Chapitre 53
Plus tard dans la soirée, Amélia entra dans la chambre de Castiel. Ses sourcils se froncèrent à la vue de ce véritable champ de bataille. Des vêtements étaient éparpillés un peu partout sur le lit, sur le sol et même sur le bureau.
— Cas' ? appela la jeune femme, ne trouvant aucune trace de l'ange.
Il sortit alors de la salle de bain, les cheveux ébouriffés et avec pour seul vêtement un caleçon. Il accourut vers son amie et lui demanda, paniqué, son aide.
— Mais que se passe-t-il ?
— J'ai un rendez-vous !
— Un rendez-vous ? Mais avec qui ?
— Avec Matt, rougit l'ange.
— C'est super ! Raconte-moi tout ! s'écria Amélia, folle de joie.
À la fin de leur mission dans la forêt interdite, le sorcier avait discrètement interpellé Castiel. Sa main avait glissé jusqu'à celle de l'ange et leurs doigts s'étaient naturellement liés. Castiel l'avait fixé quelques secondes, surpris, par ce soudain signe d'affection et soudain, semblant se rendre compte de son geste, le sorcier avait alors retiré sa main pour la passer dans ses cheveux corbeau. Le visage incliné vers le sol et les cheveux en bataille, Matt avait alors proposé maladroitement à Castiel d'aller prendre un verre avec lui. L'ange n'avait pas hésité une seule seconde et le voilà maintenant en train de se torturer pour savoir quelle tenue mettre.
Sous les conseils et les mots rassurants d'Amélia, Castiel s'habilla nerveusement d'une chemise blanche et d'un simple pantalon noir. Il coiffa rapidement ses cheveux blonds puis se retourna vers son amie qui lui offrit un grand sourire en guise de réponse.
— Allez filez ! Et pas le premier soir hein ! ricana-t-elle.
~
Devant le portail, le stress augmenta et Castiel tira nerveusement sur sa chemise. Il inspira longuement et traversa la surface violette. En une fraction de seconde, l'ange se retrouva dans la maison du sorcier des montagnes, à la cime des crêtes glaciales. Matt se tenait devant lui, vêtu d'une chemise bleu marine et d'un pantalon sombre. Les deux hommes se fixèrent longuement.
— Bonsoir, finit par souffler Castiel.
— Bonsoir petit ange, je te trouve très élégant dans cette chemise, répondit Matt en le regardant avec des yeux malicieux.
— Merci, toi aussi, bafouilla l'ange.
— Je te sers un verre ? lui demanda le sorcier en faisant apparaître deux verres vides dans ses mains.
— J'avais pensé que nous irions au village. Je connais un petit bar sympa...
— Je n'aime pas me rendre au village, répondit froidement Matt.
— Oh mais pourquoi ?
— Je ne m'y sens pas à ma place, les gens ne m'apprécient guère.
— C'est parce qu'ils ne te connaissent pas, allez, s'il te plaît, tu verras on va bien s'amuser. En plus, à cette heure-là, il n'y a plus grand monde.
— Si tu y tiens tant, accepta le sorcier.
Matt semblait très nerveux, mais Castiel tenait vraiment à lui faire découvrir son monde et lui montrer, par la même occasion, qu'il n'avait plus besoin de s'isoler comme un loup solitaire. Grâce à un portail, ils arrivèrent rapidement sur la place du village. Leur apparition ne passa pas inaperçue, les gens arrêtèrent leurs activités pour les fixer et chuchoter entre eux. En jetant un coup d'œil à Matt, l'ange le vit si vulnérable, la tête baissée et les poings serrés. Il lui prit tendrement la main. Matt se détendit alors instantanément.
— Ne t'occupe pas d'eux et amusons-nous. D'accord ?
— Tu ne te soucies pas de ce que peuvent penser les gens de toi en nous voyant ensemble ? lui dit doucement le sorcier en levant les yeux vers Castiel.
— Je suis fier d'être à tes côtés, sourit-il.
Matt détourna rapidement la tête pour observer la taverne, mais l'ange pouvait très bien voir ses joues devenir rouge. Non sans esquisser un petit sourire, Castiel tira le sorcier dans la bâtisse. À l'intérieur résonnait une musique joyeuse, quelques personnes étaient attablées au bar ou à des tables. En poussant la porte, les conversations s'étaient tues et tout le monde les regardaient. Matt en eut le souffle coupé, mais les villageois retournèrent très vite à leurs occupations et une voix les interpella.
