Chapitre 15
Erina se trouvait dans l’open space du pôle communication de son entreprise, une vaste salle dédiée aux réunions avec les divers collaborateurs de New Communication. La lumière filtrait à travers les fenêtres, mais elle n’avait d’yeux que pour le travail.
Elle était en réunion avec deux de ses consœurs, toutes deux issues de l’agence Lunaris. Elle les avait rencontrées lors de son premier voyage d’affaires avec Lost, et depuis, elle appréciait beaucoup de collaborer avec elles. L’objectif de cette réunion était de consolider la stratégie de communication des deux agences. Ensemble, elles passaient en revue les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces, prenant soin de détailler chaque point avec précision.
Lorsque la réunion prit fin, Erina regagna son bureau pour rédiger son rapport. Elle s’assit devant son ordinateur et, avec une énergie concentrée, tapa furieusement sur les touches, désireuse que son travail soit irréprochable. Les minutes s’égrenaient alors qu’elle perfectionnait chaque phrase. Lorsqu’enfin elle posa son regard satisfait sur le document terminé, elle attrapa son agenda avec une détermination nouvelle.
Elle scruta son emploi du temps avec une attention méticuleuse. Des rendez-vous avec des clients et des annonceurs, des réunions avec ses collaborateurs, des entrevues avec ses collègues du pôle communication : sa vie professionnelle ne connaissait pas de répit. Cela ne l’effrayait pas. Erina se sentait en harmonie avec ce qu’elle faisait, et elle se croyait même douée dans ce domaine.
Elle rangea son agenda dans son sac et, décidant qu’elle méritait une pause, s’accorda quelques minutes avant de reprendre son travail sur le plan de communication d’une agence de mannequinat.
Mais alors qu’elle se laissait aller à un instant de répit, un mauvais pressentiment la frappa, aussi soudainement que furtivement. Elle ne saurait dire pourquoi, mais une sensation étrange s’empara d’elle, comme si quelque chose de fâcheux était sur le point de se produire. Elle balaya cette pensée, se concentrant à nouveau sur la fin de sa journée. Blaze devait bientôt venir la chercher, et ils dînaient chez lui ce soir. Elle avait hâte de retrouver la chaleur de sa cuisine, ses papilles se souvenaient encore avec plaisir de ces plats.
Elle se remit au travail, priant intérieurement pour que son esprit cesse de vagabonder. Les heures passaient, et bientôt, elle se plongea dans les méandres de son projet, oubliant presque le monde extérieur.
Ce fut Nymphéa qui brisa soudainement le calme de la pièce, en s’éclaircissant la gorge. La rose leva les yeux de son écran, croisant les iris de la chargée de projet événementiel avant de lui adresser la parole.
— Salut, ça fait longtemps que t'es là ?
La blonde se passa une main dans ses cheveux, répondant d’une voix tranquille.
— Non, ça fait seulement dix minutes.
— Qu'est-ce qui t'amènes ?
— Je pense que tu devrais prendre tes affaires et sortir d'ici.
Erina haussait les sourcils, perplexe. Sa journée touchait presque à sa fin, pourquoi donc partir plus tôt ?
— Blaze et Lost sont à deux doigts de se taper dessus, ajouta Nymphéa à toute vitesse.
Le cœur d'Erina s’emballa. Elle aurait dû faire confiance à son instinct. Ce pressentiment... Il y avait bien quelque chose qui allait se produire. Lost ne semblait toujours pas comprendre que leur histoire n’était plus que de l’histoire ancienne.
Dans un geste précipité, la jeune femme éteignit son ordinateur, prit ses affaires et, sans un mot de plus, salua à peine son amie. Le stress monta en elle alors qu’elle se dirigeait vers l’endroit qu’elle redoutait. Là, devant elle, se tenait celui qui hantait ses pensées, et celui qu’elle détestait plus que tout au monde.
La scène qui se déroulait sous ses yeux n’avait rien de paisible. Elle ne savait pas si Blaze et Lost l’avaient vue, mais elle hésita à intervenir. Elle se figea quelques instants, observant la scène de loin.
Le bleu et le jeune responsable de communication se disputaient violemment, chacun défiant l'autre, au bord de l’implosion.
— Tu ne comprends pas ! Erina est à moi ! Laisse-la tranquille ! s’écria le jeune homme à la crinière blanche, la voix pleine de rage.
Le jeune commercial, en face de lui, se moqua ouvertement de son rival. Le jeune responsable de communication, lui, ne supportait plus le bleu. Il l’avait remplacé et cela le mettait hors de lui. Il se haïssait d’avoir trahi Erina avec Mabel. Comment avait-il pu se laisser séduire par une femme aussi manipulatrice ? Erina, avec ses iris safran, valait bien mieux que cette intrigante. L’homme aux yeux couleur bronze n’écoutait que son égo. Il était trop tard pour revenir en arrière, trop tard pour réparer les dégâts. L’histoire entre lui et la rose n’était plus qu’un souvenir, un amour révolu, tandis qu’elle, elle avait déjà tourné la page.
— Tu me fais de la peine, lança le bleu d’une voix cinglante. Erina n’éprouve plus rien pour toi. Votre histoire, c’est du passé. Tourne la page, mec.
D’un geste désinvolte, le responsable de communication balaya ses paroles, comme s’il ne voulait même pas les entendre.
— Éloigne-toi d’elle ! Erina est à moi ! vociféra-t-il de nouveau, la colère déformant ses traits.
La rose, sentant que la situation risquait de déraper, ne tint plus en place. Elle décida d’intervenir, la voix ferme.
— Je ne t’appartiens pas, Lost. Quand comprendras-tu que je ne ressens plus rien pour toi ?
