Chapitre 12
Un silence stupéfait accompagna cette déclaration. Tous dévisageaient Leerian qui, pour la première fois depuis très longtemps, avait la tête haute et un sourire carnassier. Il était confiant. Il savait ce qu'il voulait, et aucun de ses amis ne pourrait le faire revenir sur sa décision. Pas même Mishi.
— T'es devenu stupide, ou quoi ?! s'exclama Egrim. Quitter le pays ?! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu dis ?
— Toi, sur un autre pays, ajouta Danayelle. Un inconnu sur un territoire ennemi. Tu te ferais buter par le premier qui remarquerait ton accent.
— Je n'ai pas d'accent, répliqua Leerian.
Danayelle et Egrim échangèrent un regard perplexe. Tous deux semblaient penser à la même chose ; par ses six mois d'absence, ils avaient oublié à quel point Leerian savait se montrer stupide, quand il voulait. Maintenant, ils avaient la preuve qu'il n'avait pas changé.
— Non, mais voyez les faits ! reprit-il en se levant de sa chaise. Vous avez entendu la sirène dans la boîte ! Elle a dit que j'étais un meurtrier, que j'étais dangereux... et le pire, c'est qu'elle a bien raison ! Tout le monde a peur de moi. Peu importe où je vais... Stanmore, ou Celeyste... on va me traquer. N'importe quelles autres villes... je ne pourrais jamais me cacher. Je suis une saloperie de célébrité ! Comment voulez-vous que j'aille une vie tranquille, avec ça ?!
Cette fois, plus personne n'avait quelque chose à répondre. Leerian avait raison. S'il y avait bien un seul coin de Nyirdall où ses habitants se foutaient de l'actualité, c'était sur l'île Nocksor, et même là, il avait fait un scandale à sa dernière visite. Il n'y avait nulle part où il saurait trouver la paix... pas dans ce pays, du moins.
— Je trouve que ton raisonnement est logique, dit Mishi. Après tout, nous avons déjà parcouru une bonne partie de Nyirdall tous ensemble. Où serait le mal d'élargir nos horizons ?
— Quoi... tu viendrais avec moi ?
Mishi leva les yeux vers Leerian, rien qu'une seconde, avant de les baisser à nouveau sur ses genoux. Malgré tout ce qui avait été dit, elle avait toujours de la difficulté à savoir comment qualifier Leerian. Son ami ? Son ennemi ?... Son ex ?
Et pourtant... l'occasion était là. Elle ne l'avait pas dit, elle préférait garder l'information pour elle, mais... et si elle trouvait son père en chemin ? C'était bien ce que la pixie lui avait recommandé de faire ! Partir avec six amis !
Mishi soupira avant de lever à nouveau le regard. Elle compta Leerian, Egrim, Danayelle et Narsa. Quatre. Mais peut-être que nous ferrons des rencontres en cours de route.
— Ouais. Moi, je te suis.
— Oh, Mishi ! fit Leerian, la voix tremblante tant l'émotion lui coinçait la gorge. Si tu ne me détestais pas toujours autant, je t'aurais embrassé !
Tous les regards se tournèrent vers Mishi à cette déclaration. Mais celle-ci resta sagement assise sur son bout de divan, sans faire le moindre mouvement.
— Non, merci, dit-elle simplement.
Leerian ravala sa honte en s'installant à nouveau sur sa chaise. Ses joues étaient devenues rouges.
— Heum... est-ce que tu as un plan d'action ? demanda Danayelle dans un espoir de changer de sujet.
— Ouais. Je vais jusqu'au port, je saute dans un bateau et je me cache dans la cale.
Egrim pouffa de rire. Il posa une main sur sa bouche pour s'arrêter, mais Leerian l'avait déjà remarqué.
— Quoi ?
— Oh, désolé... mais je trouve ça un peu bancal. Comment crois-tu que tu vas faire tout ce chemin sans qu'on te voie en cours de route ? Surement pas en te déguisant.
Leerian eut un sourire de travers. Egrim fronça les sourcils ; il eut tout de suite un mauvais pressentiment.
— Et si tu me téléportais ?
— Ah ! Tous tes espoirs reposent sur moi, alors ?
— Ouais.
— Trop cool ! Tu peux compter sur moi.
