Chapitre 17

Amélia ouvrit les yeux et comprit l'étonnement de son ami. Devant elle s'élevait la cité des elfes, accrochée à un pan de montagne. Les yeux de la jeune femme s'agrandirent et elle en détailla chaque recoin. À travers les massifs de verdure se dressaient des tours et des dômes de pierres sculptées, la cité semblait faire corps avec son environnement. Du lierre courait le long des bâtiments. Au sommet, les tours étaient nombreuses, les plus hautes disparaissant dans d'épais nuages blancs. Amélia se sentit minuscule face à la grandeur de cette cité, sûrement ancienne de plusieurs siècles. Lorsqu'Elion s'approcha, les deux amis purent entendre le bruit d'une chute d'eau. En plissant les yeux, Amélia aperçut de fines cascades qui se faufilaient à travers les diverses structures. L'eau cristalline tombait en produisant une écume blanche et s'élargissait en un vaste bassin au pied de la montagne. Soudain, des piaillements se firent entendre de plus en plus fort. Axel et Amélia regardèrent autour d'eux et virent alors arriver à toute allure une nuée d'oiseaux. Il devait y en avoir une centaine qui, d'une synchronisation parfaite, tournaient autour de la cité. À l'approche de la montagne, Elion ralentit afin de se poser avec délicatesse sur un replat. Amélia se demanda alors comment les elfes faisaient pour parvenir jusqu'ici. En effet, elle n'avait même pas vu ne serait-ce qu'un semblant d'escalier. Axel descendit le premier et tendit la main à Amélia, paume vers le haut, pour l'aider.

« Je vous attends là »

« Merci Elion, à tout à l'heure »

Amélia apposa un rapide baiser sur le bout de son nez avant de s'engager, les yeux grands ouverts d'émerveillement, sous un grand chapiteau de pierre. Du bout des doigts elle effleura les piliers où grimpait un robuste lierre, elle sentit alors le froid des pierres et la douceur des feuilles sur sa peau. Perdue dans sa contemplation, la jeune femme heurta le dos d'Axel qui venait de s'arrêter. Elle s'excusa rapidement puis leva les yeux pour admirer l'immense porte en bois qui se trouvait devant eux. Des sentiments contradictoires la tiraillaient. Elle était à la fois impatiente de rencontrer le peuple des elfes mais aussi terrifiée à l'idée qu'ils refusent de les aider. Alors que l'archer s'apprêtait à frapper, la porte s'ouvrit dans un léger grincement. À peine avaient-ils mis un pied à l'intérieur, qu'une jeune femme d'une vingtaine d'année s'approcha. Elle paraissait agacée par leur venue, mais elle n'en restait pas moins splendide. Ses longs cheveux dorés volaient dans son dos à chacun de ses pas, laissant apparaître ses fines oreilles pointues. De fines arabesques à l'encre noire recouvraient ses frêles épaules et un cercle était tatoué au centre de son front. Son visage était fin et pâle, et dans ses yeux, couleur miel, Amélia vit instantanément qu'ils n'étaient pas les bienvenus.

— Qui êtes-vous et que faites-vous ici, misérables ?

— Pas très charmante, chuchota Axel à l'oreille de son amie qui approuva.

— Silence ! Je vous ai posé une question il me semble, gronda-t-elle en leur lançant un regard noir.

— Je vous prie de nous excuser. Je m'appelle Amélia Stacy et lui c'est Axel Leroy, c'est Ethan Namaro, roi d'Edora qui nous envoie.

— Cela ne me dit toujours pas ce que vous faites ici, répondit froidement l'elfe.

— Nous aimerions nous entretenir avec le roi ou la reine, continua Axel.

— Je suis Elwing, reine du peuple des elfes, et voici mes seconds Othar et Naïa, dit-elle en montrant les deux elfes à quelques pas d'elle. L'un était massif et grand, les cheveux courts et les yeux verts. L'autre était une jeune femme, plutôt petite. Tous deux portaient un arc en bandoulière ainsi qu'un carquois dans leur dos. En observant les deux guerriers, Amélia se rendit compte que de nombreux elfes étaient également postés tout autour de la pièce. Du coin de l'œil, elle en aperçut deux qui gardaient la porte par laquelle ils venaient d'entrer. D'un même mouvement, après un regard complice, Axel et Amélia s'inclinèrent en une révérence maladroite.

— Je ne me sens pas d'humeur à vous écouter, vous ne m'intéressez pas, s'exclama Elwing en les regardant avec dédain, prête à faire demi-tour.

— Nous avons un présent du roi d'Edora pour vous, cru alors bon d'ajouter Axel.

À ces mots, une lueur brilla dans les yeux de la reine. Et lorsqu'Axel lui tendit l'objet, un grand sourire illumina son visage d'ange. Avec grâce, elle posa la couronne sur le dessus de sa tête.

— Je vous écoute, dit-elle finalement en croisant ses fins bras sous sa poitrine.

— Vous n'êtes pas sans savoir que les Stark convoitent tous les royaumes. Leur but est de tout anéantir et Edora n'est que le premier sur leur liste. Ce combat est donc aussi le vôtre. La bataille à venir sera décisive. Avec l'aide de vos humbles guerriers et archers, la victoire sera assurée, proclama Amélia d'une voix claire.

