Chapitre 2
— Quoi ! C'est une blague ?
— Non, c'est vrai. C'est un monde peuplé de créatures extraordinaires comme celle que tu peux voir ici. C'est de là-bas que vient ton pégase, continua Axel.
Amélia les regardait, stupéfaite, essayant de déterminer s'ils se moquaient d'elle ou s'ils étaient tout simplement fous. Elle n'arrivait pas à croire que tout ce qu'elle avait vu dans sa vie n'était qu'une infime partie de ce qui existait en réalité.
— Amélia, comment expliques-tu le fait que tu ne sois plus blessée ? Que ce cheval ailé et toutes ces créatures que tu vois là, existent ?
Axel marquait un point, ses yeux ne pouvaient la tromper. Elle avait du mal à accepter cette explication digne d'un roman, mais, après tout, quand le possible était écarté, il ne restait plus que l'impossible, non ?
— Il faut nous croire.
— Mais ce n'est pas tout, ajouta Sidney.
— Comment ça, pas tout ?
Sous les yeux ébahis d'Amélia, les jumeaux lui racontèrent brièvement l'histoire de ce monde. Une guerre faisait rage depuis deux ans entre deux clans, les Stark et le peuple d'Edora. Edora était en train de perdre et bientôt les Stark auraient conquis et détruit ce monde. Ils lui expliquèrent que si les pégases prenaient part à la bataille, peut-être qu'Edora aurait une chance de gagner. Sans qu'elle n'ait eu le temps de réagir, Sidney l'incita à leur raconter son histoire et sa rencontre avec Elion.
— D'accord, accepta-t-elle. Mon père adoptif est devenu violent avec moi depuis plus de quatre mois déjà. Il y a deux jours, je me suis enfuie dans la forêt. Il a réussi à me rattraper, et il était prêt à me frapper ou à me tuer, lorsqu'Elion est arrivée. Elle m'a sauvée ! raconta-t-elle rapidement, ne voulant pas trop s'étendre sur le sujet.
— Ça n'a pas dû être facile, je suis désolée, lui dit Axel.
— C'est horrible... Les hommes peuvent vraiment être des monstres, continua sa sœur avec amertume. Et ta blessure d'où vient-elle ?
— Il a essayé de tirer sur Elion, mais je me suis interposée et c'est moi qui ai pris la balle à sa place. Et là ! Comme par miracle, je suis guérie...
— C'est incroyable ! Sais-tu pourquoi ce pégase t'a sauvé ? s'exclama Axel.
Elle hésita quelques secondes à leur raconter son bref échange avec Elion, mais si elle voulait en savoir le plus possible sur ce monde, elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix que de jouer la carte de l'honnêteté.
— Elle m'a parlé, avoua-t-elle.
— Tu communiques avec elle ? s'écria Sidney.
— Je ne sais pas si c'est réel, mais j'ai l'impression de l'entendre dans ma tête...
— C'est tout à fait possible. C'est même plutôt une bonne nouvelle !
— Une bonne nouvelle ?
— Si tu peux communiquer avec elle, c'est que la prophétie dit vrai et qu'il reste un espoir de sauver Edora, et de rallier les pégases à notre cause, sourit la rousse.
Alors qu'elle pensait avoir tout entendu, voilà qu'on lui parlait d'une histoire de prophétie. Elle prit sa tête entre ses mains et se massa les tempes.
— C'est beaucoup trop pour moi...
S'apercevant de son trouble, Axel lui proposa de rester pour la nuit. Demain, elle pourrait décider de ce qu'elle voulait faire, partir ou rester. Quelques secondes lui suffirent pour accepter. Elle ne connaissait pas ces gens, mais ils n'avaient pas l'air de lui vouloir du mal. D'ailleurs, il lui fallait être raisonnable : elle n'avait aucun endroit où aller. Après un dernier coup d'œil à Elion, elle suivit les jumeaux vers sa chambre.
Elle s'assit lourdement sur le lit à baldaquin. Dans des moments comme ça, elle aurait aimé que sa sœur soit là. Elle lui manquait tellement. Ils lui manquaient. Tous l'avaient abandonnée et elle se retrouvait désormais seule à devoir faire face à un nouveau monde étrange. Sa sœur aurait pu la conseiller, mais elle n'était plus là. Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues. Quand elle entendit la porte s'ouvrir, elle les sécha rapidement et se releva. Axel s'approcha et lui tendit des vêtements propres :
— Tu vas bien ?
— Oui ça va.
