Le grand jour était enfin arrivé.

Ce dimanche quinze avril, à six heures du matin, devant l’immeuble de la jeune femme, à la crinière rose et ondulée, et aux yeux dorés pétillant d’une excitation presque palpable.

Aujourd'hui, la jeune chargée de communication et ses trois amies prenaient la route pour Sunflower, en quête de deux semaines de vacances bien méritées.

C’était l’occasion rêvée pour la jeune femme de s’échapper, de respirer l’air d’une ville qu’elle chérissait particulièrement, en compagnie de ses alliées les plus fidèles.

Elle éprouvait une joie presque secrète à l’idée de quitter enfin son quotidien. Et, il faut bien l’admettre, Mabel avait eu raison : Lost l’aimait toujours, et ses attentions devenaient de plus en plus envahissantes avec ses cadeaux et ses déclarations. Si ce dernier ne l’avait pas trahie, Erina aurait probablement cédé à ses avances. Mais non, le jeune responsable de communication avait commis l’impardonnable.

Sasha, l’une des grandes reporters de leur ville natale, avait dû mener un véritable combat avec son employeur pour obtenir une semaine supplémentaire de congé. Ce dernier, visiblement réticent à l’idée de se séparer d’elle pendant deux semaines, avait tout de même dû s’incliner. Mais la jeune femme aux cheveux noirs de jais n’en avait cure. Comme ses trois compagnes, elle était impatiente à l’idée de passer deux semaines dans cette ville ensoleillée, parée de fleurs.

Jasinda, jeune styliste encore en devenir, avait quitté son bloc-notes et son crayon avec enthousiasme, prête à redécouvrir les charmes de Sunflower.

Astoria, photographe passionnée, éprouvait une joie sincère à l’idée de rejoindre Sunflower avec ses amies. Elle savait qu’elle saisirait des clichés d’une beauté rare, qu’elle serait fière d’exposer lors de sa prochaine galerie.

Erina venait de placer sa lourde valise dans le coffre de la voiture de sa meilleure amie. Avant de prendre place côté passager, elle jeta un dernier regard à son immeuble, comme pour se donner une dernière image de son quotidien. Puis, elle s’installa, le cœur léger et l’âme prête à s'envoler vers l’inconnu.

La conductrice démarra le moteur et prit la route qui les mènerait, elle et ses amies, à Sunflower.

Sur la route désormais, les quatre mousquetaires écoutaient de la musique et chantaient à tue-tête. De temps à autre, elles observaient, d'un œil rêveur, les autres voitures passer et les dépasser.

Pendant le trajet, elles firent deux pauses. La première pour grignoter un en-cas, la seconde pour refaire le plein.

Après cette dernière pause, les quatre amies commencèrent à planifier le reste de leur journée avec une excitation palpable, conscientes qu’en moins d’une demi-heure, elles seraient arrivées à destination.

La fin du trajet se déroula dans un silence pesant, une atmosphère particulière régnait entre elles. Erina, Sasha, Jasinda et Astoria étaient animées par une impatience joyeuse à l'idée de revoir la ville aux fleurs ensoleillées. Après quatre ans d'absence, elles allaient enfin redécouvrir ce lieu magique.

Soudain, ce furent la styliste et la photographe qui brisèrent le silence :

— On est arrivées !

La chargée de communication et la reporter éclatèrent de rire et admirèrent la ville dans laquelle elles venaient d’entrer.

Le soleil était haut dans le ciel, le matin avait laissé place à l’après-midi. De gros cumulus blancs flottaient dans un ciel d’un bleu cyan éclatant. La route qu'elles suivaient était bordée de palmiers géants. Au fur et à mesure de leur avancée, elles apercevaient leurs lieux favoris : la boutique de vêtements « Flower Chic », la librairie « Book Depository », la boîte de nuit « All Night Long », la plage où s’étendait la fameuse mer fuchsia, attirant une foule de touristes, ainsi que la boutique de bonbons « Sweet Candies ».

Moins d’une vingtaine de minutes plus tard, Sasha se gara devant une jolie petite maison, naturellement située au bord de la mer fuchsia. D’un style moderne, la maison en béton blanc était dotée de grandes fenêtres et de baies vitrées, contrastant avec la couleur noire de leurs cadres. Erina avait eu raison de confier l’organisation du voyage à Sasha ; manifestement, Jasinda et Astoria partageaient le même avis.

Les quatre jeunes femmes sortirent de la voiture et prirent leurs valises. Une brise légère caressa leurs visages, et l'odeur iodée de la mer se mêla à l’air ambiant. Elles se dirigèrent vers leur lieu de séjour pour les deux prochaines semaines.

La porte d'entrée, en bois de chêne, était ornée d'une élégante poignée en or massif, et un proverbe y était gravé : « L'amitié se finit parfois en amour, mais rarement l'amour en amitié. » Erina, se sentant visée par ces mots, se promit que, dès son retour, elle irait voir son admirateur pour mettre les choses à plat et, peut-être, envisager une relation plus profonde que l'amitié.

Jasinda ouvrit la porte et entra, suivie de ses amies, impatientes de découvrir leur nouvelle maison. Devant elles s'étendait un immense salon aux murs peints d'un bordeaux subtil, sur un sol en carrelage gris souris, où un tapis ivoire venait adoucir l'atmosphère. De beaux canapés en cuir noir formaient un arc de cercle, autour d'une table en verre transparent. En face, une télévision trônait au-dessus d'une cheminée déjà allumée, réchauffant la pièce. À gauche, une bibliothèque regorgeait d'ouvrages variés, idéale pour satisfaire la soif de lecture des quatre jeunes femmes.

