Chapitre 29
Sin venait tout juste de montrer leur chambre à Danayelle et Egrim ; les deux jeunes s'étaient enfermés dans leur pièce après s'être souhaité bonne nuit. Le mage avait redescendu les escaliers pour retourner au salon, empruntant cette fois une porte qui formait un passage sous le même escalier qui le mena à une petite cuisine. Il n'y avait aucun électroménager, comme on aurait pu s'en douter d'un endroit ne contenant aucune électricité d'aucune sorte. Il n'y avait que des comptoirs et des étagères, avec des bols de différents fruits ou légumes éparpillés un peu partout. Mais Sin n'avait pas faim, au contraire ; il s'avança vers un tonneau, mit une choppe de bois près du bec et tira dessus pour en sortir une bière de couleur dorée. Il renifla un moment l'odeur à la fois sucrée et amère de l'alcool, puis but la moitié de son verre en une seule gorgée. Il grimaça ; c'était trop chaud. Il prononça alors, à mi-voix, la formule « fregum ». Une vapeur froide s'éleva soudain, et le mage engloutit tout ce qu'il restait au fond de sa chope.
— C'était une longue journée, murmura-t-il pour lui-même. Vivement qu'elle soit terminée...
Il se coula un autre verre, mais se redressa ensuite en entendant le bruit le plus agaçant de l'univers ; quelqu'un cogner à sa porte. Sin grogna en portant une main à son front, mais sa mauvaise humeur s'apaisa en reconnaissant le mot de passe que seule Narsa connaissait. Il posa sa chope sur l'îlot au milieu de la petite pièce et lança un « fregum ! » sans regarder ce qu'il faisait, tournant déjà les talons pour quitter la cuisine. La plante verte, juste à côté de la chope, se couvrit de givre et perdit quelques feuilles, dont l'une qui tomba dans sa bière.
Sin se précipita au salon, dit la formule pour faire apparaitre le passage dissimulé par sa bibliothèque, et arriva dans sa boutique pour ouvrir la porte. Il y trouva Narsa, suivie de près par Mishi et un autre elfe qu'il n'avait pas encore rencontré. Celui-ci semblait un peu à côté de la plaque, ses yeux d'or encerclés d'énormes cernes et son regard orienté dans le vide.
— Bonsoir, dit Sin en se décalant pour les laisser entrer.
Narsa, Mishi et Leerian s'aventurèrent dans la boutique. Sin les conduisit jusqu'au salon, refermant les bibliothèques derrière eux.
— Un passage secret ? fit Mishi, entrainant Leerian avec elle. C'est vraiment cool.
Sin eut un petit sourire modeste, puis fit signe à ses invités de s'installer dans les mêmes fauteuils autrefois occupé par Danayelle et Egrim. Narsa s'envola pour s'asseoir directement sur les épaules de Sin, comme une pixie géante et très encombrante. Le mage soupira, mais préféra ne faire aucun commentaire.
— Alors ? Je peux vous aider ?
— Si tu lis dans mes pensées, je te tue !
Sin souleva un sourcil en braquant son regard dans celui de Leerian. Rien que pour ce manque flagrant de respect, il avait envie de lui retourner le cerveau complètement. Heureusement pour Leerian, ce n'était pas son genre.
— Demande poliment, et peut-être que je ne le ferais pas.
— S'il te plait, Leerian ! s'exclama Mishi en lui balançant une claque sur le bras. La ferme et laisse-moi parler... (Elle se tourna à nouveau vers le mage avec un sourire d'excuse.) Il est à cran. Il a... fait un mauvais rêve ?
— C'est le cas de le dire, il m'a menacée avec une épée, fit Narsa.
— Il a quoi ?! s'exclama Sin en se levant d'un bond, la fée toujours accrochée à ses épaules. Tu as menacé ma petite fille ?!
Mishi ouvrit bêtement la bouche, étonné de la nouvelle information. Mais l'attention générale était sur Leerian, somnolent dans son fauteuil.
— Désolé, fit-il simplement.
Sin soupira pour tenter de se calmer. Il s'assit à nouveau, tous ses efforts à décrypter le visage fatigué de l'elfe en face de lui. Il avait l'air vraiment épuisé. Je ne suis peut-être pas le seul à avoir passé une longue journée.