— Mon p'tit gars ! s'exclama une voix rocailleuse.
— Tom !
Le tavernier s'approcha de Castiel et lui donna une brève accolade.
— Le sorcier des montagnes, c'est bien ça ? demanda-t-il.
— Matt. Vous pouvez m'appeler Matt, répondit l'intéressé en tendant le bras.
— Bienvenue mon garçon, sourit chaleureusement Tom en lui serrant la main.
Le sorcier semblait s'être décontracté et Castiel en était très heureux. Il conduisit Matt à sa table habituelle et demanda deux bières à son vieil ami. Alors qu'un silence s'était installé entre les deux se fut, contre toute attente, le sorcier qui le brisa.
— Pourquoi t'es-tu engagé dans la garde ?
— Je ne sais pas trop à vrai dire. Je pense que je voulais seulement cesser de me sentir inutile. Et puis, d'après Annie, j'ai toujours eu l'âme d'un guerrier.
— Qui est-ce ?
— Notre mère adoptive à Lazar et moi.
— D'accord je vois. C'est très brave de ta part en tout cas, répliqua Matt en le fixant de ses yeux améthyste.
Castiel ne put s'empêcher de rougir sous le regard si déstabilisant du sorcier. Ce fut le moment que choisit Tom pour poser les boissons sur la table et répliquer en ricanant :
— Tu veux peut-être que j'ouvre la fenêtre ? Parce que si cela continue tu vas finir par exploser.
— Oh laisse-moi tranquille, marmonna Castiel.
— Vas-y doucement sur les compliments, mon pote, sinon on risque de le perdre, ajouta-t-il à Matt avant de partir.
— Il est sympathique, s'exclama le sorcier une fois le tavernier hors de vue.
— Parle-moi de toi plutôt, tu es toujours si mystérieux.
— Il n'y a pas grand-chose à dire, rien d'intéressant, bafouilla le sorcier.
— Matt, s'il te plaît, je veux apprendre à te connaître, murmura l'ange en ancrant son regard dans le sien.
— Mon père nous a abandonnés lorsque que je n'avais que quatre ans. Il n'a donné aucune raison, mais son départ a détruit ma mère. Elle a sombré dans la folie avant de mourir de chagrin, mais j'ai malgré tout passé une enfance agréable, j'avais tout ce dont j'avais besoin, lui raconta le sorcier.
— Je suis désolé pour la mort de ta mère.
— Il n'y a pas à être désolé, c'est la vie.
Voyant qu'il ne voulait pas poursuivre sur ce sujet, Castiel lui demanda alors ce qu'il aimait faire au sommet de sa montagne enneigée.
— Tu ne me croiras peut-être pas mais je déteste la neige et je suis très frileux, lui confia Matt.
— Et pourtant tu vis à la cime d'une montagne ? rigola l'ange
— Ne te moque pas, je ne l'ai pas choisi, dit-il sans pouvoir s'empêcher de sourire. Mais sinon j'aime observer les étoiles et lire.
— Je t'imagine bien plongé dans un livre.
— Ah oui ? Et tu me verrais comment ?
— Beau, dit simplement Castiel comme si cela était évident pour lui.
— Et sinon, toi qu'aimes-tu faire ? changea-t-il de sujet en passant sa main dans ses cheveux corbeau.
— Passer du temps avec les personnes que j'aime, répondit-il en le regardant fixement.
— Moi aussi j'aime passer du temps avec toi, souffla Matt sans réfléchir.
L'ambiance devint électrique. Leurs genoux se frôlèrent. Castiel posa sa main sur la joue de Matt pour rapprocher son visage du sien. Le sorcier lâcha prise et ferma les yeux. L'ange fit de même et sentit son souffle chaud se rapprocher. Soudain il s'éloigna et une sensation de vide et de froid envahit l'ange. Il ouvrit les yeux pour le regarder avec surprise. Matt se leva précipitamment de sa chaise, bafouilla des excuses et sortit de la taverne sans un mot de plus. Castiel soupira, il ne comprenait pas ce qui l'avait fait fuir et avait la terrible impression d'avoir tout gâché.
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