Chapitre 24 (2/2)

La fée se retourna pour marcher dans la foule. Danayelle, Egrim et Mishi se précipitèrent derrière elle.

Mishi avait du mal à suivre son groupe. Elle était derrière Egrim et Danayelle qui se soutenaient l'un sur l'autre, et leur lenteur permettait à Mishi de regarder partout. Elle voyait ces habitations et ces boutiques, toutes construites en terre cuite ou en brique rouge, procurant une teinte chaleureuse au paysage. Les vitrines démontraient parfois des vêtements, parfois des bijoux, parfois des livres. Mishi en remarqua même une qui exposait des chaudrons, des balais et des crapauds en cage.

Quand Mishi reporta son attention devant elle, ses amis étaient déjà loin. Ce ne fut que grâce à un petit bout de la chevelure blonde de Danayelle, aperçu au loin, qu'elle ne fut pas perdue.

En rattrapant Danayelle, Egrim et la fée, elles les trouvèrent tous au pied d'une autre boutique, mais celle-ci n'avait pas de vitrine. C'était une simple maison avec un panneau devant la porte où il était inscrit « besoin de magie ? Prenez un numéro ». En dessous, un distributeur de numéro indiquait « 74 ». Et encore plus bas, un chiffre au crayon était écrit sur un tableau noir. 21.

— Vingt-et-un ? répéta Danayelle, incrédule. Il fait passer les gens par numéro, ton mage ?

— Il est très demandé et c'est comme ça qu'il réussit à avoir un peu d'ordre, expliqua la fée. Et c'est moins ennuyant que faire la file. Oh, ne vous inquiétez pas ! continua-t-elle en avisant la mine déçue de Danayelle. Je le connais bien, c'est mon ami. Il me fera passer d'abord.

La fée cogna à la porte de son poing, dans une combinaison complexe de « toc, toc » qui fit pouffer de rire Egrim. La fée se retourna pour lui faire un regard noir, mais la porte s'ouvrit avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit. Devant eux, un très grand elfe les observait. Danayelle, Egrim et Mishi déglutirent tous en même temps, impressionnés. Il faisait bien deux mètres cinquante, il était vêtu comme un homme d'affaire en veston cravate, et ses cheveux, peignés de côté, étaient aussi sombres que ceux de Mishi. Une couleur très rare pour les elfes qui étaient toujours dans les teintes pâles. Il avait le visage sérieux, à la limite du lunatique, et Egrim détourna aussitôt le regard, parfaitement conscient de ce que cela signifiait.

Il est en train de lire dans mes pensées oh merde il ne faut pas que je pense au fait que j'ai volé une voiture ni à Leerian il ne faut pas qu'il sache que c'est un Celeyste enfin je crois, est-ce que ça dérange quelque chose s'il le sait ? Oui, Leerian ne sera pas content et je ne veux pas qu'il pète encore une crise comme ce matin ! Et les trolls, et Muglow ? Qu'est-ce qu'il ferait avec ses informations ? Oh merde je ne veux pas qu'il lise dans mes pensées. Comment on fait pour s'empêcher de penser ? Je ne peux pas arrêter de penser !

Soudain, le mage explosa de rire, se soutenant au chambranle de la porte d'une main et l'autre serré autour de son ventre. Un véritable fou rire comme on en voyait rarement. Danayelle, Egrim et Mishi se lancèrent des regards en coin, tous nerveux, alors que la fée s'était faufilée pour entrer dans la maison.

— Oh ! fit le mage en essuyant une larme qui avait coulé au coin de son œil. Désolé de l'accueil. Je n'avais jamais entendu un esprit aussi compliqué que le tien ! dit-il en levant un doigt vers Egrim qui rougit instantanément de honte. Ne t'inquiète pas, tu pensais si vite que je n'ai rien compris du tout.

Il se retourna pour regarder derrière lui, cherchant la fée qui s'était assise dans un coin. Elle avait un bol de fruits sur les genoux, grignotant des fraises avec innocence.

— Pourquoi tu les as emmenés ici, Narsa ?

— J'avais envie de les aider. Tu vois, celle aux cheveux noirs, c'est une sirène !