— Il a fait un mauvais rêve, dit Mishi. Il a complètement paniqué quand je l'ai réveillé. Ce n'était rien de personnel. Est-ce que vous pouvez le soigner ?
— Soigner un mauvais rêve ? répéta bêtement Sin. Qu'il aille dormir, c'est tout ce qu'il a à faire.
— Oui, mais... et s'il faisait encore ce... cauchemar ?
Sin soupira en passant ses mains sur son visage. Pourquoi on me demande toujours de faire des trucs aussi stupides ? J'ai besoin de vacance !
— Obamescr !
Leerian eut un hoquet de surprise, ses yeux se révulsèrent et il s'effondra dans son fauteuil. Mishi sursauta et se mit aussitôt à le secouer.
— Leerian ?
— Il dort ! fit Sin en écartant les bras, comme pour présenter un tour de magie. Et tu as bien intérêt à le laisser tranquille au moins jusqu'à demain midi.
Mishi rougit en s'éloignant de son petit elfe. Elle ne s'était pas attendue à ça en demandant de l'aide.
— Vous devriez tous aller vous coucher, il est tard. Toi aussi, Narsa. Venez, je vais vous montrer vos chambres... Irtas.
Leerian s'éleva au-dessus de son fauteuil, comme flottant sur un nuage invisible. Il eut un petit ronflement, mais il dormait toujours à poings fermés.
— Mais, Sin, fit Narsa en passant ses bras autour du cou du mage. Il n'y a plus qu'une seule chambre invitée qui n'est pas occupée. Et ils sont deux.
— Ah, qu'importe ! grommela Sin. Ils la partageront.
Sin tourna les talons, s'engageant déjà dans les escaliers. Narsa s'envola pour aller se poser directement sur le deuxième plancher, disparaissant derrière une porte. Mishi rougit sévèrement, mais suivit le mage qui l'entraina jusqu'à une chambre. À l'intérieur, il y avait un grand lit, des meubles, et une fenêtre présentant une petite ruelle de la ville. Tout en s'avançant dans la pièce sombre, une bougie s'alluma sur la table de chevet, faisant sursauter la sirène. Elle se retourna vers Sin, debout dans l'embrasure, alors que le corps inconscient de Leerian flottait vers le matelas avec lenteur.
— La bougie... vous n'avez pas prononcé de formule, s'étonna Mishi.
— Le feu, c'est mon don. Je n'en ai pas besoin. Bonne nuit !
Le mage claqua la porte, enfermant les deux jeunes dans la pièce. Leerian était étendu dans le lit, à peine éclairé par la petite lueur de la flamme, projetant des ombres sur son visage. La sirène soupira platement, s'approcha de l'elfe pour retirer sa ceinture et son fourreau contenant l'épée, et la posa sur une chaise un peu plus loin. Il valait mieux éviter de subir le même réveille que tout à l'heure. Puis elle remonta les épaisses couvertures sur ses épaules.
— J'aimerais tant savoir ce qui se passe dans ta tête, murmura Mishi, une main dans ses cheveux d'argent. Je sais que tu me caches des choses...
Elle soupira à nouveau, puis se glissa à son tour sous les draps, le regard rivé au plafond.
— Bonne nuit, Leerian...
Puis elle ferma les yeux, plongeant aussitôt dans un sommeil sans rêves.
*
Quatorze heures plus tard, Leerian se réveilla enfin. Seul dans un grand matelas douillet, beaucoup trop douillet pour quelqu'un qui n'avait connu que des lits de paille. Il se leva d'un bond avec la sensation de tomber, posant ses pieds nus sur le sol en tapis beige. Un peu perdu, il regarda longuement autour de lui... et un large sourire illumina son visage en avisant son épée, de travers sur une chaise au coin de la pièce. Il se précipita pour passer la ceinture du fourreau à sa taille en soupirant d'aise... puis en grimaçant de honte. La journée d'hier avait été terrible sur tous les points de vue.
