- Edora -

À peine la réunion terminée, Amélia et Sidney se dirigèrent vers la chambre d'Elena. Avant de partir en mission l'Élue avait eu une discussion avec Axel et l'avait convaincu de passer la journée avec la sorcière de terre et sa petite sœur. De la pièce émanait un rire d'enfant suivi de celui de l'archer et d'Elena. Les deux jeunes femmes échangèrent entre elles un sourire complice avant de pousser doucement la porte pour observer discrètement cette scène. Ils étaient tous trois assis sur le sol en tailleur en train de jouer à la poupée. Zoey fut la première à remarquer leur présence. Elle se leva d'un bond, lâcha son jouet et se précipita pour les saluer.

— Coucou, leur dit-elle gaiement.

— Salut petite tête blonde, sourit Amélia en embrassant sa joue rose.

— Et dire que tu n'as jamais voulu jouer à la poupée avec moi, se plaignit Sidney à son frère.

— Tu n'étais pas aussi mignonne que ma Zoey, argumenta-t-il en chatouillant l'enfant qui éclata de rire.

Amélia s'accorda quelques minutes supplémentaires dans cette ambiance familiale avant de se diriger vers le bureau d'Ethan pour lui proposer de l'accompagner voir Elion. Le souverain était tellement plongé dans ses papiers qu'il ne remarqua pas directement sa présence. Elle s'approcha alors doucement pour le surprendre en passant ses bras autour de ses épaules et l'embrasser sur la joue.

— J'espère que je ne te dérange pas, murmura-t-elle.

— Pas du tout, sourit-il en se levant pour l'embrasser. C'est gentil de venir me voir.

— Je me demandais si tu aimerais venir à Aléa avec moi pour rencontrer le petit d'Elion.

— J'en serais enchanté.

— Si tu as terminé on peut aller l'attendre les pégases dans la cour, proposa alors Amélia.

Une fois dehors, la jeune femme se blottit contre son souverain qui posa sa tête contre la sienne.

— Comment va Axel ?

— Je pense qu'avoir passé l'après-midi avec Elena et Zoey lui fait du bien.

— Tant mieux, mais j'aimerais te faire part de quelque chose. Lorsque vous étiez en mission, j'ai eu une visite très inattendue. Olympe est venue me voir.

— Vraiment ? s'exclama Amélia.

— Elle est venue s'excuser et me dire qu'elle allait réparer ses erreurs.

— Comment va-t-elle faire ça ?

— Je ne sais pas, elle n'a rien voulu me dire. Et elle m'a aussi remis une enveloppe que je dois remettre demain à Axel. C'est pour cela que je voulais t'en parler, j'hésite à la lui donner, avoua-t-il.

— Je pense qu'il faut qu'il la lise, cela lui apportera des réponses qui lui seront nécessaires pour avancer.

— Tu as raison.

— Et toi comment vas-tu ? Cela a dû te faire un choc, lui dit la jeune femme en le regardant tendrement.

— Je t'avoue que ce n'est pas facile. Olympe comptait beaucoup pour moi et malgré ses erreurs lui dire adieu a été très difficile...

Pour réponse, Amélia se mit sur la pointe des pieds et entoura le cou du souverain pour l'attirer contre elle. Les deux amoureux se séparèrent à l'arrivée d'Elion et d'Elros. Après de courtes présentations, la jeune femme se hissa sur le dos d'Elion. Sur son compagnon, Ethan était, contre toute attente, très à l'aise. Son dos était droit, ses talons baissés et son attitude détendue. Amélia passa ses doigts dans la crinière soyeuse de son pégase et lui donna le top départ. Ils volèrent pendant quelques minutes jusqu'à ce que les deux pégases leur demandent de fermer les yeux pour passer le portail. Comme à la première arrivée d'Amélia, Ethan était émerveillé par la beauté et l'immensité des lieux.

— Merci beaucoup de m'accueillir dans votre sanctuaire, c'est un honneur, dit-il une fois auprès de Céleste. C'est un endroit magnifique.

— Céleste te remercie et Elion te dit que c'est avec plaisir et que tu es le bienvenu. Elle espère que la prise en charge des blessés et des funérailles se sont bien passées, traduisit Amélia.

— Très bien je vous remercie. Je vous transmets encore tous mes remerciements pour l'aide que vous nous avez offerte et aussi mes condoléances pour la perte d'Anil.

En guise de réponse les deux pégases baissèrent la tête en signe de respect. Elion les conduisit ensuite auprès de son petit. Depuis sa dernière visite, il semblait à Amélia qu'il avait déjà bien grandi. Il gambadait gaiement avec deux autres pégases un peu plus âgés. À l'arrivée du couple, ces derniers partirent dans la direction opposée alors qu'Ezra s'élançait vers sa mère.

— Il est adorable, n'est-ce-pas ?

— Il est très beau oui, admit le souverain.

Doucement, ils s'approchèrent. D'abord craintif, Ezra restait un peu en retrait et gonflait ses naseaux. Amélia attendit alors quelques instants la main tendue. Finalement, le petit pégase finit par poser son bout de nez dessus. La jeune femme lui caressa tendrement la tête de l'autre main. Une fois qu'elle le sentit plus calme, elle prit la main d'Ethan pour la poser sur son encolure.

— Salut toi, murmura-t-il en le caressant.

Amélia s'écarta légèrement pour mieux observer ce touchant tableau. Elle s'appuya contre Elion qui l'entoura de son aile.

« Il est doué avec les enfants »

« Oui c'est vrai. »

« Vous faites un merveilleux couple tous les deux, félicitations. »

« Merci »

Peu à peu, voyant qu'il n'y avait aucun danger, les deux autres petits pégases revinrent vers Ezra et Ethan. Le roi se retrouva alors à jouer avec trois petits poulains. Le plus petit à la robe grise mordilla les cheveux du souverain avant de partir tout fier en trottinant.

Quand Amélia retrouva la notion du temps, la nuit était en train de tomber et Ethan lui prit délicatement la main pour rentrer. Alors qu'il approchait du palais, Elros changea subitement de direction pour se diriger vers le village. Les mains toujours autour de la taille d'Ethan, elle se rapprocha de son oreille pour lui demander :

— Où va-t-on ?

— Fais-moi confiance, répondit-il simplement.

Le village semblait paisible sous leurs pieds, de douces lumières orangées s'échappant par les fenêtres des maisons. Elros vira à gauche et commença, peu à peu, à perdre de l'altitude. En périphérie du village se détachait, par son éclat, une rue. En s'y approchant, l'odeur de chocolat et de biscuit envahit les narines d'Amélia. De la musique entrainante et joyeuse s'en échappait elle aussi. Faute de place, le pégase les déposa quelques rues plus. Après qu'Ethan et Amélia l'ai remercié, il repartit dans un battement d'ailes, disparaissant dans la nuit.

— Que vient-on faire là ? Les autres ne vont-ils pas s'inquiéter ?

— Ne t'inquiète pas, je les ai averti, répondit Ethan.

Lui faisant face, il lui prit les mains et lui dit avec un sourire :

— Ce soir il n'y a plus de roi ou d'Élue, ce soir nous sommes simplement deux amoureux qui se baladent dans la nuit, d'accord ?

— Entendue, sourit Amélia.