Mishi rougit alors que le mage reportait son attention sur elle. Il éclata à nouveau de rire pendant qu'il observait avec intérêt les écailles violettes sur la peau de Mishi.

— Excusez-la, Narsa n'a pas beaucoup voyagé.

— Eh bien, moi non plus, fit Mishi. Je n'avais jamais vu de fée avant aujourd'hui ! Ni de mage, d'ailleurs.

Le sourire de celui-ci s'élargit encore un peu plus. Décidément, il était quelqu'un de très jovial.

— Bienvenue chez moi, alors. Je m'appelle Sindruid, mais appelez-moi Sin.

— Hé ! Et moi ?!

Tous se retournèrent vers la voix qui s'était élevée depuis un coin de la pièce. Assise sur un lit aux couvertures blanches, une vieille femme qui devait bien avoir plus de cent ans, la peau toute fripée et ses cheveux gris frisotés allant dans toutes les directions. Elle semblait à la fois sur le point de mourir, et prête à danser la gigue... si ce n'était de son pied, plein de verrues, était pratiquement devenu vert, même noir par endroit. Danayelle eut un haut-le-cœur et détourna le regard.

— Oui, miss, je ne vous ai pas oubliée, soupira Sin. (Il se pencha légèrement vers le trio et chuchota, sur le ton de la confidence :) Ah, les sorcières... (Puis il ajouta, avec plus de force :) Mettez-vous à l'aise, je suis à vous dans une minute.

Le mage tourna les talons et alla rejoindre la sorcière. Danayelle, Mishi et Egrim demeurèrent un petit moment dans l'entrée, tous intriguée. Une sorcière, maintenant ! Des femmes qui avaient appris par elle-même à faire de la magie, et c'était bien rare qu'elles soient bienveillantes. Qu'est-ce qu'elle faisait ici ?

Egrim fut le premier à surmonter le choc. Il s'avança dans la pièce, regardant dans toutes les directions. Ce n'était pas très grand, à peine quatre mètres carrés, et encombrés de toute sorte de babioles étranges. Trois chaises s'alignaient d'un côté, un lit de l'autre, et un fauteuil près du lit. Une créature sommeillait dans un panier de rotin, ressemblant un peu à un chat touffu à la fourrure entièrement blanche... sauf sur la tête, directement entre les deux oreilles, où figurait une corne à la couleur de l'or. Un chaticorne. Egrim esquissa un sourire ; c'était de petits animaux très dociles qui dormaient tout le temps. Encore pire que les grimbles.

Puis Egrim remarqua, sur le mur du fond, une large bibliothèque de livres. Il en oublia instantanément la créature, s'approchant à pas lent des ouvrages du mage.

Derrière lui, Mishi de Danayelle allèrent s'asseoir sur les chaises. Mishi prit celle du milieu, à côté de la fée qui leva les yeux vers elle. Elle sourit et tendit son plat de fruits.

— Tu en veux ?

— Oh, désolée, les sirènes sont carnivores.

— Ouah, fit la fée avec incrédulité. C'est pour ça que vous avez une mauvaise réputation ?

Danayelle pouffa de rire, posant un poing devant sa bouche. Mishi fronça les sourcils en les observant tous les deux à tour de rôle.

— Une sirène ?!

Tous les regards convergèrent vers la sorcière qui s'était redressée sur le lit. Son pied était déjà parfaitement guéri. Le mage s'éloigna, surpris, et même Egrim tourna le dos aux livres pour reporter son attention sur elle.

— Vous êtes une sirène, petite ?! fit-elle en s'approchant de Mishi. Les larmes de sirènes sont l'ingrédient numéro un des philtres d'amour ! Puis-je vous en prendre quelques-unes en échange de pièces d'or ?

Mishi ne répondit rien, étonné de la vieille femme qui s'avançait d'un air presque menaçant. Elle avait les yeux écarquillés et les mains devant elle, les doigts pliés comme des serres de rapace.

— Ne soyez pas inquiète, un petit coup de marteau sur les orteils et vos larmes sortiront !

Likeht Pythoan !

Sans prévenir, la sorcière s'éleva de quelques centimètres dans le vide et fonça vers la porte ouverte comme un boulet de canon, accompagné d'un cri aigu. Elle disparut en moins de trois secondes sous le regard étonné de tout le monde et d'un miaulement perplexe du chaticorne, et tous tournèrent la tête vers le mage qui, un doigt en l'air, pointait toujours la porte qui s'était refermée toute seule.