Le tissu blanc de la taie d'oreiller était toujours enroulé autour de la garde. Leerian sortit de la chambre et s'arrêta un instant derrière la porte, se souvenant enfin où il était exactement. Au-delà de la ridelle de fer devant lui, il apercevait le salon du mage. Ovale, encerclé d'escalier, quelques fauteuils de cuir et des tables basses, des socles contenant des artéfacts étranges et des livres à ne plus savoir quoi en faire.
On dirait l'un des nombreux petits salons du château de Celeyste, pensa Leerian avec amertume. La végétation et les rongeurs en moins.
En plus de mille ans, évidemment, la nature avait repris ses droits sur le manoir caché quelque part dans sa forêt natale. Pour ce que Leerian en avait vu, une seule fois quand il était enfant, il avait trouvé ça plutôt désolant. Ce salon-ci avait déjà plus de gueule que ce qui restait de son héritage.
— Hé, il y a quelqu'un ?!
Sa voix se répercuta en écho dans la grande pièce, sans réponse... puis un appel d'air lui donna un frisson désagréable dans le dos. Il sursauta en pivotant sur la gauche. Egrim était là, un sourire poli au visage.
— Salut ! Enfin réveillé ? Tu te rends compte que tu as dormi pendant quatorze heures ?!
— Salut... tant que ça ?
— Mais je crois que t'en avais besoin, hein. On n'a pas osé te déranger. Les autres sont tous en cuisine. Je t'y conduis ?
Il tendit la main, comme pour l'inviter à danser. Leerian y posa la sienne à regret et, le temps d'un battement de cœur, le décor autour de lui avait complètement changé. Il était maintenant dans une petite cuisine, semblant minuscule par tant de gens qui y était présent. Sur chaque meuble, il y avait des bols de fruits ou légumes différents. Une fée était grimpée sur une armoire, les jambes croisées et mangeant des céréales. Danayelle était à l'opposé de la pièce, grignotant des feuilles de laitues. Mishi, assise sur le comptoir et les pieds dans l'évier empli d'eau, était la seule qui ne mangeait rien.
— Leerian ! s'exclama-t-elle avec un grand sourire. Tu te sens mieux ?
Leerian rougit à la simple question. Oui, il se sentait mieux, il se sentait même parfaitement bien. Physiquement, du moins. Il dévisagea un instant chaque présent dans la pièce, avant de baisser la tête d'un air piteux.
— J'ai des excuses à vous faire. Hier, j'étais complètement à côté de la plaque. J'ai dû laisser une terrible mauvaise impression, dit-il en levant les yeux vers Egrim, debout près de lui. Tu m'as vu en colère et... je te jure que ça n'arrive pas souvent ! Et toi... la fée. Désolé, je ne connais pas ton nom... je t'ai carrément menacé avec mon épée, comme si j'étais en pleine psychose. Mais vraiment, j'avais eu une longue... très longue journée, et j'étais à bout de force.
— Je te pardonne, dit Egrim.
Leerian lui fit un sourire reconnaissant. Puis se tourna vers la fée, qui ne s'était pas prononcée. Elle mangeait toujours ses céréales, du lait dégoutant sur son menton, ses yeux verts plantés comme des couteaux dans ceux de Leerian.
— Je n'ai pas envie de te pardonner.
— Oh, essaie donc de voir plus loin que le bout de ton minuscule nez ! s'enflamma Mishi. Il avait eu une journée de chiotte, et en plus, tout a commencé par ma faute. Tout a dégénéré à partir du moment où je l'ai ensorcelé – et je n'avais pas fait exprès, je tiens à le préciser, encore une foutue fois !
Narsa demeura étonnée à l'information. Pour ce qu'elle en savait, se faire ensorceler par une sirène était à la fois le rêve et le pire des pires cauchemars des mâles. Un procédé surtout utilisé par les sauvages, pour violer et dévorer leurs proies.
La fée frissonna en reportant son attention à l'elfe aux cheveux d'argent. Elle comprenait un peu mieux, maintenant.
— OK... je vais te pardonner, je suppose.
— Merci, soupira Leerian.
Il fit un pas pour s'avancer dans la pièce, s'appuyant contre l'îlot central, et tira vers lui un bol de raisins. Il était affamé ; il ne se souvenait pas avoir mangé la moindre baie tout au long de la journée d'hier. Le silence plana un instant dans la cuisine, pendant que tout le monde grignotait, sauf Mishi.
