Chapitre 28

Quelques minutes plus tôt, Mishi attendait patiemment le retour de ses amis, assisse dans son coin et prenant soin du feu en le brassant à l'aide d'une longue branche. Les flammèches rouges et oranges s'élevaient lentement vers le ciel, et Narsa s'amusait à lancer ses étincelles vertes au-dessus, créant une variété de couleurs impressionnantes. Jean, qui était resté avec elles, était roulé en boule, dormant et ronflant. Il était si près du feu qu'il en était presque grimpé dedans. Mishi était presque tenté de s'inquiéter pour lui, mais en sachant que c'était un dragon à la peau écailleuse et particulièrement épaisse, il n'en ressentait probablement aucune douleur.

Ça faisait déjà une dizaine de minutes que Leerian et Danayelle étaient partis d'un côté, et Egrim et Tys d'un autre. Elle avait hâte qu'ils reviennent. Elle aimait bien Narsa, mais elle était trop peu bavarde à son gout. Mais en même temps, qu'est-ce qu'elle aurait pu dire ? Tout ce qu'elle avait sur le cœur était ce sentiment d'abandon.

Il y a six mois, elle s'était vraiment sentie au centre de l'action. Elle était la meilleure amie de Danayelle, elle était amoureuse de Leerian. Maintenant, Danayelle avait retrouvé le garçon avec qui elle avait passé un long moment à l'Institut, rien que pour rendre jaloux celui qui la suivait déjà partout. Et même Leerian semblait passer plus de temps avec Danayelle.

Mishi n'était rien, contre elle. Danayelle était grande et forte. Une télékinésiste hors pair. Elle était la définition de ce que pouvait représenter la beauté fatale des elfes. Alors que Mishi... n'était qu'une sirène sur la terre ferme, avec constamment des brindilles dans les cheveux.

Mishi passa une main dans ses longues mèches noires, par simple curiosité. Elle en trouva effectivement quelques-unes, qu'elle lança dans le feu. Puis elle soupira de tristesse.

Est-ce que c'est de la jalousie pour Danayelle, que je ressens ? C'est cruel... Je ne devrais pas être jalouse. Et pourtant...

Elle leva les yeux dans la direction qu'elle et Leerian avaient empruntée. Elle se sentait mal, sans parvenir à mettre de mots exacts sur ses sentiments. Elle était mitigée ; d'un côté, elle ignorait complètement si elle l'aimait encore ou non. Ce qui était certain est qu'elle éprouvait quelque chose pour lui. D'un autre, elle lui en voulait toujours de lui avoir caché le fait qu'il était un loup-garou. Elle comprenait toute la honte qu'il pouvait ressentir à ce sujet, mais il aurait dû être honnête dès le début.

C'était une peur justifiée. Dès que j'ai su, je me suis enfui, lui souffla la voix de la raison. Qu'il le dise à notre première rencontre, ou un mois plus tard... ma réaction aurait été la même.

Non. Le jour même aurait été pire, se résonna-t-elle. J'ai eu le temps de le connaitre et d'apprendre à l'aimer. Je ne lui aurais donné aucune chance, si j'avais su...

Un mouvement capté du coin de l'œil la fit sursauter. Elle se redressa, sécha ses larmes, puis fit un mince sourire. Elle fouilla du regard les bois, pensant que ses amis étaient revenus, mais aucun elfe n'était en vue.

Mishi fronça les sourcils. Elle était sûre d'avoir vu quelqu'un arriver. Elle baissa les yeux vers le feu, souffla, puis, sans tourner la tête, observa la forêt alentour. Tous ses sapins serrés entre eux lui cachaient la vue. Pourtant, les branches s'agitaient. Et ce n'était pas le vent, puisqu'il n'y en avait aucun.

— Leerian ? C'est toi ?

Narsa baisa les yeux vers Mishi, puis regarda tout autour d'elles. Elle ne percevait personne.

— Egrim ? demanda-t-elle cette fois.

Peut-être qu'il lui jouait un tour. Lui ou Danayelle. Ils s'en voulaient de l'avoir laissé de côté, et ils avaient décidé de lui préparer une farce pour lui remonter le moral !

Mishi sourit à cette idée, malgré le gros doute qui persistait. Ça n'avait jamais été leur genre... mais il y avait un début à tout.

