Amélia se figea et son cœur se serra. Un mal être l'envahit. Elle avait du mal à décrire ce qu'elle ressentait à ce moment-là et elle voulut détourner les yeux, mais elle en était incapable. Alors que les bras d'Olympe entouraient le cou du souverain, ce dernier nageait tranquillement dans l'eau claire. Leur posture semblait d'un grand naturel et ce constat attrista encore plus Amélia. Elle n'eut pas le temps de comprendre ce sentiment nouveau qui l'animait, qu'Axel émit un toussotement. La jeune servante leva instantanément la tête et en le voyant, elle lâcha le souverain pour sortir de la piscine en souriant.

« Venez-vous vous baigner ? » écrit-elle sur son ardoise restée au bord de la piscine.

Amélia ne saurait se souvenir de la dernière fois qu'elle avait mis, ne serait-ce qu'un orteil dans une piscine. Pourtant, étant enfant, elle avait l'habitude de jouer avec sa sœur dans l'eau. Elles plongeaient et tentaient de se faire, mutuellement, deviner des mots en criant sous l'eau. À la disparition d'Olivia, elle n'avait plus eu l'envie de nager.

— Pourquoi pas, sourit à son tour Axel, complètement sous le charme.

Sous le regard d'Amélia, Olympe prit la main d'Axel et le tira vers ce qui semblait être un vestiaire.

— Je peux vous aider ? demanda soudainement Ethan.

Amélia croisa alors le regard bleu du souverain qui venait de sortir de l'eau. Le rouge monta à ses joues tout en ne pouvant s'empêcher de le dévisager de la tête aux pieds. Son corps n'était habillé que d'un short de bain noir. Sur son torse puissant et musclé, aux pectoraux et aux abdominaux parfaitement dessinés, ruisselait des petites gouttes d'eau. Quelques gouttelettes perlaient de ses cheveux et de son front. Elle restait figée, incapable d'aligner deux mots.

— On accompagnait juste Axel, on ne comptait pas rester, répondit Connor. Aller viens Moustique, ajouta-t-il en prenant la main d'Amélia.

Cette dernière frissonna à ce brusque contact qui la sortit de sa contemplation et suivit le métamorphe vers la sortie.

— Je... Excuse-moi, bafouilla-t-elle en reprenant ses esprits.

— Ce n'est rien. C'est vrai que ça doit être impressionnant, il est assez bien foutu, commença-t-il en lui lâchant la main. Mais si tu veux, je peux te montrer mes abdos, ils sont tout aussi bien tu sais, continua-t-il en souriant.

Amélia le regarda bomber le torse et éclata de rire, très vite imitée par son nouvel ami.

— Tu n'es pas sérieux ? l'interrogea Amélia entre deux rires.

— Bien sûr que si, dit-il.

Elle le regarda avec de grands yeux surpris.

— Tu ne veux pas les voir ? enchaîna-t-il avec un air faussement déçu.

— Ce n'est pas ça..., c'est que..., marmonna-t-elle.

— Je rigole ! Si tu voyais ta tête ! se remit à rire Connor.

Au bout de quelques minutes, ils s'arrêtèrent enfin de rire et prirent le chemin de la salle d'entraînement.

— Merci, dit Connor en souriant.

— Pourquoi ? s'étonna Amélia.

— Tu sais, en temps de guerre, on n'a pas beaucoup l'occasion de rigoler, alors merci !

— Il n'y a pas de quoi, ça me fait du bien à moi aussi !

La salle d'entraînement était une grande pièce aux murs blancs et au sol en béton lisse et gris. Sur la partie droite se tenaient des bancs de musculation, et près du mur se trouvaient deux poteaux avec des échelons où Adrian était déjà en train de s'y hisser à l'aide d'une barre. À chaque traction, on pouvait voir les muscles de son dos nu ainsi que ceux de ses bras se contracter. Son visage pâle, lui, restait impassible et cet exercice avait l'air d'être une promenade de santé pour lui. À l'arrivée d'Amélia et de Connor, Sidney se leva de son banc et ils commencèrent à s'échauffer. Sous les acclamations du métamorphe et de Sidney, Amélia et Adrian se firent face sur le tapis de combat.

— Interdiction d'utiliser tes capacités de vampire, d'accord ? s'exclama Amélia.

— Entendu, répondit-il simplement.

Sans perdre une seconde, le vampire lança un coup de pied circulaire qui aurait cogné la joue d'Amélia si elle ne s'était pas jetée en arrière. Son souffle fut coupé quand elle percuta le tapis. Elle secoua la tête et se redressa, les paumes bien à plat, remonta ses jambes, roula en arrière et se retrouva sur ses pieds après un bond fulgurant. Elle lui lança un coup de poing mais, d'un geste rapide, il saisit son poignet et la fit tourner en l'air pour ensuite la plaquer au sol. Sous le choc, Amélia gémit. Adrian esquissa un faible sourire et lui tendit la main pour l'aider à se relever.

— Je n'ai jamais vu un combat aussi court, rigola Sidney.

— Ce n'est pas juste ! C'est un vampire, se justifia-t-elle en se massant l'épaule.

— Je vais te montrer qu'on peut tenir plus de trente secondes contre lui, ricana Connor.

