chapitre 10


 J'avais le cœur brisé. Ça faisait trois jours, mais pour moi c'était une éternité. Je ne pouvais même plus dormir. Je repensais à son visage doux, à ses yeux bleus malicieux, à ses cheveux roux, à son sourire et son rire. Il devait être 2 ou 3 heure du matin et j'étais assis sur une pierre à contempler le ciel étoilé et à me demander pourquoi c'était toujours à moi qu'arrivait ce genre de malheur. La mort de ma mère à la naissance de mon frère, celles de mes parents adoptifs et d'Arthur quand j'avais 6 ans et maintenant, celle de Nico. Une larme coula sur ma joue.

-Sacha?

Je me retournai doucement et vis Père debout à côté de moi. Je rebaissai les yeux.

-Sacha... répéta-t-il en posant une main sur mon épaule que je repoussai vivement.

-Sacha, je sais que tu souffres.

-Sans blague...

-Mais Carliste et moi avons une surprise pour toi.

Je le regardais d'un air méchant et méfiant. Je n'étais pas d'humeur à aimer les surprises.

-Allez! Viens!

Il me prit par le bras et je le suivi à contre cœur. Quand j'arrivais dans le "labo" de Carliste, mon sang ne fit qu'un tour. Il était là, flottant dans un liquide transparent à l'intérieur d'un énorme tube relié à une machine. Nicolas. Je m'approchais de lui.

-Tu ne rêves pas Sacha, c'est bien lui en vie, si on peut le dire.

-Comment ça Carliste?

-Ce que tu vois n'est qu'une coquille vide, sans âme. Maintenant écarte toi s'il te plait.

Il appuya sur un bouton et le contenu du tube se vida par terre. Ça me rappelait un livre que je lisais Time... Euh, je-ne-sais-plus-quoi. Je m'approchais du corps qui était aussi sorti. Il ne bougeait pas, ne respirait pas et avait les yeux fermés. Le cordon ombilical était encore accroché. C'était peut-être par là qu'il respirait. Carliste s'approcha de lui et lui posa un machin électronique sur la tempe. Il fit un peu de bruit et de lumière puis les yeux de Nico se sont ouverts d'un seul coup. Il se mit à gigoter et à haleter. Je le pris dans mes bras et le serra contre moi. J'entendis sa respiration devenir plus lente et régulière. Il se calmait. Il bougea et s'écarta doucement de moi. Il avait une odeur bizarre, sûrement celui du liquide. Carliste s'approcha de lui et lui enleva le cordon. Nico se colla à moi en tremblant légèrement. Il était nu et trempé. Il avait froid. Père arriva avec une couverture, ou une serviette, et la posa sur les épaules de Nico. J'aidais mon ami à se sécher et à se relever. Quand il essaya de marcher, il perdit l'équilibre. On aurait dit un bébé qui marchait pour la première fois. Alors, je le pris dans mes bras et l'amena dans ma chambre. Là, je lui prêtais un de mes T-Shirt et un de mes shorts sinon c'était un peu grand pour lui. Une fois couchés, Nico se colla contre mon torse et je l'enlaçais. Je fermais les yeux et, pour la première fois depuis 3 jours, je m'endormis, le cœur léger.

Le lendemain, je me réveillais comme à mon habitude mais, cette fois, j'entendis un grognement et je sentis quelque chose me ramener sur le lit. Nicolas dormait encore et ne voulais pas lâcher mon T-Shirt. Je regardai par la fenêtre et vis que le soleil se levait. Après, j'ai réussi à me tordre pour voir l'heure sur la table de chevet derrière moi sans réveiller Nico. 5h 15. Je pense pouvoir me permettre de faire une grasse mat'. C'est français ça? Ouais bon. Je fermai les yeux et me rendormis. Quand j'ouvris à nouveau les yeux, Nico avait enfin lâché mon T-Shirt. Je me levai tout doucement pour ne pas le réveiller. Une fois debout, je vis Nico tâter ma place comme si il cherchait quelque chose. J'eus une idée. Je cherchais sans bruit et trouvais mon vieux doudou, un loup blanc aux yeux bleus. Je le déposai délicatement à côté de Nico et, dès que sa main l'eut touché, il la serra fort contre lui. Il était tellement mignon. J'allai dans sa chambre. Sa vraie chambre. Quand je regardais sur son bureau, je vis un morceau de papier dépasser de sous son sous-main. Je le pris en main et admirai un magnifique dessin. Je ne l'avais encore jamais vu. A l'arrière-plan, le stade maudit en flamme. Au premier plan, sur des rochers au bord d'une falaise, moi avec Junior en train de dormir dans mes bras, Javier sur un rocher légèrement plus bas et Nathanaël sur un rocher plus en hauteur. On regardait le stade. Pendant un instant, je suis retourné 13 ans en arrière.

-Sacha?

Je me suis retourné d'un coup et j'ai vu Nico debout dans l'encadrement de la porte, mon doudou sous le bras, me regardant avec des yeux ronds. J'ai dû lui faire peur.

-Désolé mon grand, je ne t'ai pas entendu arriver. Excuse-moi si je t'ai fait peur.

-Pas grave.

Il parlait avec une voix incertaine comme si il se posait beaucoup de questions en même temps. Je pense pouvoir comprendre. En tout cas, il marche à nouveau. Tout seul, faut préciser. J'avançais vers lui, me mis accroupi et lui caressais gentiment la tête.

-Qu'est-ce qu'il y a mon grand?

-J'ai l'impression d'avoir dormi pendant des jours, ça fait bizarre.

Je souris, pris Nico dans mes bras, le serrai fort et embrassai son front. Il m'a tellement manqué! Nico enfouis son visage contre mon torse. Il me poussa légèrement et je m'assis par terre. Puis, il se roula en boule contre moi. Il cherchait quelque chose. Quelque chose que je pouvais facilement lui donner. De l'amour. De la chaleur. Le regardant, le dilemme me revint en mémoire. Le dilemme qui m'est venu à l'esprit quelques temps après avoir marqué Nico: Le mordre et le transformer en Loup mais lui faire subir les défauts ou le laisser et il vivra sa vie d'humain mais il mourra de vieillesse en m'entraînant avec et créant une réaction en chaîne qui conduira à l'extinction des Loups? Protéger mon ami ou mon clan? Mon cœur hésite mais j'ai l'impression que quelqu'un va m'aider à choisir. Mais qui?

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