Là-dessus, Narsa se leva furieusement de son coin. Les poings serrés et le visage rouge d'une colère à peine contenue, elle aurait presque pu être intimidante si ce n'était qu'elle atteignait tout juste un mètre. Elle pointa un doigt sur Egrim, qui soupira en roulant des yeux.
— Non ! hurla-t-elle en frappant le sol du talon de sa botte. C'est exactement le genre de chose stupide que Sin m'a chargé de t'empêcher de faire ! Il n'est pas question que tu aides un meurtrier à quitter le pays !
— Pourquoi pas ? répliqua Egrim en se redressant dans son fauteuil. Je n'ai jamais dit que je comptais partir avec lui ; seulement le faire grimper sur un bateau ! Sérieux, Narsa. J'ai déjà fait bien pire que ça.
— Ouais, et c'est pour ça que tu n'as plus de parents.
Egrim demeura bouche bée à la répartie. Il venait de se prendre un coup en plein cœur. Il sera les poings avec une furieuse envie de les écraser sur le joli minois de la fée, mais c'est par tous ceux qui le fixaient avec incompréhension qu'il y résista.
— Qu'est-ce qu'elle veut dire ? fit Danayelle avec méfiance. Est-ce que tout va bien pour toi, Egrim ?
Egrim lança un regard noir à Danayelle, qui eut un mouvement de recul devant tant de colère. Elle leva les mains en signe de soumission, et Egrim détourna la tête en soupirant.
— Oui, tout va bien pour moi, fit-il dans un grognement. Y'a que cette connasse de Narsa qui raconte n'importe quoi, comme d'habitude. (Il posa les yeux sur elle, une grimace de dégout déformant son visage.) Tu vois, c'est pour ce genre de commentaire que tu n'as pas d'ami. (Puis il se tourna à nouveau vers Danayelle :) Où sont les toilettes ?
Danayelle pointa un doigt vers le corridor. Egrim se leva et quitta la pièce sans plus attendre. Un silence nerveux accompagna son départ, alors que Leerian, Danayelle et Mishi se dévisageaient entre eux, tous perplexe.
— Ça va, Narsa ? demanda Mishi d'une voix douce.
— Oui. Ce n'est pas la première fois qu'il me montre ses poings, dit Narsa en reniflant de mépris. Mais ne vous en faites pas ; il jappe fort, mais c'est rare qu'il morde.
Mishi n'était pas totalement satisfaite de sa réponse. Rare impliquait tout de même qu'il s'était pris à Narsa à quelques reprises. Elle ne se rappelait pas avoir un jour vu Egrim en colère, si ce n'était la fois sur l'île déserte où il avait accusé Leerian d'être mythomane. Mais comment lui en vouloir ? Leerian avait bel et bien attiré un monstre légendaire à leurs fesses avec ses mensonges. Cette fois, pourtant... c'était différent.
— Il t'a déjà fait du mal ? insista Mishi dans un murmure.
— Bien sûr que non. Je suis plus forte que lui.
Mishi pinça les lèvres et se tourna vers Danayelle pour lui lancer un regard perplexe. Mais la blonde était tout autant dépassée que la sirène. Pour elle aussi, c'était une première de voir Egrim dans un tel état d'esprit.
— Il a besoin de vacances, reprit Narsa. C'est pour ça que nous sommes ici. Il voulait te voir, dit-elle en levant les yeux sur Danayelle. Ça lui a fait du bien. Il est resté tranquille une bonne partie de la journée. Mais c'était inévitable ; il fallait bien qu'il craque à un moment ou un autre.
— Oh, ça va, intervint Leerian. Arrêtez de parler dans son dos. À sa place, moi aussi, je serais énervé.
Les filles se turent et baissèrent la tête. Leerian avait raison ; c'était mal, ce qu'elles faisaient. Elles ne réussiraient qu'à renforcer la colère d'Egrim, si par malheur il les entendait depuis les toilettes.
— Peu importe ce qu'il a, ce n'est pas la peine de poser des questions, insista-t-il. S'il a envie de se confier, il le fera de lui-même.
— Tu parles en connaissance de cause ? répliqua Mishi.
— Oui.
