Chapitre 5
Sin tendit une tasse fumante à Tys. Celui-ci, assis dans un fauteuil du salon du mage, emmitouflé dans une couverture de laine, avait les yeux dans le vague, sans prêter la moindre attention à son hôte.
Il n'arrivait pas à s'en remettre ; à peine une demi-heure plus tôt, Egrim avait essayé de le tuer. Il avait conscience de l'avoir provoqué, et d'avoir lui-même malmené son ami par sa télépathie. Mais il avait seulement répliqué à ce qu'Egrim avait commencé avant lui. Est-ce que c'était sa faute ? Ou bien Egrim était allé trop loin ?
Il est définitivement allé trop loin, tenta-t-il de se raisonner, avant que les mêmes raisonnements ne reviennent encore une fois. Mais j'y suis peut-être allé trop fort, moi aussi...
— Tys ? Eh, Tys...
Tys cligna des yeux à plusieurs reprises, remarquant enfin Sin qui s'était penché vers lui. Tys rougit en acceptant la tasse, puis détourna le regard pour observer le décor. C'était la première fois qu'il entrait dans la maison d'un mage et, si ça n'avait pas été de la situation, il aurait pu admettre que c'était une demeure avec beaucoup de classe. Elle n'était pas très grande, mais son architecture était impressionnante. Dans le salon circulaire où ils étaient tous les trois, Tys, Nuvem et Sindruid, il y avait des demi-piliers avec des socles au-dessus, renfermant des objets étranges comme une boule de cristal et un petit animal momifier, par exemple. Deux escaliers montaient en contournant la pièce, se rejoignant pour former une mezzanine où plusieurs portes menaient à des chambres. Des passages étaient découpés sous les mêmes escaliers, tel des grottes secrets pour aller à la cuisine et la salle à manger, entre autres. Et enfin, chaque parcelle de murs n'était que des étagères de livres, allant des romans de fictions, des recettes végans et des grimoires de sorcelleries.
Egrim était dans sa chambre, dormant toujours du sors de Tys. Malgré le bordel qu'ils avaient abandonné sur la place centrale de Wondor, Sin avait rapidement léger le problème aux trolls policiers pour aussitôt repartir avec le corps inanimé de son protégé. Trois secondes plus tard, il revenait déjà pour ramener Tys et Nuvem avec lui. Pourtant, il les avait laissés seuls dans le salon, le temps de se remettre de leurs émotions, avant de revenir à la charge.
Tys prit une petite gorgée de tisane. L'eau chaude, imprégnée de saveur de baie sauvage et de miel, lui fit un peu de bien.
— Est-ce que ça va, Tys ? demanda Sin d'un ton doux.
Tys répondit d'un marmonnement affirmatif. Il reporta enfin son attention au mage, assis dans un autre fauteuil en face de lui. Un chaticorne tout blanc grimpa sur lui et se coucha sur ses genoux en ronronnant.
— Est-ce que tu te sens prêt à me raconter ce qui s'est passé ?
Cette fois, Tys tourna la tête vers Nuvem, à sa droite. Il aurait aimé lui léger le problème, qu'il dise tout à sa place. Mais Nuvem ne savait rien ; il semblait même profondément perdu. Il regardait partout, une moue constante au visage, ses mains crispées aux accoudoirs de son fauteuil.
Tys prit une grande inspiration, avant de se lancer :
— Je suis venu à Wondor pour honorer la promesse que je vous ai faite, monsieur, dit-il avec lenteur. Vous vous souvenez ?
Sin hocha la tête, les lèvres pincées au point que ce n'était plus que deux traits blancs. Tys se sentit idiot d'avoir posé la question.
— J'ai essayé de convaincre Egrim de vous parler. Je n'aimais pas l'idée de faire quelque chose dans son dos, vous savez. Il... Il n'a pas apprécié.
