Chapitre 5

Le groupe d'amis venait d'arriver dans une autre clairière, plus vaste que la première. Il y avait de grandes et hautes fougères, de magnifiques pins qui donnaient l'impression de toucher le ciel et une herbe verte et douce. Mais en avançant plus loin, ils se rendirent compte des dégâts causés par la guerre. La verdure s'assombrissait, les pins perdaient leurs épines et le soleil son éclat. Tout semblait plus noir.

« Je suis navrée mais je dois vous laisser pour retrouver mes semblables. Arriverez-vous à vous en sortir avec la carte ? »

— Oui oui, ça ira, ne t'inquiète pas. Nous nous débrouillerons.

Amélia se blottit contre Elion quelques secondes, passant ses doigts dans ses crins. L'animal ferma les yeux, sa tête posée contre le dos de sa protégée.

« Sois prudente et appelle-moi en cas de besoin, ou que je sois je t'entendrai toujours »

— À très vite, sourit Amélia.



- Edora - 4 septembre 2024 -

Cela faisait deux jours que le petit groupe marchait. Amélia avait les jambes lourdes et son sac lui semblait peser une tonne sur ses frêles épaules. Keido, malgré ses petites pattes, ne semblait pas fatigué par les jours de marche, il avait même l'air plutôt heureux de se retrouver libre et en plein air. Sidney, elle, ronchonnait sans cesse alors qu'Axel se contentait de lire attentivement la carte, ignorant la mauvaise humeur de sa sœur.

— Bon qu'est-ce tu fous Axel ? J'en ai marre ! On arrive quand ? grommela Sidney en regardant par-dessus l'épaule de son frère.

— Tu m'as déjà posé la question il y a vingt minutes, souffla Axel. Donc la réponse n'a pas changé, on arrivera dans environ une heure...

— Vous auriez dû me laisser appeler Elion, elle nous aurait aidé, répliqua Amélia.

— Ça faisait des années qu'elle n'avait pas vu son peuple et puis on peut se débrouiller seuls, non ? Enfin si mon cher frère est capable de lire une carte ! dit Sidney avec amertume.

Axel ne répondit pas à sa remarque et leva les yeux au ciel.


~


Quand Sidney écarta les branches d'un buisson et aperçut les hautes tours du palais, elle en sauta presque de joie. La grande bâtisse rappelait à Amélia, les images des livres de contes de fée que sa mère lui lisait lorsqu'elle était enfant. Il avait été entièrement construit en pierre blanche, blancheur qui contrastait avec le bleu foncé des toits des tours. De hautes tours qui donnaient le vertige. À l'entrée on pouvait voir une grande porte en bois, sculpté de nombreux symboles et de part et d'autre de celle-ci, deux immenses statues représentant des dragons. C'était comme s'ils gardaient la porte. À peine avaient-ils mis les pieds dans l'immense cour, qu'un groupe de trois gardes leur fit face, épées pointées vers eux. Par réflexe, les jumeaux dégainèrent leurs armes et Amélia se mit en position de défense.

— Déclarez immédiatement vos identités et intentions !

— Nous venons du monde des humains. Nous ne sommes pas une menace, on vient juste pour vous aider, dit calmement Axel.

— On voudrait s'entretenir avec le roi, continua Sidney.

En signe de bonne foi, les jumeaux rangèrent leur arme. Les gardes échangèrent quelques regards puis l'un d'eux s'éclipsa pour rentrer dans le château. Les deux restants remirent leur épée dans leur fourreau mais n'enlevèrent pas pour autant la main de celles-ci, toujours méfiants. Amélia s'aperçut alors de la disparition de Keido. Discrètement, elle regarda activement autour d'elle mais ne vit rien.

— Que cherchez-vous ? lui demanda un des gardes.

— Ma chimère, il est mi-chien mi-bouc, déclara rapidement Amélia toujours occupé à détailler les environs. Keido ! cria-t-elle alors.

— Je l'ai vu s'enfuir quand nous sommes arrivés, annonça un autre garde.

— Il a dû avoir peur, s'il ne revient pas bientôt on ira à sa recherche, la rassura Axel.

Amélia n'eut pas le temps de s'inquiéter d'avantage, un jeune homme à la chevelure noire approchait. Sa démarche était légère et assurée, son t-shirt noir moulait les muscles de son torse à chaque pas. Son visage était finement ciselé : des pommettes taillées à la serpe, une mâchoire déterminée, une arcade sourcilière affirmée et des lèvres pleines qui en valaient le détour. Bien qu'il soit très beau, ce furent ses yeux qui attirèrent l'attention d'Amélia et fit rater un battement à son cœur. Ils étaient d'un bleu irrésistible, intense et ourlés de longs cils noirs. Il dévisageait le petit groupe.