D'autres branches s'agitèrent encore. Mishi sentait l'amusement diminuer, remplacé par la peur. Une mince brume s'élevait, le froid se faisait de plus en plus mordant.

Des lutins, pensa-t-elle alors. Ils pouvaient devenir invisible, ça, c'était bien leur genre ! Mishi se rappelait trop bien la fois où ils s'étaient fait enlever par des lutins. Elle avait eu la frousse, pourtant ils n'avaient fait que les trainer au cœur d'une de leur fête. C'était forcément pareil.

Nouveau mouvement du coin de l'œil. Cette fois, Mishi tourna la tête au même moment, lui laissant une seule seconde pour apercevoir un visage. Rond, minuscule, la peau d'une teinte étrangement terreuse, et des yeux... des yeux énormes, entièrement blanc et strié de veine. Puis il disparut à nouveau.

Mishi se leva, son cœur cognant contre sa cage thoracique. La peur montait en elle. Qu'est-ce que c'était que cette chose ? Les lutins étaient à enlever de la liste des possibilités !

— Narsa ! Tu as vu ?

— Vu quoi ?

Même Jean était sorti de sa sieste. Toujours couchée, sa tête pivotait de gauche à droite. Ses narines s'agitaient, comme s'il flairait quelque chose.

— Tu perçois un truc qui cloche, pas vrai, Jean ?

Jean grogna entre ses crocs pour seule réponse. Oui, il y avait définitivement quelque chose qui ne tournait pas rond.

Le feu, au centre de leur petit campement, s'éteignit soudain, sans préavis. D'un coup il était fort, ses flammes illuminant l'endroit... et la seconde d'après, plus rien, en dehors d'un mince filet de fumée. Jean grogna encore plus fort, contrarié. Mishi, elle, était terrorisée. Qu'est-ce qui se passait ?

Narsa sauta en bas de sa branche et s'approcha de Mishi. Peu importe ce qui était en train de se produire, elle devait au moins protéger la sirène. Elle se mit devant elle, des étincelles vertes vibrant au-dessus de ses poings.

Mishi se mordit les lèvres. Elle savait que Narsa était forte, mais en ce moment, la crainte montant toujours plus haut en elle, elle n'arrivait qu'à voir le fait que Narsa était minuscule et, qu'en dehors de sa magie, elle ne valait pas grand-chose.

Une chance qu'elle ne puisse pas lire dans les pensées, elle me tuerait sur le champ.

Elle voulut appeler à l'aide. Leerian, Danayelle ou Egrim, n'importe lequel ne ferait qu'une bouchée de ces créatures étranges. Mais ce qui retint Mishi fut la peur de froisser Narsa. Une hésitation qui ne dura que trois secondes... trois secondes pendant lesquels ces petits monstres décidèrent de sortirent de leur cachette et de passer à l'action.

Narsa ne protégeait Mishi que d'un seul côté. Son dos était parfaitement à découvert. Quand tous apparurent enfin, Mishi sentit un haut-le-cœur monter en elle. Ils ressemblaient beaucoup à des lutins, pour ce qui était de la taille, peut-être étaient-ils encore plus minuscules. Mais leur visage terreux, leurs yeux blancs et globuleux. Et leurs dents ! Des dents pointues, aiguisées comme ceux des piranhas.

Narsa envoya un rayon vert à la tête de l'une de ses créatures. Au même moment, comme s'il ne s'agissait que d'une diversion, trois d'entre eux sautèrent sur le dos de Mishi, qui tomba à plat ventre avec tant de force qu'elle en eut le souffle coupé. L'un lui tirait les cheveux, l'autre semblait essayer de lui retirer son teeshirt. Et le troisième, lui, mordit sans ménagement dans son mollet, ses dents s'enfonçant dans le muscle comme dans du beurre.

Mishi hurla. Cette douleur était la pire qu'elle n'avait jamais connue. Brûlante dans sa chaire, comme la lave se rependant dans ses veines et rongeant ses os. Des larmes amères lui glissa sur les joues, un gémissement s'échappant de ses lèvres.

Narsa se retourna, vit les créatures grimpées sur le dos de Mishi, et lança ses rayons pour les dégager.

— Mishi, ça va ?! s'exclama la fée.

