❊ Chapitre 14 - Monsieur Solvati

❊"Un père, bon ou mauvais, reste un pilier. S'il est bon, la structure tiendra. Les autres représentent la faille faisant d'un château une ruine." ❊

[Le néant. Ma respiration est saccadée par l'effroi. Suis-je vivante ? Mes doigts caressent une surface rude et froide qui déchire et fait saigner ma fine peau.

J'ai mal.

Soudain, de la chaleur apparaît au creux de ma paume. Il y a une présence. Maman ?

Je dois lui dire que j'ai eu peur hier, et les autres jours aussi mais que je l'aime. Je dois aussi lui dire que Stella m'a invité chez elle et si je ne la prévient pas maintenant ce sera trop tard. La chaleur s'évanouie finalement face au froid glacial de l'hiver. Mon cœur gèle intérieurement. La douleur laisse échapper un son de mes lèvres gercées. La chaleur revient instantanément se poser sur mes joues. C'est humide. Contre mon oreille un souffle chaud vient me bercer.

"Tellement...désolé...bleu...s'il te plais...ciel...belle...libellule..."

Une larme roule le long ma joue.

Ce n'est pas ma mère. C'est un ange. ]

-09:15- 

Mon réveille sonne.

Je descends à la cuisine et y découvre mon père entrain de boire un bol de thé. Je lui fait un bisou.

- Bonjours ma chérie...Tu as bien dormi cette nuit ?  Me demande-t'il la voix lourde de sommeil.

- Pas vraiment... J'ai eu une insomnie à partir de trois heures...

- Encore des cauchemars ? 

Les traces sèches que mes larmes ont laissé sur mes joues répondent silencieusement à sa question. Il reprend.

- Tu sais, ton prochain rendez vous chez la psychiatre est dimanche. Tu pourras lui en parler...

- Je verrai... Tu sais papa, j'ai de plus en plus de souvenir à chaque rêve. Ils évoluent... Les éléments s'emboitent pour former une suite logique...

- À ta place, je mettrai tout à l'écrit dans un petit carnet comme tu le fais pour tes histoires. Me conseille papa en remplissant mon verre de jus d'orange.

- Oui, c'est une bonne idée. 

Comme si ce n'était pas déjà fait...

Mon père est toujours là pour moi. Si quelque chose ne va pas bien, je peux compter sur lui. Il est l'île de bonheur sur laquelle je me suis échouée, perdue au beau milieu de l'océan de tristesse dans lequel se noie mon pauvre cœur. Il est mon île, et je suis la sienne. On se soutient en formant un bloc. Ensemble, plus rien ne peut nous arriver. 

Mes parents étaient amoureux depuis la primaire. Les études les ont finalement éloignés pendant dix longues années. C'est à la terrasse d'un café que le destin les a réuni un soir d'été. Lorsqu'ils se sont retrouvés, leur amour a instantanément ressurgi du passé. Nous avons tous et toutes une âme sœur sur terre, eux ont eu la chance de la rencontrer dans cette vie. Désormais, ils ne leur restent plus qu'a attendre d'être réuni de nouveau. L'amour ne s'éteint jamais mais il perdure à travers les temps. L'accident s'est produit il y a deux ans, même si en réalité, cela faisait bien plus longtemps qu'elle nous avait quitté... Les séquelles sont présentes dans nos vies. Mais grâce aux thérapies de groupe, au yoga et à la méditation, mon père à réussi à surmonter sa dépression. Ce dernier a même commencer à positiver, à voir les bon côté de la vie et à en aimer toutes les saveurs. Mais la tristesse, elle, ne s'en ira plus jamais. Son cœur est parti avec elle. 

Pour moi, c'est bien moins simple. Les thérapies, le yoga et la méditation n'y changeront rien.

J'étais dans la voiture.

Cela fait deux ans que chaque nuit mes rêves me font revivre cet enfer. Je le voudrais de tout mon coeur mais je n'arrive pas à oublier. Je ne réussirai jamais. Pendant l'accident, j'ai vécu une EMI suite au choc et à la grande quantité de sang que j'ai perdu. Ma psychiatre m'explique qu'il se peut que des hallucinations aient eu lieu pendant mon état et que celles ci se reflètent dans mes rêves. Mais je suis persuadée d'une chose dont je n'ai jamais parlé à personne : je n'étais pas seule.

-13:00-

Je débarrasse la table et repense à la soirée d'hier. Ce fut intense. Des tas de questions me restent en têtes. Parmi toutes ces interrogations, une phrase m'a marquée du fait que je n'ai pas saisit son sens :

( "C'est elle ?! LA BAISE TE SERT DE PENITENCE?" ) 

C'était un gars au bandeau qui avait crié ça à asena. Il parlait de moi, c'est certain. Depuis je cogite dessus. Asena lui avait lancé un regard noir et cela semblait amusé le garçon. Bon, il n'a pas été amusé bien longtemps, le panneau stop la vite fait revenir à terre. Façon de parler.