— Désolé, elle m'énerve, dit Sin avec son éternel sourire. Mais on a un... un arrangement, si je peux dire. Je suis donc dans l'obligation de l'aider quand elle en a besoin.

— Quel genre d'arrangement ?

Le mage se retourna vers Egrim, qui baissa les yeux.

— Désolé, je suis quelqu'un de curieux.

— Elle m'a appris la magie des sorcières. Elle est vraiment noire et il vaut mieux ne pas l'utiliser... mais on ne sait jamais quand je n'en aurais pas le choix. Je préfère être prêt en cas de problème. Et sinon, pourquoi vous êtes ici ?

Il regarda ses invités un à un, jusqu'à ce qu'il remarque Danayelle et son pied enflé. Elle n'eut même pas le temps de s'expliquer que le mage continuait déjà :

— Ah, rien qu'un os cassé. Vous auriez pu aller voir un médecin pour ça. J'ai des urgences plus... urgentes.

— S'il vous plait, insista Danayelle. Ce n'est pas que pour ça que j'ai besoin de vous. Je cherche... Oh, Outré, donne-moi mon sac.

— Ne m'appelle pas comme ça ! grommela Egrim.

Danayelle lui lança un regard innocent et Egrim grogna en levant les yeux au ciel. Il fit basculer le sac qu'il avait sur les épaules et le tendit à la blonde, qui le posa sur ses genoux pour l'ouvrir et en ressortir le grimoire. Egrim se mordit la lèvre en dévisageant le livre, puis il se retourna pour voir ceux qui étaient dans la bibliothèque du mage. Qu'est-ce qui m'obsède à ce point chez ses ouvrages ?

Danayelle retrouva la page et la tourna pour la montrer à Sin. Celui-ci s'approcha pour lui prendre le livre.

— Tiens, c'est à moi, ça... La pierre d'Omins, lut-il lentement. Pourquoi cherches-tu quelque chose d'aussi rare ? Et qui a écrit dans mon grimoire ?

— Ce n'est pas moi, je l'ai trouvé comme ça, fit Danayelle précipitamment. Et puis... Je fais de la télékinésie, mais je n'arrive pas à la contrôler...

— Eh bien, va à l'Institut.

Danayelle dut prendre sur elle pour garder son calme pendant qu'Egrim, en toute subtilité, s'approchait lentement du mage pour voir le livre de plus près.

— J'y étais, dit Danayelle avec patience. Pendant un an.

— Un... un an ? fit le mage d'un ton incrédule. Bon sang. Moi, j'y étais resté pendant trois semaines !

Egrim eut un petit couinement. Sin se tourna vers lui, qui était maintenant si près qu'il dû reculer rapidement avant de recevoir un coup de coude dans le front.

— Moi aussi, j'y suis resté trois semaines ! fit Egrim avec un grand sourire. J'en suis sorti hier, vous voyez !

Il pointa son badge, plein de fierté. Le mage siffla entre ses dents, impressionné. Il ferma le livre et porta toute son attention à Egrim, oubliant momentanément Danayelle qui grogna de frustration.

— Et tu es téléporteur ? dit Sin en reconnaissant le symbole en forme de tourbillon à l'intérieur d'un triangle. Eh bien, ce n'est pas le don le plus facile à contrôler, en plus ! Tu es doué.

Egrim souriait d'une oreille à l'autre. Il venait de se faire complimenter par un mage !

— Moi, j'ai la maitrise du feu, continua Sin en faisant apparaitre une boule de lumière dans le creux de sa paume. Les éléments sont plus faciles à apprendre que les dons psychiques.

— Alors techniquement, je suis meilleur que vous ! fit Egrim.

Sin demeuré étonné devant tant de confiance. Puis il éclata de rire en posant une main sur l'épaule d'Egrim.

— Tu te crois meilleur qu'un mage, petit ?

Egrim rougit sévèrement, mais il était incapable de se défaire de son sourire.

— C'est mignon, mais j'existe encore, fit Danayelle qui s'impatientait dans son coin.

