Chapitre 15
— Couche-toi ! lui cria Connor en la tirant par la main.
Des dizaines, des vingtaines de flèches traversèrent le mur et Ethan ne bougeait toujours pas d'un pouce. Sans réfléchir, Amélia se dégagea de l'emprise du métamorphe pour se faufiler jusqu'au siège du souverain.
— Amy non ! N'y va pas !
Mais Amélia ne l'entendait plus. Toujours à l'abri du bureau, elle fit tomber Ethan, le plus délicatement possible, de sa chaise. Il tomba cependant sur le sol en poussant un grognement. La jeune femme fut soulagée. Il était vivant. D'un coup sec, Ethan retira la flèche en poussant un cri de douleur. Tremblante, Amélia glissa ses doigts dans ses cheveux et lui bredouilla des paroles réconfortantes.
— Amy ! Ça va ? cria Connor, à travers les sifflements des flèches.
— Je crois, oui. On arrive ! lui répondit Amélia.
Elle regarda Ethan et lui demanda s'il pouvait bouger. Lentement, il hocha la tête et ils commencèrent à avancer à quatre pattes. La blessure du roi saignait toujours, laissant une traînée pourpre derrière lui. Le cœur d'Amélia battait à toute allure, elle était terrifiée. Une fois arrivé derrière le canapé, Connor les inspecta de la tête aux pieds avant de demander :
— Ethan ?
— C'est en train de guérir, marmonna-t-il, les dents crispées de douleur.
— Comment ça guérir ? s'exclama Amélia.
— C'est un métamorphe, comme moi. On cicatrise beaucoup plus vite, expliqua rapidement Connor.
Amélia regarda Ethan, stupéfaite. Ses mains étaient appuyées contre son ventre et ses yeux rivés vers le sol. Pourquoi ne lui en avait-il jamais parlé ? Mais les réponses seraient pour plus tard.
— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda-t-elle affolée.
— Il faut atteindre la porte et en informer les autres, ordonna Ethan.
— J'y vais, cria Connor en sortant de leur cachette pour s'élancer vers la porte.
Avant même qu'Ethan ou Amélia n'aient pu répliquer quoi que ce soit, une flèche lui transperça la cuisse.
— Connor ! hurla la jeune femme.
Une deuxième flèche se ficha dans son épaule. Cette fois-ci, Amélia était prête à le rejoindre, mais des bras musclés l'en empêchèrent. Elle se figea et des larmes roulèrent le long de ses joues.
— Connor ! hurla-t-elle une seconde fois, en regardant avec horreur le corps étendu sur le sol.
— Connor, écoute-moi bien ! Enlève les flèches de ton corps sinon le processus de guérison ne pourra pas s'enclencher ! Ensuite, décale-toi vers le mur, sers-toi d'une étagère comme bouclier et ne bouge plus ! lui ordonna son roi.
Le métamorphe hurla de douleur quand il enleva la première flèche. Amélia ferma les yeux, incapable de voir ça. Un second hurlement se fit entendre, signe qu'il venait de retirer la deuxième. Elle rouvrit alors les yeux, tremblante. Connor glissa en gémissant vers le mur. Dans le feu de l'action, Ethan avait pris la main d'Amélia. Cette chaleur la rassura quelques secondes, mais le sifflement des projectiles la ramenèrent à la dure réalité. Soudain, il l'enveloppa de son corps et une flèche qui était parvenue à traverser le canapé se planta dans l'avant-bras d'Ethan. Il grogna et Amélia sentit le sang couler le long de son cou.
— Ethan ? demanda-t-elle paniquée.
— Ça va, grogna-t-il. Connor ? hurla-t-il ensuite.
— Je commence à guérir, mais je ne peux plus bouger !
La peur envahissait Amélia et ses pleurs se firent de plus en plus bruyants. Ethan, son corps toujours au-dessus du sien, lui dit d'une voix douce :
— Ne pleure pas. Je te promets qu'on va s'en sortir.
Tout à coup, il n'y eut plus aucun bruit, à part les gémissements de Connor et les sanglots d'Amélia. Cette dernière poussa un cri de soulagement. Tout était enfin fini.
— Cours Amélia ! Vite ! lui cria Ethan en la délivrant de ses bras.
Elle ne prit pas la peine de réfléchir et s'élança. Mais très vite, les flèches se remirent à pleuvoir. Les archers devaient juste changer de carquois...
— Amélia ! hurlèrent les deux hommes en même temps.
