Chapitre 25
C'était le grand jour, celui qu'Erina, la rose, avait tant attendu.
Aujourd'hui, dans moins d'une heure, aurait lieu la dédicace tant prévue pour le lancement de son roman Sunshine Lovers. Accompagnée de Roses et de son agent, Ganaël, elle se rendait à l'événement avec une excitation mêlée de nervosité.
Ce matin, l’éditrice avait organisé une rencontre entre Erina et son agent. Ganaël, un homme dans la trentaine, à la chevelure aussi verte que l'herbe fraîche et aux yeux d’un rouge profond, avait immédiatement captivé l’auteure par son regard intense. Dès les premiers instants, les deux âmes se connurent et se comprirent. Ils échangèrent longuement sur l’univers du roman, sur leurs personnages préférés et les passages qui, à leurs yeux, brillaient de mille feux.
Erina, pleine de projets et de rêves, partagea ses ambitions littéraires avec lui. Ganaël, avec une assurance calme et une voix douce, lui assura qu’il la guiderait dans toutes ses futures aventures d’écrivaine. Erina pouvait désormais se reposer sur lui, elle n’avait plus à craindre de se perdre dans les méandres de son métier. Elle avait trouvé le meilleur agent de Séos.
Le chemin du retour, parsemé de lumière tamisée, fut pour Erina un moment de pur soulagement. Elle sentait qu’avec Ganaël à ses côtés, son roman toucherait le cœur des lecteurs, qu’il rencontrerait le succès qu’elle avait toujours espéré.
Arrivée chez elle, elle se tenait devant son dressing, perdue. Quel vêtement choisir pour cette dédicace ? Elle ne savait comment s’habiller pour une telle occasion. C'était la première fois qu'elle vivait un événement de ce genre, et elle se sentait à la fois honorée et un peu désemparée.
En quête d’un conseil, elle saisit son téléphone portable, posé sur sa table de chevet, et appela sa copine styliste.
Quelques secondes plus tard, une voix ensommeillée se fit entendre.
— Erina ? Si c’est bien toi, je te conseille de ne plus déranger mon sommeil, si tu tiens à ta vie.
Un éclat de rire échappa à la jeune femme. Elle savait que son amie ne vivait que pour une seule règle : le sommeil était sacré.
— Désolée, Jasinda, mais j'ai vraiment besoin de tes conseils.
— D'accord, en quoi puis-je t'aider ?
— Comme tu le sais, aujourd'hui je vais dédicacer des exemplaires de Sunshine Lovers, donc j'ai besoin de choisir une tenue, mais...
— Mais tu ne sais pas quoi mettre, c’est ça ? Ne t'inquiète pas, je vais te donner un coup de main.
— Merci, Jasinda ! Tu me sauves la mise !
La styliste laissa échapper un petit rire, amusée par la nervosité de son amie, qui s'angoissait pour tout et rien à la fois.
— De rien, je ne fais que mon devoir.
— Je t'aime.
— Moi aussi, je t'aime. Je te conseille de t'habiller de manière classe, mais simple.
— D'accord, merci.
— De rien, ma belle. Je retourne dormir. Bonne chance.
— Merci.
— Avec plaisir. Ah, au fait, à quelle heure finit ta dédicace ?
— À onze heures, pourquoi ?
— Avec le groupe, on viendra se procurer nos exemplaires de ton roman.
— Cool ! J'ai hâte.
— Moi aussi, à tout à l'heure.
L'appel se termina, et la jeune femme souffla de soulagement. Elle savait enfin ce qu'elle allait porter pour sa dédicace.
Elle enfila alors un tailleur gris, accompagné de derbies noires, et rassembla ses cheveux en un chignon soigneusement fait. Puis, elle se dirigea vers la cuisine.
Là, Erina était en train de préparer son petit déjeuner : un porridge aux pommes. Une fois celui-ci prêt, la jeune femme prit son bol, le posa sur la table et s’installa dans la pièce à vivre.