Mishi fut incapable de parler, secoué de pleurs incontrôlables. Narsa envoya bouler un autre de ses petits monstres, puis s'accroupit au chevet de son amie.

Egrim et Tys apparurent au même moment.

— J'ai entendu crier ! fit Egrim. Qu'est-ce qui se passe ?

Il n'eut pas à attendre de réponse pour remarquer Mishi au sol, face contre terre. Il se précipita à ses côtés, et Narsa profita de sa venue pour retourner à son poste, cherchant d'autres monstres à exterminer. Tys, lui, était planté sur ses pieds, un peu inutile en cette situation.

— Euh... il se passe quelque chose ? demanda-t-il lentement.

— Mishi, qu'est-ce que t'as ? dit Egrim. Tu es blessé ?

Mishi dut faire appel à toute sa force pour s'arrêter de pleurer, rien qu'une seconde, et chuchoter, le souffle saccadé : « ma jambe ». Egrim baissa les yeux et remarqua que la gauche était barbouillée de rouge. Il déglutit, appréhendant ce qu'il allait trouver, et remonta délicatement son pantalon jusqu'au genou.

Leerian et Danayelle débarquèrent aux pas de course au même moment qu'Egrim découvrait la blessure de Mishi. Bien ronde, la morsure représentait chacune des dents pointues de ces étranges créatures. Elle était petite, pourtant, la quantité de sang s'en échappant était anormale. En un rien de temps, ses paumes en étaient déjà imprégnées.

Shiernelt !

La formule, lancée d'une voix forte, inquiéta Leerian qui s'approcha à son tour. Il s'accroupit près du mage, puis posa délicatement une main sur l'épaule de la sirène.

— Mishi ?

Il voulut demander si elle allait bien, mais il en était conscient, c'étaient une question idiote. Elle ne semblait même pas en état de parler, n'arrivant à rien d'autre qu'à pleurer. Leerian se tourna alors vers Narsa, ses poings toujours illuminés par des étincelles.

— Narsa, qu'est-ce qui s'est passé ?!

— Je n'en sais rien, dit la fée d'une voix mal assurée. Il y avait... des créatures. Je n'ai aucune idée de ce que c'est. Au départ, j'ai cru que c'étaient des lutins. Mais ceux-là sont malveillants. Ils ont mordu Mishi, et...

Elle s'interrompit, trop inquiète pour dévoiler ses soupçons. Ses yeux sondaient le campement, mais plus aucun mouvement suspect n'était en vue. Probablement qu'ils avaient attaqué parce qu'elles n'étaient que deux ; maintenant qu'ils étaient tous réunis, ils étaient trop nombreux et les monstres s'étaient enfuis.

Mishi continuait de gémir et de pleurer. Danayelle s'approcha à son tour pour prendre son autre main et la serrer entre les siennes, puis releva la tête vers Egrim.

— Qu'est-ce que tu attends ? Soigne-la !

— Je ne fais que ça ! répliqua Egrim.

Ses paumes plaquées au-dessus de la plaie brillaient d'une lueur pâle, prouvant que la magie guérisseuse était à l'œuvre. Pourtant, le sang continuait de s'écouler, Mishi continuait de pleurer. Egrim fronça les sourcils, puis répéta la formule avec plus de force. Une goutte de sueur glissa sur son front.

Leerian et Danayelle s'échangèrent un regard inquiet. Tous deux avaient vu Egrim soigner des blessures bien plus profondes en un tour de main. C'était anormal que ça prenne autant de temps.

Une longue minute s'écoula avant que la plaie soit complètement refermée. Egrim tomba à quatre pattes, le souffle court, et Mishi se redressa à son tour. Elle essuya les larmes qui souillaient son visage jusqu'au cou ; sa peau était pâle, ses yeux rouges et gonflés, de grosses cernes dévoraient ses joues. Elle prit une grande inspiration, regarda alternativement chacun de ses amis à son chevet, puis s'effondra dans les bras de Leerian, pleurant encore plus fort. Leerian demeura étonné du geste, mais la raison lui revint rapidement, songeant que c'était le choc et qu'elle allait s'éloigner de lui en le dévisageant avec dégout dès qu'elle s'en sera remise. Il profita du moment pour passer ses mains dans son dos, s'efforçant de la réconforter.

