Chapitre 13

Lorsqu' Olivia sortit de la salle de bain, en train de se nouer les cheveux en une queue de cheval, Ethan se tenait sur le seuil, les mains dans les poches, un air inquiet sur le visage.

— Comment te sens-tu ? demanda-t-il.

La jeune femme passa devant Ethan et vint s'asseoir sur le rebord de son lit.

— Je vais bien, sourit-elle.

— Fais-moi voir ton bras, lui dit cependant Ethan.

Il posa un genou au pied du lit et Olivia enleva lentement son pull en grimaçant. Sur ses bras, désormais nus, on pouvait voir de nombreux hématomes et coupures. Elle posa son avant-bras droit enveloppé de bandes blanches dans les mains d'Ethan. De ses doigts agiles, il défie le bandage pour dévoiler une grande coupure, encore non cicatrisée.

— Tu vois, je vais bien, répéta-t-elle. Elle ne s'infecte pas et guérit doucement.

— Je vais tout de même te refaire un pansement. J'ai besoin de mon meilleur élément au mieux de sa forme, dit-il en levant enfin ses yeux vers elle.

Elle hocha la tête et il se leva pour prendre la trousse à pharmacie dans la salle de bain puis commença les soins.

— Et toi comment tu vas ?

— Cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti une haine si intense, avoua le souverain. J'aurais dû m'en apercevoir plus tôt...

— Tu n'as pas à te sentir coupable, moi non plus je ne me doutais de rien...

— Plus j'y pense et plus je me dis que si je l'avais découvert plus tôt, des innocents seraient encore vivants.

— Je ne comprends pas, ou veux-tu en venir ?

— La nuit de la récolte. Nous n'avions jamais compris comment les soldats avaient pu rentrer dans le village sans être vus. C'est Liam qui les a aidé, j'en suis certain maintenant, expliqua Ethan.

Cette nuit avait été terrible pour bien des raisons. Bon nombre de villageois avaient été assassinés, d'autres amenés à Argo et ceux restant avaient fini terrorisés. Terrorisé par l'attaque des Stark, mais encore plus par le carnage fait par leur propre roi. Ethan Namaro, fraîchement couronné, avait révélé une facette de lui qu'il refusait de montrer à nouveau depuis ce jour. S'il avait réussi à regagner la confiance de son peuple, lui n'avait pas oublié leurs regards remplis de peur. "Monstre" lui avaient-ils hurlé. Les yeux du souverain se voilèrent de tristesse à cette pensée.

— Je sais à quoi tu penses, mais ils ont eu tort. Jefferson est le seul monstre dans l'histoire ! On retrouvera Liam et il payera pour ses crimes, je te le promets. Je sais que tu es aussi inquiet pour la grande bataille, mais avec cette nouvelle alliance avec les pégases, je n'ai jamais été aussi sûre de notre victoire, dit Olivia en posant une main sur celle d'Ethan.

Leur conversation fut interrompue quand quelqu'un toqua à la porte. Lorsqu'Amélia franchit le seuil, Ethan se releva d'un bon et remercia Olivia d'un petit sourire.

— Je vais vous laisser discuter, dit-il avant de s'éclipser.

Amélia suivit le roi des yeux, se demandant ce qu'il était venu faire dans la chambre de sa sœur, si tard le soir. Elle s'étonna aussi de l'aisance que le souverain avait en la présence d'Olivia, témoignant certainement d'une grande confiance et complicité. Amélia ne pouvait s'empêcher de se poser de questions sur l'origine de leur relation. Si elle n'avait pas été en si mauvais termes avec sa sœur, cela aurait sûrement été sa première question.

— Je suis contente que tu acceptes de me parler Lili. Viens t'asseoir, lui dit tendrement sa sœur.

Amélia se tourna vers son aînée et, avant qu'Olivia ne remette rapidement son pull, elle put apercevoir un large bandage qui lui recouvrait l'avant-bras. Elle fronça les sourcils et demanda :

— D'où vient cette blessure ?

— Je dirigeais une mission d'espionnage près d'Argo, là où se trouve le château des Starks. Malheureusement, nous nous sommes fait surprendre, comme s'ils connaissaient exactement notre itinéraire. Maintenant que j'y pense, cela doit sûrement venir de Liam, commença-t-elle. Certains gardes ont réussi à s'enfuir, mais j'ai été faite prisonnière. Il n'a pas fallu longtemps pour qu'Ethan envoie une équipe de sauvetage, mais j'y suis tout de même restée quelques jours, finit-elle en serrant machinalement son bras droit contre sa poitrine.

— Tu étais attachée à une chaise et un homme aux cheveux poivre et sel t'a...commença Amélia les yeux écarquillés.

— Comment sais-tu ça ? s'étonna Olivia.

— Je l'ai vécu moi aussi, dans une sorte de flash.

Étonnamment, Olivia ne parut pas surprise, mais semblait plutôt réfléchir à une manière de l'expliquer à sa sœur. Cette dernière remarqua sa réaction et l'interrogea :

— Comment est-ce possible ?

— Je n'en sais vraiment rien. Il faudrait aller se renseigner à la bibliothèque. Mais je ne suis pas étonnée, car j'ai moi aussi eu des flashs. Je pense que c'est en quelque sorte un lien entre nous qui se déclenche quand l'autre se sent en danger.

— Et qu'as-tu vu toi ?