— Bonjour, je suis Ethan Namaro, le roi d'Edora. Qui êtes-vous et que faites-vous dans mon royaume ?

— Je suis Axel Leroy et voici ma sœur Sidney ainsi qu'Amélia.

— Comme nous l'avons dit à vos gardes, nous sommes là pour vous aider dans cette guerre, continua Sidney.

— Sans vouloir vous offenser, je vois mal comment trois personnes pourraient faire la différence, répondit le roi froidement.

— Qui vous a dit que nous n'étions que trois ? sourit Sidney. Vas-y Amy, appelle-la.

Sous le regard interrogateur et méfiant d'Ethan, Amélia leva la tête vers le ciel et cria le nom d'Elion. Mais rien ne se passa, elle ferma alors les yeux, se concentra et appela mentalement pour la première fois son pégase. Lorsqu'elle entendit le souverain pousser un cri de surprise, elle ouvrit les yeux. Les pégases avaient été un des premiers peuples à vivre dans ce monde, mais cela faisait maintenant des siècles qu'ils s'étaient retirés dans leur sanctuaire. Ainsi au fil du temps, ce peuple était devenu une légende. Alors, en voyant Elion devant Amélia, la tête légèrement inclinée, Ethan n'en croyait pas ses yeux. Amélia s'approcha et se plaça aux côtés du pégase, un grand sourire sur les lèvres.

— Mais comment est-ce possible ? s'empressa de demander le roi.

— Je communique avec Elion. C'est grâce à elle, que nous avons pu venir jusqu'ici.

C'étaient les premiers mots qu'Amélia avait adressés à Ethan depuis leur arrivée. Le roi la dévisagea pendant quelques secondes, comme s'il la voyait réellement pour la première fois. Elle se tenait droite, ses cheveux bruns flottant derrière elle. Au côté d'Elion, elle paraissait plus sûre d'elle et dégageait quelque chose de particulier qui n'échappa pas au souverain.

— Est-ce que tout ceci serait une proposition d'alliance ?

« Tu peux dire au roi que je me battrai à tes côtés et aux siens. Mais que pour l'instant, je ne peux pas parler au nom de mes semblables »

Amélia transmit ces paroles à Ethan et après une brève étreinte, Elion s'envola rejoindre les siens dans un gracieux battement d'ailes.

— Vous êtes désormais nos invités, je vous prie d'excuser mon accueil, en temps de guerre je me dois d'être méfiant.

— C'est compréhensible votre majesté, répondit poliment Axel.

— Vous pouvez m'appeler Ethan. Je n'ai jamais aimé tous ces titres de noblesse.

Une jeune femme aux cheveux rose pâle et habillée d'une longue robe blanche arriva alors dans leur direction. Elle sourit à Ethan de ses fines lèvres rosées. C'était une femme d'une beauté délicate et naturelle.

— Olympe. Merci, d'escorter ces jeunes gens jusqu'aux quartiers disponibles.

Ladite Olympe, sans dire un mot, hocha la tête et fit signe de la main au petit groupe de la suivre. Alors qu'Amélia s'apprêtait à suivre le mouvement, Ethan la retint par le bras.

— Quel est ton nom de famille ? demanda-t-il alors de but en blanc.

— Stacy, pourquoi ?

— Pour rien, répondit-il après un long moment d'hésitation. Suis-moi sinon tu risques de te perdre.

Comme Olympe l'avait fait quelques minutes plus tôt, Amélia hocha la tête et suivit Ethan. Inconsciemment, elle observait ses moindres mouvements. La jeune femme ne savait pas quoi penser de lui, mais une chose était sûre, cet homme lui faisait un drôle d'effet. Sa contemplation du souverain coupa court lorsqu'une tornade brune sauta littéralement dans les bras d'Ethan. Le roi, d'extérieur si froid, lui rendit alors son étreinte, sous les yeux interrogateurs d'Amélia. Elle n'avait pas eu le temps de voir le visage de cette femme. Elle ne voyait que sa silhouette de dos ; de longues jambes, une taille fine et prononcée ainsi que des cheveux mi-longs bruns foncés.

— Tout va bien maintenant, dit le roi d'une voix rassurante, tu es à la maison.

Après quelques secondes, ils se séparèrent et la nouvelle arrivée se tourna vers Amélia. Cette dernière se figea, elle ne pouvait pas y croire ! Pourtant, elle se trouvait bien là, en face d'elle.

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