Chapitre 36
Depuis son plus jeune âge, Ethan travaillait sur sa maîtrise de soi. Un élément essentiel pour sa sécurité et celle de ses proches. S'il avait d'abord été réticent à ces séances de méditation, elles lui avaient ensuite été devenues indispensables pour le parfait contrôle de son dragon. Randal, son instructeur, lui avait enseigné les bases, mais il en connaissait maintenant toutes les subtilités. Jamais il n'avait souhaité partager ses séances avec quiconque, mais face aux vagues d'émotions que subissait Amélia, il ne pouvait ignorer son besoin d'aide. Elle était l'Élue, mais elle était aussi humaine et son rôle dans la bataille étant primordiale, elle devait être au meilleur de sa forme. Ethan aurait pu faire venir Randal pour qu'il lui enseigne son savoir, peut-être l'aurait-il même fait mieux que lui. Cependant, même s'il ne voulait pas l'admettre, le souverain souhaitait partager ce moment seul avec la jeune sorcière d'air.
Amélia arrivée, ils s'étaient assis en tailleur sur le sol. Pendant un long moment, Ethan lui avait expliqué comment bien respirer et concentrer ses pensées sur une chose bien précise en arrivant à les compartimenté. Cela faisait maintenant plusieurs minutes qu'ils avaient commencé la séance. Ils étaient à quelques centimètres l'un de l'autre, leurs genoux se frôlaient presque et leurs mains étaient jointes devant eux. Amélia tentait de garder son calme, mais elle pouvait sentir le souffle chaud et régulier d'Ethan sur son visage. Ne pouvant tenir, elle ouvrit les yeux et découvrit les traits calmes et sereins du souverain, les yeux toujours clos. La jeune femme ne put s'empêcher de suivre les courbes de sa mâchoire et de s'attarder sur ses lèvres pleines. Elle eut soudain la terrible envie de les embrasser. Son cœur se mit à battre la chamade. Amélia savait très bien qu'il pouvait la sentir approcher, pourtant elle avançait, sans pouvoir s'en empêcher, son visage du sien. Délicatement, elle posa sa bouche contre la sienne. Ne voyant aucune trace d'opposition, elle commença à bouger ses lèvres, l'espoir naissant dans son cœur. L'espace d'un instant, la jeune femme le sentit répondre à son baiser, mais la seconde d'après Ethan la repoussa doucement.
— Je ne peux pas, lui dit-il simplement en la regardant tristement.
Amélia lâcha brusquement les mains du souverain, bredouilla quelques excuses et s'élança hors de la pièce. Ethan se releva d'un bond et tenta de la retenir en criant son prénom, mais la sorcière d'air ne se retourna pas et se précipita dans sa chambre. Sur le chemin, elle percuta Axel qui marchait dans le couloir accompagné de Castiel.
— Désolée, sanglota-t-elle avant de reprendre sa course.
Les mains d'Axel se refermèrent cependant autour de ses poignets, l'empêchant ainsi de fuir. Incapable de le regarder, Amélia garda la tête baissée, tentant d'arrêter de pleurer.
— Que se passe-t-il ? demanda Axel.
— Regarde-nous Amy. Tu es blessée? s'exclama Castiel, inquiet.
La jeune femme prit une grande inspiration, sécha ses larmes et leur expliqua, aussi calmement que possible, la situation.
— Cela ne veut rien dire. Il a dit qu'il ne pouvait pas et non qu'il ne voulait pas. Je pense qu'il faut que tu lui laisses du temps, recommanda Axel.
— Je suis d'accord. Je ne suis ici que depuis quelques jours, mais je sais déjà qu'il n'est pas insensible à ton charme. Très peu de garçons ici le sont d'ailleurs, tu es une fille formidable et s'il ne le voit pas alors c'est un imbécile, continua l'ange.
— Je dois aller voir Olympe, mais je peux t'accompagner si tu veux, voir Sidney.
— Je ne veux pas l'embêter, je vais aller dans ma chambre et je vais...
— Non, je vais te montrer un très bel endroit, viens avec moi, proposa Castiel.