— Tu m'as l'air d'une fille courageuse et audacieuse Amélia. Cependant, je ne peux pas accepter avant que le rite ne soit passé.

— Quel rite ? s'exclama Axel.

— C'est un rite, composé de cinq épreuves qui déterminera si vous êtes dignes de notre confiance. Urulókë et toi, Amélia, devriez le réussir.

— Urulókë ?

— Le roi d'Edora.

— Son nom est Ethan Namaro, protesta Amélia, ne comprenant pas pourquoi elle l'appelait ainsi.

— Aucune importance. C'est ça ou rien, gronda-t-elle en reprenant son air renfrogné.

— Très bien, accepta Amélia. Axel, tu veux bien partir avec Elion, voir si Ethan est en état de venir ?

— J'y vais.

De longues minutes plus tard, Elion arriva avec le roi. Il marchait, comme à son habitude, avec assurance et son visage, qui ne trahissait aucune émotion, avait repris des couleurs. S'il souffrait, il n'en montrait rien. Amélia n'eut même pas le temps de lui demander comment il se sent, qu'Elwing s'approcha :

— Urulókë ! Te voilà enfin.

— Ne m'appelez pas comme ça, gronda l'intéressé.

— C'est pourtant ta nature non ? ricana-t-elle.

— En quoi consiste ce rite ? esquiva Ethan.

— Vous le saurez très bientôt, sourit-elle en jetant un regard appuyé à Amélia.

— Amélia reste ici. J'y vais seul.

La jeune femme allait protester, mais la reine la devança une nouvelle fois :

— C'est soit vous y allez tous les deux, soit-il n'y a pas d'accord. Cette petite me plaît bien.

Ethan ne pouvait qu'accepter, il n'avait pas le choix. Ils suivirent alors la reine et ses seconds dans de longs couloirs souterrains. Il semblerait que la cité des elfes s'étendait à l'intérieur même de la montagne jusqu'à son cœur. À ce qu'aurait pu croire Amélia, les galeries n'étaient pas sombres et étroites. Non, elles étaient spacieuses, et éclairées d'une douce lumière verte venant d'au-dessus d'elles. En levant la tête, elle distingua ce qui s'apparentait à des milliers de petites pierres lumineuses qui recouvraient le plafond.

— Tu vas bien ? chuchota-t-elle en sortant de sa contemplation.

— Ne t'inquiète pas, tout va bien se passer, la rassura le souverain.

Malgré tout, le cœur d'Amélia battait à tout rompre.

Le petit groupe continua de marcher pendant de longues minutes encore, l'air se faisant de plus en plus lourd à mesure qu'ils s'enfonçaient dans les entrailles de la montagne. Ils empruntèrent ensuite d'interminables escaliers en spirales, descendant encore plus profondément. Amélia se sentit soudainement oppressé et comprit alors que la cité des Elfes s'étendait sous les massifs rocheux. Elle se concentra à garder une respiration régulière et lorsqu'elle descendit les dernières marches, son corps semblait s'être habitué à ce nouvel environnement. L'atmosphère y était plus lourde, mais la lumière des cristaux inondait toujours les souterrains. Othar s'arrêta devant une grande porte en bois, tira sur le battant et s'écarta pour les laisser entrer. Amélia s'immobilisa, émerveillée. Un immense jardin s'étendait devant ses yeux. Ils se trouvaient toujours à l'intérieur de la montagne, pourtant une douce lumière illuminait l'étendue d'herbe. Sur les côtés, il y avait des bancs en bois entourés de plantes grimpantes et de fleurs colorées. Au centre du jardin se dressait fièrement un grand chêne aux fines branches brunes et aux belles feuilles vertes. La reine leur demanda de la suivre jusqu'à cet arbre centenaire qui s'élevait à plusieurs mètres.

— Naïa va vous expliquer les règles, annonça Elwing.

— Vous allez passer le rite que doit réussir chaque elfe avant de devenir officiellement un guerrier du royaume. Il est composé de cinq épreuves qui correspondent aux cinq qualités nécessaires pour devenir un guerrier elfe accompli : le courage, la sagesse, la rapidité, la force et enfin la loyauté. À la fin de chaque épreuve, il vous faudra récupérer un anneau et ensuite vous pourrez passer à la suivante, expliqua la jeune elfe.

— Comment sommes-nous censés savoir quoi faire ? demanda Amélia.

— Il y aura des inscriptions en elfe, ton roi les traduira.

— Et si on ne réussit pas une épreuve ? continua-t-elle.

— Vous mourrez, répondit simplement la reine avec un petit sourire pervers.

— Il n'y aucune porte de secours ? s'exclama Amélia, un nœud se formant dans sa gorge.

— Aucune, confirma Naïa.

— Assez de questions. Que le rite commence ! sourit Elwing.

Othar posa sa main au pied de l'arbre et un bout d'herbe se souleva pour laisser voir un trou. Ethan, silencieux jusque-là, se tourna vers Amélia pour lui dire :

— Je descends le premier.

Sans hésitation, il sauta et un bruit sourd signifia à Amélia qu'il était arrivé.

— Vas-y, je te rattrape ! hurla-t-il.

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