Chapitre 1 Part 2 : Le puits funeste

Les doux rayons du soleil éclairaient le lit où était allongée une jeune fille qui dormait profondément. Une silhouette de la même taille se découpait dans l'encadrement de la porte, semblant veiller sur la belle endormie. Cette dernière ne tarda pas à émerger et papillonna des paupières avant de se redresser doucement. Elle regarda autour d'elle, semblant un peu perdue. Elle ne remarqua pas l'ombre qui la regardait toujours. Elle essaya de se relever mais une douleur à sa jambe l'en empêcha. Elle souleva le drap pour découvrir que sa jambe droite était bandée et avait une attelle. Elle toucha du bout des doigts la bande pour voir à quel point elle était blessée. Elle soupira quand elle se rendit compte que la blessure n'était pas grave mais serait longue à guérir.

- Tu pourras remarcher normalement dans un ou deux jours.

Une voix douce retentit dans la pièce, faisant sursauter la jeune fille blessée.

- Qui êtes vous ? s'exclama l'ainé, toujours allongée sur le lit.

La plus jeune sortit de l'ombre : c'était une jeune fille aux longs cheveux châtains foncés et aux yeux bleus. A l'inverse de son invitée, elle avait le teint pâle. La jeune fille s'approcha du lit et se présenta d'un ton accueillant :

- Je suis Elima, ne t'inquiètes pas je ne te veux pas de mal, c'est moi qui t'ai soigné, enfin en partie.

Selma fronça les sourcils, méfiante.

- Où m'as-tu trouvé ? demanda t'elle.

- Tu étais inconsciente dans la forêt et du sang tachait tes vêtements au niveau de ta jambe alors je t'ai ramené et soigné.

Selma hocha la tête.

- Et toi, comment t'appelles tu ? poursuivit Elima.

- Selma, je m'appelle Selma, répondit t'elle en regardant partout. Où sont mes affaires ? Et où sommes-nous ?

Elima rigola, amusée.

- Tu es pressée de repartir et méfiante, à ce que je vois. Tes affaires sont dans la grange, elles étaient pleines de terre alors je ne voulais pas salir la chambre. Nous sommes chez moi, dans une maison dans la forêt. Ce n'est pas très loin de là où je t'ai trouvé. C'est un moulin à eau à côté de la rivière, c'est pour ça que c'est perdu au milieu de nulle part, expliqua t'elle.

- Tu saurais situer cet endroit sur une carte ?

- Euh, je crois, oui.

- Il y en a une dans mon sac, tu peux aller me la chercher ? J'ai besoin de savoir, c'est important.

- Aucuns soucis.

La plus jeune s'éclipsa pour aller chercher la carte. Selma en profita pour doucement s'asseoir sur le bord du lit. Sa jambe la lançait mais elle voulait voir jusqu'où elle pouvait aller en supportant la douleur. Elle souffla puis elle se mit debout sur sa jambe indemne. Tout doucement, elle posa sa jambe blessée au sol. Une fois fait, elle essaya de s'appuyer dessus mais une douleur aiguë la fit lâcher un cri de douleur et elle s'écroula sur le lit. Elima revint à ce moment là. Elle se précipita vers la jeune fille et l'aida à se rallonger.

- Est-ce que ça va ? Tu as essayé de marcher hein ? C'est une blessure ouverte, si tu forces ça va s'aggraver ! Tu dois faire attention ! s'écria-t-elle.

- Excuse-moi, j'ai une longue route à parcourir et je ne dois pas trainer, grommela Selma.

- Ce n'est pas une raison, la gronda gentiment sa cadette, tu dois être prudente sinon ta longue route, tu vas la finir en y laissant ta peau.

Selma ignora sa réprimande. Elle pointa du menton ce qu'Elima avait posé à l'entrée de la chambre.

- Tu peux me passer la carte ?

- Bien sur.

Elima la prit et la lui tendit, puis s'assit au bord du lit.