— Où est-ce qu'on est, au fait ? demanda Leerian après avoir ingurgité près de la moitié des raisins.
— Chez le mage, dit Danayelle. Mais là, il est dans sa petite boutique avec ses clients. Il a dit qu'on pouvait se servir...
— Le mage, répéta lentement Leerian. Est-ce que ça veut dire que le voyage est terminé ? Tu as eu ce que tu cherchais ?
Danayelle pouffa d'un rire acerbe tout en croquant rageusement dans sa feuille de laitue.
— Non. La quête continue. Il faut remonter tout au nord-est du pays, vers les îles Maras.
— Laquelle exactement ? fit Egrim d'un ton faussement innocent.
— Ta gueule, Outré.
Celui-ci haussa les épaules, mine de rien. Il préférait ne pas attiser sa colère dans un lieu clos et sans mage à l'entour pour l'empêcher de tuer quelqu'un.
Leerian soupira dramatiquement, les coudes sur l'îlot et le visage dans les mains.
— C'est sérieux ? Il faut faire tout ce chemin ? Ah... non, ce sera sans moi.
— Oh, pitié, Leerian ! s'exclama Mishi en sautant en bas du comptoir, rependant une grande flaque autour d'elle. Les îles Maras, c'est le paradis ! et la mer, l'eau chaude... ! Allez, s'il te plait !
Danayelle eut un sourire fier pour la sirène, dissimulé derrière sa feuille de laitue. Continue, il va craquer !
— Mais c'est tellement loin, gémit Leerian. Combien de temps ça va nous prendre pour y parvenir ?
— Il ne nous aura fallu que cinq jours pour parcourir la distance entre Celeyste et Wondor, tout en trainant Danayelle et son pied cassé ! De Wondor à Maras, c'est à peine plus loin !
— C'est deux fois plus loin, précisa Egrim.
— Ta gueule, Outré ! s'exclama Mishi.
— Eh ! Encore une autre qui s'y met ?!
— Pourquoi on t'appelle « Outré » ? dit Leerian tout en se tournant pour le dévisager.
— Non, mais regarde-le, fit Danayelle d'un ton évident. Il est tout le temps l'air outré.
Egrim serra les poings, frustré de se faire rabaisser par la blonde. Il avait les sourcils froncés et la bouche bêtement entrouverte.
Leerian pouffa de rire.
— C'est vrai.
Egrim grogna rageusement en croisant les bras et s'appuyant contre le mur derrière lui, se coupant de la conversation qui n'était pas à son avantage. Ce qui ne réussit qu'à faire rire plus fort tous les autres présents dans la petite pièce, même Narsa qui passa près de s'étouffer avec ses céréales.
— Alors, Leerian ? fit Mishi après que tout le monde eut retrouvé sont sérieux. T'es partant ?
— Oh, je ne sais pas... grommela Leerian d'un air dramatique. C'est encore un long voyage... Deux fois plus long que cinq jours, ça en fait dix !
— Wow, quelle prouesse de mathématique ! fit Danayelle d'un ton sarcastique. Et il n'est même pas allé à l'école, le mec. Je peux savoir pourquoi c'est toujours le temps qui t'inquiète ? T'es jeune, tu as la vie devant toi ! Tu as encore un minimum de deux-cents ans à vivre ; relax ! Et viens à Maras avec nous !
— Ouais, allez ! renchérit Mishi en sautillant.
— On longera la côte. Ce sera comme des vacances !
— Ouaiiiis !
— Et on aura la paix, puisque tu as parlé avec les trolls. Plus personne ne nous mettra des bâtons dans les roues. On est libres !
— Euh, ouais...
Danayelle plissa les yeux tout en se tournant pour faire face à la sirène.
— Ton dernier « ouais » manque étrangement d'entrain.
Mishi rougit sévèrement en détournant la tête, évitant le regard insistant de la blonde. Leerian haussa un sourcil, intrigué de ce changement de sujet. Même Egrim s'était arrêté de bouder pour mieux prêter attention à ce qui se passait.