— Bien sûr, je ne t'ai pas oubliée !

Le mage ouvrit à nouveau le livre et fouilla quelques instants pour une page en particulier, puis le fourra sans prévenir dans les bras d'Egrim. Celui-ci écarquilla les yeux avant de les lever pour croiser ceux, d'un bleu intense, de Sin.

— Qu'est-ce que vous voulez que je fasse de ça ?

— Que tu prouves que tu es meilleur que moi. Vas-y, aide ton amie.

— Mais, mais... je ne suis pas un mage !

— Ah, dommage...

Il reprit son livre sans rien ajouter. Egrim en ressentit aussitôt une grande frustration ; il avait enfin pu toucher l'objet qui l'obsédait pour aucune raison... et voilà que l'autre le reprenait aussi sec !

Egrim lui arracha le grimoire des mains, le plaquant contre sa poitrine. Cette fois, tous les regards étaient braqués sur lui ; même Narsa la fée avait arrêté de grignoter ses fraises. Mishi retenait son souffle, convaincu qu'il avait atteint la limite de la patience de leur hôte.

— Euh, désolé, fit Egrim en le tendant à nouveau vers Sin.

— Non, non. Tu peux le garder... si tu aides ton amie.

— Attendez, vous croyez vraiment que lui, c'est un mage ? dit Danayelle en pointant un doigt sur Egrim.

— Je n'en sais absolument rien ! C'est pour ça que je suis curieux.

Egrim déglutit. Toute la joie qu'il avait ressentie en se faisant complimenter par un mage s'était envolée, remplacée par l'angoisse. Il baissa les yeux vers le livre, toujours ouvert à la page qu'avait choisie Sin. Celle parlant de la magie guérisseuse.

— Vous voulez que je soigne son pied ?

— Oui. Pose ta main sur sa cheville et prononce la formule.

Egrim pouffa d'un petit rire aigu.

— C'est ridicule. Je ne suis pas un mage. C'est vous, le mage !

— Alors je reprends le livre ?

— Non...

En prenant une grande inspiration, il s'approcha enfin de Danayelle et s'agenouilla devant elle. Son pied bleuâtre emplissait toute sa vision. Il y posa lentement la main, se souvenant des gestes de son amie Rosa, une véritable guérisseuse. Danayelle gémit de douleur, mais n'osa pas prononcer un seul mot.

— OK, euh... je lis la formule magique ? C'est ce mot bizarre, là ? Euh... Shi... Shiar... euh... c'est quoi, cette langue ?

Shiernelt, c'est de l'elfique, dit Danayelle.

— Et qu'est-ce que t'en sais ?

— C'est Leerian qui me l'a dit.

— Il parle l'elfique, évidement, soupira Egrim.

— On se concentre ! dit le mage.

— Oui, m'sieur ! Euh... Shiernelt.

Une pâle lueur illumina soudain la paume d'Egrim, englobant rapidement tout le pied de Danayelle. Celle-ci écarquilla les yeux, tout autant que Mishi à sa droite. Egrim, lui, était complètement bouche bée. Mishi, aussi étonnée fut-elle, ne put que pouffer de rire en se faisant la réflexion qu'il avait une tête de poisson rouge.

— Oh, par les djinns ! J'ai réussi ! s'exclama soudain Egrim. Est-ce que j'ai réussi ?

— Ça m'a fait un peu de bien, mais non, il est toujours autant cassé, dit Danayelle.

— Mais il y avait de la lumière qui me sortait des doigts ! dit-il en les agitant devant le visage de Danayelle. C'est fou !

— Tu manquais de concentration, dit le mage qui était debout derrière lui. Tu ne croyais pas que ça fonctionnerait, c'est pourquoi ça n'a pas fonctionné.

— C'est logique, fit Egrim en se mordant la lèvre.

— Réessaie.

Egrim prit une grande inspiration, hocha la tête pour lui-même, et prononça à formule, cette fois avec plus de force. La lueur pâle réapparut, jaillissant de sa paume et entourant le pied cassé de Danayelle. Celle-ci gémit à nouveau, mais pas de douleur. Ça lui faisait du bien. Egrim risqua un regard vers elle et fut soulagé de voir qu'elle souriait.

