Chapitre 6
— Olivia, murmura Amélia.
— Lili ! s'écria la nouvelle arrivée, en se précipitant vers elle.
Amélia tendit les bras pour la repousser furieusement
— Ne m'appelle plus jamais comme ça ! Il n'y a que maman qui avait le droit ! Tu m'as abandonnée, tu ne voulais plus de moi ! Je te hais ! Je te hais tellement ! hurla-t-elle en larmes, sans pouvoir s'arrêter.
Olivia, le regard triste, ne répondit rien. Malgré les réprimandes d'Amélia, elle s'approcha et la serra dans ses bras. Amélia eut un petit sursaut et se débattit pour se dégager. Mais Olivia ne faiblit pas et la jeune femme finit par abandonner sa lutte en laissant retomber les bras le long de son corps. Malgré toute sa haine, elle en avait besoin. Elle avait besoin de sa sœur. Quand les deux jeunes femmes se séparèrent, Amélia recula la tête baissée.
— Ethan, j'aimerais retrouver mes amis, dit-elle d'une voix brisée.
Le roi jeta d'abord un coup d'œil à Olivia, qui hocha la tête en murmurant un « Vas-y, je vais bien » à peine audible. Il s'approcha alors d'Amélia, posa une main légère dans son dos et la guida doucement. Sans bruit, ils avancèrent dans les longs couloirs du palais. Amélia était toute chamboulée, des larmes coulaient, sans bruit, sur ses joues rougies. Elle avait envie de parler avec sa sœur, de lui raconter tout ce qu'il lui était arrivé et surtout lui demander des explications sur son départ. Mais la rancœur qu'elle ressentait avait pris le dessus. Elle ne se sentait pas prête à l'affronter.
Ethan poussa une porte et y laissa entrer Amélia. À l'intérieur, les jumeaux étaient en pleine discussion avec Olympe, cette dernière écrivait sur un petit tableau blanc pour répondre. Cela surprit tout d'abord Amélia, mais elle comprit très vite, que la jeune femme était muette. De sa voix rauque, le maître de maison émit un toussotement pour avertir les autres occupants de leur présence. Axel fut le premier à réagir. En voyant le visage ravagé par les larmes de son amie, il n'hésita pas une seule seconde à la serrer dans ses bras. Très vite, Sidney fit de même. Lorsqu'ils se séparèrent, Olympe et Ethan étaient déjà partis.
— Amy, qu'est-ce qu'il y a ? demanda Axel, en continuant de caresser ses cheveux bruns.
— Olivia...Elle est ici, dit-elle en reniflant.
— Quoi ! Mais comment est-ce possible ? s'exclama Sidney.
— Je ne sais pas...
— Écoute, je suis sûr qu'elle a une bonne raison. Et puis, quoi qu'il arrive nous serons là pour te soutenir, lui dit l'archer.
Alors qu'Axel essayait de voir le bon côté des choses, comme toujours, et même de trouver des excuses à la sœur de son amie. Sidney, elle, n'était pas du tout de cet avis mais elle ne dit rien. Pour elle, ce qu'elle avait fait à Amélia était impardonnable, quelle que soit la raison. Jamais elle n'aurait pu, ne serait-ce qu'imaginer, abandonner Axel. Amélia sécha ses larmes et prit alors conscience du luxe et de la grandeur de la chambre. Elle était composée d'un lit simple et d'un lit double tout deux habillés de couvertures bleu roi. Des grands carreaux de marbre blanc recouvraient le sol. Au-dessus du lit individuel, une grande fenêtre laissait entrer la lumière du jour. Devant, trônait un long tapis rouge et bleu avec une grosse fleur de lys au milieu. La pièce était aussi décorée de petites statues, de cadres et autres objets ornés d'or. Ils avaient à peine eu le temps de s'installer qu'Olympe revenait les chercher pour les conduire jusqu'à la salle de réunion. Celle-ci était tout aussi luxueuse et spacieuse que les autres pièces du château. Les murs étaient blancs et de nombreux tableaux les décoraient. Le plus marquant était celui avec l'étiquette « Roi James Namaro ». Cet homme ressemblait beaucoup à Ethan et inspirait le respect. Il avait des yeux bleus perçants et une chevelure blonde rassemblée en une queue de cheval basse dans sa nuque. Ethan s'étant présenté comme le roi d'Edora, il ne fallut pas longtemps à Amélia et aux jumeaux pour comprendre que cet homme était mort, sûrement victime de la guerre. Enfin, au centre de la pièce, se tenait une grande table en marbre noir autour de laquelle plusieurs personnes étaient assises, Ethan fièrement installé à son bout. À leur arrivée, il se leva et ses semblables en firent autant. Amélia croisa alors le regard de sa sœur. En voyant son air triste et coupable, elle eut sur le moment envie de lui pardonner mais rapidement elle se ressaisit et détourna le regard pour se concentrer sur le roi.
