Chapitre 19

— Amélia !

Elle ouvrit brusquement les yeux et les écarquilla en sentant la chaleur des mains d'Ethan posées sur ses épaules.

— C'est fini, chuchota le roi en la prenant dans ses bras.

Elle se laissa aller contre le torse chaud et musclé d'Ethan, enlaçant son cou de ses bras. Ensemble ils tombèrent à genoux et Amélia laissa libre cours à ses larmes. Le souverain passa une main dans ses cheveux ondulés, lui frottant le dos de l'autre. La jeune femme avait beaucoup de mal à se calmer, laissant sortir tout le stress et la peur qui l'avaient submergé pendant toute ses épreuves.

— On est vivant, dit-elle enfin en s'accrochant au t-shirt d'Ethan.

— Oui, c'est terminé. Nous n'avons plus rien à craindre, lui répondit-il d'une voix douce.

Elle plongea sa tête dans le creux de son cou et il resserra son étreinte autour de sa taille. Après quelques minutes, Amélia appuya sa joue contre le torse du roi.

— Ça va mieux ?

— Oui, je suis désolée...

— Ne t'excuse pas. Mais tu as été idiote de ne pas partir, dit-il le regard grave.

— Je sais, mais je...

— Merci, la coupa-t-il.

Amélia leva les yeux et croisa le doux regard d'Ethan.

— Je ne t'aurais jamais abandonné, murmura-t-elle.

— Moi non plus, susurra Ethan en posant une main sur sa joue.

Lentement, son visage s'approcha de celui de la jeune femme qui rougissait à vue d'œil. Les battements de son cœur s'accélérèrent et comme si le roi avait pu le percevoir, il sourit tout en continuant d'avancer. Finalement sa bouche vint se poser avec délicatesse sur son front et il murmura une nouvelle fois « Moi non plus Amélia ». Amélia ne put s'empêcher d'être déçue, mais n'en montra rien et sourit à son tour. Elle se montrait déjà chanceuse de l'évolution si rapide de sa relation avec le souverain. Aujourd'hui, il lui avait montré une nouvelle facette, plus rassurante et délicate, elle était impatiente d'en découvrir plus.

Il se recula doucement et reprit son air impassible. Replaçant une mèche rebelle derrière son oreille, il proposa à Amélia :

— Et si on partait d'ici ?

— Avec plaisir !

Une fois le dernier anneau à son doigt, Amélia s'engagea la première le long de l'échelle et grimpa jusqu'à apercevoir une vive lumière. Elle s'étala dans l'herbe verte du jardin et serra les brins entre ses doigts, comme pour se persuader que tout était bien terminé.

« Amélia ! »

« Elion ? Quelque chose ne va pas ? »

« Je n'arrivais pas à te contacter, j'ai eu peur que quelque chose ne te soit arrivé. »

« Je suis désolée de t'avoir inquiété mais tout va bien ! Nous avons bientôt terminé. »

« Très bien, je vous attends. »

— Je vois que vous êtes indemne, bravo. Les cinq anneaux, s'il vous plaît, demanda la reine.

Amélia se releva précipitamment et ôta les anneaux de ses doigts pour les déposer dans la paume d'Elwing.

— Oui bien sûr, tenez.

— Bien, vous avez réussi le rite, mais j'ai tout de même une condition.

— Je vous écoute, accepta Ethan.

— Je n'obéirai qu'aux ordres de cette jeune femme, répondit malicieusement la reine.

— Quoi ? Pourquoi moi ? protesta Amélia.

— J'ai toujours pensé qu'une femme était meilleure qu'un homme aux commandes. Tu m'as l'air d'une fille loyale et intelligente. Je trouve, de plus, qu'Urulókë est beaucoup trop...

Elwing fit une pause pour regarder quelques secondes Ethan qui fronça les sourcils.

— Imprévisible, finit-elle.

— J'accepte la condition, confirma tout de même le souverain.

— Tu acceptes ? s'étonna Amélia.

— J'ai confiance en toi. Tu endosseras ce rôle à merveille.

Amélia resta sans voix quelques secondes avant de remercier le souverain avec un sourire gêné. Elle regardait Ethan, les yeux brillants et les joues rouges, touchée par cette nouvelle démonstration de confiance.