- Tu peux me situer ta maison dessus ? Demanda Selma.

La plus jeune hocha la tête et se pencha sur la carte. Elle finit par pointer du doigt l'endroit qui était entouré.

- C'est ici, mais pourquoi est ce qu'il est...marqué ?

Selma écarquilla ses yeux, choquée.

- Hum, où sommes nous, Elima ?

- Chez moi, répondit cette dernière en fronçant les sourcils d'incompréhension, mais...

- Non ça je sais...tu vis avec qui ?

- Mon grand père.

Les deux filles se turent, l'une commençant à mettre les pièces du puzzle en place dans sa tête et l'autre se posant des questions.

- Qui est tu ? finit par souffler Elima, à présent méfiante. Qu'est ce que tu fais la ? A y réfléchir, ce n'est pas normal, personne n'est venu ici jusque maint...

- Je t'expliquerais tout, la coupa Selma, mais j'ai besoin de parler à ton grand père, c'est très important.

La jeune fille soupira puis sortit de la chambre. Du côté de son ainé, ça carburait à plein régime. Je devais me rendre ici, il y a une jeune fille qui vit avec son grand père. Elle est à peine plus jeune que moi. Ça me rappelle une situation...la mienne ! Je cherche ma sœur...se pourrait-il que...

Le claquement de la porte la sortit brutalement de ses pensées. Elle releva la tête et tomba sur un homme qui paraissait avoir à peu près le même âge que son grand père. Il prit une chaise à côté du mur et la tira jusqu'au lit, puis il s'assit dessus.

- Elima m'a dit que tu voulais me parler, je t'écoute.

Selma hésita un instant puis se dit qu'elle n'avait rien à perdre.

- Je viens de la part d'Orrin, commença t'elle.

L'homme haleta, comme s'il avait reçu un électrochoc. Il se reprit rapidement.

- Continue, l'encouragea t'il.

- Je...je connais la vérité, au sujet de l'Autre monde. Mon grand père m'a tout raconté. J'ai traversé la forêt pendant trois jours. Je suis venue chercher ma sœur pour retourner là bas. Je crois que je suis arrivée au bon endroit, n'est ce pas ?

Le vieil homme soupira.

- Oui, tu ne t'es pas trompée.

Puis il leva la tête et regarda le ciel par la fenêtre, semblant se parler à lui-même.

- Alors l'heure est venue, hein ? Elle ne sont pas formées, elles ne se rappellent plus de rien et n'ont aucune idée dans quoi elles mettent les pieds. Enfin, si c'est leur destin, je ne vais pas le contrecarrer.

Selma ne disait plus rien, attendant la décision de l'homme qui ne tarda pas à arriver.

- Tu as eu bien du courage pour entreprendre ce trajet. Tu ignores ce qui t'attends là bas, es-tu vraiment prête à abandonner ta vie ici ?

- J'ai des visions depuis que je suis petite, je sais maintenant que c'était mes souvenirs qui remontaient à la surface. J'ai toujours su que ma place n'était pas ici. Mais je ne partirais pas sans ma sœur, fit Selma, déterminée.

- Évidemment, sourit-il. Je vais aller lui parler, c'est à moi de lui raconter.

- Bien sur, je pourrais la voir après ?

- Si elle le souhaite.

Il se leva et sortit de la chambre. La jeune fille se retrouvait à nouveau seule. Selma soupira, elle n'avait rien à faire, alors elle se rallongea. Puisqu'elle ne pouvait pas marcher, autant se reposer. Elle sentait qu'elle en aurait besoin. Elle ne se rendit pas compte du temps qui s'était écoulé quand un poids s'appuya sur le lit, la réveillant. Selma se redressa tant bien que mal pour tomber sur Elima qui la regardait. Elle ne dit rien et dévisagea sa...oui, sa sœur. Elima finit par lui sourire et se blottit doucement contre elle, à sa grande surprise. Selma referma ses bras autour d'elle et posa son menton sur ses cheveux chocolat.

