Chapitre 47

— Quand on perd quelqu'un, ils partent pour toujours. Il n'y a rien, rien que nous puissions faire pour les ramener... La seule chose que l'on peut faire, c'est apprendre à vivre, sans eux, ou plutôt à survivre. Et surtout, que tous ces enfants, ces amis, ces guerriers, que dis-je ces Héros, continuent à vivre dans nos mémoires. Que leurs histoires, leurs combats et leurs sacrifices restent dans les écrits.

L'ensemble des clans avaient répondu présent à l'invitation du roi d'Edora pour l'hommage aux disparus. Elwing avait revêtu une longue robe violette foncé qui contrastait avec ses cheveux or tressés sur le côté. Près d'elle se trouvait Naïa ainsi que quatre autres elfes. Un peu plus loin se trouvaient Zao, Nora et June entourés de leurs vampires. La meute de Gabe était elle aussi présente, Mia tentait de retenir ses larmes dans les bras réconfortants de son petit-ami.

— C'est un très beau discours que vous venez de nous faire, complimenta la reine des elfes accompagnée des applaudissements de la garde. Je vais, moi-même, prononcer quelques mots en hommage à mes guerriers morts pour notre cause. Ils faisaient partie des plus courageux et des plus intrépides que je connaisse. J'ai surtout une pensée particulière pour Othar, mon fidèle second. Depuis le début de mon règne il m'a accompagné et conseillé, je lui en serais éternellement reconnaissante. Pour terminer, j'aimerais vous citer les paroles de notre grand sage : « Accoutumons-nous à considérer la mort comme une forme de vie que nous ne comprenons pas encore. Apprenons à la voir du même œil que la naissance. »

Après cette magnifique citation, ce fut ensuite au tour de June de prendre la parole.

— Pour rendre hommage à nos frères et sœurs, nous porterons jusqu'à notre propre mort leur médaillon, expliqua-t-elle en soulevant les deux colliers représentant son clan qui accompagnaient désormais le sien autour de son cou.

En observant Zao et Nora, Amélia put comprendre que ce geste était une tradition chez tous les vampires, c'était leur manière de garder les défunts auprès d'eux. Une fois l'hommage aux loups de Gabe terminé, Ethan mit fin à ce rassemblement et les peuples partirent après quelques dernières accolades. L'entente des peuples était fragile, mais ces pertes communes les avaient rapprochées.

Des discours plus personnels eurent alors lieu. Bras dessus, bras dessous, Sam et Ulysse se recueillirent sur la tombe de Brad, leur ami de toujours. Elena se chargea de prononcer quelques mots pour Tara, Mike et Pauline alors que Castiel rendit hommage à Fred. Amélia n'avait pas prévu de prendre la parole ce soir-là, encore trop secoué par l'enchaînement des évènements, mais se rappelant d'une conversation avec Caty elle déclara :

— Je voulais juste exprimer mon admiration pour le courage de Caty. Je me souviens de son visage serein me disant de ne pas avoir peur, de me faire confiance et que tout allait bien se passer. J'aurais aimé que ses mots la concernent elle aussi...

— C'est Caty tout craché ça, renifla Caroline, une garde et amie de la défunte.

Amélia lui sourit tristement puis vint se replacer au côté d'Ethan. Jusque-là, personne n'avait encore mentionné Connor, mais la jeune femme ne s'en sentait pas le courage. Comme si sa sœur l'avait deviné, elle s'accroupit devant la tombe du métamorphe.

— Connor faisait partie de ces gens qui te donnent le sourire rien qu'en le regardant. C'était la joie de vivre de cette famille. Je pense parler au nom de tout le monde lorsque je dis qu'il nous a tous, un jour, remonté le moral et fait rire aux éclats. Malheureusement, il est parti beaucoup trop vite, beaucoup trop jeune et sans prévenir. Apprendre à vivre sans lui sera compliqué, mais je suis sûre qu'il n'aurait pas voulu nous voir triste.