— Merci à tous d'être là, commença Ethan.
À ces mots, les occupants de la pièce se rassirent. Axel, Sidney et Amélia les imitèrent. Seul le souverain resta debout, les dominant de sa prestance :
— Aujourd'hui, nous accueillons trois nouveaux membres dans notre garde, Sidney et Axel Leroy ainsi qu'Amélia Stacy. Grâce à eux, et tout particulièrement à Amélia, nous pourrons compter sur une alliance avec les pégases. Je vous laisserais, mes amis, vous présenter quand le moment viendra. Mais nous ne pouvons pas perdre de temps. Je vais vous communiquer les groupes pour les rondes quotidiennes. Il fit une légère pause pour vérifier que les nouveaux arrivants avaient bien compris l'importance de ces surveillances, puis il continua :
— Adrian tu t'occuperas du Nord, Connor et Lorie de l'Est, Malik et Axel de l'Ouest et enfin Natasha et Sidney du Sud.
N'entendant pas son nom, Amélia se risqua de demander :
— Et moi ? Je suis censée faire quoi ?
— J'aimerais que tu me mettes en contact avec Elion.
~
Axel avait laissé son épée au château pour ne pas trop se charger et s'était seulement équipé de son arc et de ses flèches. Son compagnon de ronde, lui, ne portait aucune arme, il n'en avait pas besoin.
— Alors comme ça, tu manies les quatre éléments ? Tu les contrôles tous aussi bien ou tu as une préférence ? demanda Axel alors qu'ils observaient les environs.
— Oui tous, mais je t'avoue que j'utilise principalement le feu et l'air, répliqua Malik.
Ce dernier était un homme grand et athlétique. Ses cheveux bruns coupés court et sa carrure imposante donnaient l'image d'un parfait guerrier.
— Ça doit vraiment être une sensation merveilleuse d'avoir ces pouvoirs.
— Je ne peux pas trop le dire, du plus loin que je me souvienne, je les l'ai toujours eu en moi.
— Ça n'arrive jamais que des pouvoirs arrivent plus tard dans une vie ?
— Peut-être dans de rares cas, mais la plupart du temps, ils apparaissent entre douze et seize ans, lui expliqua Malik. Les miens sont apparus très tôt, mais Lorie, elle, les a découverts à quinze ans.
Lorie, une sorcière d'eau, était la jolie petite amie de Malik.
~
Quant aux deux jeunes femmes, elles venaient de quitter le sentier pour s'aventurer entre les arbres. Le paysage était boisé mais l'on pouvait tout de même voir loin devant soi, ce qui rendait leur travail d'observation plus facile. Bizarrement, il n'y avait aucun bruit, pas même les gazouillements des oiseaux ou autres bruits de la faune environnante. Sidney suivait la cadence rapide de la guerrière. Ses longs cheveux noirs étaient rassemblés en une queue de cheval haute qui balançait au rythme de ses pas. Elle était habillée d'un pantalon kaki près du corps qui mettait en valeur ses formes généreuses et dans son dos était sanglé un long et fin katana.
— Natasha, je peux te poser une question ?
— Oui bien sûr, dit-elle gentiment.
— Pourquoi le katana ?
— C'est un cadeau d'Adrian, sourit-elle. Je n'avais pas encore d'arme de prédilection, alors il s'est dit que le katana serait une bonne idée.
— Adrian, c'est le mannequin aux yeux argentés ? demanda-t-elle. D'ailleurs, c'est naturel ses yeux ?
Natasha sourit en regardant Sidney de ses yeux chocolat, légèrement cachés par sa frange.
— Oui, c'est un vampire, expliqua-t-elle.
Adrian était un homme charismatique, à la beauté universelle. Il se démarquait beaucoup de ses frères et sœurs d'armes. Il se tenait toujours droit et était la plupart du temps habillé d'un costume noir, d'une chemise blanche et d'une cravate. Ses cheveux noirs étaient tirés vers l'arrière et son visage fin avait un teint pâle qui contrastait avec le rouge sang de ses lèvres. Mais le plus fascinant chez lui était ses yeux argentés. Sidney ne fut alors pas étonnée de cette révélation.
— Je me disais bien aussi qu'il était beaucoup trop élégant et gentleman pour un être humain, souffla Sidney avec ironie.
— Je ne peux pas te dire le contraire, ricana Natasha, suivie par le rire de Sidney.
La ronde était bientôt terminée quand les deux jeunes femmes entendirent des bruits suspects provenant d'un fourré, à quelques mètres d'elles. Simultanément, elles dégainèrent leurs armes. Les mains bien serrées autour du manche de leur épée et katana, elles avancèrent prudemment dans la direction du bruit. Alors que Natasha, elle, semblait calme face à cette situation, Sidney trépignait d'impatience et sentait monter l'adrénaline en elle.
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