- Tu aurais pu me le dire en arrivant, finit par dire Elima en se dégageant. Alors comme ça, tu es ma grande sœur ?

- Oui, sourit Selma.

- Mon grand père m'a raconté toute l'histoire, il m'a dit pourquoi tu étais là. C'est vrai que ça m'est arrivé d'avoir des sortes de rêves quand j'étais petite mais je ne m'en rappelle plus.

- Quel genre de rêve ? s'enquit la plus grande.

- C'est mon grand père qui me l'a raconté, je rêvais de ma mère et de quelqu'un d'autre, je me réveillais la nuit en pleurant. Je disais qu'elles me manquaient, je revivais des souvenirs puis ça a finit par passer. Je comprends maintenant que la jeune fille, ça devait être toi.

- Tu n'as jamais pensé à les revoir ? demanda Selma

- Qui ça ?

- Nos parents, notre famille.

- Je ne m'en rappelle pas, avoua t'elle, mais mon grand père m'a dit que ma place est là bas et si c'est ma famille, je ne peux pas l'abandonner. Je veux les connaitre, savoir d'où je viens !

- Alors est ce que tu veux venir avec moi ? Je sais où est le passage pour rejoindre le monde auquel on appartient.

- Oui, j'ai toujours rêvé de partir à l'aventure, s'exclama Elima, et puis je vis à l'écart, ici, alors je n'ai pas vraiment d'attache.

- Je suis heureuse de t'avoir retrouvé, sourit l'ainé après un moment de silence. J'ai l'impression d'avoir comblé un vide en moi. Même si je ne me souviens pas de toi, je veux apprendre à te connaitre pour construire une nouvelle relation !

- Moi aussi, je veux réapprendre à connaitre ma sœur. On aura tout le temps de le faire en allant au passage. Mais on ne va pas pouvoir partir tout de suite, il faut attendre que ta jambe guérisse.

Selma acquiesça, ce n'était pas prudent de vouloir reprendre la route tout de suite. Les deux jeunes filles passèrent la matinée à parler de leur enfance sur terre afin d'en apprendre plus l'une sur l'autre. Selma resta alitée le jour suivant également. Puis, le troisième jour, le grand père d'Elima l'invita à essayer de se lever. Elima se plaça à côté d'elle pour éviter une chute. Selma s'assit d'abord puis se leva sur sa jambe valide et enfin posa à terre sa jambe blessée en s'appuyant progressivement dessus. La douleur était toujours présente mais pas insurmontable, il fallait juste qu'elle ne force pas.

Le départ paraissant maintenant plus proche, les deux sœurs entreprirent de préparer leur itinéraire et de déterminer ce dont elles allaient avoir besoin avec l'aide du vieil homme. La blessure de l'ainé guérit assez rapidement et leurs affaires furent vite prêtes. Bientôt, l'heure du départ sonna. Elles avaient chacune un sac avec de nouvelles vivres, de l'eau, des couvertures, deux couteaux et Selma avait gardé la boussole et la carte. Elima eut du mal à dire au revoir à son grand père et Selma pouvait voir que c'était réciproque, le vieil homme avait les larmes aux yeux. Elle s'était, elle aussi, attachée et l'enlaça la boule au ventre.

- Quand vous serez arrivés, dis ceci pour pouvoir rentrer : de l'aurore renaitra les cendres de la vie. Ne me poses pas questions, dis le c'est tout, lui murmura le vieil homme dans le creux de l'oreille avant de se reculer comme si de rien n'était.

Selma hocha la tête, il n'avait pas l'air de vouloir le dire à Elima mais elle garda le silence. Après des adieux douloureux, les deux sœurs prirent finalement la direction du cœur de la forêt.