Amélia revit le visage souriant de Connor et ne pût s'empêcher de verser quelques larmes. Ethan glissa discrètement sa main dans la sienne pour la soutenir. Tous étaient prêts à rentrer lorsqu'Axel décida de prendre la parole. Depuis la fin de la bataille et la révélation sur la réelle identité de sa petite amie Axel s'était refermé sur lui-même et ne parlait presque plus. Son teint était pâle et les mots sortirent difficilement de sa bouche :

— Je me sens terriblement coupable de la mort de Pauline. Peut-être que si je n'avais pas été aussi aveuglé par mes sentiments j'aurais pu la sauver. C'était une enfant innocente qui ne méritait pas de mourir, son visage ne me quittera jamais...

— Rien de tout cela n'est de ta faute Axel, tu ne dois pas te le reprocher, le rassura Ethan.

Sur ces dernières paroles, ils quittèrent peu à peu la cour pour rentrer dans le palais. Lors de la cérémonie personne n'avait osé prononcer quelques mots pour Malik en l'absence de Lorie, toujours à l'infirmerie. Alors en passant devant sa tombe Adrian, Ethan, Olivia et Amélia s'arrêtèrent quelques instants. Soudain, une silhouette provenant de la bâtisse s'élança vers eux. À mesure qu'elle approchait, ils purent distinguer Lorie courir pied nu et en chemise de nuit. Sous les yeux ébahis de ses camarades, la sorcière d'eau s'effondra dans la terre fraîchement retourné et éclata en sanglot :

— Je te déteste ! Je te déteste tellement... Tu m'as fait t'aimer, tu as tout fait pour rentrer dans ma vie et maintenant tu me laisses toute seule ! Je ne veux pas te perdre...Je ne survivrais pas. Et c'est ta faute...


~


Le regard perdu dans le vide, Amélia replia ses jambes contre elle et les enveloppa de ses bras. La bataille était terminée, mais la guerre ne l'était pas. Les larmes coulèrent à nouveau sur ses joues, déjà rougies, en pensant à toutes les personnes qu'ils avaient perdues. Les visages de Connor, Natasha, Malik, Pauline et tant d'autres défilaient devant ses yeux. Les sanglots de la jeune femme redoublèrent d'intensité et son corps meurtri de bleu se mit à trembler sous ses pleurs. Malgré les bruits de pas s'approchant du banc, Amélia ne prit pas la peine de relever la tête. Une main chaude se posa sur la sienne et leurs doigts s'enlacèrent. Ethan. Brusquement, la jeune femme se releva et vint se blottir dans les bras du souverain. Elle s'accrocha à son t-shirt et plongea son visage humide dans le creux de son épaule. Avec tendresse, il répondit à son étreinte. Dans ses bras, Amélia avait l'impression que le monde autour d'elle disparaissait. Ce fut alors à contre cœur, qu'elle se détacha de lui pour reprendre sa place sur le banc.

— Merci, dit soudainement le roi en s'asseyant.

Les sourcils froncés, Amélia se tourna vers lui.

— Merci d'être là Amélia, reformula-t-il en ancrant son regard dans le sien.

Voyant l'incompréhension de la jeune femme, Ethan continua :

— Tu es quelqu'un d'extraordinaire et je te serais toujours reconnaissant de ce que tu as fait pour Edora. Tu vois toujours le meilleur chez les gens. Tu as vu le meilleur en moi...

Gênée, la jeune femme se contenta de sourire timidement. Le souverain tendit le bras pour poser sa main sur sa joue et sous la caresse, ses paupières se fermèrent. Lui relevant le visage, elle sentit un souffle chaud se rapprocher de sa bouche. Enfin, Ethan l'embrassa, lui caressant les joues tandis que ses lèvres exploraient les siennes. Son baiser n'était pas impérieux, mais tendre et apaisant. Cédant, elle se laissa envelopper par cette douceur, lumière dans cette sombre guerre. Amélia émit un petit gémissement quand le souverain s'écarta d'elle.

