❊ Chapitre 17 - $UICIDE BOY$

❊ "T'es amour gloire et beauté. Je suis haine victoire et colère."❊

❊ Pdv Asena ❊

-03:15-

- PUTAIN !!

Mes mains arrachent toutes les foutues affiches de motos clouées au mur de ma chambre, et les clous, eux, arrachent mes mains. Ma chambre est un véritable bordel. Je martèle le mur de coup de pied. 

- P-U-T-A-I-N  !

Je hurle de toutes mes forces. Ça fait deux heures que la rage me consume intérieurement et il était temps que je la laisse jaillir. Mes yeux sont rougis par la haine et mes larmes. Qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez moi !  BORDEL ! Je suis la personne la plus horrible de cette terre. 

Le roi des enculés.

La vue du sang dégoulinant de mes avant-bras me fait rire, puis, lassé, je l'étale sur le mur en face de moi, dessinant une espèce de trainée rougeâtre. À ma droite, le miroir m'appelle. Mon reflet me dégoute. je crache dessus avant de balancer un coup de pied dans la glace. Elle s'effondre en vacarme. Mes parents sont surement réveillés, mais au fond,  je m'en branle. Je sort sur la terrasse et m'assieds sur la rambarde. Mes pieds balancent dans le vide. À cette hauteur, je pense que la chute serait fatale. Je ferme les yeux et imagine mes genoux éclatés suite à l'impact. Mes os troueront certainement mes poumons... ou bien sortiraient de mon corps. Suite à l'hémorragie interne, je serai tout bleu. Mes parents découvriront ce magnifique dessin en sortant la voiture demain matin. Ou, avec un peu de chance, ils ne me verront pas tout de suite et ne remarqueraient uniquement ma présence lorsque mon cadavre formerait un dos d'âne sur les pneus de la voiture.

Charmant.

Je m'affale sur mon lit. Le plafond est constellé de petites tâches rouges. C'était l'année dernière. Mes poignées étaient dans un sale état suite à une petite crise. Je me souviens m'être fait la réflexion suivante : "pourquoi gaspiller ? " et j'avais pris l'initiative d'écrire des mots cons avec mon sang sur le plafond. Peut-être suis-je un artiste refoulé. Cette hypothèse déclenche en moi un rire hystérique. N'importe quelle personne entrant dans cette pièce se croirait face à un psychopathe.
Rectification : je suis fou.

Je suis l'être le plus pathétique de l'univers. Comment puis je continuer à vivre ? Hitler s'est bien suicidé lui. Pourquoi pas moi. Et pourquoi je pense à cet enculé d'Hilter , me demandé-je silencieusement. 

Oui, un fou.

Tout ce que je dis, pense et fait depuis trois ans n'a aucun sens, mais partage un seul but : me détruire.

Je mets iTunes et, les écouteurs enfoncés dans les oreilles, je lance au volume maximum la musique. Ma musique.

Mon hymne. 

Mon sortilège. 

Et je pense à elle... comme toujours.
Cette fille est la cause de mes cicatrices, de mes cauchemars, de mes crises et de mes larmes. 

   - Ah Lily...Prononcer ton nom est un délicieux supplice...

Je choppe le paquet de tabac qui trône sur ma table de nuit. Elle m'a dit pas de cigarettes... Elle n'a rien précisé au sujet des joints.

Le bout de mon pilon devient écarlate au contact de la flamme de mon briquet. Lorsque la fumée s'engouffre dans ma gorge et brule mes poumons, je pense à la tête qu'elle faisait tout à l'heure. La pauvre, elle est si pure. Si belle. Si innocente. Quoique... entre nous, elle n'a rien d'une petite fille modèle. Elle est élégante, voluptueuse, éblouissante. 

Ce n'est pas la plus jolie fille que j'ai vue, mais c'est de loin la plus fascinante.

Savoir que je suis la personne à cause de qui elle a goûté la clope me donne envie de vomir. Jamais ses lèvres n'auraient dû goutter à cette merde. J'écrase le bout du joint sur ma paume. La douleur est horrible mais ce n'est rien comparé aux remords.

Une fois ma punition terminée, je rallume la bête et un nuage de fumé sortant de ma gorge s'évapore dans la pièce. 

L'effet que la drogue a sur moi est loin d'être "cool", non,  mais de toute façon ce n'est pas ce que je recherche. Moi ce que je veux, c'est me rappeler.

❊  ❊  ❊  ANALEPSE  ❊  ❊  ❊

Dans la voiture, la femme est décapitée. En rentrant dans l'arbre, une branche est passé par le par brise. Il y a du sang partout. La seule chose que je peux discerner est le tatouages que cette femme porte sur le poignée. Je dégueule. 

Mon téléphone n'a plus de batterie. J'appelle les secours à partir de celui présent dans la voiture qui a miraculeusement survécue à l'accident.

Soudain, je vois une petite chose recroquevillée par terre. Son sang est rouge écarlate, ses lèvre pâles comme la neige autour. Je suis agenouillé au près d'elle. Sa peau est froide, si froide... Je déplace délicatement quelque mèche de cheveux de son doux visage. Elle doit avoir treize ou quatorze ans.

Son rythme cardiaque est très lent. Elle a perdu beaucoup trop de sang, et la température extérieur frôle le négatif. Je retire immédiatement mon blouson et la recouvre. La mort est tout proche. 