Elles n'étaient qu'a deux journées de marche au maximum. Elima découvrait de nouvelles facettes du couvert boisé. Selma, quant à elle, faisait très attention à sa jambe fragile pour ne pas rouvrir sa plaie. L'ainé contemplait avec ravissement le sourire béat qu'arborait sa cadette, émerveillée par ce qu'elle voyait. Elle se revoyait au début de son périple, lorsqu'elle découvrait la liberté et la beauté de la nature.

Le soleil se coucha bien vite et les deux jeunes filles trouvèrent un abri sous un énorme saule pleureur, en espérant qu'il ne pleuve pas la nuit. Elles mangèrent puis s'endormirent en se collant l'une contre l'autre pour ne pas avoir froid.

Les rayons du soleil les réveillèrent le lendemain matin. Les deux jeunes filles se levèrent difficilement puis, après avoir rempli leur estomac, se mirent en route pour la dernière journée de voyage. Selma les dirigeait grâce à la boussole et Elima la suivait. Cela faisait un moment qu'elles marchaient quand la plus jeune prit la parole.

- Est-ce que tu as des souvenirs, toi, de notre vie d'avant ?

- Non, avoua Selma, je n'ai jamais de souvenirs qui sont remontés comme toi. Le seul que j'ai est le visage d'une femme, de notre mère.

Puis elle lui raconta ce qu'il s'était passé à la bibliothèque. Elima lui posa ensuite plusieurs question pour savoir à quoi ressemblait leur mère auxquelles Selma répondit du mieux qu'elle pu. Dans la fin d'après midi, une forme sombre s'éleva à l'horizon. Selma s'arrêta, compara la carte et la boussole puis les rangea.

- On est arrivé, déclara t'elle en se tournant vers sa sœur, c'est tout droit.

Il s'avéra que la masse sombre était en fait une grotte. Une immense grotte qui affleurait en bas d'une falaise qui semblait être le seul relief de la forêt. Elima et Selma s'échangèrent un regard avant de pénétrér prudemment à l'intérieur. A leur grande surprise, la grotte était gigantesque. Le plafond - qu'elles ne voyaient pas - était soutenu par d'énormes colonne de pierre. Sur le sol affleurait ce qui semblait être du cristal phosphorescent. Il n'y avait pas une plante ou fleur, seulement de la pierre qui prenait une teinte bleue à cause de la lumière des cristaux. Elles continuèrent à avancer tout en faisant attention au moindre bruit. Pourtant, il ne semblait pas y avoir âme qui vive.

Assez vite, elles aperçurent au loin comme un autel de pierre. Elles s'en approchèrent pour découvrir qu'il s'agissait d'un puits dont l'eau semblait avoir une couleur orangée comme...magique. Elles tournèrent autour de l'édifice, prenant conscience de l'endroit enchanteur dans lequel elles se trouvaient.

- Serait-ce...murmura Selma, émerveillée.

- ...Le puits de la légende ? termina Elima

L'eau miroitait à présent de milles et une couleur. Selma revint à la réalité et secoua sa tête. Elle jeta un regard autour du puits et son attention fut retenue par une dalle de marbre portant des inscriptions. Elle s'agenouilla pour les lire mais fronça les sourcils.

- Elima, viens voir.

Sa sœur la rejoint et fut tout aussi étonnée qu'elle.

- Ce sont des mots mais ils ne veulent rien dire, comme si c'était une autre langue, fit la plus jeune. On dirait une formule, je me demande ce que ça fait si on la lit.

Selma haussa les épaules puis se mit à prononcer les mots. Une fois qu'elle eut finit, un grondement de tonnerre résonna dans la grotte.

- Bon sang qu'est-ce qu'on a fait murmura Elima.

Les deux jeunes filles se relevèrent et poussèrent une exclamation en découvrant que l'eau du puits était devenue lumineuse.

- Je crois qu'on vient d'ouvrir le passage, compris Selma ébahie.

- Alors...on y va ?

- Tu te sens prête ?

- Oui, affirma Elima, le regard déterminé.

- Alors allons-y.

