Chapitre 18 (2/2)
Au même moment, Egrim s'était téléporté dans le bureau du capitaine. Danayelle venait d'y entrer, explorant les lieux sans rien oser toucher. Son regard fut tout de suite attiré par la vitre ronde et cassée. Elle fit un pas pour s'y approcher, mais Egrim avait choisi ce moment pour apparaître, tout juste devant la blonde qui sursauta en reculant à nouveau.
— Egrim !
— Dana ! fit-il sur le même ton. Qu'est-ce que tu fiches ?
— Moi ? Je cherche un bateau. Pourquoi ça a l'air de t'étonner autant ?
Egrim garda le silence, soufflant subtilement par le nez pour réduire la pression. Elle ne sait pas ce qui s'est passé ici. Elle est là par pur hasard.
— Viens, on sort de ce bureau...
Il posa ses mains sur ses épaules pour la repousser doucement en direction de la porte, mais Danayelle resta bien campée sur ses pieds. Elle trouvait le comportement de son ami suffisamment étrange pour alimenter sa curiosité.
— Tu caches quelque chose ?
— Non ! fit Egrim avec trop d'entrain. Mais il n'y a rien, ici. C'est une perte de temps.
Il est bizarre, pensa Danayelle. Mais, dans un autre sens...
— C'est vrai, avoua-t-elle dans un haussement d'épaules. Je cherche un type qui a apparemment disparu. C'est clair qu'il n'est pas là.
Les yeux d'Egrim s'écarquillèrent. Mais il se rattrapa rapidement, clignant des paupières à plusieurs reprises.
— Ah... quelqu'un a disparu ? dit-il lentement. C'est... triste.
— Oui. Tu as l'air drôlement touché par la nouvelle.
— Quoi ? Non ! C'est quoi, cette accusation ?!
Danayelle pouffa de rire, posant sa main sur son épaule pour la tapoter.
— Pourquoi je t'accuserais ? Ah, ça m'avait manqué que tu fasses ton outré ! Viens, aide-moi à le trouver. Si je le ramène à ses collèges, ils vont nous dire leur destination.
— Oh, mais... ce n'est pas la peine. Je sais déjà où ils vont. Sur... Tra... Trashal...
— Thrasyall ?
— Oui, merci ! Alors, tout ce qu'il nous reste à faire, c'est de dégotter une jolie cachette dans la cale où caser Leerian. Tu viens avec moi ?
Egrim tendit la main vers son bras, mais Danayelle dérapa au même moment. Elle avait marché dans quelque chose de mouillé. Le mage et la télékinésiste baissèrent la tête pour remarquer qu'elle avait mis le pied dans une petite flaque de sang.
— Oh, beurk, fit Danayelle en essuyant sa botte sur le tapis.
Danayelle releva les yeux vers Egrim, qui était devenu pâle tout en fixant la botte.
— Je croyais que c'était Leerian qui craignait le sang.
— Je n'ai pas peur ! fit Egrim d'une voix aigüe.
— Oh, Egrim, tu es vraiment suspect. Ressaisis-toi ou je vais me poser des questions.
Egrim sera les poings, puis les cacha derrière son dos. Il commençait sérieusement à s'énerver. Il voulut en ajouter une couche, mais un bruit venant du pont lui fit tourner la tête. Il pensa d'abord à Leerian, Mishi et Narsa, qu'il avait abandonné là, mais il remarqua rapidement, par la porte entrouverte, que c'était cinq marins qui s'avançaient vers eux. Droit vers le bureau du capitaine.
— Merde ! lâcha Egrim dans un murmure.
Il était coincé. S'il se téléportait près de l'escalier pour aller à la cale, ils allaient le voir. S'il rejoignait plutôt Leerian, Mishi et Narsa, il risquait d'attirer l'attention sur eux, ce qu'il fallait absolument éviter. Qu'est-ce qu'il convenait de faire ?
Egrim n'eut pas le temps d'y réfléchir ; les marins étaient déjà arrivés. Il bondit pour se cacher derrière le bureau, mais Danayelle, sans s'inquiéter le moins du monde, s'avança à leur rencontre.
— Bonsoir ! Est-ce que l'un d'entre vous s'appelle Jimmy ?
