Chapitre 51
Quand Danayelle était partie d'un côté, à la recherche de Leerian et Mishi, Egrim avait pris le sens inverse, convaincu qu'il trouverait Tys, Narsa et Nuvem dans cette direction.
Au début, Danayelle avait refusé. Avec toutes les merdes qui leur tombaient continuellement dessus depuis leurs arrivées sur le pays de Thrasryall, elle préférait qu'ils se séparent le moins possible. Mais Egrim l'avait résonner rapidement ; dès qu'ils auront retrouvé leurs amis, ils reviendront sur leur pas jusqu'au petit coin de forêt complètement dévastée par les prouesses de la blonde. Et d'ailleurs, il était difficile pour Egrim de se perdre, car il lui suffisait de s'y téléporter. Depuis ses entrainements avec Sin, il savait faire des sauts de plusieurs centaines de mètres. Et malgré tout ça, il était convaincu que ses amis ne pouvaient pas être bien loin. La magie de Danayelle avait de quoi faire peur, mais elle ne les avait tout de même pas envoyés à des kilomètres... Du moins, Egrim ne pouvait que croiser les doigts.
Justement, il trouva les trois compagnons d'infortune au bout de quelques minutes de recherche. Tous au sol, inconscient, les membres emmêlés entrent eux comme s'ils s'étaient endormis au milieu d'une partie de Twister. Tys était étendu à plat ventre, un bras au-dessus de Nuvem et le pied dans la figure de Narsa, un orteil dangereusement près de sa bouche. La fée était de travers, recouverte par ses propres ailes comme d'un voile vert. Et Nuvem était sur le dos, les jambes coincées sous le corps de Tys.
Egrim siffla entre ses lèvres. C'était vraiment du n'importe quoi. Enfin, il se pencha près d'eux et entreprit de les démêler. Il prit Narsa par les épaules pour la trainer un peu plus loin, et surtout, retirer le pied de Tys de son visage. Il fit ensuite de même avec le Télépathe, libérant les jambes de Nuvem coincé sous lui. Puis il lui tapota doucement la joue, s'efforçant de le réveiller, sans grand résultat. Il se souvint alors que Tys était toujours sous l'effet du poison que les nains pirates leur avaient donné et comprit rapidement qu'il ne réussirait à rien sans le soigner. Sa seule chance, c'était Nuvem. Il se tourna vers le natif, lui envoyant une claque au visage avec beaucoup plus de rudesse qu'à son ami, et celui-ci sursauta en lâchant un bref cri de panique.
— Eh, c'est bon, on se calme, fit aussitôt Egrim. Danayelle a fait des siennes, mais ça va. De toute façon, c'était plutôt efficace, pour ce qui était de nous débarrasser des pirates. Tu vas bien ? Tu n'es pas blessé ?
Nuvem cligna lentement de ses yeux bruns, la bouche bêtement ouverte. Egrim jura entre ses lèvres ; il en avait pratiquement oublié que le natif ne comprenait rien au français.
— Ça va, répéta-t-il avec moins de conviction. Je vais m'occuper de vous tous, comme je le fais tout le temps...
Egrim se tourna à nouveau vers Narsa, qui dormait toujours à poing fermé. Il la prit dans ses bras, puis, sous le regard perplexe de Nuvem, ils disparurent, ne serait-ce que pour réapparaître presque aussitôt, à peine cinq secondes plus tard, sans la fée. Egrim s'approcha cette fois vers Tys, s'efforçant de le redresser contre lui. C'était plus difficile avec lui, qui était tout de même beaucoup plus lourd que Narsa. Nuvem l'observait avec des yeux parfaitement ronds, sans rien saisir du phénomène. Egrim partagea son regard.
— Quoi ? dit-il au bout de quelques secondes.
Nuvem marmonna quelque chose dans sa langue natale. Cette fois, c'était Egrim qui ne comprenait rien. Ce n'est vraiment pas pratique quand le télépathe est dans les vapes, pensa-t-il tout en ramenant Tys contre lui.
— Peu importe. Je reviens tout de suite.
Egrim téléporta Tys au côté de Narsa, sur la zone dévastée par Danayelle. Il l'allongea au sol, puis se redressa pour regarder ses deux amis inconscients. Ça lui faisait mal de les voir comme ça. La situation était sérieusement en train d'échapper à tout contrôle.