~
Après être passée dans sa chambre pour troquer son t-shirt pour un gros pull et un blouson, elle rejoignit l'ange dans la cour. Celui-ci ne s'était pas changé, mais portait dans ses bras un gros manteau brun.
— Je vais devoir t'emmener en volant si tu es d'accord ?
Amélia accepta en silence et, sans plus d'explication, Castiel ôta son t-shirt. La jeune femme aurait voulu détourner les yeux par principe, mais elle ne put s'empêcher de fixer son torse. Sa musculature était bien dessinée sans être excessive et les fines lignes de ses abdominaux convergeaient dans un V en dessous de son pantalon. Sa peau était pâle et uniforme.
— Ne sois pas gênée, ajouta l'ange avant de fermer les yeux.
Au début rien ne se passa puis, doucement, une lumière l'enveloppa. À mesure que le halo se dissipait, Amélia pouvait apercevoir ses ailes ; d'un blanc pur, grandes et larges aux plumes fines et douces. Comme hypnotisée, elle s'avança le bras tendu et effleura une plume. Elle laissa sa main glisser jusqu'à la base de l'aile puis, ignorant les frissons de l'ange, elle remonta d'un geste souple. Ce n'était pas un assemblage de plumes, mais un ensemble lisse et soyeux. C'était tout simplement magnifique. La jeune femme n'avait jamais rien vu de tel. Encore émerveillée, elle recula.
— Elles sont magnifiques, souffla-t-elle.
— Je te remercie. Tu permets ? demanda-t-il en approchant ses mains des hanches de la jeune femme.
Pour simple réponse, Amélia hocha simplement la tête et entoura de ses bras le cou de l'ange. Il passa alors une main dans son dos et une sous ses genoux pour la porter telle une princesse. Étrangement, la sorcière d'air se sentait à l'aise et en confiance avec Castiel. Tranquillement, ils commencèrent à prendre de la hauteur. Ses cheveux virevoltèrent dans tous les sens et elle retrouva alors la même sensation que lorsqu'elle parcourait le ciel avec Elion. Comme si, ici, entre ciel et terre, tous ses problèmes disparaissaient. Ils survolèrent de grands sapins pour enfin arriver au sommet d'une montagne. Au fur et à mesure de leur ascension, la neige recouvrait les rochers et les aiguilles de sapins. L'air se faisait, quant-à-lui, plus frais et Amélia ne put s'empêcher de frissonner. Lorsqu'ils entamèrent la descente, elle se blottit instinctivement contre l'ange. Malgré la neige et le froid, le torse de Castiel était brûlant. À l'approche du sol, il ralentit et ils se posèrent délicatement sur une douce pellicule de neige blanche. Castiel replia rapidement ses ailes et enfila le manteau qu'il avait confié à Amélia. Cette dernière tourna sur elle-même et resta bouche-bée devant ce paysage. Ils se trouvaient dans une petite clairière entourée de grands sapins. Et à, à peine quelques mètres, un petit chemin menait à un chalet en bois. Tout était recouvert de neige. Instinctivement, Amélia se baissa pour la toucher. À son contact, ses doigts se glacèrent, mais elle ne pouvait s'empêcher de sourire. Elle ne saurait dire depuis quand elle n'avait pas vu la neige.
— Tu viens ? lui dit Castiel qui avait déjà bien avancé sur le chemin.
Amélia reprit ses esprits et trottina jusqu'à lui, appréciant à chaque pas le petit bruit que faisaient ses chaussures dans la neige.
— Où est-ce qu'on est ?
— Chez moi, sourit-il.
— Chez toi ?
— Oui. Enfin ce chalet est la maison de mon enfance. Je vais te présenter Annie, la femme qui nous a recueillis et élevés, Lazar et moi.
Castiel toqua à la porte avant de rentrer. Une douce chaleur les envahit. La décoration était très rustique et accueillante, sur un fauteuil, près du foyer, se trouvait une femme de dos aux cheveux gris. Au bruit de la porte, elle se leva lentement, une main dans le bas du dos et se retourna vers les nouveaux arrivants. Amélia se figea. En voyant ses yeux blancs, elle réalisa que cette femme était aveugle. Cependant, cette dernière afficha un grand sourire et se dirigea directement vers eux.
