Chapitre 38
Le soleil se rapprochait dangereusement de l'horizon quand les pirates commencèrent à remballer leurs boites de marchandises. À peine une heure s'était écoulée, pendant laquelle Narsa avait sauté d'arbre en arbre en toute subtilité, comme un petit singe ailé. Aucun pirate ni villageois ne l'avait remarqué.
— Tys ? T'es toujours avec moi ? fit-elle dans un murmure. Ils s'en vont. Je vais les suivre.
Fais attention. Je maintiens le contact.
*
Tys se détourna de la fenêtre pour faire face à ses amis. Dans la cabane, tout le monde somnolait. On aurait pu croire que l'action prochaine les aurait maintenus éveillés, mais Tys remarquait bien qu'ils en avaient déjà trop vécu. Ils étaient tous blasés, peu importe que l'enjeu fût de leur vie.
— Les pirates partent. Ça va bientôt commencer.
Danayelle se leva, s'étira le dos en le faisant craquer, et alla dans la chambre d'à côté pour prévenir Egrim. Elle le trouva étendu dans le lit, le visage enfoncé dans la paille.
— Egrim ? Tu vas bien ?
Egrim répondit d'un faible grognement. Danayelle s'approcha d'un pas, mal à l'aise sans qu'elle ne comprenne vraiment pourquoi.
— Les pirates sont repartis.
Egrim se redressa enfin. Il s'assit et leva un regard torve vers Danayelle.
— Cool.
Danayelle fronça les sourcils. Elle tourna la tête vers la porte, puis s'avança un peu plus d'Egrim, se mettant tout juste devant lui, les poings sur les hanches.
— Est-ce que ça va, oui ou non ?
Egrim soupira. Il commençait à en avoir sérieusement marre, de toute cette histoire.
— Non, ça ne va pas, dit-il d'un ton résigné. Pas tant que nous ne serons pas de retour sur Nyirdall.
— Nous y serons bientôt... Si on parvint à grimper à nouveau sur le bateau des pirates. Nous n'y arriverons pas sans toi, alors s'il te plait, met-y un peu du tient, d'accord ?
Danayelle tourna les talons et sortie de la pièce sans laisser le temps à Egrim de répondre quoi que ce soit. Egrim fixa la porte pendant un instant, insulté des paroles de la blonde. Il s'en rendait compte lui-même ; dernièrement, il était très susceptible. Mais c'était parce qu'il avait vraiment hâte de quitter Thrasryall. Danayelle avait au moins raison sur une chose ; il fallait s'activer.
Egrim lâcha un gros soupire de désespoir, puis se leva enfin pour rejoindre les autres dans la pièce voisine.
En passant la porte, Egrim découvrit ses compagnons d'infortune tous pendus à la fenêtre. Il s'approcha et se faufila entre Mishi et Danayelle pour avoir une vision d'une route de terre parfaitement banale, si ce n'était des natifs qui couraient en tous sens avec des ananas de Nocksor dans les bras.
— Narsa les suit toujours, dit Tys. Ils s'éloignent rapidement. On devrait attendre quelques minutes supplémentaires pour être certains qu'ils ne nous entendent pas. Et ensuite... on attaque.
— Ça parait violent, dit comme ça, fit Mishi.
— C'est un peu votre spécialité, non ?
Mishi pouffa de rire. Personne ne sut quoi répondre à la pique de Tys.
— Alors, dit Danayelle en se tournant vers ses amis. On va faire comme un cercle, et Leerian et Tys seront au centre.
— Je n'ai pas envie d'être au centre, fit Leerian d'une voix ensommeillé.
— Ce n'est pas toi qui décides, tu n'es pas un roi.
Cette fois, ce fut Egrim qui pouffa de rire. Leerian fit la moue, en toute innocence. Le silence dura quelques minutes supplémentaires, alors qu'ils ne faisaient que fixer la fenêtre sans aucune subtilité.
— Narsa dit qu'ils sont presque arrivés à leur bateau, dit Tys. On peut sortir. Vous êtes prêts ?