Mishi leva les yeux au ciel, soupira exagérément fort, puis détourna la tête vers Danayelle. Celle-ci haussa innocemment les épaules, sans rien ajouter. Le silence dura plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'Egrim sorte à nouveau des toilettes pour reprendre place dans le fauteuil. Il observa longuement chacun de ses amis, puis se permit de souffler en avisant qu'aucun ne semblait le dévisager.
— Alors, Leerian, on s'y met quand ?
Leerian comprit tout de suite qu'il voulait parler du bateau. Il lança un regard vers Narsa qui, pourtant, ne disait plus rien.
— Ce soir, pourquoi pas ?
— Donc, comment fait-on pour te faire quitter la ville incognito ? ajouta Danayelle.
Leerian eut un coup au cœur en levant les yeux vers Danayelle. Elle avait dit « on » ! Elle s'incrustait dans le voyage, elle aussi ! Ou au moins, une partie. Leerian eut un large sourire, avant qu'il ne s'affaisse à nouveau.
— Je n'en sais rien, avoua-t-il platement.
— Aussitôt sortie de chez moi, il y a toutes les chances que les trolls nous tombent dessus.
Leerian serra sa poigne sur le manche de son épée. Il avait une mauvaise expérience, avec les trolls.
— Non, s'exclama Mishi qui l'avait remarqué. Tu ne vas pas tuer des trolls policiers !
— Je n'ai jamais dit que c'était ce que je comptais faire !
Mishi fit un mouvement de sourcil explicite. Leerian baissa les yeux en rougissant, puis se força à lâcher son épée.
— Egrim, fit Danayelle en se tournant vers lui. Tu connais des sortilèges qui pourraient nous être utiles ?
— Beaucoup, oui ! Mais aucun que je ne maitrise vraiment.
— Ça n'aide pas beaucoup, ça...
— Eh, j'aimerais bien te voir, à ma place ! s'emporta-t-il en se redressant. Il t'a fallu au-dessus d'un an pour maitriser ton seul don ! Et moi, j'ai tout à apprendre, OK ?!
— Oh, ça va ! s'exclama Danayelle. Je n'étais pas en train de te juger !
Egrim prit une grande inspiration, s'efforçant de se calmer. Mais c'était difficile ; la remarque de Narsa continuait de tourner en boucle dans sa tête. Pourtant, il avait conscience d'être ridicule. C'était plus fort que lui ; ses parents étaient encore, malgré les six mois passés depuis l'élèvement, un sujet sensible.
— Je suis désolé, fit Egrim après quelques secondes de silence. Je sais, j'ai l'air d'un con...
— Non, intervint Leerian. Ça va, Egrim. On comprend qu'il y a un truc qui te tracasse, mais on ne t'embêtera pas là-dessus. Ce ne sont pas nos oignons.
Egrim leva les yeux vers Leerian, puis lui fit un faible sourire et un hochement de tête. Lui, il savait ce que ça faisait, d'avoir un secret. C'était à la fois un avantage, mais surtout un inconvénient, car justement... Leerian savait qu'il cachait un secret. Il avait de l'expérience sur le sujet.
— Bon, je crois qu'on ne pourra pas faire mieux, en matière de planification, fit Leerian. On va prendre le reste de la journée mollo, on se couchera tôt... et ce soir, on part ! Enfin, qui de vous êtes d'accord pour venir avec moi. Je ne force personne... sauf toi, dit-il en levant les yeux vers Egrim. J'ai besoin de ton don de téléportation. Mais je te laisse tranquille, après.
— Pas de problème.
Egrim lança un regard provocateur vers Narsa, qui détourna la tête en bougonnant.
— Moi, je te suis jusqu'au bout, dit Danayelle. Simplement parce que c'est un juste retour des choses, après tout ce que tu as fait pour moi !
— Et moi... j'ai envie de partir, fit Mishi d'un banal haussement d'épaules. Là où ailleurs...
— Et moi, c'est pour surveiller ce crétin, dit Narsa, ses yeux verts rivés dans ceux, glacial, d'Egrim.
Leerian se leva de sa chaise d'un bond, s'efforçant de contenir sa joie. Mais il était incapable de se débarrasser du sourire idiot qu'il avait sur le visage.
— Alors, c'est parfait ! Et dis, Danayelle... tu n'aurais pas un truc à grignoter ?