Il n'en restait plus qu'un a téléporter. Avec un soupir contrit, Egrim revint auprès de Nuvem tout en se questionnant si celui-ci en valait la peine. Mais quand il retrouva le natif, celui-ci s'était redressé, appuyé contre un arbre, et tremblait comme une feuille.
— Euh... tout va bien ? demande Egrim avec innocence.
Nuvem leva un doigt pour pointer quelque chose derrière Egrim. Celui-ci se retourna lentement et découvrit, avec un mélange de peur et d'exaspération, un pirate qui s'approchait, un pistolet à la main. Il tanguait à chaque pas, comme quoi le tour de magie de Danayelle l'avait bien sonné. Le bandana sur sa tête était complètement de travers, laissant s'échapper une grosse touffe de cheveux noirs.
— Vous... je vais vous tuer, marmonna le pirate d'un ton mal assuré.
Egrim lâcha un soupire de désespoir. Bon sang, j'en ai marre ! eut-il envie de hurler. Il ne pouvait pas mourir simplement, comme tous les autres ?!
Le pirate leva son pistolet. Le canon pointait parfois à gauche, parfois à droite. Egrim était tenté de lui laisser une chance de lui tirer dessus, rien que pour voir à quel point il allait le rater.
— C'est moi qui vais te tuer, dit Egrim en s'avançant.
Nuvem l'attrapa soudain par le bras, l'empêchant de faire un pas de plus. Egrim tourna le regard vers le natif, intrigué ; celui-ci secouait frénétiquement la tête, comme pour l'avertir d'un danger.
— Ça va, il n'est pas méchant. Il arrive à peine à tenir son arme. Je vais l'achever en deux secondes...
Egrim tira pour se dégager de la poigne de Nuvem, mais celui-ci le serra encore plus fort. Ses yeux étaient écarquillés d'angoisse tout en pointant de son autre main le pirate.
Egrim était tout près d'atteindre les limites de sa patience. Peut-être que je devrais tuer Nuvem en premier. Je n'aurais qu'à dire que c'était le pirate. Mais, pris de doute, il regarda à nouveau dans la direction que Nuvem indiquait. Il réalisa alors que ce n'était pas le pirate, le problème ; c'était quelque chose derrière lui. Quelque chose qui s'approchait lentement, un pas de velours à la fois, sans produire le moindre son.
Egrim retint son souffle, sentant son cœur rater un battement. Cette créature était si silencieuse qu'il l'avait complètement zappé malgré son ouïe aiguisée, et son attention braquée ailleurs.
C'était un tigre. Un tigre à dent de sabre, même. Il était mince, et pourtant, il mesurait presque trois mètres de haut, se faufilant entre les troncs tout en se camouflant dans son paysage par ses rayures orangées.
Egrim recula à nouveau, écrasant Nuvem derrière lui contre un arbre.
— Je vais... vous tuer, répéta le pirate, qui tanguait de plus en plus.
— Tu ne pourrais pas tuer ce truc derrière toi, en premier ? dit Egrim d'un ton innocent.
— Hein... ?
Le pirate se retourna lentement sur lui-même. Le tigre était maintenant tout juste derrière lui. La tête du pirate atteignait le torse de l'animal, où se terminait la pointe de ses énormes canines.
Le pirate cligna bêtement des yeux. L'homme et le monstre s'observaient l'un l'autre, comme si aucun n'avait réalisé le danger du moment. Quelques secondes passèrent en silence, puis... le pirate lâcha un horrible hurlement de panique. Il leva son arme devant lui, mais trop tard ; le tigre ouvrit la gueule et le goba tout entier, ne laissant au sol que ses bottes et son pistolet.
Egrim avala sa salive, les yeux écarquillés d'angoisse. Encore un monstre bizarre au pays de Thrasryall ! Devant lui, le tigre à dent de sabre mâchait sa victime, son regard sombre maintenant braqué sur Egrim.
— Je crois qu'il est temps de foutre le camp d'ici, marmonna Egrim.