Tous se consultèrent du regard. Aucun n'avait spécialement envie de se battre contre les villageois. Sauf Egrim qui n'avait qu'une hâte ; que cette histoire se termine. Il fut le premier à quitter la maison, laissant la porte ouverte derrière lui.
Tys et Nuvem le suivirent d'abord. Puis Danayelle, Mishi et Leerian. Tous dehors, tous prêts à affronter la colère des natifs. La température était froide, il s'était remis à neiger en de gros flocons. La lumière déclinait rapidement.
— Venez, dit Egrim dans un murmure. On ne va pas attendre qu'ils nous remarquent...
Mais Egrim n'eut pas le temps de faire un seul pas que les quelques hommes et femmes dans la rue autour d'eux s'étaient tous arrêté pour les dévisager. Ils étaient une dizaine, tous à un coin différent de la zone. Egrim prit Danayelle par la main et s'avança tout de même ; dès le premier mouvement, un natif, celui qui était le plus près, sortit une dague du fourreau de sa ceinture. Egrim et le natif se défiaient du regard, l'un attendant que l'autre bouge d'abord.
— Qu'est-ce qu'on fait ? murmura Mishi. Peut-être qu'on peut toujours négocier ? Il a l'air très nerveux.
— Aghes !
Une boule de feu apparut dans la paume d'Egrim. Il la lança sur l'homme, en pleine figure. Il s'effondra en hurlant et s'enfonçant la tête dans la neige.
— Egrim ! s'exclama Mishi d'une voix aigüe.
Comme un signal, tous les autres habitants sortirent des dagues et des lances pour les pointer sur le groupe. Danayelle poussa Leerian derrière elle, et Tys déglutit bruyamment. Il détestait la violence. Nuvem tenta d'attraper l'arc qu'il trimbalait toujours avec lui, avant de souvenir que c'était maintenant Mishi qui l'avait. Celle-ci prépara une flèche, puis banda l'arc sur le natif le plus proche.
Egrim fit apparaitre une seconde boule de feu. Il la présenta devant lui comme un avertissement.
— Pas un pas de plus, ou vous allez tous cramer ! fit-il d'une voix forte.
— Egrim, tu n'aides vraiment pas ! s'offusqua Mishi.
— Mais qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ?!
Une lance fut projetée par un natif. Danayelle l'arrêta en plein vol par la télékinésie, tout juste à cinq centimètres de la tête d'Egrim. Celui-ci glapit de surprise, puis leva les yeux vers Danayelle avec étonnement.
— Merci...
— Peut-être qu'on devrait courir, avança Leerian.
Tous acquiescèrent pour ensuite s'élancer à toutes jambes vers la sortie du village, passant devant la victime d'Egrim qui se roulait encore dans la neige pour apaiser les brûlures sur son visage. Leerian trainait derrière tout le monde, haletant et gémissant pour trouver la force de faire un pas de plus. Tys était à ses côtés, le tenant par le bras pour le presser d'aller plus vite. Nuvem était au milieu du groupe, s'efforçant de ne pas se faire remarquer par les autres natifs.
Les habitants, pourtant, semblaient décidés à fuir plutôt qu'à attaquer. À chaque tournant dans les rues de terre battu, les villageois bloquaient les accès, ou alors, au contraire, les laissaient passer.
Tys avait un mauvais pressentiment, à propos de tout ça. Ça lui rappelait quelque chose que les hommes de Nocksor faisaient... mais quel en était le sens, déjà ? Dans l'urgence, il était incapable de mettre le doigt dessus. Pourtant, il le sentait ; c'était un piège.
— Y'a un truc qui cloche, dit-il d'une voix haletante.
— On dirait qu'ils nous guident vers la sortie, dit Leerian.
Tys figea soudain, entrainant Leerian qu'il retenait toujours par le bras. Il avait enfin compris à quoi ce manège lui faisait penser.
Le voyant s'arrêter, des natifs apparurent derrière eux pour le menacer de leur lance. Tys était devenu extrêmement pâle tant il était inquiet.
— Viens, ils vont attaquer, le pressa Leerian.
— Il ne faut pas aller par là.
Mais les villageois se multipliaient derrière eux. Et à l'avant, Danayelle, Mishi, Egrim et Nuvem continuaient de s'éloigner. Tys avait plus peur encore d'être séparé de la bande, et il se précipita malgré le doute dans leur direction.