Tys baissa les yeux tout en prenant une nouvelle gorgée de tisane. Sin se pencha sur le bout de son fauteuil ; le chaticorne grogna et sauta au sol pour s'éloigner.
— Je suis conscient qu'on s'était dit un mois pour que tu me révèles le secret d'Egrim, et qu'il reste encore deux jours... mais je n'y tiens plus, Tys, il faut que tu m'aides à comprendre. Je croyais que tu étais son meilleur ami. Comment est-ce possible que vous soyez passé si près de vous entretuer ?!
— Je ne sais pas ! fit Tys, qui sentit des larmes de frustration lui monter aux yeux. Ou bien... peut-être que je le sais, mais... si c'est vraiment ça...
— Tys, bon sang ! Arrête de tourner autour du pot et dis-moi la vérité, s'il te plait. Je suis à deux doigts de t'arracher la réponse par magie.
Tys eut un petit ricanement à la menace. Il se savait meilleur que lui pour tout ce qui concernait la télépathie. Même si les mages pouvaient faire toutes sortes de magie, ça égalisait rarement ce qu'un doté pouvait faire. Malgré tout, Tys n'avait aucune envie de se battre contre Sin. Il avait déjà eu sa dose, contre Egrim.
— Si vous permettez, monsieur... je crois que vous montrer serait plus facile que de vous balancer la vérité comme une claque. Je peux vous faire voir mes souvenirs.
— Oui ! Très bonne idée. Vas-y.
Sin s'installa confortablement dans son fauteuil et ferma les yeux, se préparant à se perdre dans l'esprit de Tys. Celui-ci grimaça, puis tendit sa tasse à Nuvem, qui la prit avec un moment de retard.
— Qu'est-ce qui se passe ? dit Nuvem dans un murmure.
— Ce n'est rien... je t'expliquais plus tard.
Nuvem le regardait droit dans les yeux. Tys, embarrassé, reporta son attention au mage, qui s'était mis à taper du doigt sur son accoudoir, témoignant de son impatience.
Tys prit une grande inspiration, puis ferma les yeux à son tour, se concentrant sur les souvenirs du secret d'Egrim pour les transmettre au magicien. Il se rappelait leur arrivée à Thrasryall, quand Egrim et lui étaient allés marcher seuls. Dès qu'ils avaient été assez loin pour que personne ne les entende, Egrim lui avait tout révélé. Il avait, à ce moment, un besoin urgent de se confier. Personne ne connaissait ses ennuis, qui étaient très lourds sur ses épaules.
Tys revoyait Egrim, assis à ses côtés, le regard fuyant, les lèvres pincées et luttant contre lui-même pour dire la vérité.
Ma mère me frappait, j'ai été conçu par un viol et mon père est un djinn.
Tys fut déconcentré par l'exclamation incrédule de Sin. Il ouvrit un œil pour apercevoir le mage ; il avait la bouche pendante et les mains serrées sur ses accoudoirs. Sachant qu'il n'aurait plus son attention pour très longtemps, il enchaina avec les preuves ; Egrim lui montrant, dans la forêt, la tache bleue à la base de son pouce, et ensuite, tout à l'heure, la même tache qui dévorait maintenant la moitié de sa paume.
— Non... quoi ?! fit Sin en se redressant. Tu... c'est la vérité ?
— Vous avez vu mes souvenirs, monsieur, je n'ai rien trafiqué. C'est Egrim qui l'a dit.
Sin demeura muet, la bouche bêtement entrouverte et le regard filant de droite à gauche, à la recherche d'explication, ou de preuve qui lui serait passé sous le nez.
— C'est pour ça... pour ça qu'il était entré dans la tour des djinns ?
— Il voulait tenter de rencontrer un djinn pour lui poser la question si c'était vrai ou non. Il est plutôt tombé sur Leerian... et vous connaissez la suite de l'histoire. Enfin...
Tys soupira en levant les yeux au ciel. Il en avait déjà trop dit, mais au regard que le mage lui lançait, il était conscient qu'il ne pouvait plus faire marche arrière.
