Chapitre 5

Exténué par ma journée mouvementée, je m'étais endormi sans même m'en apercevoir. Ça faisait longtemps que je n'avais pas pleuré mais là, ce sont des circonstances particulières.

Des courbatures me lacèrent le corps lorsque j'essaie de bouger. Même si je ne suis plus fatigué, j'ai l'impression que mon corps n'a pas encore récupéré de la veille. Mais la plus grosse douleur reste quand même mon ventre, la blessure tire toujours malgré les soins apportés. Il faut avouer que l'entaille était assez profonde quand même.

Je me force à me lever, en tournant sur moi-même et en m'aidant de la tête du lit. C'est difficile mais je n'ai pas le choix : ça aide.

J'ouvre l'armoire de la chambre à la recherche de quelque chose qui pourrait m'être utile. Il y a un sac et quelques vêtements bien pliés, je prends tout et pose ça sur le lit. Je ramasse mes affaires sales que j'ai jeté par terre hier et les met au fond du sac avant de mettre les propres que j'ai trouvé par-dessus.

Mon sac de voyage étant fait, je descends au salon en espérant y trouver mon hôte. Il est effectivement installé à sa table en train de griffoner je ne sais quoi sur une carte. Par politesse, je demande "Je vous ai pris un sac et des vêtements propres, ça ne vous dérange pas ?
- Nooon, faîtes comme chez vous, me répond-il avec sarcasme."
Je m'assoie à côté de lui et jette un oeil à ce qu'il fait. Il range tout de suite tout ce qu'il avait sorti dans un sac qu'il avait posé sous sa chaise et me jette un regard meurtrier. Peut-être que je suis trop curieux à son goût.

Il se lève et me dit que la voiture est prête mais que si je veux prendre un café avant de partir on a le temps. On ne peut pas refuser un bon café au réveil ! Alors il commence à le préparer et, pendant que ça chauffe, il prend nos sacs pour les mettre dans le coffres de sa voiture. Ensuite on boit tout les deux notre café, sans un mot.

Il pose violemment sa tasse sur la table, se lève et sort de la maison en prenant nos sacs. Moi je termine tranquillement avant de le rejoindre. Il a les mis dans le coffre et a organisé son rangement : il est assez rempli.

On monte tout les deux dans le pick-up chargé d'armes et de bagages et partons en direction de... je ne sais pas trop en fait... sûrement le camp Est. En tout cas loin d'ici, c'est ce qui compte le plus à l'heure actuelle !

Mon conducteur ne parle pas, il se contente de conduire, sans jamais cesser son air sérieux. À vrai dire, il semble assez mystérieux et je pense qu'il n'est pas du genre à parler de lui facilement. Mais je vais quand même tenter le coup car je n'ai que ça à faire et que je suis intrigué par son arsenal :

"- Vous faîtes quoi vous exactement?
- Je conduis.
- Nan mais je veux dire, moi, je suis milicien, et vous vous êtes?
- Tu l'as dit : t'es milicien, pas de la police !"

Effectivement, il n'est pas bavard.

"- Nan mais nous risquons de passer un certain temps ensemble alors je m'intéresse...
- Écoute petit, tu t'occupe trop de ce qui ne te regarde pas ! Tout tes amis viennent de mourir dans un bombardement, réfléchis à un moyen de les venger au lieu de fouiner !"

Bon... le ton est lancé. Mais ça a le mérite d'être clair. Du coup, le reste du voyage se déroule dans un mot, sur les routes abîmées de la région. Juste un vieux CD de rock en fond sonore dans l'habitacle.

Après quelques heures de route dans un paysage de guerre, on s'arrête, dans un village que je ne connais pas et qui semble déserté, pour une raison qui m'est inconnue. Mon conducteur descend du véhicule et se dirige vers un ancien restaurant pour s'assoir à l'intérieur. Peu de temps après, à travers la baie vitrée, je vois qu'une femme le rejoint. Elle a la vingtaine, les cheveux lisses et d'un chatain remarquable, sa peau me paraît lisse et rayonnante comme une étoile au milieu de la nuit, du genre que je n'ai pas vu depuis longtemps. Et c'est avec cette magnifique jeune femme qu'il discute avant qu'ils ne s'arrêtent pour me regarder, en même temps.

Ensuite, le vieux se relève et revient à la voiture pour me dire de l'accompagner dans le restaurant, ce que je fais immédiatement.

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