— Je suis désolée de ne pas te l'avoir dit plus tôt, mais je sais maintenant que tu n'as pas seulement sauvé Edora, tu m'as sauvée moi aussi. Avant de te rencontrer, j'étais vide, seulement animé par la volonté de venger mon père. Tu m'as montré une nouvelle voie, tu as été ma lumière et c'est grâce à toi que je me sens revivre. Une nouvelle ère, une ère de paix et d'alliance est sur le point de débuter et je veux que tu sois là, à mes côtés.

La jeune femme écarquilla les yeux et ne put que bafouiller :

— Je ne sais pas quoi te répondre...

— Dis-moi juste que tu acceptes, sourit Ethan.

— Oui, oui, bien sûr que j'accepte ! s'exclama Amélia en déposant un chaste baiser sur les lèvres du souverain.

Il passa son bras autour des épaules de sa belle qui posa sa tête contre la sienne. La jeune femme n'aurait jamais imaginé, à son arrivée, être dans les bras du roi d'Edora, mais désormais elle sut qu'elle ne pourrait plus le quitter.

— Je n'ai pas eu le temps de te demander, comment va Elion et son peuple ?

— Anil n'a pas survécu malheureusement, mais les autres pégases vont bien.

— Je suis désolée, tu transmettras mes condoléances à Elion.

— Je le ferais, dit-elle en pressant sa main dans la sienne. Tu sais, je me faisais beaucoup de soucis pour Elion lorsque je n'ai pas eu de nouvelles après la bataille. À mon grand soulagement elle va bien, très bien même, et tu ne devineras jamais la raison de son silence, continua Amélia en regardant malicieusement Ethan.

— À ton expression c'est une bonne raison je suppose, sourit-il.

— Elion a eu un bébé ! s'écria la jeune femme. Il s'appelle Ezra et il est tellement mignon !

— C'est une excellente nouvelle, s'exclama Ethan. Mais comment se fait-il que tu ne l'aies pas su plus tôt ?

— Elle n'a pas voulu m'inquiéter. Si elle m'avait mise au courant, elle savait très bien que je lui aurais interdit de prendre part à la bataille.

—Je comprends. Je suis content que tout se soit bien déroulé pour son bébé et pour elle.

— Oui, moi aussi.

Amélia se pressa un peu plus contre son tendre roi et son regard se perdit dans l'horizon. Ils restèrent blottis l'un contre l'autre à apprécier le silence quelques minutes encore.

— Je pense qu'il est temps de rentrer, nous avons eu une grosse journée, finit par dire Ethan en embrassant le front de sa belle.

— Oui je crois qu'une bonne nuit de sommeil nous fera le plus grand bien, soupira-t-elle.

Ethan se leva le premier et lui tendit une main accompagné d'une petite révérence.

— Gente dame, dit-il avec un magnifique sourire.

— Mon roi, répondit-elle solennellement en prenant sa main.

Une fois debout, ils échangèrent un petit regard de connivence et éclatèrent de rire. Main dans la main, ils parcoururent ensuite en silence les couloirs du palais. À quelques mètres de la chambre d'Amélia, le souverain entoura sa taille.

— J'ai passé un excellent moment en ta compagnie, lui dit-il en plongeant ses yeux dans les siens.

— Et ce ne sera pas le dernier, sourit Amélia.

— J'y compte bien, répondit-il, nous avons déjà assez perdu de temps.

— À qui la faute ? reprocha gentiment la jeune femme en lui donnant un petit coup sur le torse.

— Je m'avoue coupable, ricana-t-il, mais maintenant je ne te lâcherais plus.

À ces mots, il resserra son emprise sur ses hanches et l'embrassa tendrement. La jeune femme passa ses bras autour de son cou, entremêlant ses doigts à ses cheveux corbeaux. Les nouveaux amants se séparèrent à bout de souffle, leur front restant uni encore quelques secondes. Ethan embrassa le front d'Amélia et ils franchirent ensemble les quelques pas pour atteindre sa porte.

— Je te souhaite une bonne nuit Amélia.

— À toi aussi, dit-elle avec le même sourire qui ne la quittait plus depuis des heures déjà.

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