— Que devrons-nous faire à Bloom City ?

Erina posait la question pour la énième fois, toujours sans parvenir à retenir la réponse. Dans quelques jours, Nymphéa, Solaria et elle-même allaient partir pour l'une des villes les plus luxueuses de Séos.

La chargée de projet événementiel soupira, lasse d'expliquer la même chose à répétition.

— Nous devons promouvoir un événement pour l'un de nos collaborateurs et mener une campagne de communication pour attirer le plus grand nombre de participants.

Erina s'efforçait de mémoriser ces informations, redoutant de susciter l'agacement de la compagne du brun aux iris couleur mandarine.

Solaria, la chef de projet marketing, détacha son regard de son écran pour observer ses collègues.

— Je ne comprends toujours pas pourquoi je viens avec vous.

Le désespoir gagna Nymphéa. Entre Erina qui oubliait l'objet de leur voyage et Solaria qui questionnait encore sa présence, la blonde aspirait déjà à retrouver son amant. Elle inspira profondément avant de répondre :

— Tu es là pour aider nos collaborateurs à peaufiner leur stratégie marketing, afin qu'ils ne finissent pas par fermer boutique.

La chef de projet au regard plus noir que la nuit hocha la tête avant de replonger ses yeux sur son ordinateur.

La rose écourta sa conversation avec Blaze. Cela faisait une semaine qu'ils étaient en couple et la jeune femme se sentait sur un petit nuage. Elle savourait la découverte d'un Blaze aux allures tendres et attentives. Elle espérait que leur relation ne connaîtrait pas de jours sombres.

Se tournant vers la blonde, elle l'interpella :

— Nymphéa ?

La jeune femme aux yeux d'émeraude releva la tête de son agenda.

— Oui ?

— Combien de temps resterons-nous à Bloom City ?

Nymphéa soupira en silence. Seule elle avait réellement prêté attention lors de la réunion d'information organisée par Lost deux jours auparavant. Elle s’apprêta à répéter, une fois de plus :

— Nous serons sur place pendant deux jours, mais nous resterons un jour de plus pour assister à l’événement et nous assurer que tout s'est bien déroulé.

Erina hocha la tête, tout comme Solaria, et les deux femmes commencèrent à ranger leurs affaires. Elles s'étaient réunies chez Nymphéa pour peaufiner les derniers détails de leur prochain déplacement.

La blonde habitait dans le même immeuble qu'Erina – un fait qu'elles avaient découvert peu de temps auparavant – tandis que Solaria résidait non loin des bureaux de « New Communication ».

Les trois jeunes femmes se levèrent. Il était l'heure de se dire au revoir.

Nymphéa se racla la gorge :

— Bon, les filles, on se dit à lundi ?

— Oui, à lundi, Nymphéa, répondit Solaria avant de leur faire la bise et de s'éclipser, visiblement pressée.

Erina et Nymphéa échangèrent un regard surpris, mais ne firent aucun commentaire. Elles s'étaient habituées aux réactions quelque peu imprévisibles de leur collègue.

Après un moment de silence, Erina reprit :

— Nymphéa ?

— Oui, Erina ?

— Tu connais Zéphyr ?

À ces mots, le visage de la blonde se décomposa. Les questions se bousculèrent dans son esprit, mais la voix de son amie la ramena à la réalité.

— Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi cette tête ?

— Oh... rien. Comment connais-tu Zéphyr ? bégaya-t-elle, troublée.

La rose éclata de rire face à la réaction de son amie.

— C’est l’un de mes meilleurs amis. Nous nous sommes rencontrés en dernière année de primaire.

Un sentiment de soulagement traversa Nymphéa. Son amie n’avait pas de desseins cachés.

— C’est génial ! Pourquoi ne me l’avoir jamais dit ?

— Parce que je n’ai découvert que le mois dernier que tu étais la petite amie de mon ami d’enfance.

— Comment l’as-tu su ?

Erina décida de tout lui raconter, convaincue qu’elle pouvait se confier à Nymphéa, la petite amie de son meilleur ami après tout.

— En fait, il y a trois mois, j'ai reçu une lettre d’amour d’un admirateur secret. Pendant des semaines, j'ai tenté de découvrir son identité. Un jour, dans une lettre, il m’a suggéré d’aller voir ton compagnon pour des indices. Je l’ai donc retrouvé – après quatre ans sans nouvelles – et c’est là qu’il m’a dit être en couple avec toi.

Nymphéa resta muette, stupéfaite. Son amie avait vécu une situation similaire à celle qu’elle-même avait connue deux ans auparavant.

— Je vois... Tu sais que, moi aussi, j’ai reçu une lettre d’amour mystérieuse il y a deux ans ? Et aujourd’hui, je suis heureuse avec mon futur époux.

Erina sourit, comprenant d’où venait l’idée de Blaze.

— C’est incroyable ! J’espère que pour moi aussi, cela se terminera aussi bien.

— Je te le souhaite. Alors, qui est cet admirateur secret ?

— Blaze...

— Le meilleur ami de Zéphyr et cousin de Delmar, termina la blonde.

Le monde, décidément, était bien petit. Ni l'une ni l'autre n’aurait imaginé, lors de leur rencontre, à quel point elles avaient des liens communs.

— Oui, c’est bien lui.

— Vous êtes ensemble, alors ?

— Oui.

— Je suis tellement contente pour vous !

Erina rayonnait de bonheur. La blonde lui rappelait tellement Sasha.

— Merci. Mais ne le dis à personne pour l’instant, nous préférons garder cela secret.

Nymphéa hocha la tête avec enthousiasme.

Prima se souvint alors de son projet en cours. Encore quelques chapitres, et elle pourrait envoyer sa réécriture aux maisons d’édition. La nouvelle arriverait aux oreilles de Sasha et Blaze en premier.

— C’est promis.

— Je dois y aller, on s’appelle ce soir ?

— D’accord. À lundi.

Après une bise rapide, Erina quitta l’appartement et prit l’ascenseur pour rentrer chez elle. Devant sa porte, une lettre rouge et un bouquet de fleurs de cerisier – ses préférées – l’attendaient.

Elle ramassa le tout et entra, plaçant les fleurs dans un vase ramené de Sunflower. Après s'être changée en tenue plus confortable et avoir pris le temps de se détendre, elle s'installa sur son canapé et ouvrit la lettre.

« Poème pour Erina.

Tu es mon tout.

Mon rien.

Mon monde ou mon univers.

Sans toi, ma vie perd ses couleurs.

Avec toi, elle devient lumière.

Depuis que tu es entrée dans ma vie, j'ai su.

J'ai su que nous étions deux âmes vouées l'une à l'autre.

Sept ans ont passé avant que toi aussi, tu le comprennes.

Mieux vaut tard que jamais.

Je remercie l'univers de nous avoir réunis.

Blaze. »

Une vague de chaleur l'envahit. Ce poème réveillait des papillons nichés dans son cœur. Les mots doux de Blaze la transportaient. Le proverbe de Sunflower résonnait alors dans sa mémoire :

« L’amitié se transforme parfois en amour, mais rarement l’amour en amitié. »

Elle espérait que cette fois-ci, c'était la bonne.