Nuvem baragouina ce qui ressemblait plus ou moins à un « oui », et c'était probablement ce que ça voulait dire. Egrim lui attrapa solidement le poignet et, juste avant de se téléporter, il vit le gros félin bondir dans sa direction, les vêtements du pirate encore accroché à ses crocs acérés, et Nuvem lâcha un petit couinement de terreur à son oreille.
Nuvem et Egrim réapparurent dans la zone ravagée par les pouvoirs de Danayelle, aux côtés de Tys et Narsa qui étaient toujours dans les vapes. Egrim tomba à genoux sous le coup de la peur ; il regarda partout, aussi angoissé qu'un animal traqué, à la recherche du tigre qui cherchait à les dévorer. Mais il n'y avait plus rien sur un rayon de trente mètres ; plus de tigres, plus de pirates, plus d'arbres. Egrim pressa une main sur son cœur en s'efforçant de calmer ses palpitations.
— Egrim !
Egrim sursauta, la panique remontant en force. Il observa tour à tour Tys, Narsa, et même Nuvem qui, sait-on jamais, aurait peut-être appris à parler soudainement. Mais non ; depuis l'autre bout de la clairière, Egrim vit Danayelle sprinter dans sa direction. Mishi la suivait de près et derrière elles flottait le corps inanimé de Leerian, couvert de sang comme à son habitude.
— Eh, les filles... commença Egrim tout en ravalant sa salive. Vous courrez dans le mauvais sens. Par-là, il y a un tigre... il est énorme, je vous jure...
— Mais par-là, il y a plein de lutins maléfiques, renchérit Mishi en indiquant la direction opposée.
— Il ne faut pas rester ici, dit Egrim en se relevant. Il faut... heum... pas à gauche, pas à droite... on va tout droit ? En tout cas, on doit décamper !
Egrim leva en doigt devant lui. Au même moment, il remarqua des silhouettes se découper dans l'obscurité, qui se faisait d'ailleurs de plus en plus pâle. Il serra les poings, croyant que c'étaient encore des pirates, mais non ; c'était Adan, Helm et Ehdi. Les trois hommes marchaient rapidement, se soutenant l'un sur l'autre comme une bande d'ivrognes.
— Papa ! s'exclama Mishi avec un large sourire.
Mishi s'avança dans sa direction, mais s'arrêta net en avisant l'expression sur son visage. Il semblait particulièrement angoissé.
— Papa, ça va ? T'es blessé ?
— Courez, répondit Adan, les yeux écarquillés d'horreur. Courez !
Mishi recula lentement d'un pas. Elle échangea un regard avec Danayelle, puis Egrim. Tous deux lui renvoyèrent leur incompréhension.
— COUREZ ! répéta Adam.
Ils étaient presque atteints leurs hauteurs. Mais derrière eux, dans la forêt, Egrim, Danayelle et Mishi virent surgir une créature d'entre les arbres.
Egrim n'arrivait pas à figurer ce que ce nouveau monstre était sencé représenter. On aurait dit un lion, ou un ours, ou encore une chauve-souris énorme. Ça avait quatre pattes et une couronne de poiles autour du visage, mais il semblait trop robuste, trop large, pour n'être qu'un gros félin. Et en plus, il avait quelque chose sur le dos, qui ressemblait drôlement à des ailes membraneuses.
— Qu'est-ce que c'est ? bredouilla Egrim.
Personne ne lui répondit. Egrim risqua un coup d'œil derrière lui et remarqua que Danayelle était déjà partie en courant en entrainant Leerian avec elle, Nuvem les suivant de près, ne serait-ce que pour mettre le blessé en sécurité. Seule Mishi était restée à ses côtés.
— Papa ! répéta-t-elle en désespoir.
Adan, Helm et Ehdi avançaient aussi vite qu'ils le pouvaient, ce qui était tout de même assez lent. Le monstre marchait simplement, comme s'il jouait avec eux.
Egrim déglutit, son regard scotché à la créature malgré lui. Maintenant qu'elle avait dépassé le dernier arbre, il voyait son corps tout entier. Et il voyait surtout sa queue, faite comme celle des scorpions, dont la pointe semblait dégouliner d'un liquide verdâtre. Egrim en eut aussitôt la conviction ; s'il touchait se produit, il allait mourir, probablement même d'en d'atroces souffrances.