— Ça va, c'est fini, dit-il doucement.

— C'est la pire douleur que je n'ai jamais ressentie de ma vie, dit Mishi dans un hoquet.

Leerian fut troublé de ses paroles. Ensemble, ils s'étaient fait cracher dessus par des salamandres. C'était difficile de battre ce moment où ils s'étaient fait bombarder de boule de feu, et pourtant, cette fois-là, elle n'avait pas pleuré.

— C'était quoi, ces choses ? demanda Danayelle.

— Je n'en sais rien ! fit Mishi, le visage enfoncé dans le cou de Leerian.

— Leerian, tu en connais un rayon sur les créatures qui peut peupler une forêt, non ?

Leerian hocha lentement la tête. Mais il avait beau creuser dans sa mémoire, il n'avait aucune idée de qui, ou quoi, aurait pu créer un tel dommage.

— Nous ne sommes pas à Celeyste, lui rappela-t-il. Tout peut être différent, ici. (Il leva les yeux vers Tys, debout derrière eux sans savoir quoi faire.) Ça m'aiderait de voir à quoi ils ressemblent, peut-être...

Tys se mordit la lèvre, puis se tourna vers la fée qui était près de lui.

— Tu permets que je regarde dans ton esprit ?

— C'est d'accord. Mais uniquement ce que t'as besoin de voir.

Tys se pencha vers Narsa, l'observant droit dans ses yeux verts. Narsa se prêta aux jeux, impressionné des iris d'un bleu si pur du télépathe. Il est vraiment mignon, celui-là. Dommage qu'il ne soit pas mon genre.

Tys se redressa aussitôt, puis pouffa de rire.

— Eh, tu sais... si j'essaie de regarder dans tes souvenirs, c'est un peu inévitable que je perçoive tes pensées.

Narsa se rembrunit, puis serra les poings. L'envie de le frapper était bien présente en elle, mais Tys lui fit un sourire et un clin d'œil, avant d'à nouveau plonger dans son esprit. Cette fois, il s'efforça de ne pas prêter attention à ce qu'il entendait et de regarder uniquement ce qui lui importait, et de transmettre, en même temps, les images dans la tête de Leerian. Tous deux virent la scène qui s'était produite quelques minutes plus tôt ; les créatures étranges, allant et venant derrière les branches... et trois d'entre eux sauter sur Mishi. Ce qui les frappèrent, surtout, fut leur apparence. Par le don de Tys, il lui fut facile de faire un arrêt sur image, comme avec des vidéos, et d'observer en profondeur à quoi ils avaient affaire.

Ils ressemblaient un peu à des lutins. Encore plus petit, la peau drôlement brunâtre, les yeux blanc comme du lait et strié de veines, les dents affutées comme des lames de rasoir.

Tys frissonna, dégouté de leur apparence. La vision se retira, laissant la place au moment présent. Devant lui, il vit Mishi, Danayelle, Egrim et Leerian, toujours au sol. Ce dernier grimaçait aussi, les paupières étroitement clos.

— Je n'ai aucune idée de ce que c'est, dit-il enfin. Mais ils font peur.

Tys hocha gravement la tête, puis regarda tout autour de lui, parmi les arbres. Il savait qu'ils étaient encore dans le coin, à les épier. Il savait qu'ils étaient rapides et futés, comme l'attestaient les souvenirs de Narsa.

— Je crois qu'il vaudrait peut-être mieux éviter de s'éloigner...

— Oui, on ne s'éloigne plus, répéta Leerian avec plus de force. On reste en groupe.

Tys fit la moue. Il aime être celui qui lance les ordres. Un vrai Celeyste.

Leerian se pencha à nouveau vers Mishi, qui tremblait toujours dans ses bras. Elle avait arrêté de pleurer, mais semblait encore en état de choc. Lentement, elle tourna la tête vers Egrim. Il était légèrement en retrait, la peau pâle et le regard dans le vague. Il était épuisé.

— Merci de m'avoir soigné, Egrim.

Celui-ci répondit d'un grognement, puis d'un long bâillement. Cette fois, Danayelle et Leerian détournèrent à leur tour leur attention de la sirène pour dévisager le petit mage.

— Ça va, Egrim ? demanda Danayelle. Tu as l'air fatigué.