Elle prit les habits et se précipita dans la salle de bain. Elle quitta sa robe déchirée et rentra dans la douche. L'eau chaude qui ruisselait sur son corps, la détendit aussitôt. Elle ferma les yeux et apprécia cette douce chaleur. Alors qu'elle s'habillait, un mauvais souvenir refit surface à la vue de la petite cicatrice au-dessus de son nombril. Délicatement, elle la toucha et frissonna de tout son long.
~
Ils s'assirent autour d'une grande table en bois brun. Amélia était affamée et ne se fit pas prier pour déguster son dîner avec appétit. Après quelques minutes, sa curiosité naturelle vint prendre le dessus et elle submergea les jumeaux de toutes les questions qui lui trottaient dans la tête depuis son arrivée.
— Vous vivez seuls ici ? demanda-t-elle après quelques minutes.
— Oui, cela fait maintenant deux ans que nous avons créé ce sanctuaire, lui raconta Sidney.
— Pourquoi toutes ces créatures sont-elles ici ?
— Il existe un portail secret qui relie nos deux mondes. Ses créatures ont toutes franchi le portail pour fuir la guerre et les Stark qui les chassaient pour leur pouvoir. Ici nous leur donnons un refuge. Si nous les laissions dans la nature, les humains pourraient faire des expériences sur elles ou même les tuer.
— Un portail ? s'exclama Amélia.
— Oui, mais nous n'avons aucune idée du lieu où il se trouve, nous sommes à sa recherche depuis presque deux ans...
Chaque nouvelle question en amenait une autre, mais ces interrogations devraient attendre, car le repas terminé, ils retournèrent dans la grande salle pour voir Elion. Lorsqu'ils s'approchèrent, la pégase se releva et leur fit fièrement face, ses longues ailes repliées contre son flanc. Les jumeaux restèrent en retrait tandis qu'Amélia s'avançait jusqu'à n'être plus qu'à un mètre d'elle.
« Est-ce que tu vas bien ? »
— Ça va, oui, répondit-elle après quelques secondes. J'ai plusieurs questions à te poser.
Lentement, Elion baissa la tête comme pour lui donner son accord.
— Comment se fait-il que je n'aie plus de blessure ?
« La blessure n'était pas mortelle, j'ai pu alors, absorber ton mal »
— Pourquoi m'avoir sauvée, moi ?
« Comme je te l'ai dit, nous sommes liées »
— Mais je ne comprends pas ! Qu'est-ce que cela veut dire ? s'exclama-t-elle en perdant patience. Et puis si nous sommes liées, pourquoi ne pas être intervenue plus tôt ?
« C'est un phénomène qui n'est arrivé que quelques fois dans l'histoire de notre espèce. Alors que je survolais la forêt, j'ai ressenti ta peur et ta détresse. C'est en te voyant que j'ai su que je devais te protéger. »
Amélia ouvrit la bouche de surprise et se contenta de la fixer. Quand elle la regardait, la jeune femme savait qu'elle pouvait la croire. C'était comme une évidence. Elle ne pouvait pas l'expliquer, mais elle ressentait ce lien, au plus profond de son âme.
« Qui sont ces humains qui retiennent prisonnier ces pauvres créatures ? »
— Cet endroit est un sanctuaire, ils les ont recueillis pour les protéger de la guerre.
C'est à cet instant que Sidney s'avança. Elion la regarda d'un œil méfiant sans bouger pour autant.
— Je suis Sidney. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais dans votre monde, les Stark ont déclaré la guerre à Edora et ils sont malheureusement sur le point de gagner.
« Tu peux lui dire que je suis au courant. Quand les véritables affrontements ont commencé, j'ai décidé de venir ici, pour te chercher Amélia. »
— Me chercher ?
« Oui, sans toi je ne peux communiquer avec les humains, mais la principale raison est que bon nombre de mes semblables refusaient de se battre si je ne trouvais pas l'Élue. »
— Nous voulons aider Edora. Pour cela il faudrait trouver le portail, continua Axel ne laissant pas le temps à Amélia de répondre à cette nouvelle révélation.
« Je ne sais pas où il se trouve. Il change de position tous les mois. Nous en parlerons demain, je dois me reposer. »
- Elle a dit qu'il changeait de position tous les mois et qu'on en reparlerait demain. Est-ce que vous pouvez me laisser seule quelques instants avec elle ?
— Bien sûr, on t'attend dehors.
Amélia s'avança un peu plus près d'Elion et tendit la main vers son encolure. Son contact eut pour effet de l'apaiser et elle ne put s'empêcher de sourire. Dans toute cette folie, elle se sentait en sécurité avec elle.
— Merci, murmura-t-elle.
Elion posa sa tête contre sa poitrine et la jeune femme l'enveloppa de ses bras.
« Quoi que tu décides, je serais toujours à tes côtés. Prends le temps qu'il te faut pour réfléchir. »
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