— À quoi tu penses ? fit Leerian dans un murmure rauque, ses poumons sur le point d'exploser par tant d'effort physique.
— À des moutons.
Leerian n'avait aucune idée où il voulait en venir, mais il était trop épuisé pour demander des explications. Ils continuèrent donc de suivre leurs amis devant eux.
À un moment, pourtant, Tys n'était plus le seul à comprendre que quelque chose ne tournait pas rond. Quand les natifs les entrainèrent vers un chemin qui semblait s'enfoncer en sous-sol, ils devenaient clairs qu'ils n'avaient pas emprunté ce chemin la veille, et la porte de sortie du village n'était visiblement pas dans cette direction. Au contraire, ils étaient plutôt dans ce qui aurait pu faire office de centre-ville. Les habitations étaient plus grandes, plus solides, conçues de brique ou de grosses pierres. Ils s'avançaient dans ce qui était, en quelque sorte, un château médiéval. Ou plutôt, comme ils ne manquèrent pas de remarquer en arrivant dans un cul-de-sac... une arène.
Mishi, Danayelle, Egrim, Tys, Leerian et Nuvem, toute la bande coincée dans une large arène faisant près de dix mètres de haut et surmontés d'un grillage de chaine. Tous tournèrent sur eux-mêmes, cherchant une échappatoire. L'entrée par laquelle ils étaient passés se referma soudain en un clac ! assourdissant par une énorme porte de fer.
— Ah, merde ! Je le savais ! s'exclama Tys.
— Qu'est-ce que tu savais ? fit Leerian.
— Ils nous ont trainés ici comme des moutons.
— Mais pourquoi ? fit Danayelle. Il y a quoi, ici ?
Tous se tournèrent vers Nuvem d'un seul mouvement. Lui regardait encore en tout sens avec inquiétude. Au sommet des murs de pierres, il voyait des hommes s'agglutiner, de plus en plus nombreux, pour les observer comme des animaux en cage.
— Nuvem, fit Tys en s'avançant d'un pas. Il y a quoi, ici ?
— Peut-être que c'est une prison, dit Mishi.
Egrim pouffa de rire. Leur vie était beaucoup trop chaotique pour qu'il soit juste en prison.
Nuvem baissa les yeux des murs pour regarder les elfes un à un autour de lui. Il s'arrêta sur Tys, grimaça, puis secoua la tête.
— Je ne sais pas. Je vous ai déjà dit que ce n'est pas mon village, ici.
Soudain, une voix forte s'éleva autour d'eux, répercutée en écho par un mégaphone. Personne ne saisissait ce qu'il racontait, il utilisait cette langue étrange des natifs. Nuvem était le seul à l'écouter vraiment, et sans que Tys se donne la peine de traduire, il comprit, rien qu'en regardant Nuvem pâlir à l'extrême, que c'était, encore une fois, des mauvaises nouvelles.
— Qu'est-ce qu'il a dit, Nuvem ?
— Euh... ça va aller. Si vous êtes venu à bout de la goule, je suis sûr que vous allez vous débrouiller contre celui-là.
— Attends... quoi ?!
Nuvem n'eut le temps de s'expliquer ; une autre porte de fer, beaucoup plus grande que celle qu'ils avaient empruntée pour se retrouver ici, se soulevait lentement avec un bruit de grincement infernal. Tys sentit son sang ne faire qu'un tour ; il en était conscient, ils étaient encore en danger de mort. Il regrettait de plus en plus d'avoir accepté d'aider Leerian, Egrim et compagnie.
L'homme au porte-voix avait recommencé à parler. Malgré la nervosité qu'il ressentait et qui lui rendait la tâche difficile d'utiliser ses dons correctement, Tys s'efforça de traduire ses paroles pour que lui-même et ses amis puissent comprendre.
— Intrus, vous êtes trop fort pour nous. Vos pouvoirs sont impressionnants. Mais ne pensez pas vous en sortir aussi facilement ! Vous aller maintenant affronter notre champion...