Elle s'assit sur l'un de ses canapés, un doux soupir s’échappant de ses lèvres. Elle commença à savourer son porridge, mais son esprit était ailleurs, flottant dans un tourbillon de questions. Comment allait se dérouler la dédicace ? Qui allait-elle croiser parmi ses lecteurs ?
Une notification la tira doucement de ses pensées. Saisissant son téléphone, elle lut le message de Roses.
« Salut !
J'espère que tu es prête, avec Ganaël, nous arrivons devant ton immeuble dans cinq minutes.
PS : Après la dédicace, on ira à la conférence des nouveaux auteurs. Surprise ! »
Une vague d'excitation traversa son cœur. Elle en avait tant entendu parler de cet événement, et voilà qu'elle allait enfin y participer. C’était un rêve de plus qui se réalisait. Un sourire lumineux effleura ses lèvres en imaginant les conseils précieux qu'elle pourrait recevoir, ceux qui l'aideraient à faire éclore son prochain roman.
Après avoir englouti son petit-déjeuner avec hâte, elle se saisit de son sac à main blanc, traversa son appartement d'un pas léger, et s'engouffra dehors.
Devant l’immeuble aux briques roses, elle se tenait, nerveuse, les mains légèrement tremblantes d’impatience. Elle tapait du pied, guettant l’arrivée de l’édition et de son agent. Dans ses yeux d’or, une lueur d’excitation brillait intensément, comme un éclat d’étoile rare. Lorsqu’enfin, une berline rose se gara devant elle, ses lèvres s’étirèrent en un sourire radieux.
Quelques instants plus tard, une jeune femme à la peau caramel et un homme au teint de porcelaine sortirent du véhicule et s’approchèrent d’elle.
Arrivés à sa hauteur, la jeune femme prit la parole pour les saluer d’un ton chaleureux.
— Salut !
— Salut.
— Vous allez bien ?
— Bien et toi ?
— Très bien !
— D'accord, dans ce cas-là, nous pouvons y aller ! Dit l’agent, un sourire discret jouant sur ses lèvres. Ses yeux rouges brillaient d'une malice discrète.
Les trois jeunes gens montèrent dans le véhicule, et à peine quelques instants plus tard, la jeune femme aux cheveux bouclés démarra, empruntant la route en direction de la Bibliothèque des Diamants, à une demi-heure de là.
Pendant le trajet, la voiture était emplie de rires et de chansons, la joyeuse complicité entre eux faisant éclater une atmosphère d’amitié sincère. La rose, dans ce moment d’insouciance partagée, se sentait déjà bien entourée, sereine.
Lorsque le véhicule atteignit enfin la Bibliothèque des Diamants, la jeune femme aux yeux couleur safran ne put contenir sa stupeur. Une foule impressionnante se pressait devant l’entrée du bâtiment de briques, un flot de personnes qui semblaient toutes animées par la même ferveur. Elle attendit quelques instants, le cœur battant la chamade, avant de prendre la parole, d'une voix tremblante d'émotion, lorsque la voiture rose se gara enfin.
— Roses ?
La métisse se tourna vers Erina tandis que Ganaël, absorbé par son smartphone dernier cri, pianotait fiévreusement.
— Oui ?
— Ces gens sont-ils ici pour « Sunshine Lovers » ?
La jeune éditrice lui adressa un sourire lumineux.
— Oui, ils n'attendent qu'une chose : l'ouverture de la bibliothèque pour se procurer leur exemplaire de « Sunshine Lovers ».
Erina, sidérée, n'en revenait pas. Une foule immense, prête à acheter son roman. L'émotion l'envahit soudain, compressant sa gorge. Son rêve, qu'elle nourrissait depuis des années, semblait enfin se concrétiser après des mois d'incertitude, de doutes, et de luttes sans fin.
« Il ne faut jamais abandonner ses rêves : l'espoir est le commencement de toute chose. »
— D'accord.
C'était tout ce qu'elle parvint à répondre. L'angoisse commençait à s'immiscer en elle, insidieuse, menaçant de l'étouffer.