L'un des hommes fit un pas vers Danayelle, un sourire de travers sur les lèvres. Puis, sans que Danayelle ne l'ait vu venir, il lui enfonça un coup de poing en plein visage, avec tant de force qu'elle partit vers l'arrière, s'effondrant sur le bureau.
— Hé ! s'exclama Egrim en sortant de sa cachette.
Il sera les poings, des envies de meurtre bouillonnant en lui. Ils avaient osé faire du mal à Danayelle ! Il voulut s'élancer sur la bande et les trucider jusqu'au dernier. Mais comment ? Il n'eut pas le temps de se choisir un plan d'attaque qu'un autre matelot dévoila un pistolet et lui tira dans le bras. Egrim retomba derrière le bureau, les yeux écarquillés par la douleur qui irradiait de la blessure. Un flot de sang s'était mis à couler. Il posa sa paume au-dessus, puis releva la tête vers Danayelle, qui s'était remise du coup qu'elle venait de se prendre. Tous deux s'observèrent, rien qu'une seconde, communiquant le désarroi qu'ils ressentaient.
Egrim tendit la main vers la blonde, voulant soigner sa blessure avant la sienne. Mais un homme s'empara de Danayelle et l'attira vers lui, la coinçant entre ses bras. Egrim sortit de sa cachette pour tenter de la rattraper, mais les quatre autres hommes pointèrent tous un pistolet sur lui. Egrim figea. Il n'arriverait pas à balancer toutes ses armes par la fenêtre avant que l'un n'ait le temps de lui tirer une balle dans la tête.
— C'est lui ? demanda l'un.
— Ouais, c'est bien lui, ajouta un deuxième.
— Lui ? fit Egrim, la voix tremblante de nervosité. Moi ? Je n'ai rien fait !
— Tu as tué Jimmy.
Egrim n'eut rien à répliquer à cette sinistre vérité. Danayelle, reprenant lentement le dessus sur la douleur, dévisageait Egrim, la bouche bêtement entrouverte et les sourcils froncés. Egrim, lui, évitait son regard en observant partout, de gauche à droite. La vitre cassée. La flaque de sang au sol. Et... un drôle d'appareil, dissimulé dans un coin près du plafond.
Une caméra.
— Je n'ai pas fait exprès ! C'était de la légitime défense ! s'exclama-t-il soudain. Il a essayé de me tuer en premier !
— J'ai vu les images. Tu es un mage, non ? Tu aurais pu le guérir. Mais tu l'as balancé dans la flotte.
Egrim déglutit, n'ayant plus rien à dire pour sa cause. Il se souvenait clairement avoir pensé à le soigner. Mais il n'en avait simplement pas eu envie.
Il baissa les yeux vers Danayelle, qui était toujours retenue par les hommes. Il savait qu'elle n'aurait qu'à activer son pouvoir de télékinésie pour reprendre le dessus, mais elle était trop stupéfaite de ce qu'elle venait d'apprendre.
Yerdis, pensa-t-il de toutes ses forces. Yerdis ! Mishi, Leerian, allez vous cacher dans la cale. Je ne peux plus vous aider. Allez-y tout de suite !
— Écoutez, dit-il lentement. Je suis désolé. La situation m'avait échappé. Prenez-moi, mais laissez mes amis tranquille.
Les hommes s'échangèrent un regard perplexe entre eux.
— Il parle au pluriel, fit l'un. Il y en a d'autres sur le bateau !
— Arg ! Non ! s'exclama Egrim, frustré contre lui-même. Danayelle compte pour deux parce qu'elle est très grande !
Trop tard. Deux des matelots s'étaient déjà détachés du groupe pour quitter le bureau. Egrim serra des poings, puis grimaça de douleur. Un nouveau flot de sang s'écoula de sa blessure au bras. Il voulut se soigner, mais préféra s'en abstenir. Les trois hommes restants risquaient de croire qu'il préparait tout autre chose, s'ils l'entendaient prononcer une formule magique.
Il faut bien que je tente quelque chose. On ne peut pas rester dans cette situation indéfiniment. Et Danayelle semblait bien décidée à ne rien faire, continuant de le dévisager. Il n'y avait plus que trois matelots ; deux contre trois, c'était jouable.
Yerdis. Danayelle. Tu m'entends, Dana ? Cligne des yeux si tu m'entends.
Danayelle inclina la tête de côté, puis fit un clin d'œil.
Nous devons sortir d'ici. À trois, tu les jettes dehors, OK ? Moi, je vais te couvrir. Un... deux...