— Vous devriez rentrer.

— Vous avez raison, nous avons déjà trop abusé de votre temps, approuva Ethan.

— Comment fait-on pour vous contacter ?

— Prends ça Amélia.

La reine des elfes tendit une main à Othar, son second, et il y déposa un petit objet. Il tenait dans le creux de la main et était rond et lisse avec une pierre verte en son centre.

— C'est un émetteur, il suffit que tu appuies sur le bouton central et j'enverrai un de mes guerriers. Mais n'appelle pas sans raison, je crois savoir que tu as un très bon moyen de transport, indiqua Elwing en pensant à Elion qui les attendait dehors.


~


Amélia se laissa tomber sur son lit. Elle se sentait complètement vidée de toute énergie. Elle passa ses mains sur son visage pour écarter quelques mèches de son front et ferma les yeux, essayant de remettre de l'ordre dans son esprit. Aujourd'hui avait été la journée la plus dangereuse, fatigante et terrifiante qu'elle ait vécue depuis la découverte de ce monde. Cela avait été pour elle les montagnes russes. D'abord le sourire d'Ethan qui l'avait mise dans une joie particulière qu'elle ne savait expliquer puis il y avait eu l'attaque des messagers de la mort et l'apparition de ses pouvoirs. Elle se souvint de la magie qui avait envahi l'intégralité de son corps, la submergeant et lui faisant perdre le contrôle de ses propres mouvements. Elle avait, pendant un instant, été terrifiée, mais en y repensant, sans eux elle n'aurait sûrement pas survécu. Amélia se doutait que l'apprentissage d'un élément était long, mais elle espérait cependant apprendre à le maîtriser le plus rapidement possible afin de devenir plus forte pour venger ses parents et sauver Edora. Pour couronner la journée, elle avait appris qu'Ethan était en réalité un métamorphe et était passée à côté de la mort en réussissant un rituel elfique. Si quelqu'un lui avait raconté tout ça il y a quelques mois, elle ne l'aurait sûrement jamais cru. Quelques minutes plus tard, elle se redressa et sauta du lit d'un bond. Malgré tous ces événements, elle ne pouvait s'empêcher de se demander en quoi se transformait le roi et cette pensée occultait toutes les autres. Il était resté si mystérieux à ce sujet que cela accentua sa curiosité. Elle enfila un gilet en laine et se dirigea vers la bibliothèque. Si la réponse à sa question existait, elle était persuadée qu'elle se trouvait là-bas. La jeune femme sillonna les allées, touchant du bout des doigts les reliures des livres. Elle ne savait pas vraiment où chercher et prit alors plusieurs encyclopédies, guides ou livres en tous genres pour s'installer sur la table. Le premier livre qu'elle ouvrit était une encyclopédie relatant diverses transformations possibles.

— Rapace, renard, serpent...Pas d'Urulókë, soupira-t-elle.

Elle referma l'ouvrage et le poussa sur le côté. En regardant la pile de livres qu'il lui restait à étudier, elle s'affala sur sa chaise en soufflant.

— Je croyais que tu devais te reposer, gronda une voix.

Amélia se redressa d'un bond et sourit nerveusement.

— Ethan, je..., commença-t-elle.

Le souverain s'approcha et lui jeta un regard interrogatif après avoir lu le titre du livre.

— Une encyclopédie ?

— Je voulais savoir en quoi tu te transformes, je suis désolée...

— Ce n'est pas grave. Je pense que je suis prêt à t'en parler, mais promets-moi de garder le secret.

— Personne ne sait en quoi tu te transformes ?

— Si, bien-sûr que si, mais personne ne sait pourquoi.

— Je ne comprends pas...Pourquoi je ne trouve rien sur toi ?

— Tu ne cherches pas au bon endroit, attends-moi là.

Ethan s'éloigna dans les allées et revint quelques minutes plus tard, un gros livre à la couverture pourpre dans les mains.

— Un livre de légendes ?

— Oui, regarde cette page.

Le souverain ouvrit le livre et le feuilleta pour enfin s'arrêter sur une double page.

— Je ne comprends pas, s'exclama Amélia en relevant le visage vers Ethan. Ses yeux s'écarquillèrent, ses sourcils se levèrent et sa bouche s'entrouvrit.

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