— Est-ce que tu nous caches quelque chose ? demanda Danayelle tout en posant ses mains sur ses hanches.
— Euh, non, pas que je vous « cache » des choses, fit Mishi en mimant les guillemets. J'avoue que... oui, en fait, mais...
— Oh, ça va, s'exclama Leerian en frappant l'îlot de son poing, faisant sursauter tout le monde. Mishi n'est pas obligé de parler si elle n'en a pas envie.
— C'est sûr que tu vas la défendre, toi qui prônes les mensonges, répliqua Danayelle.
Leerian demeura bouche bée, son visage prenant une teinte livide. Ce fut au tour d'Egrim d'intervenir.
— Leerian n'est pas un menteur ! Ce n'est pas sa faute s'il est un Celeyste et qu'il ne veut pas que ça se sache !
Narsa recracha son lait par le nez à l'entente du nom royal.
— Quoi ?! Arg, qui lui a dit ça ?! s'exclama Leerian en dévisageant les filles.
— Ce n'est pas la question ! fit Danayelle. Je veux savoir ce que Mishi nous cache !
— Oh, bon sang, la ferme ! s'énerva Mishi. J'avais l'intention de te le dire plus tard, quand on ne sera plus à Wondor ! Tu es un danger public, Dana ! Si je te donne une mauvaise nouvelle, tu vas tout faire péter !
Ce fut au tour de Danayelle de demeurer bouche bée. Parce qu'elle en avait conscience ; son amie disait vrai.
— OK... tu as raison, soupira Danayelle. Tu le diras plus tard, alors...
— C'était justement mon intention, répliqua Mishi.
Un nouveau silence s'infiltra dans le groupe. Leerian et Egrim se dévisageaient d'un air coupable, alors que les filles regardaient toutes dans des directions opposées.
— Sinon... reprit Mishi après un moment. Tu vas venir, Leerian ?
Celui-ci soupira en levant les yeux au ciel, comme pour prier les djinns de lui donner la patience. Enfin, il se redressa et baissa la tête pour fixer Mishi avec sérieux.
— Qu'est-ce que je ferais sans toi... évidemment que je te suis.
Mishi poussa un cri de joie si aigüe que les trois elfes firent la même grimace tous en même temps. La sirène contourna l'îlot en sautillant et prit Leerian fort dans ses bras. Il pouffa de rire en la serrant à son tour, puis rougit en avisant que tous les autres les regardaient avec des airs étranges.
— Je vais vous suivre aussi, signala Egrim pour briser le moment embarrassant. Mais rien que pour une partie de la route. Je dois retourner à Stanmore.
— On te fera une place dans la bande, dit Danayelle. Mais vraiment une petite.
— Alors ? Quand est-ce qu'on part ? intervint Mishi, excitée comme une puce.
— Aujourd'hui ? proposa Leerian, ne voulant pas perdre de temps.
— Demain ? lança Egrim qui, au contraire, n'était pas pressé de rentrer à la maison.
— À la nuit tombée ? fit cette fois Mishi.
— La nuit ? s'étonna Danayelle. Pourquoi ?
— Eh bien... Ça fait partie des choses que je te dirais plus tard.
Danayelle soupira en roulant des yeux. Elle trouvait ce mystère particulièrement lassant.
— Bon, ça me fait plus de temps pour visiter Wondor...
— Non, fit aussitôt Mishi. On reste ici... caché.
— Caché de qui ? s'étonna cette fois Leerian, envisageant déjà le pire.
— Je le dirais quand le mage sera là ! Pas avant !
Narsa eut un petit rire, attirant tous les regards sur elle. La fée se faisait oublier dans son coin, assise sur le comptoir tout en buvant le lait dans le fond de son bol de céréales.
— Vous allez attendre longtemps. Il a beaucoup de clients.
Au même moment qu'elle prononçait ses mots, un bruit capta l'attention du groupe. Tous pivotèrent vers la porte qui reliait la petite cuisine au grand salon. Celle-ci s'ouvrit d'elle-même, présentant le mage qui s'approchait à grands pas, le chaticorne sur ses talons.
Il n'avait pas l'air content du tout.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top