— Mon garçon, vient dans mes bras, dit-elle avec amour.
— Bonjour Annie, tu es toujours aussi jolie, s'exclama Castiel en embrassant la vieille dame sur la joue.
— Et toi toujours aussi charmeur ! ria-t-elle.
— Tu m'as beaucoup manqué, avoua l'ange en l'enlaçant.
— Toi aussi, toi aussi. Mais présente moi cette jeune femme qui t'accompagne, demanda-t-elle.
Amélia fut surprise. Elle n'avait pourtant prononcé aucun mot, comment pouvait elle savoir qu'elle était une femme ? Castiel lui donna un petit coup de coude afin de l'inciter à se présenter.
— Je suis Amélia Stacy. Enchanté madame, dit-elle joyeusement.
— Voyons, appelle-moi Annie ma chérie, lui sourit-elle, allez-vous installer dans le petit salon, je vais vous préparer un bon chocolat chaud.
— Voulez-vous de l'aide ? demanda Amélia poliment.
— Oh non ne t'inquiète pas, je reviens très vite, dit-elle avant de s'éclipser dans la cuisine.
Quelques minutes plus tard, elle revint avec deux tasses fumantes.
— Tenez les enfants, vous devez avoir froid avec toute cette neige dehors.
— Merci, dit poliment la sorcière d'air à l'unisson avec Castiel.
— Alors, comment vas-tu mon garçon ?
— Très bien. J'ai décidé de m'engager dans la garde d'Edora.
— Ton frère me l'a dit, je suis très fière de toi, mais cela m'inquiète, sois prudent !
— Promis, sourit l'ange.
— Et toi Amélia, qu'est-ce qui te rend si triste ?
— Heu..., je..., bafouilla-t-elle prise de court.
Cette femme était vraiment extraordinaire. Sa vue était défaillante, mais elle semblait être capable de voir des choses que les voyants n'étaient pas capables de discerner.
— Une peine de cœur ?
— On peut dire ça oui..., marmonna Amélia.
— Elle a embrassé le garçon qu'elle aime, mais il l'a repoussée, expliqua Castiel à sa place.
— Oh mais tu n'as pas à t'en faire ma chérie ! Je vais te raconter une histoire. Il y a bien des années j'ai rencontré Henry. J'étais follement amoureuse de lui, mais quand il m'a embrassée pour la première fois j'ai été tellement surprise, et pas encore prête, que je lui ai mis une gifle phénoménale. Je lui ai même ordonné de ne plus jamais m'approcher. Et tu sais quoi Amélia ? Nous avons été mariés pendant plus de cinquante ans, sourit Annie.
— C'est une belle histoire, avoua Amélia, mais peut-être ne m'aime-t-il pas ?
— Castiel, qu'en penses-tu ? Tu as toujours eu un don pour lire dans le cœur des gens.
— Je pense qu'il a juste peur, dit-il avec un petit sourire.
— Tu vois ma chérie, ne te fais pas de soucis ! Sois juste patiente.
Au moment de quitter le chalet, Amélia s'aperçut qu'elle se sentait étonnement bien. C'était une femme extraordinaire dont le caractère ressemblait beaucoup à celui de Castiel.
Perdue dans ses pensées, elle sursauta lorsqu'elle sentit quelque chose de froid glisser dans son cou. À l'affût, elle tourna la tête et aperçut Castiel, une boule de neige entre les mains. Et, tel un enfant, il regarda son amie avec un grand sourire malicieux avant de lui jeter une boule de neige qu'elle esquiva facilement. Amélia riposta aussitôt en lui en lançant une également. Ne voyant pas arriver le coup, Castiel la reçut en pleine tête. À la vue de son visage étonné, la jeune femme éclata d'un rire cristallin. Les boules de neiges ne tardèrent pas à fuser dans tous les sens et, malgré ses tentatives d'esquive, Amélia ne put toute les éviter. Les deux amis finirent alors cette petite bataille complètement couverts de neige et les mains rougies et engourdies par le froid.
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