— Je t'ai vu courir dans une forêt, tu avais l'air terrorisée et affamée, lui dit tristement sa sœur.

— Je l'étais...

— Lili... Raconte-moi. Comment a été ta vie après mon départ ?

Amélia hésita quelques secondes, mais finit par lui raconter.

—Après ta disparition, j'ai été placée en famille d'accueil. S'en ai suivi des mois et des mois de changements incessants de tuteurs et de villes jusqu'à que je sois placé définitivement chez un homme d'une quarantaine d'années. Il avait perdu sa femme et sa fille dans un accident de voiture. Au début tout se passait bien, je m'entendais très bien avec lui et ma présence semblait le rendre plus heureux. Enfin, jusqu'à ce qu'il perde son boulot et commence à boire. Il a alors commencé à être violent et insultant. Ce fut à ce moment-là que le cauchemar commença. Je n'arrivais plus à dormir, je sursautais au moindre de ses gestes et je m'attendais, à chaque instant en sa présence, à une remarque ou à un coup.

À mesure qu'elle racontait le tournant qu'avait pris sa vie après la disparition d'Olivia, les yeux d'Amélia se remplirent de larmes. Olivia s'approcha doucement, cherchant l'approbation de sa sœur et la prit tendrement dans ses bras. Amélia s'agrippa au pull de son aînée et enfouit son visage dans le creux de son épaule.

— Lili, si tu savais à quel point je m'en veux, je n'aurais jamais dû te laisser. Je suis tellement désolée, et je passerai le restant de mes jours à me racheter, je te le promets.

Amélia ne répondit rien, se contentant de s'accrocher à la taille de sa sœur. Olivia sourit faiblement et continua de caresser tendrement les cheveux de sa petite sœur. Amélia avait toujours rêvé, au fond d'elle, de retrouver sa sœur saine et sauve. Bien sûr, elle n'oublierait pas de sitôt son abandon, mais elle ne pouvait plus lui en vouloir. Elle avait tellement besoin d'elle, avec toutes les révélations sur son passé, sur son rôle et sur ce monde, elle aurait besoin de tout son soutien et de son savoir. Les deux sœurs se séparèrent et se sourirent.

— Comment tu vas ? Je veux dire avec toutes ses révélations, avec la guerre et ta découverte d'Edora.

— Je suppose que ça va, vu les circonstances. Les gens ici sont vraiment super et puis je ne suis pas seule, il y a Axel et Sid. Mais, il y a encore beaucoup de zones d'ombre.

— Je comprends, et en plus, pour ne pas arranger les choses, Ethan se montre souvent très mystérieux. Mais, tu peux me poser toutes les questions que tu veux. Je te promets de ne plus rien te cacher, assura Olivia.

— Au fait, j'espère que je ne dérangeais pas quelque chose avec Ethan quand je suis arrivée.

— Oh non pas du tout, il voulait seulement s'assurer que j'allais bien, expliqua Olivia.

— Tu ne m'as toujours pas raconté comment tu l'avais rencontré, remarqua Amélia.

— C'est vrai. Lorsque je suis arrivée ici, je suis d'abord tombée sur Olympe, elle vivait dans les montagnes, elle avait perdu sa famille à cause d'une attaque des Stark. Nous avons décidé de faire le chemin pour Edora ensemble. Natasha et Adrian nous ont trouvé lors de leur ronde et ils nous ont ramenés au palais.

— Vous n'avez pas été soupçonnés d'être aux ordres de Jefferson ?

— Si bien sûr, mais lorsque j'ai pu prouver que j'étais bien la fille de Seth Stark, James, le père d'Ethan a cru en mes bonnes intentions. Au côté d'Ethan et des autres membres de la garde, j'ai pu apprendre à maîtriser mon pouvoir et m'entraîner à devenir une combattante. À la mort de son père, Olympe et moi étions les plus proches amies d'Ethan, nous l'avons aidé à surmonter tout ça.

— Je comprends, vous avez vécu tant de choses ensemble en deux ans !

Olivia lui sourit, Ethan avait vraiment été d'un grand soutien à son arrivée ici. Si Olympe était devenue sa protégée, Olivia, elle, était devenue son élève et sa seconde dans la garde. Il l'avait rendue plus forte, mentalement comme physiquement. Désormais, elle n'avait plus peur de son pouvoir et était prête à venger ses parents.

— J'ai une question, avoua Amélia après quelques minutes.

— Je t'écoute.

— Que dit exactement la prophétie me concernant ?

— Malheureusement je ne l'ai jamais lu, admit Olivia.

— C'est sûr qu'elle existe au moins ? s'étonna Amélia.

— Oui oui, elle existe, mais Ethan n'a jamais voulu s'appuyer dessus. Il préférait compter sur les capacités réelles et actuelles de sa garde plutôt que d'attendre que la solution tombe du ciel. Malgré tout, des rumeurs sur cette prophétie circulent dans Edora et les habitants l'appellent la prophétie de l'Élue. Avec les derniers événements, tu es leur plus grand espoir.

— C'est tellement effrayant de savoir que tant de gens comptent sur moi...

— Je sais Lili, mais n'oublie pas que tu n'es pas seule. Nous sommes tous là pour t'aider, la rassura Olivia.

— Merci, mais, même si Elion et son peuple sont d'accord, est-ce que cela suffira pour gagner la guerre ?

— Je n'en sais rien, je l'espère en tout cas...

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