Danayelle eut un rire tendre alors qu'elle se dirigeait vers la cuisine, Leerian sur ses talons. Elle s'avança jusqu'au frigo et en ouvrit la porte, pendant que Leerian, pratiquement collé contre elle, observait l'électroménager d'un air interrogateur. Il s'enfonça même une main à l'intérieur, s'étonnant de la température froide qui s'en dégageait. Danayelle due se retenir de se moquer, puis en sortit un paquet de fraises qu'elle lui tendit.
— Tu sais, maintenant que je te regarde bien en face, je remarque que tu as un peu grandi.
— Tu trouves ? fit Leerian en mordant dans une baie. Mmm, elles sont délicieuses. Comment ça se fait qu'elles soient si bonnes en hiver ?
— Magie, dit Danayelle d'un ton plein de mystère.
— Ah, je vois ! Chez moi, à Celeyste, j'avais un pommier magique. Il me donnait de grosses pommes bien juteuses toute l'année !
Danayelle pouffa de rire. En réalité, ces fraises venaient d'une serre tout à fait ordinaire, mais à quoi bon s'efforcer de lui expliquer ?
Danayelle se retourna dans l'intention d'aller au salon, mais Leerian posa une main sur son bras pour l'arrêter. Il se pencha ensuite à son oreille et murmura, soufflant une odeur de fruits sur la blonde.
— Je n'avais pas tant faim que ça, en réalité. J'avais besoin de te parler seul à seul.
Danayelle leva les yeux vers Leerian. Celui-ci baissa les siens.
— Je voulais juste te dire merci encore une fois.
— C'est Egrim qui t'a sortie de la tour. Pas moi.
— Mais lui ne savait pas pourquoi j'y étais, donc... je n'ai pas l'impression que ça compte. Mais toi... Sois tu es une sacrée bonne menteuse, soit tu ne m'en veux même pas d'avoir failli te tuer ! Tu m'as vraiment tout pardonné. Et ça, c'est... Wow... Ça fait du bien, tu ne peux pas imaginer. Pendant six mois, j'ai cru que j'allais devoir passer le reste de ma vie dans cette tour, et... je te jure... (Leerian soupira, puis détourna le regard, honteux.) L'idée de mourir se faisait de plus en plus séduisante.
Danayelle eut un coup au cœur à cette révélation. Sans réfléchir, elle le prit dans ses bras avec assez de force pour l'étouffer.
— Non, Leerian ! Ne pense surtout pas ça. Tu as plein d'amis qui t'aiment, OK ? Et personne ne t'a abandonné. C'est juste que nous avons tous dû reprendre nos vies... Ça fait à peine une semaine que je suis revenu de l'Institut. Et je suis sorti de la bonne façon, cette fois ! dit-elle en tapotant le badge épinglé au-dessus de sa poitrine. J'avais l'intention de te rendre visite, mais... bon sang, les djinns me font peur, avoua-t-elle dans un murmure coupable. Et puis, tu as vu ? Egrim, il trouve cool que tu sois un loup-garou ! Et même Mishi, elle t'a pardonné !
— Mishi ne m'a pas pardonné, fit Leerian d'une voix morne. Je crois plutôt qu'elle profite de la situation.
Danayelle inclina la tête, intriguée. Leerian soupira.
— Je suis doué pour déceler les mensonges. Elle cache quelque chose... et Egrim aussi. Mais qui suis-je pour tenter de percer le mystère ? Je n'ai même pas envie de savoir. Je vous ai tous tellement menti... c'est un juste retour des choses que tout le monde me ment.
Cette fois, Danayelle ne trouva rien à répondre. Elle aussi, elle avait remarqué que Mishi, et surtout Egrim, agissaient de façon étrange.
— Moi, je ne te mens pas.
— Je sais. Et c'est pour ça que je tenais à te dire merci encore une fois.
Leerian prit Danayelle dans ses bras pour une dernière accolade. Puis il pouffa de rire en se reculant, ses mains toujours sur les épaules de la blonde.
— C'est vrai que j'ai grandi. On est presque la même taille, maintenant.
— Je suis encore plus grande que toi, répliqua Danayelle d'un air sournois.