— Quoi, « enfin » ? Il y a encore autre chose ?
— Eh bien... la raison pourquoi les pirates nous ont séquestrés. Je ne crois pas qu'on aurait eu ce traitement si Egrim...
Tys marqua une pause. Sin s'énerva aussitôt, frappant son fauteuil de son poing.
— Dis-le ! Arrête de tourner autour du pot !
— Egrim a tué un pirate ! s'exclama Tys sur le même ton. De sang-froid. Il l'a pratiquement torturé... et plutôt que de le soigner, il a préféré l'achever. Il l'a balancé dans l'eau du port de Mefghan. Mais il y avait une caméra de sécurité dans un bureau du capitaine, où ça s'est produit, alors évidemment qu'ils n'ont pas été tendres avec nous...
Sin plaqua ses mains sur son visage en lâchant une plainte entre ses lèvres. Tys grimaça en le regardant agir. Il avait l'impression d'avoir affaire à un gamin qui pète une crise, et non à un puissant mage âgé de plus de cent-quarante ans.
Le silence s'éternisa. Tys préféra ne rien dire, penchant la tête vers Nuvem en cherchant un peu de soutien dans ses yeux brun et plein d'incompréhension.
— C'est quoi, un djinn ? fit-il dans un murmure tout en lui tendant sa tasse de tisane.
— Des êtres surpuissant et psychopathe, répondit Tys malgré lui. Et bleu.
— Egrim est à moitié djinn, fit alors Sin d'un air ahuri. Ça explique... tellement de choses.
— Est-ce que... il agit comme un psychopathe ? demanda Tys, regrettant aussitôt sa question.
— Il vient d'essayer de te tuer ! s'exclama Sin en levant les bras vers le ciel. Maintenant, tu me dis qu'il a tué un pirate ! Et ici, à Wondor, il n'arrive pas à gagner la confiance des gens. Tu te rends compte que je dois vendre ses services à une pièce d'or pour qu'ils acceptent d'être servis par lui plutôt que moi ? Au départ, je l'ai vendu une pièce pour le punir de cet épisode de Thrasryall, mais... même ensuite, personne ne veut de lui si j'augmente le prix. C'est pratiquement du vol ! Moi, je les fais payer vingt pièces ; je n'ai pas le choix, sinon je serais bombardé de demande stupide et je n'en finirais jamais...
Sin lâcha un gros soupire de désespoir. Il s'enfonça à nouveau dans son fauteuil, complètement avachi et le regard dans le vide.
— Qu'est-ce que je dois faire, Tys ?
Tys demeura bête à la question. Pourquoi serait-ce à lui de prendre les décisions ? Il n'était que la dernière victime d'Egrim. Pourtant, Sin ne semblait pas attendre de réponse ; il réfléchissait, sans plus accorder d'attention à ses invités. Enfin, il se leva et se mit à faire les cent pas dans son salon, se tapotant le menton de son long doigt.
— Je dois faire quelque chose, dis Sin pour lui-même. Je ne peux pas faire comme si rien ne s'était passé ; Egrim va bientôt se réveiller, il va savoir que l'on complote derrière son dos et il va s'énerver. Est-ce qu'il va essayer de me tuer aussi ? Ah ! Ce serait vraiment le comble.
— Egrim ne va tout de même pas essayer de vous tuer, intervint Tys. Il n'est pas stupide à ce point. Et puis, vous êtes la dernière personne qu'il lui reste. Il n'a pas envie de se retrouver seul au monde. C'est même pourquoi il avait si peur de vous révéler la vérité. Il craignait que vous l'abandonniez. Je crois que si vous lui montrez que ce n'est pas grave, que vous ne changez pas de comportement avec lui, tout ira pour le mieux.
— Tu veux que je passe au-dessus du fait qu'il a fait un meurtre et presque deux ?