Soudain l'évidence me frappe. La femme dans la voiture est sa mère. J'ai tué sa mère.  Hors de question d'avoir une autre mort sur la conscience. 

Je me saisi de sa petite main. À ce contact un petit gémissement s'échappe d'entre ses lèvres. L'espoir ressurgi. Elle se bat contre la mort. 

 - Je t'en supplie ouvre les yeux. Regarde le ciel au dessus de nous... Il est bleu, très profond, comme un océan. Un océan céleste. On pourrait imaginer que les nuages représentent l'écume des vagues déferlant sur le rivage. 

Ses paupières ont tressauté. Elle est consciente. Mon coeur fait un bond. Ma petite histoire à marché.

- Oui ! Encore un petit effort... Ta mère est dans la voiture, tout vas bien. Ne t'inquiète pas. Il faut simplement que tu me regarde bordel ! 

Je vois qu'elle fait un effort énorme. Son courage m'émeut.  Je continu de lui parler.

- Si tu ouvre les yeux, tu pourras voir qu'il y a une libellule qui vole dans le ciel... Elle est aussi belle que celle sur le poignée de ta maman. 

À cette évocation je sens que ses efforts s'estompent. La peur s'empare de moi et me vrille l'estomac. 

- Non, non, non, s'il te plais ne pars pas, pas maintenant. Regarde moi ! Il faut que tu te battes. Reste avec moi. Ok ?!"

Son souffle chaud arrive contre ma joue, Ses paupières s'ouvrent tout doucement. Les larmes inondent mes joues. Elle est entrain de mourir et je ne peux rien faire.

- Je suis tellement désolé, tellement désolé ! Je vais prendre soins de toi. Promis. Mais reste avec moi. Reste avec moi. Reste avec moi . Reste avec moi. Reste avec moi."

Une larme roule le long de sa joue. Je l'essuie délicatement. Pourvus qu'elle m'entendes... Je laisse mes mains posée sur ses joues. Celle ci se réchauffent doucement et reprennent des couleurs. 

Soudain ses paupières se soulèvent et me dévoilent sont regard. Ses yeux sont marrons, avec de légère nuance de vert. Au soleil on dirait de l'or. 

Un bruit me coupe dans ma contemplation. Quelqu'un arrive et je prie pour que se soit les pompiers. En vain, c'est un camionneur. 

Je cours sur la chaussée et le supplie de venir m'aider. 

Je lui explique la situation et ce dernier me répond, stoïque :

- Mon p'tit gars, t'es dans la merde. Les keufs vont t'embarquer. Homicide involontaire qu'ils disent. Moi à ta place, je me tirerai vite fait. T'es bien jeune pour la zonzon ! Il a quel âge le bonhomme ? 

- J'ai dix-neuf ans.

- Bah écoute moi bien fiston. Vires ton petit cul d'ici si tu veux pas de problèmes

-... Je ne peux pas.

- Je resterai moi. T'as dis que t'avais appelé les pompiers sur le téléphone d'la dame. Ils ont pas ton numéro. Je dirais que c'est moi qui ai appelé. Personne ne pourra m'accuser. C'est mon véhicule de service et je viens du même sens que la voiture. Alors que toi tu venais d'en face.

- Je veux rester jusqu'à l'arrivée des pompiers monsieur. 

- Comme tu veux fiston.

Et le vieux remonte dans sa cabine.

La jeune fille est encore étendue par terre, dans la neige. Ses joues ont reprit des couleurs et son sang a cessé de couler grâce à mes soins préalables. Je continue mon monologue sur le ciel.

Les sirènes retentissent au loin. Je vois le vieux chauffeur me faire signe de partir. Je dégage quelques mèches de son front en lui murmurant :

"Tu vas y arriver on va s'occuper de toi, tout vas bien se passer. Je suis là. Je te retrouverai. On se reverra ! Je te le promets. Mais la je dois partir. Les médecins vont prendre soins de toi. On se reverra promis."

Je m'empare de mon blouson et chevauche ma moto. Je me gare un peu plus loin et me cache derrière un buisson. Je vois les pompiers soulever son petit corps. Une fois parti je vomis toutes mes tripes. L'odeur du sang est encore imprégné sur mes vêtements.

❊  ❊  ❊  ANALEPSE  ❊  ❊  ❊ 


"On se reverra..."

La fumée forme des petits nuages au-dessus de moi. Depuis ce jour, j'erre comme une ombre, sans but, obscur et silencieux. Sans expressions ni sentiments.

Trente minutes plus tard, lorsque mon rythme respiratoire commence à se réguler, je décide de changer de musique. En parcourant ma playlist, je tombe sur un titre qui me fait automatiquement sourire.

Je me souviens l'avoir téléchargé le soir même. La voir fredonner les paroles au bar était un instant magique.

Ma petite protégée réussit à être heureuse, des fois. Chose que je n'arrive pas moi même. Elle est le seul être sur cette terre corrompue qui puisse réussir à me faire sourire. Elle a ma santé mentale entre ses mains. Et le file ma vie avec. Je lance le titre et soupire. Je commence à me reposer. Les effluves de drogue errant dans mon esprit déstructuré m'aident à re-visualiser la scène et, dans un élan d'allégresse, je soupire.

"Lily... "

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