- Nouveau-Mexique, Hobbs - 2 septembre 2024 -

Plus de deux mois s'étaient écoulés depuis l'arrivée d'Amélia. Son quotidien avait été rythmé par les recherches intensives du portail et les séances d'entraînement. Il n'avait pas fallu longtemps pour que la jeune femme se lie d'amitié avec les jumeaux. Elle passait beaucoup de temps avec Axel, dans son labo à étudier les créatures. Il lui apprenait aussi le tir à l'arc, son arme de prédilection. Sidney, elle, se chargeait de l'entraîner au combat au corps à corps, à mains nues ou avec des armes de toutes sortes. Quand elle n'était pas en entraînement ou en mission, elle apprenait à connaître Elion. Leur lien devenait de plus en plus fort. Parfois, elles partaient même des soirées entières, toutes les deux, pour simplement voler et s'échapper du quotidien. Amélia s'était aussi rapprochée de Keido. C'était le nom qu'elle avait donné à la créature mi-chien, mi-bouc. Axel avait accepté, après plusieurs tests, de la libérer. Il procurait au petit groupe un souffle de renouveau et de bonne humeur. En effet, Keido était une petite boule de poils curieuse, pleine d'énergie et très demandeuse d'affection.

En ces quelques mois, Amélia avait repris goût à la vie. Elle s'était fait la promesse de ne plus jamais être faible, de ne plus jamais se laisser dominer. Malgré tout, plus les recherches avançaient, plus ils se rapprochaient du but et plus elle doutait. Mais après avoir goûté à tout ça, elle ne pouvait plus revenir à une vie ordinaire, elle le savait.

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— On l'a trouvé ! cria Sidney en sautant du dos d'Elion.

— Sérieux ? s'exclama Axel.

— Oui ! Il faut vite préparer nos affaires et nous partirons dès que possible. J'attends ce moment depuis tellement longtemps !

Alors qu'Amélia allait exprimer sa joie elle aussi, elle se figea. Elle tomba à genoux, une douleur fulgurante lui traversant la tête. Son corps fut parcouru de tremblements. Sur son visage, on pouvait voir la douleur qu'elle ressentait. Les jumeaux et Elion accoururent. Amélia se retrouva dans une pièce sombre, assise sur une chaise attachée par des sangles. Elle tira dessus mais quand elle vit qu'il n'y avait aucun moyen pour elle de se libérer, la panique commença à monter en elle. Un homme approcha et sa peur augmenta en voyant le couteau qu'il tenait dans sa main. Elle voulait crier mais aucun son ne sortait de sa bouche, comme si elle était seulement spectatrice de cette scène. C'était un homme d'une quarantaine d'années, habillé en noir avec des cheveux poivre et sel. Ses yeux étaient d'un noir profond, vidés de toute émotion. Sans aucune pitié, il fit une entaille sur le bras droit d'Amélia. Elle ouvrit alors brusquement les yeux. Au-dessus d'elle, Sidney la regardait avec inquiétude, Axel et Elion derrière elle.

— Est-ce que ça va ?

— Oui, j'ai juste eu mal à la tête.

— Ça avait l'air d'être plus que ça, objecta Axel.

« Amélia. Tu devrais leur en parler. Ce n'est pas la première fois que cela t'arrive et ils sont inquiets. Nous le sommes tous. »

La jeune femme observa Elion quelques minutes. Elle ne pouvait que l'écouter, c'était la voix de la sagesse.

— Je ne sais pas trop comment expliquer ça, commença Amélia, c'est comme des sortes de flashs.

— Tu avais l'air terrorisée, que s'est-il passé dans ce flash ? l'interrogea Axel.

— Cela me paraissait si réel..., j'étais attachée à une chaise et un homme s'apprêtait à me torturer. Il m'a même entaillé le bras.

Mais en regardant son bras, elle s'aperçut qu'il n'y avait rien.

— Est-ce que tu penses que cela peut être prémonitoire ? demanda alors Sidney.

Amélia frissonna, mais très vite Elion la rassura :

« Je ne pense pas que ce soit une prémonition, c'est impossible pour une humaine d'en avoir. Même toi. »

— Elion m'assure que c'est impossible, leur rapporta-t-elle.

— Alors qu'est-ce que cela peut-être ? s'exclama Sidney. Et puis, cela s'est déjà produit n'est-ce pas ? Le premier jour de ton arrivée ?

— Oui, avoua-t-elle, mais c'était beaucoup plus bref et moins violent.

— Bon, écoute, je pense qu'il ne faut pas s'affoler tant que tu n'as pas de séquelles physiques. On va te surveiller et si cela recommence, on trouvera une solution, lui promit Axel en lui tendant une main pour l'aider à se relever.

~

L'enthousiasme et la curiosité de découvrir le nouveau monde fit vite oublier à Amélia son flash. Elle savait maintenant se défendre et, entourée des jumeaux, elle n'avait plus peur. De plus, aux côtés d'Elion, il lui semblait que tout était possible, elle se sentait prête à jouer son rôle.

Dans la grande salle, Axel et Sidney étaient déjà prêts lorsqu'Amélia suivie de Keido arrivèrent. Tous trois portaient un gros sac à dos sur leurs épaules. Axel avait une épée sanglée dans son dos ainsi que son arc et son carquois dans les mains. Sidney, quant à elle, n'avait pas une, mais deux épées accrochées dans son dos. Elle portait un pantalon en cuir noir où elle avait attaché une dague à sa cuisse droite.

— Tu es prête ? lui demanda Axel.

— Plus que jamais !

Ils avaient décidé qu'ils ne pouvaient pas laisser les créatures magiques dans ce monde sans protection. Alors Elion les avait déjà toutes fait traverser le portail et conduit dans un autre refuge, à l'Est d'Edora. Keido n'avait pas voulu quitter Amélia et la jeune femme ne pouvait se résoudre à s'en séparer elle aussi. Le pégase transporta d'abord Sidney, puis Amélia et la chimère et enfin Axel. Le portail se trouvait à l'entrée d'une grotte, au beau milieu d'une clairière, il n'y avait pas meilleure cachette.

— Alors on y est, murmura Amélia figée devant une substance violette flottant au-dessus du sol.

— Tout ira bien Amy, lui chuchota Axel en prenant sa main.

Elion et Sidney traversèrent les premières, se fut ensuite le tour d'Axel et d'Amélia. Pendant la traversée, elle ferma les yeux et se cramponna à la main de son ami. Lorsqu'elle arriva de l'autre côté, elle perdit l'équilibre mais Elion était là pour la rattraper. Elle ouvrit alors les yeux.