Elles joignirent leurs mains et grimpèrent sur le bord du puits. Puis, elles prirent une profonde inspiration et sautèrent. Elles se sentirent comme attirées par une force inconnue vers le fond. Elima retint un cri tandis que Selma serrait la main de sa sœur pour être sure de ne pas la lâcher. Rapidement, un courant vint s'ajouter et les ballota violemment. Puis soudain, tout cessa, comme si leur chute était terminée. Selma ouvrit légèrement les yeux et perçut de la lumière au dessus d'elles. Elle tira le bras de sa sœur et les ramena à la surface.

Elle se hissa en dehors de l'eau et aida sa cadette à faire de même. Elle reprit son souffle puis leva la tête pour observer le paysage. Le soleil était haut dans le ciel alors qu'il devait probablement faire nuit sur terre. De plus, elles se trouvaient au milieu d'un champ de pierre, sur du sable. Elle tourna la tête et vit que d'un coté il y avait un désert et de l'autre, l'orée d'un bois. Elle plissa les yeux et devina des montagnes derrière les arbres. Elle reporta son regard sur le sol mais il n'y avait plus aucune trace d'eau : le passage s'était refermé. Elima s'était également relevé.

- Qu'est ce qu'on fait ? demanda t'elle en fixant son ainé.

- Je ne crois pas que le désert soit une bonne option, rigola Selma. Ce n'est qu'un bois, il doit y avoir un village ou de la vie de l'autre côté. On est dans un vallon, c'est l'endroit idéal pour s'installer.

- Donc va pour le bois, soupira la plus jeune.

Elle ne semblait pas emballé alors Selma resta perplexe.

- Il y a quelque chose qui ne va pas ? s'enquit-elle.

- Non, la rassura sa sœur, je suis seulement fatiguée.

- Ne t'inquiètes pas, on s'arrêtera pour se poser si il y a besoin.

Elles reprirent donc leur périple à travers ce nouveau monde. Au début cela ne les changea pas beaucoup, elles étaient de nouveau dans une forêt. Cependant, un détail différait : il y avait une sorte de chemin tout tracé. Elles avaient l'impression qu'on leur indiquait la route à suivre. Le bois n'étant pas immense, elles en sortirent au bout de quelques heures. Ce qu'elles virent alors les émerveilla. Elles étaient au pied du vallon d'une montagne, couvert de sable puis de prairies verdoyantes. Le soleil commençait à se coucher donnant aux montagnes une teinte dorée sublime. Au loin, se trouvait l'objet de leur recherche : un village ou plutôt un palais. Derrière étaient visible les hautes tours du château. Il semblait tout de même y avoir un village au grand soulagement des deux sœurs.

Selma se tourna vers Elima, qui fit de même. Elles se sourirent puis se prirent la main. Leur voyage touchait à sa fin mais leur aventure ne faisait que commencer. Lorsque l'ainé esquissa un mouvement, la plus jeune la retint d'un air suppliant.

- Selma, je n'en peux plus !

- Ne t'inquiètes pas, rigola celle-ci, je ne comptais pas continuer. Le village n'est pas loin, on va trouver un abri pour la nuit et on s'y rendra demain. Ça paraitra moins suspicieux si on arrive en journée plutôt que de nuit.

- C'est sûr, sourit Elima.

Elles firent un feu, mangèrent, puis Elima s'endormit rapidement de fatigue. Selma, à l'inverse mit plus de temps à trouver le sommeil. Elle était excitée à l'idée de découvrir ce monde rempli de magie. Elle ne savait pas à quoi s'attendre mais elle avait hâte de retrouver sa famille. Elle finit par s'envoler au pays des rêves en imaginant les retrouvailles de milles et une façon.

Le lendemain, les deux sœurs furent accueillies par une douce chaleur. Il y avait un léger vent et le ciel était d'un bleu vénitien. Selma réveilla sa sœur puis elles prirent leur temps avant de reprendre la route une dernière fois. Le trajet fut des plus agréables puisqu'il se fit avec un temps propice et elles traversèrent d'immenses prairies, champs ou plaine sablonneuses.