— Allons-y, la dédicace commence dans vingt minutes, intervint Ganaël, la voix pleine de cette assurance qu'il savait communiquer.
— Oui, allons-y ! répondit l'éditrice, enthousiaste.
Les trois jeunes gens sortirent de la berline rose et se mirent en marche, direction la bibliothèque des diamants.
Plus ils se rapprochaient du bâtiment de briques, plus Erina se sentait oppressée. Sa respiration se fit plus rapide, saccadée, et son cœur s’emballa. La foule devant la bibliothèque semblait infinie.
Elle aperçut quelques visages familiers dans la masse, et un petit souffle de réconfort la traversa, bien que fugace.
Arrivés devant cette mer de gens, l'agent aux cheveux verts s'éclaircit la gorge et, d'un geste autoritaire, commença à parler.
— Écartez-vous, s'il vous plaît !
Les regards se tournèrent vers les trois jeunes gens. Erina ressentit l'envie irrépressible de disparaître, de s'effacer. Elle détestait être sous les projecteurs. La discrétion, voilà son terrain de prédilection, pas la scène, pas l’exposition.
Une voix masculine, familière, la ramena brusquement à la réalité.
— Erina ?
— Oui ?
— Tu viens ? lui demanda son agent aux yeux rouges.
— Euh, où ça ?
— Bah, à la bibliothèque ! La dédicace va bientôt commencer !
Elle cligna des yeux, déstabilisée, puis se ressaisit.
— Oh, d'accord ! Allons-y !
Elle remarqua alors que la foule, comme par magie, s'écartait lentement, leur offrant un passage.
Les trois jeunes gens se mirent en marche, traversant la mer de visages jusqu'à la porte de la bibliothèque.
Arrivés devant l’entrée, la métisse saisit la main d'Erina avant de lui adresser une question, comme une douce caresse dans la confusion qui s'emparait de la jeune auteure.
— T'es prête ?
— Oui, je suis prête. répondit la rose, d'une détermination presque palpable.
— Tant mieux, allons-y ! s’écria l’éditrice, enjouée.
En pénétrant dans la bibliothèque, Erina s'arrêta un instant, admirant la majesté de l'endroit qui semblait offrir un écrin à ses rêves. Les murs en briques, soutenus par un plafond de verre en forme de voûte, offraient une lumière douce, filtrée par des lustres suspendus. Le sol en marbre, recouvert d'un tapis immense, donnait à la scène une sérénité presque irréelle.
À gauche des trois jeunes gens, se dressait un comptoir en bois de chêne, sans doute la caisse de l’endroit. De nombreuses étagères en verre, semblables à des diamants, se paraient de livres en tout genre, étalant leurs trésors face à eux.
Un jeune homme à la chevelure pourpre et aux yeux d’un gris pénétrant s'approcha d'eux, un sourire éclatant sur les lèvres.
— Bonjour ! Je suis Safwan, le propriétaire de cette bibliothèque ! Vous êtes ici pour la dédicace ?
L’éditrice se racla la gorge, se redressant légèrement avant de répondre.
— Bonjour. Oui, je suis Roses Freeman, l’éditrice de cette charmante jeune femme.
— Et moi, Ganaël Storm, je suis son agent, ajouta-t-il d'un ton calme.
La rose, un peu nerveuse, prit une grande inspiration, puis se présenta.
— Je suis Erina Brizer, auteure de Sunshine Lovers.
— Parfait ! Si vous voulez bien me suivre, dit Safwan, enthousiaste.
Le jeune homme aux cheveux couleur écarlate se glissa entre les étagères, suivi de près par l’auteur, l’éditrice et l’agent.
Arrivés à destination, ils se trouvèrent devant une table en verre, brillante sous la lumière tamisée. Derrière celle-ci, une chaise en soie trônait, accueillante. Plusieurs exemplaires du livre Sunshine Lovers étaient empilés, et un stylo reposait délicatement sur la droite de la pile.
— C’est ici que la dédicace aura lieu, expliqua Safwan. Erina, vous pouvez vous installer. Je vais aller chercher les premiers clients.