La porte avait terminé de monter. De l'autre côté, il y avait ce qui semblait être une grotte sombre. Un grognement animal résonna soudain, et tous reculèrent en se bousculant. Leerian prit Mishi par la main et l'entraina derrière lui. Des bruits de pas se répercutaient contre le sol de pierre, le faisant vibrer à une centaine de mètres à la ronde. Même les hommes qui observaient, impatients que le spectacle commence, s'échangeaient des murmures avec nervosité.
— C'est un géant ? fit Egrim, la voix tremblante tant il angoissait.
— Pas possible, répondit Leerian. Le plafond est trop bas.
— C'est peut-être un bébé, dit Mishi.
— Ou c'est peut-être un troll ! renchérit Danayelle.
— Je préfère de loin que ce soit un troll plutôt qu'un géant, dit Egrim. Leerian n'aura aucun problème à le tuer.
Leerian grogna entre ses dents. Il n'avait pas spécialement envie d'affronter un troll, ni même quoi que ce soit. Il n'y avait que l'adrénaline qui lui permettait de tenir debout.
— Venez, en sort d'ici ! fit Leerian. Egrim, téléporte-nous tous hors de cette arène.
Egrim hocha la tête et se tourna vers Danayelle, qui était le plus près de lui. Il voulut la prendre par le bras, mais un nouveau pas de la créature fit vibrer le sol au point qu'il en perdit l'équilibre et s'effondra contre la blonde. Quand il se releva, il découvrit avec horreur que le monstre était enfin sorti de sa grotte. Il demeura figé, autant que tous ses amis qui observaient cette chose avec peur, perplexité, et surtout du dégout.
Il ressemblait beaucoup plus au troll qu'au géant, mais il n'était clairement ni l'un ni l'autre. La peau verte comme les trolls et plus ou moins de la même taille, il n'avait pas de défense, et on pouvait voir rapidement à son visage que l'intelligence n'était pas l'un de ses meilleurs atouts. La bouche bêtement ouverte, la bave dégoulinant aux coins de ses babines, ses dents étaient toutes pointues tels des crocs. Il semblait fait beaucoup plus en largeur ; il devait bien avoir deux mètres entre chacune de ses épaules. Il était habillé d'un simple carré de tissu attaché devant son entrejambe. Il portait un gros bâton en forme de masse. Et surtout, il dégageait une forte odeur de crotte qui se répandait rapidement dans toutes l'arène.
Nuvem marmonna quelque chose qui sonna comme un blasphème. Il se glissa derrière Tys, espérant que la créature ne ferait pas de cas de lui.
— Qu'est-ce que c'est ? lui murmura Tys en bougeant à peine les lèvres.
Nuvem déglutit. Il ouvrit lentement la bouche, mais l'homme au porte-voix reprit au même moment :
— Voici... notre champion ! Il s'appelle Bobby et déteste avoir des intrus sur son territoire. Bonne chance contre celui-là.
— Mais c'est quoi ?! s'insurgea Tys.
— Un ogre, répondit enfin Nuvem.
— Et c'est dangereux ?
Nuvem eut un ricanement incrédule. Tys comprit que ça voulait dire oui.
— Disons que nous allons tous mourir. Encore.
L'ogre s'avança de plusieurs pas. Devant cette créature, Leerian, Egrim, Danayelle, Mishi, Tys et Nuvem se sentaient tous ridiculement petits. L'ogre leva sa masse et lâcha un rugissement d'une telle puissante que les elfes tombèrent à genoux et hurlèrent en retour en se couvrant les oreilles. Seuls Mishi et Nuvem sortirent du lot, et l'ogre envoya son arme dans leur direction. Nuvem s'élança pour se coucher à terre, mais Mishi banda son arc pour viser le monstre en plein visage. Leerian leva la tête juste à temps pour voir la scène ; il courut vers Mishi et la plaqua au sol, une seconde avant que la batte passe sur elle.
— Fais attention ! fit-il dans un couinement de souris.
— Toi, fais attention ! répliqua Mishi.