Il ne put jamais atteindre le trois ; une explosion balança les trois hommes et Danayelle coincés entre eux, à travers la pièce et jusqu'au mur du fond. Egrim demeura bête face au phénomène. Ce n'était quand même pas Danayelle qui avait fait ça ?!
Quand la raison lui revint et qu'il prit un instant pour observer ce qui s'était vraiment passé, il comprit que ce n'était en aucun cas l'œuvre d'un elfe ; les étincelles de l'explosion, vibrant encore dans l'air, étaient vertes.
Narsa s'avança alors dans la pièce, menaçante du haut de son seul mètre de grandeur. Ses yeux filèrent de gauche à droite, analysant rapidement la situation. Trois hommes et Danayelle, étendu l'un pardessus l'autre contre le mur du fond, et Egrim debout derrière le bureau, stupéfait.
— Narsa, fit-il lentement. C'est une première, mais je suis content de te voir.
— Il faut toujours que tu te mettes dans le pétrin, hein. Viens !
Egrim hocha la tête, sonné du revirement de situation, puis s'élança vers Danayelle pour l'extirper de ses marins qui la coinçaient. Il en oublia même sa blessure par balle, mais quand il tira pour la sortir de là, la douleur explosa dans son bras et un bref gémissement lui échappa. Il tenta alors de lui tapoter la joue pour qu'elle s'éveille, sans grand résultat.
— Viens m'aider, Narsa ! Oh, et merde. Où sont Leerian et Mishi ?
— Dans la cale, comme une petite voix dans leurs esprits leur a dit de faire.
— Bon sang. Leerian aurait pu m'être utile, en ce moment.
Il s'efforça à nouveau de la tirer d'une seule main, mais se faisant, ce fut un des hommes qui se réveilla. Il attrapa Egrim et l'attira à lui, un bras serré autour de sa gorge et un pistolet sur la tempe.
Ouah, ça dégénère, pensa-t-il, incapable de s'empêcher de pouffer de rire tant ça lui semblait absurde.
— Tu dis la moindre syllabe et je t'explose la cervelle, petit. Toi ! ajouta-t-il en relevant le menton en direction de Narsa. Tu tentes quoi que ce soit et je le bute.
— Ce ne serait pas si mal, dit Narsa d'un air détaché. (Elle leva les mains comme pour prouver qu'elle n'était pas armée, reprenant d'un ton plus doux :) Écoutez, je comprends qu'Egrim vous fasse chier, ça fait six mois que je l'endure au quotidien. Mais c'est un enfant, et il est juste idiot ! Il ne mérite pas de mourir. Tout ce qu'il est venu chercher ici, c'est un moyen de quitter le pays.
L'homme inclina la tête, étonné de l'information.
— Je peux savoir pourquoi des gamins comme vous vouliez quitter notre coin de paradis ?
Narsa pouffa de rire.
— Un coin de paradis, reprit-elle d'un ton moqueur. C'est relatif. Vous êtes en train de menacer d'un pistolet mon petit frère adoptif.
— Je ne suis pas ton...
L'homme enfonça plus profondément le canon de son arme dans les cheveux d'Egrim, l'obligeant à se taire.
— Donc... c'est ce que vous voulez. Profiter de la balade.
— Pas nous spécifiquement. C'est plutôt...
Narsa s'interrompit, étonné de ce qu'elle entendait. La voix d'Egrim s'était mise à résonner dans sa tête, comme un hurlement angoissé.
Ne parle pas de Leerian ! Ne mentionne pas son nom !
— Euh... ouais, fit-elle simplement. Oui, c'est ce qu'on veut.
Un sourire sadique apparut sur le visage de l'homme. Alors que ses deux collèges se réveillaient lentement, il tourna son arme vers la fée et tira, le bang explosant avec horreur dans les oreilles d'Egrim. Mais avant qu'il n'ait le temps de réagir d'une quelconque façon, l'homme avait déjà retourné son pistolet pour frapper l'elfe d'un puissant coup de crosse sur le crâne.
Narsa était touché. Egrimétait évanoui. Et Danayelle ne s'était toujours pas éveillée.
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Voilà. J'ai épuisé tout mon stock de chapitre d'avance. Maintenant, c'est plus trois jours entre les chapitres ; ils viendront quand ils seront prêts, tout simplement.
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