Amélia se retourna, face aux projectiles et par réflexe, elle fit un bond sur le côté. Cependant, elle ne retomba pas et se mit à léviter à quelques centimètres du sol. Lorsqu'une flèche lui fonça dessus, elle la balaya de la main. Ses yeux étaient remplis de surprise, elle ne comprenait pas. C'était comme si son corps ne lui obéissait plus et, telle une machine, elle repoussait les flèches les unes après les autres.
— Va prévenir les autres Amélia ! lui cria Ethan.
Sans qu'elle ne sût comment, elle se retrouva, saine et sauve, dans le couloir. Elle retomba lourdement sur le sol et la porte se referma bruyamment derrière elle. Il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprits avant de courir vers la bibliothèque. Elle arriva essoufflée et complètement bouleversée auprès de ses amis. Amélia essaya, tant bien que mal, d'articuler quelques mots pour les mettre au courant de l'attaque. Adrian fut le premier à comprendre. Il laissa tomber son livre et s'élança dans le couloir, suivit de près par le reste de la garde. Axel prit la main de son amie et l'entraîna avec lui. À leur arrivée, les archers avaient troqué leur arc pour des couteaux et des sabres. Ils étaient une dizaine, tous habillés d'une combinaison noire, avec des masques en forme de crâne noir, cachant leur visage.
En tendant la main, Malik envoya une série de boules de feu aux deux premiers, qui s'enflammèrent aussitôt. Sa petite amie se chargea des deux suivants : à peine avait-elle fermé les yeux que ses adversaires tombèrent au sol, en convulsant. Lorie possédait des pouvoirs d'eau très puissants. En un clin d'œil, elle pouvait contrôler l'eau dans le corps de ses adversaires et les faire se noyer. Adrian et Natasha se mirent dos à dos et firent face, avec rage, à quatre attaquants. Très vite, les jumeaux prirent aussi part au combat. Sidney attaqua la première, mais son adversaire évita son uppercut, avant de lui-même, donner un coup de poing, que la guerrière évita en exécutant un saut de main. Une fois redressée, elle s'élança en avant et fendit l'air d'un coup de pied circulaire. Son tibia percuta avec force la joue du soldat qui tomba inconscient sur le sol. Amélia, elle, resta figée, encore sous le choc des précédents événements. Il ne fallut que quelques minutes pour que la totalité des hommes soit à terre, morts ou agonisant. Malik en souleva un par le haut de sa combinaison. Les yeux pleins de rage, il lui cria :
— Qui vous envoie ?
— Jeffer...son, répondit le soldat avec difficulté.
— Pourquoi ?
— Il avait un... message pour vous : « Vous allez tous être...anéantis », termina-t-il avant de sombrer, la tête basculant en arrière.
Le sorcier lâcha le corps sans vie, ne lui trouvant plus d'intérêt. Des gémissements firent revenir Amélia à elle. Elle s'élança alors vers le bâtiment et, d'un coup de pied, elle fit tomber une partie du mur, déjà bien fragilisée par de multiples trous, causés par les flèches. La jeune femme s'accroupit au côté de Connor.
— Je vais bien...,Ethan...,articula-t-il.
À son nom, Amélia se précipita vers leur ancienne cachette. Il était là, agonisant dans une mare de sang. Ses bras reposaient mollement de chaque côté de son corps et la plaie béante de son bas-ventre ne s'arrêtait pas de saigner. Les larmes recommencèrent à ravager de visage d'Amélia. Paniquée, elle le secoua.
— Ethan ! Ethan ! hurla-t-elle.
Voyant que le souverain ne reprenait pas conscience, Amélia lui donna une première gifle. Une main se posa sur son épaule pour la faire reculer, mais la jeune femme la repoussa violemment. Elle n'entendait même plus les voix autour d'elle. Elle se prépara à lui asséner une violente gifle. Sa main n'était plus qu'à quelques centimètres de son visage quand les yeux d'Ethan s'ouvrirent brusquement et que sa main entoura le poignet d'Amélia. Elle le regarda, soulagée. Il se redressa légèrement et, sans hésiter, Amélia se blotti dans ses bras. Ses mains s'accrochèrent à son t-shirt et elle nicha son visage dans le creux de son épaule. En gémissant, le souverain posa une main légère dans son dos.
— Tu es vivant, chuchota Amélia.
— Je suis vivant, affirma-t-il.
— Il faut vous emmener à l'infirmerie, ordonna Adrian qui soutenait Connor.
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