Les deux hommes se tournèrent simultanément vers elle, leurs regards emplis de défi et de douleur.
— Erina, je t’aime. Accorde-moi une seconde chance, supplia le jeune homme aux boucles blanches, ses yeux suppliant d’une lueur désespérée.
Le bleu, plus calme, adressa un regard tendre à sa bien-aimée, sûr de son choix.
— Désolée, Lost, mais c’est non. Je suis amoureuse de Blaze, et grâce à lui, je suis la femme la plus heureuse qui soit.
Sans crier gare, le jeune homme aux yeux couleur bronze lança un violent coup de poing dans l’estomac du bleu. La rose, impuissante, laissa échapper un cri de surprise, tandis que son amant se tordait de douleur.
Celui-ci se redressa quelques instants plus tard, furieux, une colère noire dans ses yeux.
— Mais t’es complètement malade ! Si Erina ne ressent plus rien pour toi, ce n’est pas de ma faute ! Si elle ne veut pas tenter une nouvelle histoire avec toi, c’est pareil. Me frapper ne changera rien.
— Blaze a raison, souffla la rose en se rapprochant de son bien-aimé. Je ne veux plus avoir affaire à toi. Je ne ressens plus rien pour toi. Par contre, Mabel semble être bien amoureuse de toi.
— Mabel ? Tu n’es pas sérieuse, là ? demanda Lost, un rictus de dégoût sur les lèvres.
— Je suis très sérieuse. Vous êtes faits pour être ensemble. J’espère sincèrement que vous allez vous remettre ensemble. Vous formez un couple magnifique, bien sournois de surcroît.
— Ouais, si tu le dis, répondit-il en haussant les épaules, l’air résigné.
Le bleu se racla la gorge et prit la parole, un air menaçant sur le visage.
— Et c’est la dernière fois que tu oses me frapper. Je n’ai pas riposté parce qu’il y a ma copine ici présente, mais si tu me touches encore une fois en privé, tu le regretteras amèrement.
Erina, surprise de voir Blaze sous ce jour menaçant, trouva néanmoins cette facette de lui… irrésistible. Elle n’avait jamais vu cette colère chez lui auparavant.
— Allons-y, chéri, nous allons être en retard.
Sans un regard pour Lost, ils quittèrent les lieux, se dirigeant vers la maison du bleu.
Le trajet jusqu’à la demeure du jeune commercial se fit à pied, à peine dix minutes séparant les bureaux de « New communication » de chez lui. Le couple échangea quelques banalités, appréciant la compagnie de l’autre sans se soucier du reste.
Dans la salle à manger, un festin attendait : poulet rôti et pommes de terre persillées, une salade de fromage – l’entrée favorite du couple – et un entremet à la menthe que Blaze avait acheté pour l’occasion.
Le bleu leva son verre de jus de pomme, un sourire lumineux sur les lèvres. Il se racla la gorge, et la rose le regarda, les yeux pétillants d’amour.
— Je suis heureux de te recevoir chez moi. Longue vie à nous !
La jeune femme trinqua avec lui, son cœur empli de tendresse. Elle aussi espérait que leur histoire durerait, qu’elle serait cette fois la bonne. Elle pensa même à l’annoncer à leur groupe d’amis.
— Moi aussi, je suis heureuse d’être ici, répondit-elle en engloutissant une pomme de terre.
— Tant mieux, dit-il simplement.
Quelques instants plus tard, la jeune femme posa ses couverts avec une délicatesse infinie, un regard intense dirigé vers Blaze. Elle voulait s’assurer qu’il pensait la même chose qu’elle.
Elle se racla la gorge. Blaze interrompit sa dégustation, levant ses iris mordorés vers elle, attentif.
— Blaze ?
— Oui, chérie ?
Erina sourit doucement, une sensation de bien-être la traversant. Elle en était certaine : elle était amoureuse de lui, et c’était aussi naturel qu’étonnant.
— Je suis prête à annoncer la nouvelle au groupe, lâcha-t-elle, comme une évidence.
Blaze sourit à son tour. Lui aussi se sentait prêt à dévoiler leur relation.
— Moi aussi, je pense que c’est le moment. D’ailleurs, je comptais organiser une promenade nocturne, pour revivre le bon vieux temps.
La jeune femme, surprise, sentit son cœur battre plus fort. C’était exactement ce qu’elle avait en tête il y a quelques semaines. Une nouvelle preuve qu’ils étaient parfaitement en phase.
— Moi aussi j’y ai pensé. Quand est-ce que tu veux faire ça ?
Blaze se gratta la barbe, réfléchissant quelques instants.
— Dans deux semaines, ça serait parfait. Et puis, tout le monde est en vacances à partir de début juillet.
— Oui, comme ça, on pourra y aller ensemble, au mariage de Jay, dit-elle, les yeux brillants d’affection.
Blaze imagina la scène : lui et Erina, vêtus de leurs plus beaux habits, marchant fièrement aux côtés de leurs amis pour célébrer le mariage de Jay.
— Peut-être qu’un jour, on se mariera nous aussi, murmura-t-il, une pointe d’espoir dans la voix.
Erina, songeuse, se surprit à imaginer l’avenir à ses côtés. Jamais elle n’avait pensé au mariage avec Lost. Peut-être n’était-elle pas assez amoureuse à l’époque. Mais avec Blaze, tout semblait si évident. Elle s’imaginait à ses côtés, dans une maison à Storm Land, entourée de leurs enfants, et elle n’en doutait plus : avec lui, tout était plus simple. Ensemble, ils pourraient réaliser tous leurs rêves.
Elle sourit à l’idée que, peut-être, ce qu’on appelle le véritable amour, c’est trouver son âme sœur dans son meilleur ami.
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