Ambre m'a contacté ce matin et m'a apprit que les garçons s'en sortaient indemnes mis à part quelques hématomes. Si peu que leurs parents ne se rendront compte de rien. Néanmoins, il fallut qu'ils se justifient au près des filles. D'après eux les bandeaux rouges feraient parti d'une espèce de mafia de la ville d'à côté. Ils auraient eu des différents avec Maxime il y a peu, surement une histoire de drogue, et auraient profité de cette occasion pour venir régler leurs comptes en personne. Mais un doute demeure encore dans mon esprit. Ils connaissaient Asena et ils avaient un style de biker. Je suis persuadée de Jordan et Ralph leur ont encore servi des mensonges. Et puis la mafia, je n'y crois pas le moins du monde.

À l'extérieur , le temps est aride. Il est quatorze heure et le soleil tape sur la ville de plein fouet.

- Ça te dirais d'aller faire un tour avec moi en ville Lily? Après on ira faire quelque course parce qu'il n'y a plus rien dans le frigo...

- Oui, chouette ! Je vais mettre mes baskets et j'arrive !

Dès qu'il s'agit de passer du temps avec mon père, je saute sur l'occasion. Il est souvent prit par son travail, alors le weekend, j'en profite lorsque je ne suis pas au Red Sky.

Nous nous baladons dans les rues en mangeant une glace à l'italienne. Toujours les mêmes parfums, lui chocolat et moi cassis.

Après avoir flâné dans les petites boutiques artisanales du centre ville, nous nous asseyons dans un parc, sur un banc à l'ombre d'un platane.

- Au faite je n'ai rien dit parce que je ne voulais pas me fâcher mais... je sais que tu n'étais pas au bar hier soir.

Je préfère ne pas lui mentir. De toute façon le mal est fait.

- ...Oui... Je suis désolée papa. Je suis allée à une soirée avec Stella et Ambre. Désolée.

- La prochaine fois préviens moi... Je ne te priverai pas mais au moins je serai ou est ce que tu es. J'ai été inquiet !

- D'accord promis. Ça n'arrivera plus.

- Dis moi, il n'y aurai pas un garçon derrière tout ça ? Me demande-t'il, un sourire en coin.

- Non mais qu'est ce que tu vas inventer ! Répondis-je, l'air outrée.

Un sourire lui barre le visage. Aïe, il a quelque chose derrière la tête.

- Eh bien je ne sais pas... Par exemple un garçon que j'aurai éventuellement vu venir chez nous hier soir de la fenêtre des voisins et qui malencontreusement aurai, surement par inadvertance, laissé son verre d'eau sur le plan de travail de la cuisine...

Son ton est rieur ce qui me met encore plus mal à l'aise.

Mais quelle commère !

Il me connait trop bien pour que je puisse le tromper. De toute façon ma transformation tomate l'a déjà fait.

- Bon... oui en quelque sorte, c'est compliqué. Il m'a simplement raccompagné de la fête pour ne pas que je sois seule, ce qui est très prévenant de sa part. Pour le remercier je lui ai proposer un verre d'eau... Mais ne vas rien t'imaginer, ce n'est pas mon petit ami.

- Ah bon, et pourquoi pas ? 

- Et bien... il est adorable c'est pas la question, mais, enfin... Il a toujours était gentil avec moi, mais... Enfin bref déjà il a vingt et un ans et je n'en ai que « presque dix-sept». Voilà une des raisons pour lesquelles je ne sortirai jamais avec lui...

- Mais tu sais Michel et Louisa ont onze ans d'écart et pourtant...

- Ça n'a rien à voir. Et puis... il est trop parfait !

- Peut on blâmer quelqu'un parce que ce dernier est « trop parfait » ?

-... Non c'est certain. Mais bon ça fait flipper.

- Tentes ta chance ! Tu es jeune et jolie, tu ne perdra rien ! Se serait idiot de passer à côté de quelque chose... Surtout si il est parfait. Conclut-il avec un clin d'oeil ce qui me fait lever les yeux au ciel.

Le romantisme coule dans les veines de mon père. Il est irrécupérable.

- Tu n'es pas sensé me dire de me tenir loin des hommes ou quelque chose du genre en tant que papa protecteur ?

- Et bien... Je ne suis pas retissant à l'idée de te voir te rapprocher des femmes mais c'est un choix qui t'appartiens ! Et le voilà il rit à gorge déployée sur le banc. Les blagues et mon père, c'est une longue histoire... Non plus sérieusement, tu es ma fille et je t'aime plus que tout mais si ce garçon te plais, qu'il est gentil et qu'il prend soins de toi alors que puis-je demander de mieux pour ton bonheur ?