— Très bien, répondit-elle d’une voix douce.
— Bonne chance ! lui lança-t-il avant de s'éloigner, se dirigeant vers la porte pour faire entrer les visiteurs.
Une fois seuls, Erina prit place sur la chaise en soie. Roses lui adressa un sourire réconfortant.
— Ne t’en fais pas, tout va bien se passer.
— Oui, tu n’as rien à craindre, ajouta Ganaël, un regard rassurant dans les yeux.
Erina hocha la tête, un léger tremblement dans la voix.
— Merci d’être là.
— Nous serons là pour toi, répondirent-ils en chœur, leur soutien silencieux et sincère.
Soudain, deux voix familières s’élevèrent parmi la foule, faisant tressaillir la jeune auteure.
— Salut, Erina !
Elle leva les yeux et aperçut le bleu de ses yeux et son petit frère, Dayson, qui se tenaient devant elle, un sourire lumineux sur leurs visages.
— Salut !
— Nous sommes les premiers ! s'exclama Dayson, tout sourire.
— Oui, je suis ravie, répondit-elle avec un éclat dans les yeux.
— Nous avons hâte de tenir notre exemplaire de Sunshine Lovers, ajouta le bleu, dévorant sa bien-aimée du regard.
Les joues de la jeune femme s’empourprèrent tandis qu'une vague de chaleur parcourait son corps. Des papillons virevoltaient dans son estomac, indomptés et fougueux.
— D'accord, dit-elle, un sourire timide flottant sur ses lèvres.
Elle saisit un livre et l’ouvrit doucement. D’un geste élégant, elle prit son stylo et nota, juste sous le titre :
« Bonne lecture, j’espère que mon roman te plaira. Ta grande sœur qui t’aime. »
Elle referma l'ouvrage avec tendresse et le tendit à son petit frère. Celui-ci la remercia par un câlin rempli de tendresse et de fierté, son cœur débordant d’amour pour elle.
Elle prit un second roman, l'ouvrit et, sous le titre, inscrivit ces mots :
« Bonne lecture mon amour, j’espère que tu aimeras l’histoire de Shine et Dean. Je t’aime. »
Elle tendit le livre à son amant, qui l'embrassa en guise de remerciement, une lueur douce et amoureuse dans les yeux.
Les deux jeunes hommes adressèrent à la rose leurs vœux de succès, saluèrent l’éditrice et l'agent, puis quittèrent la pièce en direction de la caisse, impatients de repartir avec leur précieux exemplaire de Sunshine Lovers.
La dédicace se poursuivit alors. La rose écrivit un mot pour chaque membre de sa famille, pour le groupe d’amis qui la soutenait, pour ses anciens camarades de classe, pour ses collègues et même pour des inconnus qui croisaient sa route. Chaque dédicace était une touche d’amour, un héritage gravé dans le cœur des lecteurs. Elle prit un immense plaisir à laisser sa marque dans chaque exemplaire de Sunshine Lovers, espérant que ces petits mots de cœur résonneraient dans l'âme de ceux qui les liraient. D’autres dédicaces l'attendaient dans tout Séos, et elle espérait que celles-ci se passeraient tout aussi bien que celle-ci, si douce et pleine de chaleur.
Il était alors onze heures. La dédicace était achevée, et un sourire satisfait s'étira sur les lèvres de la jeune auteure. Son estomac, lui, protesta avec un cri de famine.
Les trois jeunes gens retournèrent vers l'entrée de la bibliothèque, remercièrent chaleureusement le libraire, puis quittèrent le bâtiment en briques, un air léger et joyeux dans l’âme.
Dans la berline rose, la rose brisa le silence :
— Que faisons-nous maintenant ?
L’éditrice, toute souriante, se tourna vers elle.
— Nous allons manger avant d’aller à la conférence des nouveaux auteurs.
À la simple mention du mot « manger », l’estomac de la jeune auteure émit un bruit sonore, la trahissant.
— Où allons-nous manger ? demanda Erina, les yeux brillants d’impatience.