Le monstre rugit, bien campé sur ses quatre pattes, laissant à ses victimes le temps de bien saisir quelle serait bientôt la cause de leurs trépas.
Egrim hurla en réponse. C'était de loin la bestiole la plus laide qu'il avait vue de sa vie.
Reprenant ses esprits, il attrapa rapidement Tys, le balançant sur son épaule avec la force du type convaincu qu'il allait se faire dévorer dans les prochaines minutes, et s'élança derrière Danayelle.
Mishi était resté sur place. Elle attendait Adan, ne voulant le quitter malgré tout.
— Mishi ! Ramasse Narsa ! cria Egrim qui fuyait déjà.
Mishi lança un regard vers Egrim, puis vers son père. Et enfin Narsa, étendu comme une morte au milieu. La fée était réellement condamnée, si Mishi n'intervenait pas.
Mishi se balança d'un pied sur l'autre, incapable de prendre une décision. Son père courait vers elle, mais il y avait aussi Narsa qu'elle devait sauver. Et il y avait ce monstre qui s'était mis à galoper, prêt à les dévorer.
— Pars, Mishi ! s'exclama Adan.
Egrim était déjà une cinquantaine de mètres plus loin quand il entendit le cri d'Adan. Il s'arrêta et lança un regard derrière lui, réalisant avec un pincement au cœur de Mishi et Narsa étaient toujours en grand danger.
Sin va me tuer s'il arrive quoi que ce soit à Narsa !
Egrim avait grandement conscience que c'était une pensée égoïste, pourtant, ce fut ce qui lui donna le courage d'essayer. Il déposa Tys au sol, appuyé contre un arbre. Le télépathe fronça les sourcils et grommela dans son sommeil.
— Désolé, mon pote, dit Egrim dans un murmure. Je reviens tout de suite.
Egrim se téléporta auprès de la fée. Il tomba à quatre pattes à ses côtés ; sans attendre, il la prit dans ses bras et se releva, les jambes tremblantes. Elle ne pesait pratiquement rien, mais Egrim réalisa soudain à quel point il était épuisé. Il n'avait jamais fourni autant d'effort, autant longtemps. Même en puisant dans ses réserves, il commençait à voir le bout de ses capacités. Tout ce qu'il pouvait espérer pour sa survie était de se trouver une petite cachette où se rouler en boulle en suçant son pouce.
— Egrim. Sauve mon père.
Egrim tourna la tête vers Mishi, sur sa droite. Elle était complètement figée, toujours indécise entre fuir pour sa peau ou courir dans les bras d'Adan, qui avançait beaucoup trop lentement pour échapper au monstre qui le talonnait. Egrim calculait une marge de plus ou moins cinq secondes avant qu'il ne soit trop tard. C'était probablement suffisant pour téléporter Narsa en sureté, revenir pour en faire de même pour Adan – tant pis pour les deux autres hommes – et peut-être espérer que Danayelle remarquerait que Mishi est en danger pour prendre le relais.
Malgré toute cette logique, Egrim fut incapable de s'empêcher de gaspiller quelques-unes de ces précieuses secondes pour faire une réplique acerbe à Mishi, à bout de nerfs :
— Moi, sauver ton père ? Je t'avais demandé en premier de sauver Narsa !
Un rugissement énorme vrilla les oreilles sensibles d'Egrim. Il serra Narsa plus fort contre lui, comme une grosse poupée inerte. Le monstre avait augmenté de vitesse ; il n'avait plus envie de jouer. Il avait faim. Et Adan, Helm et Ehdi étaient tous là, à sa merci.
— Papa ! hurla Mishi. Cours, bon sang !
Cette fois, même Egrim ne savait plus du tout quoi faire. Il n'avait plus le temps d'agir ; il ne pouvait que regarder les trois hommes se faire bientôt dévorer. Ceux-ci clopinaient de leur mieux, le désespoir dans les yeux.
— Désolé du retard.
Egrim sursauta violement en sentant une main sur son épaule gauche. C'était Danayelle, un poing serré et prête pour la baston, comme elle l'était toujours. Sauf, bien sûr, qu'il n'y avait plus rien à faire. Danayelle en était consciente, observant la scène avec désarroi. Puis, elle fit léviter une branche cassée, trainant au sol près de ses pieds, et l'envoya à la tête du monstre alors même qu'il ouvrait la gueule pour gober Helm tout entier. La créature rugit et croqua dans le vide ; Helm hurla et se mit à clopiner plus rapidement, entrainant Ehdi et Adan avec lui.