L'ogre s'avança d'un nouveau pas en soulevant bien le pied, comme s'il avait l'intention de les piétiner. Leerian prit Mishi contre lui et ils s'élancèrent d'un bond à droite pour sortir de sa trajectoire. Danayelle et Egrim firent de même dans une direction opposée. Tys, en panique, recula contre Nuvem qui venait tout juste de se relever. Tous deux tombèrent l'un sur l'autre, à la merci de l'ogre qui fonçait maintenant sur eux.
— Eh, Bobby ! s'exclama Egrim en voyant son ami en détresse. Aghes !
Une boule de feu s'écrasa sur le dos du monstre, qui n'eut pas plus de réactions que si un moustique l'avait piquer. Ç'a eu au moins le mérite de détourner son attention de Tys ; l'ogre se tourna vers Egrim, qui déglutit bruyamment.
Egrim regardait successivement Tys et Nuvem, au pied de l'ogre, et le monstre lui-même. Il n'avait pas le choix ; s'il ne faisait rien, il allait tuer le télépathe... et le cannibale, pour qui ça importait beaucoup moins. Mais que pouvait-il faire ? Il venait de lui lancer une boule de feu et c'était tout juste s'il l'avait ressenti !
Dans un autre coin de l'arène, Leerian et Mishi se remettaient debout. Leerian sentait l'adrénaline perdre le combat face à la fatigue qui lui revenait. Voyant ses amis en détresse, il tenta tout de même de sortir son épée de son fourreau, mais elle lui fut si lourde que la garde lui glissa demain. L'arme tomba à ses pieds, et lui-même s'effondra au sol, à quatre pattes. Sa main droite atterrit directement sur la lame, et il sursauta en la retirant vivement, appréhendant la brûlure de l'argent... qu'il ne ressentit pas. Leerian leva les yeux vers l'ogre, qui ne lui prêtait aucune attention, puis à son épée. Avec méfiance, il posa à nouveau son doigt sur la lame.
— Leerian ?
Leerian sursauta en remarquant Mishi, qui le dévisageait avec inquiétude. Elle hésita pendant une seconde, puis se pencha pour l'aider à se relever. Leerian reprit son épée par la garde.
— Tu as touché l'argent ?
Leerian haussa innocemment les épaules. Il n'avait aucune idée de ce qui venait de se passer.
Loin devant, Egrim avait une nouvelle boule de feu à la main. Il la lança sur l'ogre, qui continuait d'avancer sur lui. Le geste ne réussit qu'à irriter le monstre encore plus, qui hurla si fort que les murs et le sol tremblèrent autour d'eux. Egrim prit sur lui, mais ça l'avait sérieusement ébranlé. Il était désorienté.
— Egrim ! Bouge de là ! s'exclama Danayelle.
Celle-ci courait dans sa direction, voulant venir en aide au mage. Egrim était accolé contre la pierre, l'ouïe bourdonnante et la bouche bêtement ouverte, complètement sonnée. Quand il reprit conscience du moment présent, il était déjà trop tard ; l'ogre était devant lui, sa batte prête à frapper.
Soudain, la masse glissa des mains de l'ogre, fila juste au-dessus de la tête d'Egrim, fit demi-tour et s'abattit sur l'ogre en plein visage avec tant de force que le monstre s'effondra au sol. Il fit vibrer l'aréna tout entier, et Leerian, qui tenait tout juste debout, dans les bras de Mishi, s'écroula encore une fois à genoux.
Danayelle arriva enfin à Egrim. Elle le prit par les épaules et le secoua avec empressement.
— Hé, ça va ? Il t'a pas fait de mal ?
Egrim cligna bêtement des yeux et inspira longuement, s'efforçant de ralentir les battements de son cœur qui s'affolait. L'ogre était au sol, immobile et peut-être même inconscient. Les hommes qui observaient la scène depuis le grillage du plafond lâchaient tous des « oooh ! » incrédule.
— Ouais... ça va, bredouilla Egrim. Il m'a hurlé en plein dans les oreilles.
— Viens.
Danayelle lui prit la main et l'entraina en direction de Mishi et Leerian. Egrim se laissa faire, mais ses sourcils se fronçaient à mesure qu'il traitait les informations de ce qui s'était produit. Danayelle m'a encore sauvé. Et moi, j'ai encore été inutile. Bordel !