Les deux hommes se firent face, ils s'inclinèrent, puis Connor se mit en position et attaqua le premier. Il lui lança un coup de poing, faisant tourner son poignet pour le percuter sur le côté, mais son adversaire l'évita et projeta sa jambe en un mouvement rasant qui faillit faucher les pieds de Connor. Il bondit juste à temps et se cambra pour effectuer un saut de main qui le propulsa à quelques mètres du vampire, hors de portée. C'était du moins ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'Adrian se jette en avant si vite que son mouvement en fut brouillé. Connor fit un nouveau flip arrière, puis un autre, se livrant à cette pirouette avec facilité alors qu'Adrian continuait de fondre sur lui. Quand Connor se redressa la dernière fois, il s'accroupit aussitôt, ce qui le mit hors d'atteinte du coup qu'Adrian essaya de lui envoyer dans la mâchoire. Son poing ne rencontra que de l'air et le métamorphe en profita pour tenter de lui saisir les genoux. Mais le vampire s'envola au-dessus de lui pour atterrir dans son dos dans un bruit sourd. Connor se tourna vivement, mais il était déjà trop tard, le poing d'Adrian s'abattit sur son ventre. Il grogna de douleur et recula sous le choc. Il se reprit très vite et passa à l'offensive en lui lançant un coup de pied papillon. Adrian rejeta son torse en arrière de presque cent-quatre-vingt degrés, tout en restant debout, évitant ainsi l'attaque. C'était un spectacle époustouflant. Les deux jeunes femmes en étaient sans voix. Comme pour mettre fin au combat, le vampire commença un jeu de coups droits et de revers que son adversaire tenta d'éviter en ripostant. Le métamorphe finit par se prendre un violent coup dans la mâchoire, ce qui le projeta sur le tapis. Sidney se mit à rire et à applaudir en observant l'air si calme d'Adrian, tandis qu'Amélia se dirigea vers Connor, toujours à plat ventre. Elle s'assit sur le tapis et le regarda mi-amusé, mi-inquiète. Le métamorphe se massait frénétiquement la joue, comme pour faire partir la douleur.

— Est-ce que ça va ? demanda-t-elle.

— Je m'en remettrai, marmonna-t-il un peu vexé, en se redressant. Accepterais-tu de m'accorder le combat suivant ? rajouta-t-il en lui tendant une main.

— Peut-être que Sid voudrait combattre elle aussi ?

— Je te laisse ma place. Je m'amuse comme une folle à vous regarder, déclara Sidney avec un grand sourire.

Alors qu'Adrian prenait place à côté de Sidney, Amélia saisit la main de Connor et se releva. Une fois debout, Connor s'étira puis se mit en position, jambes légèrement écartées et buste en avant. Amélia l'imita. Elle se rappela aussitôt d'un précieux conseil d'Axel, celui de toujours attaquer la première face à un adversaire plus puissant. Mais elle eut tout juste le temps d'y penser que Connor l'envoya valser sur le tapis d'un coup de pied rasant. À plat ventre, elle souffla et se releva en gémissant. Quand elle croisa le regard malicieux de son adversaire, ses yeux s'illuminèrent et elle leva son genou droit pour lui asséner un violent coup de pied. Très vite, elle saisit sa main et repoussa son bras vers le haut, ce qui lui valut un grognement. Avec une torsion, elle utilisa le poids de son corps pour le jeter par terre. Elle finit son mouvement en posant un genou au sol.

— Bien joué Moustique, s'exclama-t-il.

À peine avait-il prononcé ces mots, qu'il était déjà sur ses pieds et la fit basculer sur le dos. Il se retrouva au-dessus d'elle, un genou entre les siens et d'une main ferme il lui cloua les poignets au-dessus de la tête. Amélia ne put s'empêcher de rougir alors que Connor affichait un grand sourire, satisfait. Tout à coup, il libéra les mains d'Amélia pour les poser sur sa taille. Le frisson qu'elle ressentit fut très vite remplacé par des rires lorsqu'il commença à lui faire des chatouilles.

— Bon, je crois que ça suffit les enfants, vous allez vous tuer à force de rire, déclara Adrian.

— Moi je les trouve plutôt mignons, rajouta Sidney.

Connor se releva, il tendit une main à Amélia alors qu'il se grattait, mal à l'aise, la tête de l'autre. Sidney coupa ce moment gênant en s'exclamant :

— Et si tu leur montrais tes talents d'archer Amy ?

Amélia examina les nombreuses armes accrochées aux murs. Elle finit par prendre un arc en bois brun, elle le soupesa et l'étudia sous toutes les coutures. Satisfaite, la jeune femme le mit dans sa main gauche et prit trois flèches ainsi qu'une balle de tennis traînant sur le sol. Ses lèvres s'étirèrent en un petit sourire et elle tendit la balle à Sidney. Sous les regards attentifs d'Adrian et Connor, Amélia arma son arc et donna d'un signe de tête le feu vert à son amie. Sidney lâcha la balle qui rebondit au contact du sol. Avec une vitesse impressionnante, Amélia décocha une première flèche qui cloua sa cible au mur. Alors que les deux spectateurs paraissaient déjà très impressionnés par sa prestation, elle décida de pousser le spectacle plus loin. Elle décocha sa seconde flèche, et avant que celle-ci n'ait atteint le mur, en tira une autre qui alla transpercer celle encore en vol. Amélia sourit sous les applaudissements de ses amis. Axel avait fait des miracles en lui apprenant le tir à l'arc et pour ça, elle lui en serait éternellement reconnaissante.