Elles arrivèrent devant la muraille peu avant midi. Elles se tenaient au pied de la grande porte, hésitantes. Elles s'apprêtaient à commencer une nouvelle vie si on voulait bien d'elles. C'était aussi leur dernière chance de faire demi-tour. Elles se fixèrent dans les yeux un instant puis, au hochement de tête de sa sœur, Selma prit une inspiration et frappa à l'immense porte de bois.

Quelques minutes passèrent sans qu'il y ait un seul signe de réponse. Puis, lentement, la porte s'ouvrit pour laisser place à deux colosses, les bras croisés, en uniforme, qui fixaient impassiblement les jeunes filles.

- Qui êtes-vous ? demanda l'un des deux gardes d'une voix gutturale, s'approchant de quelques pas.

- Je m'appelle Sema et voici ma sœur, Elima.

- Que voulez vous ?

- Je..., hésita la jeune fille, nous voulons rentrer, nous avons un message, enfin en quelques sorte : de l'aurore renaitra les cendres de la vie.

Le garde ne répondit pas, enfin pas de suite. Il resta immobile un instant tandis qu'Elima tirait sur la manche de sa sœur pour lui demander ce qu'il lui avait pris de dire un truc pareil. Selma ne répondit pas, attendant que le garde réagisse. Puis devant l'insistance d'Elima elle se résigna.

- Je vais t'expliquer mais pas maintenant, fit elle simplement avant de se retourner vers le colosse qui leur fit signe de le suivre.

Il les mena à travers les rues pavées du village qui avait plus l'air d'une petite ville. Selma sentait qu'ils étaient en train de grimper doucement la pente de la montagne. Puis, au détour d'une rue plus grande que les autres, se dressait sous leurs yeux ébahis un palais en marbre blanc. Les colonnes avaient des reflets bleutés qui le rendait comme irréel. Elima aperçut également quelque chose qui semblait scintiller mais elle ne sut dire quoi à cette distance. Cependant, lorsqu'elles s'approchèrent, de sublimes voiles irisés étaient accrochés aux murs immaculés de la façade extérieure. Ils rappelaient les couleurs de l'aube et volaient avec le vent accentuant l'effet hors du temps du palais. Un escalier en demi-cercle, toujours du même marbre, composé de trois larges marches peu hautes donnait accès à l'intérieur de l'édifice. Le garde les guida et ils le gravirent. Les deux jeunes filles peinaient à cacher leur émerveillement qui ne cessait de s'agrandir. De nouveau, elles poussèrent un cri admiratif lorsqu'elles pénétrèrent dans une immense salle aux murs immaculés.

De chaque côté, des colonnes de marbres liaient le sol au plafond. Aux murs étaient pendues des tentures à fond blanc irisé. Au milieu figurait un demi-soleil entouré de ses rayons fait de langues de flammes qui semblaient onduler continuellement. Sous l'astre étaient représentés des racines aussi grises que des cendres. De plus, à chaque angle naissait une vague bleue tel l'océan qui serpentait jusqu'à avoisiner le symbole solaire. Au fur et à mesure que les lames de fond se rapprochaient du soleil, elles prenaient les couleurs de l'aube jusqu'à s'évanouir dans le blanc du tissu. Enfin, de chaque coté de l'astre étincelant se tenaient deux tornades dorées.

Fascinées par les couleurs chatoyantes qui semblaient donner vie à l'immense pièce, Selma ne fit plus attention à ce qui l'entourait. Elle ne vit pas non plus l'immense trône, qui cette fois ci n'était pas blanc mais bleu glace, où était assis un homme portant des vêtements arborant ce qui semblait être le symbole de cette ville. Deux gardes se tenaient devant le trône, impassibles. Elima finit par lui donner un coup de coude lorsque leur guide mit un genou à terre devant l'homme. Les deux jeunes filles l'imitèrent et ils attendirent que l'homme prenne la parole. Ce dernier dévisagea longuement les étrangères puis s'adressa à leur guide.