Tys hésita pendant une seconde. Dit comme ça, les choses semblaient encore plus horribles que ce qu'elles étaient vraiment.
— La personne qu'il a tuée était un pirate. Un meurtre reste un meurtre, je sais, mais franchement, ç'aurait pu être pire. Et moi... je n'ai pas aidé ma cause non plus. Je l'ai provoqué.
— Très bien. Oublions les meurtres. Egrim va reprendre sa petite vie à Wondor en distribuant des tours de magie au rabais. Tu crois que les gens accepteront encore de se faire servir par lui, après la scène qu'il a créée à la fontaine de poisson ? Devant près de cent personnes, dont des enfants innocents ?
Cette fois, Tys n'avait plus d'argument. Il arrivait parfaitement à s'imaginer à la place d'un habitant de Wondor, déambulant paisiblement dans la rue, puis rencontrant Egrim par hasard en se souvenant d'un presque meurtre qu'il aurait commis la veille. Il aurait peur de lui, c'était certain. Probablement même qu'il s'enfuirait dans la direction opposée.
— Egrim ne peut pas rester à Wondor, dit Sin en s'arrêtant de faire les cent pas. Ça, c'est clair. Mais où irions-nous ? Sur mon île ? Peut-être bien... Ou alors...
Sin lâcha un long soupire, puis se remit à marcher en faisant d'incessant vas-et-viens. Il leva une main et trois petites flammes apparurent, dansant entre ses doigts en des mouvements obsédants. Tys fut hypnotisé par les boules de feu qui semblaient jongler entre elles. Il comprit avec un moment de retard que c'était sa façon à lui de gérer les tics nerveux.
— Nous pourrions aller à Dehas, dit Sin avec lenteur. Un village au sud de Shanginthon. J'ai déjà parlé de l'endroit à Egrim, parce que le mage de Shanginthon est très vieux et il approche la retraite, je suis persuadé que c'est lui qu'Egrim remplacera. Enfin... j'étais persuadé. En ce moment, j'ai vraiment du mal à imaginer un avenir pour Egrim.
— Comment vous allez le convaincre de vous suivre docilement ?
Sin s'arrêta pour se tourner face à Tys. Il semblait complètement scandalisé par sa question pourtant légitime.
— Le convaincre ? Pourquoi faudrait-il le convaincre ?! Je suis son maitre ! Il n'a qu'à m'obéir, bon sang !
— Vous ne pensez pas qu'il risque de péter une durite, comme il l'a fait une heure plus tôt ?
Sin serra le poing. Les petites flammes s'évaporèrent en étincelles.
— On a encore combien de temps, tu crois, avant qu'il se réveille ?
— Euh, je ne sais pas, dit Tys, étonné du changement de sujet. Ça dépend à quel point il était fatigué avant que je ne l'endorme. Étant donné qu'il avait un peu forcé en magie, et que Nuvem l'a bien démonté... eh bien, je ne sais pas ! Il pourrait se réveiller n'importe quand.
— Alors, prends ta décision tout de suite ; j'ai besoin de ton aide, parce que tu es meilleur que moi en télépathie. Mais si tu dis non, je le ferais moi-même.
— Vous pensez à quoi ? dit Tys avec inquiétude.
— Suis-moi.
Sin s'engagea vers les escaliers qui contournait le salon. Tys sentit l'angoisse le gagner ; il allait vers la chambre d'Egrim. Tys réalisa soudain à quel point l'idée de se retrouver dans la même pièce qu'Egrim le mettait profondément mal à l'aise. Surmontant sa panique, il se leva, fit signe à Nuvem de l'attendre là, et suivit le mage tout en s'efforçant de calmer les battements irréguliers de son cœur.
Il a besoin de mes dons en télépathie... et ça concerne Egrim. Qu'est-ce qu'il a en tête, enfin ?
— Eh, monsieur...