Derrière le salon, une cuisine de style américain se dévoilait, toute de blanc ivoire. Les murs gris anthracite encadraient un îlot central en verre, au milieu de l'espace. Les amies savaient déjà que cette cuisine serait la pièce la plus fréquentée de la maison.

À droite, une salle à manger chaleureuse s'offrait à elles. Les murs beiges étaient adoucis par un lustre suspendu, diffusant une lumière orangée. Au centre, une grande table en verre, identique à celle du salon mais plus spacieuse, était entourée de six chaises en verre.

Les jeunes femmes retournèrent au salon et prirent l'escalier en marbre blanc, à droite de la porte d'entrée. À l'étage, elles se séparèrent pour explorer les quatre chambres face à elles. Erina entra dans une chambre épurée, mais résolument féminine. Les murs étaient d'un rose pâle, le sol recouvert d'une moquette blanche d'une douceur infinie. Au centre, un grand lit à la literie confortable trônait, et à droite, une porte menait à une salle de bain attenante, tandis qu'à gauche, un bureau accueillait un ordinateur.

La jeune chargée de communication posa sa valise près du lit et décida de se changer pour être plus à l'aise. Mais la voix de Sasha l'interrompit :
— « Les filles, habillez-vous classe, je vous emmène au ‘Delicious’ ! »

Le « Delicious » était l'un des meilleurs restaurants de la ville, réputé pour ses plats italiens divinement bons. Il attirait chaque année de nombreux touristes à Sunflower.
— « Cool ! » s'exclamèrent ses trois amies.

Erina opta pour une robe en satin doré qui lui arrivait à mi-genoux, des escarpins champagne, un maquillage léger et une coiffure simple : une crinière rose lissée en un chignon négligé. Elle saisit son sac en peau de crocodile noir, sortit de la chambre et rejoignit ses amies.

Devant la porte d'entrée, elles se retrouvèrent toutes prêtes. Sasha, dans un tailleur en satin jaune safran et des mocassins en cuir marron, avait laissé sa crinière noire bouclée, son visage sans maquillage. Jasinda, vêtue d'un chemisier en soie blanche et d'une jupe satinée rouge, avait opté pour un maquillage des yeux rouge et un voile de gloss sur les lèvres, laissant sa chevelure rousse respirer. Astoria, quant à elle, portait une robe bustier blanche avec une fente élégante qui dévoilait l'une de ses longues jambes, ses cheveux lilas tressés et des lèvres parfaitement habillées de rouge.

Les quatre amies quittèrent leur belle demeure de vacances pour monter dans la berline rouge de la reporter et se rendre au « Delicious ». À peine dix minutes de trajet les séparaient du restaurant en bord de mer.

Arrivées devant le restaurant, Sasha se gara, et les filles descendirent pour entrer. À l'intérieur, une douce mélodie italienne flottait dans l'air, et l'endroit était étonnamment calme pour une soirée. Elles prirent place au fond du restaurant, préférant l'intimité. Une serveuse arriva peu après pour prendre leurs commandes.

Erina choisit une pizza napolitaine accompagnée d'un tiramisu, Sasha opte pour des gnocchis à la romaine et une panna cotta au chocolat, Jasinda se laisse tenter par des penne au saumon et une torta caprese, tandis qu'Astoria opte pour des pâtes carbonara et un chiacchiere.

Une fois la serveuse partie, la conversation s'engagea sur des sujets banals, comme leurs carrières et leur vie sentimentale. Lorsque Jasinda aborda ce dernier sujet, Erina se sentit légèrement exclue, étant la seule célibataire du groupe. À cet instant, elle se rappela sa promesse et se la répéta plusieurs fois, bien décidée à ne pas l'oublier.

Elle laissa son regard errer sur les différentes tables autour d'elle : des familles, des groupes d'amis, des couples… L'atmosphère de ce restaurant, l'un de ses préférés, était réellement agréable.

Soudain son regard tombe sur un visage qui lui est familier. Le visage se situe à la table qui lui fait face. Un jeune homme aux cheveux azur, aux yeux de la même couleur que les siens et au sourire charmeur est en face de la jeune chargée de communication aux cheveux roses et aux yeux dorés.

Le bleu est accompagné d'un autre jeune homme qui lui ressemble énormément sauf qu'il a les cheveux gris.

Leurs regards se croisent pendant un moment qui parait interminable pour la rose. Son rythme cardiaque s'accélère. Ses mains deviennent moites. Elle a des bouffées de chaleur. Son estomac s'agite de façon mystérieuse. Sa gorge se fait sèche. Le jeune homme aux cheveux bleus et au sourire étincelant lui sourit et détourne son regard vers son ami.

Erina pense savoir qui est ce mystérieux jeune homme. Cependant elle n'est pas sûre d'elle, ne voulant pas tenir de conclusions hâtives, elle décide de se concentrer sur la discussion de ses amies, visiblement en plein débat sur la future soirée de la styliste.

Qui est cet homme que Erina a vu ? Est-ce son admirateur ? Un ami à elle ? 

Seul l'avenir nous le dira. Pour le moment, la jeune chargée de communication préfère profiter de la ville aux fleurs ensoleillées, accompagnées de ses fidèles mousquetaires.