- Bonjour mon cher Délial, on m'a rapporté la nouvelle de l'arrivée de deux étrangères, serait-ce pour cela que tu te présentes à moi sans avoir été convoqué ? demanda l'homme.

- Mon roi, ces deux jeunes filles sont arrivées à la porte de la ville avec un message.

- Un message, lequel ? s'enquit le monarque

- Un message qui semble resurgir du passé...

Le dénommé Délial semblait ne pas vouloir trop en dire. Le roi parut comprendre et renvoya ses gardes. Il fit signe au jeune homme de reprendre d'un regard.

- L'une d'entre elle a prononcé ces mots : « De l'aurore renaitra les cendre de la vie »

Le roi écarquilla les yeux sur le coup mais se reprit bien vite.

- Laquelle d'entre vous a dit ceci ? demanda t'il plus sèchement en regardant tour à tour les deux sœurs.

Le ton de sa voix sonnait comme si elle avait fait une bêtise. Intimidée, Selma s'avança avec hésitation tout en prenant la parole.

- C'est moi, Majesté, avoua la jeune fille en fixant l'homme dans les yeux.

Le monarque se tut un instant, paraissant réfléchir à la situation. Il finit par poser une question qui dérouta la jeune fille.

- Dis moi, toi qui a l'air de savoir ce que tu veux, par où êtes vous arriver ici ?

En fait, Selma n'avait aucune idée de ce que voulait dire cette fameuse phrase. Pourtant, elle semblait avoir son importance dans ce monde. Cette question n'avait aucun rapport avec le début de la conversation et le roi ayant l'air méfiant, elle ignorait si c'était une bonne chose de lui révéler qu'elles venaient de la terre. Elle tenta alors de se rappeler le chemin qu'elles avaient emprunté pour arriver aux portes de la ville.

- Nous avons traversé une forêt puis le vallon de la montagne, finit par répondre l'ainé.

Il y eut un nouveau silence. Puis, le roi congédia le prénommé Délial, à la grande surprise des jeunes filles qui se demandèrent ce que leur voulait finalement le monarque.

- Comment vous appelez-vous ? demanda t'il finalement.

- Je suis Selma, et voici ma sœur, Elima.

A ces mots, Selma vit l'homme soupirer en baissant la tête. Elle s'apprêta à lui poser une question, impatiente de savoir où elles pouvaient aller mais le roi releva subitement la tête en arborant un franc sourire.

- Bienvenue dans le royaume d'Avuera !

•••

Bonjour à tous ^^

Tout d'abord, je suis désolée pour cette énorme attente, j'ai vraiment eu du mal à trouver le temps nécessaire pour écrire quelque chose qui me plaise et dont je soit satisfaite x/

Ensuite, je m'excuse pour ne pas avoir respecter ma promesse, j'avais promis de publier trois fois par mois mais la réécriture à été plus longue que prévue et ce n'est pas prêt de s'améliorer

Alors, je ne sais pas quand vous aurez la suite mais soyez sur qu'elle viendra. Je n'avais juste pas imaginé que produire deux histoires à la fois était si compliquer ^^' Je vais tout faire pour redevenir plus régulière et au moins vous poster le début du deuxième chapitre avant la rentrée x)

J'espère que cette partie vous aura plus, l'intrigue va arriver, ne vous inquiétez pas et le décor commence tout juste à être planté xD

Si vous voulez des infos sur la publications de tout mes livres, y compris celui là, allez voir mon livre "tag et autres ", il y aura des informations déjà d'ici peu et surement pas mal à l'avenir !

Je crois que j'ai tout dis, n'hésitez pas à commenter même si vous ne vous votez pas , ça fait toujours plaisir et ça me permet de progresser x)

Alors à la prochaine !

Jade

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