Sin monta les marches quatre à quatre et ne s'arrêta qu'une fois devant la troisième porte de la mezzanine. C'était la chambre d'Egrim, légèrement entrebâillée. Tys se pencha pour regarder à l'intérieur ; Egrim y était étendu au-dessus des couvertures, semblant dormir paisiblement.
Sin prit Tys par les épaules approcha son visage du sien, leurs yeux fixés l'un dans l'autre. Tys sentit ses joues s'empourprer.
— Tys. Je sais que ce que je vais te demander est immoral, mais... je ne vois plus ce que je peux faire de mieux. Je veux... que tu effaces les souvenirs d'Egrim.
Tys fut incapable de se prononcer. En réalité, ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait ce genre de requête ; c'était la deuxième. Mishi lui avait un jour demandé d'effacer la mémoire de son père pour qu'il oublie que Leerian est un loup-garou. Tys voulait répondre la même chose à Sin que ce qu'il avait dit à Mishi : Non !
— Mais... pourquoi ? bredouilla Tys avec un moment de retard.
— Parce que ce qu'il a fait aujourd'hui va le hanter ! Et c'est peut-être tout ce qu'il lui faut pour flancher d'un côté ou de l'autre de la balance. S'il est réellement à moitié djinn comme tu le prétends, qui sait quel genre de problème il pourrait créer ?! Tys... il t'a presque tué, alors même que tu es son meilleur ami. Est-ce que j'ai vraiment besoin d'expliquer les dommages que ça risque de causer dans sa tête ? Je veux que tu lui effaces la mémoire, répéta Sin avec conviction. Et qu'ensuite, tu fasses comme si rien ne s'était produit entre vous, c'est clair ? Cette journée n'a jamais existé.
Sin poussa légèrement Tys pour le forcer à faire un pas dans la chambre d'Egrim. Il dormait sur le dos, la tête penchée et la bouche entrouverte, semblant tout à fait innocent. Tys ressentit un puissant pincement au cœur, un étourdissement passager. Un profond malaise l'accablait.
— Il faut que ce soit toi qui le fasses, continua Sin derrière lui. Si seulement la télépathie n'était pas un don aussi rare, j'aurais pu chercher ailleurs. Mais vous n'êtes qu'une dizaine au pays, tout au plus. Et les dons sont plus puissants qu'une magie tels que la mienne. Pour ce genre de coup, je préfère mettre toutes les chances de mon côté.
— Je sais, répondit Tys à regret. Je comprends.
Tys s'approcha d'un pas supplémentaire vers Egrim, puis tourna le regard vers le magicien. Appuyé contre le chambranle, il avait les yeux scotchés sur Egrim, l'esprit torturé d'idées pessimistes. Malgré la situation particulièrement malaisante, Tys fut soulagé de ce qu'il entendait dans ses pensées ; Sin ne voulait pas abandonner Egrim. Il voulait l'aider, même s'il ne savait pas comment. Ce constat réconforta Tys ; il hocha la tête pour lui-même, puis s'agenouilla au chevet d'Egrim. Il prit une longue inspiration.
Je ne sais pas du tout si je suis en train de sauver le monde... ou précipiter l'univers à sa perte.
— Vous pouvez rester ici si vous le souhaitez, mais je vais vous demander de ne pas faire de bruit.
Sin hocha la tête, lança un regard nerveux vers son apprenti, puis ferma la porte pour s'appuyer dessus, le dos droit comme un piquet, résolut à assister à la séance de lobotomie.
Egrim ne se souviendra plus de rien, j'en fais le serment, pensa Tys. Il se pencha au-dessus d'Egrim et posa une main sur son front. Concentré à la tâche abjecte qu'il était en train de faire subir à celui qu'il considérait encore son meilleur ami une heure plus tôt, il ne remarqua jamais la présence dans la pièce d'un quatrième esprit, caché sous le lit, son corps de serpent roulé en boule et écoutant tout ce qui se passait.
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