réagis ainsi à son égard ? Comme si soudainement la partie raisonnable de mon esprit s'évaporait, laissant place à des pulsions éhontées.

Le simple fait de penser à lui me rend malade. La simple évocation de son nom provoque en moi un insoutenable brasier.

   - Seriez vous ensorceleur Monsieur Solvati ? Posséderiez vous, à tout hasard, des pouvoirs surnaturels qui expliqueraient mon comportement inexplicable à votre égard ? Chuchoté-je, en remuant l'eau du bout de mes doigts.

Face au silence, je me m'y à rire de l'absurdité de la situation.

Je saisis mes écouteurs et lance la musique de circonstance. Celle qui saura me bercer en me faisant rêver.

J'avais pris mon petit carnet et un crayon dans l'espoir de continuer une histoire mais l'eau qui baigne mon corps et la douceur de la mélodie m'emportent dans un sommeil profond et voluptueux.

Pas de cauchemars, je ne rêve plus que d'une chose.

Lui.

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