- Oh ! Tu me donnes ta bénédiction pour le mariage ?! Merci, c'est très aimable à toi ! Déclarai-je avant d'éclater de rire dans lequel il me rejoint.

- Et monsieur parfait à un prénom ? Réussi t'il à articuler entre deux quintes de rire.

- ... Il s'appelle Asena.

Un sourire bienveillant vient illuminer son visage vieillit par le temps.

- Profites de la vie ma fille. Tu es belle et intelligente. Ai toujours confiance en toi.

- Merci papa. Mais tu sais je ne le connais très peu, pour ne pas dire pas du tout. Et puis je crains que je ne le reverrai plus jamais. Toutes les fois précédentes n'étaient que des coïncidences.

- Le hasard fait parfois bien les choses mon ange. Et puis des fois ça ne fait pas de mal de forcer un peu le destin.

- Mais dis moi tu n'aurai pas raté ta vocation ? Monsieur Krauser, conseiller conjugal ... ça sonne bien ! Tu aurais été dans ton élément ! Hahaha !

- Non, non je te rassure, mon métier me correspond totalement. Et puis finalement en temps que libraire j'ai affaire à bien plus d'histoire d'amour que le commun des mortels !

- Certainement, entre Emily Brontë et Jane Austen tu as de quoi faire !

Notre discussion se tourne désormais sur mes précédents ouvrage et ses nouvelles découvertes. Mon père a fait des études de finance et était devenu banquier, par défaut, pour perpétuer la fonction de sont paternel, qui lui même la perpétuait du sien. Mais, suite à la mort de maman, il a tout quitter pour s'adonner à sa passion de toujours, les livres. Il a toujours aimé lire et partagé ses impressions avec des amis. En faire sont métier a été la plus belle chose qu'il lui soit arrivé depuis un moment. Papa est un homme passionnant et passionné. Je pense que l'un ne marche pas sans l'autre. En contemplant ce grand blond, je me rends compte à quel point j'ai de la chance de l'avoir au près de moi.

Nous prenons finalement le chemin du centre commercial. Sur le parking, notre petite voiture fait tâche à côté des mercedes et autres grosses voitures luxueuses. Nous n'avons jamais eu beaucoup de moyens, mais notre vie loin du luxe nous convient parfaitement. En tant que personnes modestes, nous connaissons la véritable valeur des choses contrairement aux trois quart de la population de cette ville.

- Tu n'as besoins de rien ? Me demande t-il en comparant deux lessives.

- Euh si, j'ai plus de dentifrice. Et j'ai aussi besoin d'un petit cahier, tu sais, pour noter mes rêves... J'ai déjà terminer tous les autres.

Je me garde bien de lui dire que j'ai rempli les autres par des pages et des pages sur un certain ASENA. 

- Ah oui, c'est exact ! On va d'abord prendre le lait et puis après on passera chercher tout ça. M'informe t-il.

Nous marchons tranquillement dans les rayons du supermarché quand soudain un grand monsieur en costard cravate interpelle mon père avec un grand signe de la main.

- Paul Krauser !

- Monsieur Solvati ! Qu'elle surprise ! S'exclame mon père. Lily je te présente René Solvati, René je vous présente ma fille Lily.

- Enchanté !

- De même.

- C'est un habitué de la librairie, m'explique mon père avec un grand sourire. Alors, votre dernier ouvrage vous à plus ?

- Ah oui, plus que tout ! L'intrigue était fabuleuse. Quant au dénouement... Un vrai délice du début à la fin ! Vous avez vraiment un don pour conseiller les gens !

Lenvie de rire me prend à la gorge en repensant à la conversation de tout à l'heure.

- Vous m'en voyez ravi ! Je l'ai moi même dévoré !  Répond mon père avec entrain.

- Que faites vous cette semaine ? Ça vous dirait de passer souper à la maison un de ces soirs, demain par exemple ? Nous pourrions discuter bouquin autour d'un bon repas ! Et puis ma femme Margaret serai également ravie. Elle adore votre dernière sélection. Votre fille Lily est également invitée. Dit t'il en me souriant gentiment.

C'est un homme très agréable et d'une gentillesse surprenante.

- Avec plaisir. C'est très généreux de votre part. Entendu pour demain soir !

- De rien, c'est à moi de vous remercier. Eh bien à demain alors. Bonnes courses !

- Merci, à vous aussi ! Lui répondit mon père en riant. Qu'elle coïncidence ! C'est super sympa de nous inviter. En plus tu ne travailles exceptionnellement pas au bar demain soir. Tu en dis quoi ? M'intime t'il.

- Il est très avenant. C'est un homme adorable. La soirée devrait être agréable !

- Je me dis la même chose, c'est super sympa. Et puis ce sera l'occasion de faire plus ample connaissance.

En prenant un peu de recul, je me demande si cette rencontre fut le fruit du hasard ou si ma bonne étoile forçait le destin.

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