— Dans un restaurant appelé Yummy’s. Leurs soupes aux crevettes sont une véritable merveille, répondit la conductrice avec un sourire complice.
— J'ai hâte d'y être ! s’écrièrent l’auteure et l'agent en chœur, leurs visages illuminés par l’anticipation de ce repas à venir.
— Allons-y ! dit Roses avant de démarrer la voiture, et, dans un léger vrombissement, ils s’élancèrent sur la route.
Le trajet se déroulait dans le silence. L'éditrice, plongée dans la concentration, fixait l’horizon, tandis que l'agent, son regard rivé sur l'écran tactile de son téléphone, le faisait glisser avec une énergie presque nerveuse. Erina, elle, se laissait porter par le paysage qui se déployait devant ses iris dorés, éblouissante de calme et de beauté.
Lorsqu’ils arrivèrent devant un bâtiment aux briques rouges, l’atmosphère semblait déjà les envelopper de chaleur. Ils sortirent de la berline et pénétrèrent dans l’enceinte du restaurant. L’intérieur était une invitation à la convivialité : des tables rondes, ornées de nappes de soie et entourées de chaises en satin, s'étendaient autour de la pièce, où jeunes et moins jeunes se retrouvaient dans une ambiance chaleureuse et détendue.
À leur gauche, un jeune homme brun se tenait derrière un comptoir en cristal. L’éditrice, aux yeux sombres comme la nuit, s’approcha de lui et prit la parole d’une voix calme et assurée. Erina et Ganaël se mirent en retrait, silencieux, observant la scène.
— Bonjour !
À l’instant où le serveur remarqua leur présence, un sourire poli se dessina sur ses lèvres, sûrement celui qu’il adressait à chacun des clients du « Yummy’s ».
— Bonjour. Puis-je vous être utile ?
— Je souhaiterais savoir où se trouve la table au nom de « Freeman ».
— Oh, bien sûr. Suivez-moi, je vais vous y conduire.
Ils hochèrent la tête en guise de remerciement et, à l’unisson, suivirent le serveur à travers la salle.
Ils s'arrêtèrent enfin devant une table, un peu à l'écart, comme si celle-ci était réservée aux convives d’un goût raffiné. Le serveur se racla la gorge, rompit le silence et leur annonça d’une voix polie :
— Voici votre table. Ma collègue vous apportera le menu dans quelques instants. Installez-vous, je vous prie.
— Merci, répondit le trio en chœur.
Le brun acquiesça et se détourna pour retourner à ses occupations, tandis qu’ils prenaient place autour de la table, le regard plongé dans le doux éclat des chandelles qui illuminaient la pièce.
Peu après, une jeune femme aux cheveux d’une blancheur éclatante arriva, portant un plateau avec les menus. Elle les déposa délicatement sur la table, puis se retira aussi rapidement qu’elle était venue.
Ils ouvrirent les menus et s’y plongèrent, chacun à leur tour, laissant les heures se fondre dans le silence feutré du restaurant. Lorsque la serveuse revint pour prendre leurs commandes, elle se tourna vers l’homme aux cheveux verts.
— Que désirez-vous, monsieur ?
— Un verre d’eau pétillante, une salade César et une part de tarte aux pommes, répondit-il avec douceur.
Elle nota la commande, et un léger rire s’échappa de ses lèvres avant qu’elle ne poursuive, amusée.
— À ce que je vois, monsieur veille à sa ligne.
La remarque, aussi innocente fût-elle, surprit Ganaël. Il lança un regard glacial à la jeune femme, tandis que Roses et l’éditrice éclataient de rire, l’ambiance se détendant instantanément.
Roses, souhaitant changer de sujet pour alléger l’atmosphère, prit la parole.
— Pour moi, ce sera un verre de thé rose, une soupe aux crevettes et un muffin à l’ananas.
La serveuse acquiesça et se tourna vers l’éditrice.
— Et pour vous, mademoiselle ?
— Pour moi, un cocktail de fruits exotiques, un tartare aux crevettes et un tiramisu à la noix de coco, répondit-elle avec un sourire.