La lumière s'éteignit d'elle-même au bout d'une dizaine de secondes. Egrim éloigna sa main, et tout le monde se pencha pour observer le pied de Danayelle. Il avait retrouvé sa couleur beige parfaitement normale. Elle fit tourner sa cheville d'un sens et de l'autre. Elle se risqua même à faire quelques pas dans la petite pièce.

— Bon sang, Outré, dit-elle après un moment de silence angoissant. Tu m'as soignée. Merde, tu aurais pu le faire hier soir, au lieu d'attendre aussi longtemps !

Malgré le remerciement un peu douteux, Egrim se leva d'un bond et serra Danayelle dans ses bras en jubilant, riant et hurlant de joie au point de faire mal à Danayelle.

Mishi et Narsa la fée échangèrent un regard amusé. Pour l'une autant que l'autre, ce n'était pas un spectacle qu'on voyait tous les jours.

— Tu sais ce que ça veut dire ?! s'exclamait Egrim à répétition. Tu sais ?! Ça veut dire que je suis un mage ! Par les djinns, je peux faire de la magie ! C'est fou, hein ?! C'est fou !

— Tu me fais mal ! gémit Danayelle qui se tortillait pour lui échapper.

— Je suis un mage, Barjo ! Je suis un mage !

— J'ai entendu...

— Je suis un putain de mage, bordel !

Lâche-moi !

— Oui, pardon...

Egrim s'éloigna enfin, le visage aussi rouge qu'une tomate, alors que ses yeux filaient entre tous les présents dans la pièce. La fée, Mishi, Danayelle, Sin le mage. Même le chaticorne miaula, l'air de se demander ce qui se passait.

— Alors... je suis un mage ? fit Egrim d'une petite voix.

— Visiblement, dit Sin. Je n'y croyais pas vraiment, en fait. J'avais juste une légère intuition. On ne fait plus le test, à l'Institut ?

— Quel test ? s'étonna Egrim.

— Eh bien, le test, répéta le mage, de plus en plus perplexe. Après avoir prouvé que je maitrisais mon don, mon professeur m'avait demandé de prononcer une formule rien que pour voir si j'y arriverais. Avec shiernelt, justement, puisque c'est la plus facile. Moi, c'est comme ça que j'ai su.

— Oh... ça explique tout.

Tous les regards étaient braqués sur Egrim, attendant la suite. Celui-ci avait du mal à retenir son fou rire.

— À ma dernière journée, j'ai... enfin, disons que j'ai dû montrer un peut d'attitude et mon prof avait vraiment hâte que je foute le camp.

Ce fut au tour de Danayelle de pouffer de rire. Elle trouvait autant la situation drôle que particulièrement insultante. Elle qui n'arrivait pas à maitriser son seul don, comment avait-elle pu tomber sur un véritable prodige comme Egrim ?

Au moment où elle s'apprêtait à ramener l'attention sur elle, quelqu'un cogna à la porte. Ce n'était pas cette combinaison étrange qu'avait fait la fée en entrant tout à l'heure, mais un classique « toc, toc, toc ! » auquel le mage soupira en levant les yeux au ciel.

— Vous mettez du retard dans mon horaire, les jeunes. Sortez, maintenant.

— Mais vous ne m'avez toujours rien dit sur la pierre d'Omins, fit Danayelle. Et j'ai encore tout un tas de questions !

— J'en suis désolé, mais je n'ai pas le temps. (Sin tourna la tête vers Egrim, qui le regardait avec de grands yeux pleins d'étoiles.) Revenez ici ce soir, à la nuit tombée. Là, je serai libre de répondre à toutes vos questions. Narsa vous servira de guide, en attendant.

— Hein ? s'étonna la fée. Je vais faire ça ?

— Évidemment que tu vas faire ça.

Narsa soupira, comme si Sin lui avait donné la pire tâche du monde. Puis son regard croisa celui de Mishi et toute sa joie de vivre revint d'un seul coup.

Enfin, le mage alla ouvrir la porte à son prochain client ; un lutin. Et alors qu'il tenait toujours la porte, il fit signe du doigt à Danayelle, Mishi, Egrim et Narsa de quitter la pièce.

Au moment de sortir, Sin retira le livre des mains d'Egrim et claqua la porte derrière lui.

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