La bête grogna entre ses crocs, puis leva ses yeux jaunes sur Egrim, Danayelle et Mishi.
— Bel effort, Dana, fit Egrim d'un ton sarcastique. Maintenant, c'est nous qu'il va bouffer.
— Euh... oups.
Le monstre bondit dans leur direction. Egrim déglutit tout en serrant Narsa plus fort dans ses bras ; cette fois, c'était la fin. Je vais mourir en territoire inconnu. Et Narsa aussi. Non ! Si on meurt ici, Sin va me tuer !
Egrim se téléporta, disparaissant dans un mince filet d'air frais. Mishi et Danayelle tournèrent la tête où il était une seconde plus tôt, toutes deux en sentant la panique monter à pleine vitesse.
Salaud ! s'exclama Danayelle dans ses pensées. Mais elle n'eut le temps de faire le moindre mouvement ; le monstre était arrivé sur elles, la gueule ouverte, les pattes griffues en avant.
— Mishi ! hurla Adan, quelque part au loin.
Danayelle et Mishi fermèrent les yeux et attendirent l'impact. Le sol trembla sous leurs pieds. Les rugissements de la bête semblaient résonner au-dessus d'elles tant il était proche. Et pourtant... Ni Mishi ni Danayelle ne sentirent de douleur. Peut-être parce que nous sommes déjà mortes, pensa Danayelle en désespoir, avant de se risquer à ouvrir un œil.
Tout juste devant elles, le monstre se battait, se roulait sur la fine couche de neige, contre un ennemi tout autant énorme que lui. C'était un tigre ; un tigre d'au moins trois mètres de haut, avec des crocs aussi longs que l'épée de Leerian.
Mishi hurla de panique. Danayelle se précipita sur la sirène pour couvrir sa bouche de sa main. Il valait mieux ne pas faire de bruit, avant que les monstres se souviennent de leurs présences.
— Viens, suis-moi ! fit Danayelle à son oreille.
Elle prit Mishi par le poignet et s'élança pour s'éloigner au plus vite. Mishi se laissa faire sur quelques pas avant de réaliser ce qui se passait et de tirer de son côté, arrêtant Danayelle dans sa course.
— Non, attends ! Mon père !
Danayelle leva la main dans la direction d'Adan, d'Helm et Ehdi tout en continuant de trainer Mishi dans sa suite. Les trois hommes se mirent alors à léviter à pleine vitesse, dépassant même les filles pour aller s'écraser plus loin dans un banc de neige, tombant tous l'un contre l'autre en criant de panique. Danayelle alla les rejoindre, s'appuyant dos contre un arbre, Mishi toujours serré contre elle.
— Oh, Dana ! T'as survécu !
Danayelle baissa la tête pour remarquer Egrim, assis auprès du corps inconscient de Narsa et Tys. Nuvem était un peu en retrait, derrière lui comme une ombre. Leerian était là également ; il semblait éveillé, mais trop faible pour parvenir à se redresser.
— Tu nous as laissé tomber ! s'insurgea Danayelle.
Elle fit un pas rageur dans sa direction, mais Mishi tira sur son bras pour l'arrêter.
— Qu'est-ce que tu voulais que je fasse d'autre ? J'étais complètement démuni, fit Egrim d'une voix plaintive.
Danayelle voulut répliquer, mais un rugissement de monstre l'interrompit. Elle risqua un regard derrière l'arbre contre lequel elle était appuyée ; les deux bêtes se battaient au sang, s'envoyant des coups de patte et se mordant au cou.
— Ouah, fit-elle lentement. On devrait... en parler plus tard. Il faut partir d'ici !
Mishi fit un petit marmonnement approbateur. Et tous, sans se consulter, coururent vers la même direction ; le plus loin possible de ces deux monstres qui s'entretuaient.
Egrim entraina Narsa avec lui, Danayelle aida Leerian à se relever, Mishi traina Tys du mieux qu'elle pouvait. Nuvem les suivant de près, et les trois hommes terminant la marche.
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