Egrim haussa platement les épaules. C'était un fait ; il était exténué. Il ne rêvait que de dormir, mais la menace de ces créatures rodant toujours parmi eux le retenait éveiller.

— Je ne comprends pas, dit-il à mi-voix. Soigner, c'est facile, d'habitude. Et la blessure n'était pas si profonde. Je ne sais pas pourquoi c'était si difficile...

— Ce n'était pas une blessure ordinaire, répliqua Mishi. Ça faisait beaucoup trop mal pour ça.

— Peut-être qu'ils ont du poison dans leurs dents, dit Danayelle. Comme les serpents.

— Du venin, spécifia Leerian.

— C'est ce que j'ai dit.

Egrim hocha la tête, puis frotta ses yeux de ses poings.

— Je n'ai jamais soigné de blessure empoisonnée... Donc, je n'en sais rien. (Il bâilla à nouveau, avant de se reprendre :) On peut faire, genre, un tour de garde ? Parce que je suis vraiment épuisé, mais je ne veux pas dormir si n'y a personne pour me couvrir.

— Ouais, on va faire ça, dit Leerian. Surtout que, sans toi, si on se fait attaquer... nous sommes mal barrés.

Egrim combattit la fatigue pour faire un large sourire. Il aimait quand on l'appréciait à sa juste valeur.

— Je vais prendre le premier, continua Leerian.

— Je me charge du deuxième, dit Danayelle. Avec Tys, si tu veux bien ?

Tys hocha la tête. Egrim plissa les yeux, dévisageant ses amis à tour de rôle.

— Je prends le troisième, fit-il alors.

— Non, pas toi, Egrim. Dors toute la nuit. Il faut que tu sois en pleine forme, au cas où nous aurions besoin de tes soins. Mishi et Narsa se chargeront du troisième. OK ?

Mishi et Narsa approuvèrent d'une seule voix. Egrim du faire preuve de contrôle pour ne pas montrer de frustration. La façon dont Leerian le ménageait lui donnait l'impression de passer pour un faible. Il avait parfaitement conscience que son raisonnement était contradictoire, et pourtant, il était incapable d'empêcher sa mauvaise humeur de monter. Il se leva alors pour s'éloigner de quelque pas, puis se coucha au pied d'un pin, se coupant à la conversation qui ne l'intéressait plus.

Tous l'observèrent pendant un instant, étonné. Puis Mishi bondit sur ses pieds, s'arrachant des bras de Leerian qui la serrait toujours et, rien que pour la forme, lui lança un regard de dégout avant d'aller s'asseoir près de Danayelle. Leerian soupira, attristé que ce moment soit déjà terminé. Pendant une seconde, il vint même à espérer que ses monstres l'attaquent à nouveau pour qu'elle retombe dans ses bras.

Leerian secoua la tête pour faire disparaître ses idées mesquines, puis leva les yeux au ciel, à peine visible à travers les branches de sapin tout autour d'eux. Pour le peu qu'il en voyait, il était toujours bleu. Mais Egrim était déjà en train de dormir, et Jean s'était collé contre lui en ronronnant.

— On va faire comme si la nuit était commencée, dit-il tout en observant Egrim qui s'était mis à ronfler. Nous chercherons une solution pour vous renvoyer à Nyirdall demain. En tout cas, je peux vous dire un énorme merci pour m'avoir suivi jusqu'ici, je n'en demandais pas autant...

— C'est la moindre des choses, après tout ce que tu as sacrifié pour moi, dit Danayelle.

Leerian grimaça un sourire. Il lui avait sacrifié beaucoup plus que ce qu'il avait souhaité.

— Tu sais, continua Danayelle, il n'est pas trop tard pour changer d'avis.

— Changer d'avis ? fit Leerian avec suspicion.

— Tu n'es pas obligé de rester ici. Sur ce pays.

Leerian grimaça, puis coupa court la conversation. Il alla s'asseoir ailleurs, aussi loin que possible de Danayelle. Celle-ci soupira, puis échangea un coup d'œil avec Mishi qui était près d'elle.

— Il se voile la face, fit Mishi à son oreille. Cet endroit est bizarre et il ne veut pas l'admettre.

Danayelle hocha la tête. Elle pensait exactement pareil.

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