Egrim et Danayelle arrivèrent près de Leerian et Mishi. Tys et Nuvem les rejoignirent avec une seconde de retard. Toute la bande se dévisageait entre eux, cherchant des blessés, puis ils tournèrent la tête vers l'ogre qui se relevait lentement.
— Egrim, fais-nous sortir d'ici, l'empressa Tys.
Egrim prit une grande inspiration.
— OK... prenez-vous tous la main.
— Attends... tu veux nous téléporter tous en même temps ?! s'exclama Danayelle.
— On est un peu pressé, alors oui ! s'énerva Egrim. Ça va le faire, je veux juste aller de l'autre côté de la porte de fer.
Derrière eux, l'ogre s'était relevé. Il grogna à nouveau, puis s'élança au pas de course dans leur direction. Plus personne ne souhaitait contester Egrim ; tous se prirent la main, Egrim ferma les yeux et se concentra de toutes ses forces. Il n'avait jamais téléporté six personnes avec lui. Deux était son record, mais d'un autre côté, il n'avait jamais essayé de faire plus. Il sentit la résistance, sa tête sembla s'alourdir, ses pensées s'égarer. C'était plus difficile que prévu. Et même, pour la première fois depuis longtemps, il entendit quelque chose qui ne venait clairement pas de son environnement... comme un chuchotement en provenance de l'intérieur de son cerveau.
— Merde...
L'ogre était arrivé sur eux. Il leva sa batte encore une fois, s'apprêtant à l'abattre sur le groupe de toutes ses forces. Les natifs, en spectateur, hurlaient de joie.
Et tous disparurent soudainement. Ils réapparurent de l'autre côté de la porte, au milieu des hommes et femmes qui s'y étaient agglutinés pour observer en travers des grillages. Tous s'éloignèrent d'un bond avec des cris de surprise, et Egrim s'effondra au sol tête première sur la pierre.
Des voix en langues étrangères s'élevèrent de tous côtés. Puis des couteaux et des lances se pointèrent sur eux. L'ogre frappa de son gros poing contre la porte de fer, qui grinça atrocement.
— Dégagez ! hurla Tys, à bout de nerfs.
Tous tournèrent les talons pour s'enfuir précipitamment. Même l'ogre eut un mouvement de recul.
Danayelle s'était accroupie près d'Egrim pour le retourner sur le dos. Il coulisse de sang dégoulinait de son front. Elle crut d'abord qu'il était inconscient, mais ses yeux s'ouvrirent avec lenteur, dévisageant chacun de ses amis avec perplexités.
— Ça va, Egrim ? demanda Danayelle.
— Je déteste ma vie, grommela-t-il.
— Ça veut dire oui, fit Leerian.
Egrim grogna encore plus fort, outré des paroles de Leerian. Il se releva avec l'aide de Danayelle, puis tous s'enfuirent en courant. Cette fois, les natifs les laissèrent passer, tous influencer par l'ordre de Tys.
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Je m'excuse de l'attente entre chaque chapitre... Mais il me reste plus que trois semaines pour terminer ma formation. Bientôt, je serais (ENFIN) libre d'écrire ce que j'ai envie d'écrire. Autant je suis triste que cette aventure soit bientôt fini, autant j'ai de plus en plus hâte parce que dernièrement, mes cours, c'est vraiment de la merde. Là, par exemple, j'étais supposé écrire un conte de Noël (sérieux ?!?!) Et mardi, mon prof voulait que j'acte dans une pièce avec des infirmières qui assiste des accouchements (j'ai tellement pas signé pour ça) alors vraiment, Nyirdall me manque.
Mais y'a des bons côtés aussi. Par exemple, Cody (pour Jeanne et Helena, vous savez de quoi je parle) j'ai deux épisodes de fait. Et Jacob (la vie confuse de Jacob Lane, pour les curieux) est totalement fini en mode scénario... Mais j'attend encore les avies de mon prof sur celui-là.
Je serais bientôt sur vos écrans. C'est une promesse.
(Je commence à croire que j'aurais dû tenir un rantbook sur mes aventures au Québec. C'est encore faisable...)
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