— Très bien, je vous apporte tout cela dans quelques instants.
La serveuse, arborant un sourire quelque peu maladroit, s’éloigna. Roses, voyant l'ombre de la mélancolie subsister sur le visage de l'agent, lança une conversation légère pour raviver sa jovialité. Il sembla que son stratagème réussit, car le visage de Ganaël s’éclaira progressivement, retrouvant son esprit vif et son enthousiasme habituel.
Une heure, un repas et un fou rire plus tard, la rose se retrouva assise entre la jeune femme au teint caramel et l'homme au visage de porcelaine, dans la grande salle des Conférences.
La conférence des nouveaux auteurs avait commencé il y a une demi-heure. Sur la scène, des écrivains à succès dévoilaient leurs parcours et distillaient leurs précieux conseils aux auteurs débutants, comme Erina, qui nourrissaient l'espoir de connaître, eux aussi, leur heure de gloire.
La jeune femme, concentrée, enregistra la totalité de la conférence. Elle savait que ces conseils seraient d'une grande utilité pour ses futurs romans, les échos d'une inspiration nouvelle résonnaient déjà dans son esprit.
À la fin de la conférence, la rose ressortit du bâtiment de cristal, le cœur léger et le sourire aux lèvres. Elle avait emmagasiné des trésors de sagesse qui nourriraient ses projets littéraires à venir.
La voix de son agent, qui la ramena doucement à la réalité, perça l'air calme autour d'elle.
— Erina, il faut rentrer dans la voiture.
La jeune femme aux pupilles dorées monta dans la voiture, suivie de près par Ganaël. Le trajet jusqu’à l’immeuble aux briques roses se fit plus bruyant que le précédent, rempli de discussions animées sur le programme du lendemain, sur leurs vies respectives, et bien sûr, sur le prochain roman de la rose. Cette fois, elle avait décidé d’explorer les méandres de la romance fantastique.
Arrivés devant l'immeuble, l’éditrice et l’agent se tournèrent vers Erina, impatients de connaître son avis.
— Alors, comment as-tu trouvé cette journée ? lui demanda Roses.
Un éclat lumineux traversa le visage d'Erina. Ses iris dorées brillaient de mille feux, et il n'y avait aucun doute : la rose avait passé l'une des plus belles journées de sa vie.
— Parfaite. C'est l'un des meilleurs jours de ma vie ! s’exclama Erina, rayonnante de bonheur.
— Tant mieux, répondit son éditrice, un sourire bienveillant flottant sur ses lèvres.
— Et il te reste encore tant de choses à vivre et à accomplir avec nous, ajouta Ganaël.
— J'ai hâte ! s'écria la rose, le cœur gonflé d'enthousiasme.
— Nous aussi, dirent-ils en chœur.
— Bon, je dois y aller, annonça la jeune femme aux iris dorés, déjà prête à s'éclipser.
— Rentres bien, lui dirent l’éditrice et l’agent.
— Merci, à bientôt !
Elle sortit de la berline et, avant de disparaître dans l'immeuble, jeta un dernier regard derrière elle, où les deux silhouettes restaient immobiles quelques instants. Puis, elle s’éloigna, laissant la nuit envelopper les rues.
Une fois arrivée chez elle, la rose récupéra son courrier et monta dans l'ascenseur, un léger frisson de contentement la traversant. Lorsqu’elle pénétra dans son salon, un silence apaisant l’enveloppa. Elle posa son courrier sur la table basse, ôta son blazer et ses chaussures, et s'installa confortablement sur l'un de ses nombreux canapés en cuir, un doux soupir s’échappant de ses lèvres.
Sans crier gare, ses paupières se firent lourdes. La fatigue du jour, la joie du rêve réalisé, l’enveloppèrent dans une étreinte douce. En un instant, la rose s'endormit, un sourire léger flottant encore sur son visage, paisible et heureuse, bercée par la certitude d'avoir enfin franchi un pas de plus vers ses rêves.
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