Un bruit soudain fit sursauter les deux amis, qui s'éloignèrent l'un de l'autre dans un bond. Droit devant, au bout de l'appartement, la porte d'entrée venait de s'ouvrir sur une elfe aux cheveux aussi blonds que ceux de Danayelle, remontés en une queue de cheval. Elle portait un tailleur professionnel et un sac à main au coude. Elle figea en avisant les jeunes qui l'observaient, puis ses yeux s'écarquillèrent en remarquant Leerian. Celui-ci réagit au quart de tour ; il s'accroupit pour se cacher derrière l'îlot central, si rapidement qu'il se cogna le front contre la poignée d'un tiroir.
— Danayelle ! s'écria la nouvelle venue.
— Maman ! Euh... ce n'est pas ce que tu crois.
Pour son malheur, Mishi, Egrim et Narsa, intrigué par ce raffut, apparurent à leur tour dans l'embrasure du salon. L'adulte dévisagea un instant tous ses jeunes qui l'observaient en retour, son teint devenant étrangement rouge. Puis elle s'avança à grands pas vers la cuisine, ses talons hauts claquant avec force sur le carrelage. En tournant au coin de l'îlot, elle vit Leerian assis au sol, l'air profondément stupide en espérant se cacher là. Il eut un sourire timide, puis fit un salut de la main.
— Pourquoi le roi Celeyste est dans ma cuisine ?!
Tout le monde eut un grincement de dents en entendant le surnom. Leerian dut prendre sur lui pour ne rien répliquer de méchant.
— Il est recherché dans toute la ville ! Et il est dans ma cuisine ?! Ah, j'aurais dû m'en douter ! J'appelle les flics !
Elle plongea la main dans son sac pour en ressortir un téléphone, mais Danayelle le lui arracha par sa télékinésie pour le poser à plat sur le comptoir.
— Non, maman ! s'indigna-t-elle, la voix montant dans les aigües.
— Tu caches un meurtrier !
— C'est à cause de moi, s'il est considéré de la sorte ! Alors, oui, je vais l'aider !
Sa mère fut bouche bée par la répartie. Danayelle lui avait déjà raconté l'histoire sans omettre aucun détail ; elle savait que ces trolls étaient aux trousses de sa fille, elle savait que Leerian avait agi en conséquence. Mais elle n'y pouvait rien, il restait un meurtrier. Elle posa ses mains sur son visage, souffla un coup, puis reporta son attention sur Danayelle, puis Leerian qui se relevait lentement, et même les trois autres coincés dans l'embrassure du salon.
— Vous n'étiez pas en train de comploter quelque chose, au moins ?
— Non, fit Danayelle avec sérieux. Ils sont que de passages.
Leerian lui lança un regard de côté. Ils étaient totalement en train de comploter. Il espérait que la mère de Danayelle n'avait pas son talent pour déceler les mensonges. Celle-ci soupira encore une fois, puis se tourna vers Leerian.
— Très bien, reste pour la nuit. Demain, si t'es encore là, j'appellerai les flics.
— Oui, madame, fit Leerian avec sérieux. Mais c'est quoi, des flics ?
— Elle parle des policiers, dit Danayelle. Et merci, maman ! Demain matin, promis, ils seront tous partis !
— Et une dernière chose ! Je ne veux pas que ce garçon dorme dans ton lit. Ou j'appellerais vraiment les flics.
Danayelle grimaça ; Leerian pouffa de rire. Et Mishi, quelques mètres derrières, grogna entre ses dents. Tous les regards se tournèrent vers elle, qui avait oublié qu'elle était entourée d'elfes à l'ouïe fine.
Leerian ne laissa rien paraître, mais il était heureux de sa réaction. Elle est jalouse ! Peut-être qu'elle m'aime encore !
— Venez, dit Danayelle en levant le nez d'un air supérieur. On va dans ma chambre... mais pas sur mon lit. Pour se ressasser le bon vieux temps, avant que nos chemins ne se séparent encore une fois.
Puis elle tourna le dos à sa mère et fit un gros clin d'œil, sans la moindre subtilité. Elle retrouva son sérieux en se mettant droite et alla vers sa chambre, à l'autre bout de l'appartement. Leerian, Mishi, Narsa et Egrim, à la queue leu leu derrière la blonde, durent tous passer devant sa mère qui les regardait d'un air impérieux. Elle observa plus longuement le dragon juché sur les épaules du dernier, soupira en levant les yeux au ciel, puis pigea une bouteille de vin blanc dans son frigo.
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