Monseigneur.
** Charlotte **
Mon sauveur du clair de lune n'eut pas d'intérêt à engager la conversation pendant notre route. J'avais donc beaucoup de mal à garder les yeux ouverts même si les mouvements saccadés du cheval au galop auraient pu suffire. Sans me rendre compte nous étions arrivés devant une immense et somptueuse demeure dont quelque fenêtre éclairée permettait de visualiser sa grandeur dans la nuit sombre.
L'homme s'empressa d'amener le cheval aux écuries. A peine étions nous descendus de la monture qu'une personne s'approchait de nous.
« Avez-vous apprécié votre balade monseigneur ? Demanda un homme blond avec une légère barbe rousse.
- Appelez la gouvernante, une rencontre a légèrement gâché mon plaisir. » Répondit celui-ci.
J'hallucinai ou c'était de moi qu'il était en train de parler.
Suite à ses paroles, l'homme scrutait ma tenue avec incompréhension et curiosité. Puis il me fit signe poliment de la suivre. Je n'eus pas le temps de remercier Albert qu'il était déjà parti dans la pénombre.
« Veuillez me suivre Mademoiselle. » S'exclama l'homme.
J'avouais ne pas être vraiment rassuré de devoir dormir chez une personne que je ne connaissais pas. Mais l'appel d'un lit chaud et de la possibilité de pouvoir me laver était beaucoup plus fort que mes doutes.
J'attrapais le bas de ma robe pour maintenir couvert l'arrière de ma personne et suivais l'homme à l'intérieur de la demeure. Nous traversions des couloirs à la lumière de la bougie, me donnant l'impression d'être revenu à un autre temps. Puis soudainement une femme rondelette prit le relai du jeune homme pour m'amener dans une grande chambre cosy. Celle-ci ne pouvait s'empêcher de me regarder étrangement, surtout ma crinière qui devait la perturber.
La décoration de celle-ci était très chargée, des fleurs, des motifs et des meubles très imposants me rappelaient celles que l'on retrouvait dans les films d'époques. Mais la fatigue étant plus forte, je ne me souciais plus des couleurs ni des détails et j'entrais dans la chambre impatiente de me jeter dans les bras de Morphée.
« Des vêtements de nuit plus convenables se trouvent sur la commode, bonne nuit Mademoiselle. » S'exclama la jeune femme avant de fermer la porte.
Je m'approchais de la commode en question. C'était une fois de plus une de ces affreuses longues chemises de nuit comme celle que j'avais déchirées aujourd'hui.
Mais ce n'est pas possible, il ne porte que cela dans ce coin, à se demander si je ne suis pas tombé dans une région de catholique coincé du bulbe. Je savais que le retro revenait à la mode, mais là c'était vraiment too much.
J'enfilais l'affreuse robe de chambre et sautais dans le lit. Il fallait absolument que je retourne sur Paris. Demain, je file vers la ville la plus proche je saute dans un taxi et adieu le coin des ringards.
Mais ce soir je méritais de me reposer quelque heure, ma fuite effrénée à travers les champs m'avait complètement claquée. Je me glissais sous les draps et il ne me fallut pas plus que quelques minutes pour m'endormir.
Les premiers rayons du soleil éclairaient mon visage. Je recouvrais celle-ci avec la couette pour profiter de quelques secondes supplémentaire de sommeil. Soudainement, le bruit de quelqu'un tapant sur ma porte me fit sursauter de surprise.
« Mademoiselle, le petit déjeuné est servi. » S'exclama une voix féminine.
Je me levais du lit, affolée. Mais quelle heure était-il ? Je mettais promis de partir à l'aube mais apparemment il était déjà trop tard pour cela. Quelle idiote à ne pas mettre réveillée à temps. Je me précipitais vers l'armoire pour récupérer des vêtements.
« Oh non ! » M'alarmais-je en apercevant des corsets et des longues robes.
Ce n'est pas possible d'avoir autant de fringue d'époque. N'y va-t-il aucune personne dans ce coin pommé qui s'habille normalement. Il était hors de question que je sorte vêtu d'une de ses affligeantes robes. Je me dépêchais de sortir par la porte pour attraper la jeune femme qui m'avait réveillé. A la lumière du jour, le couloir me paraissait interminable. Il était tout en bois sombre, avec les murs et le plafond décorés de magnifiques fresques. Je n'avais pas le temps d'admirer le décor, j'attrapais le bas de ma longue robe de chambre et je me mettais à arpenter les couloirs, cherchant désespérément une personne pour m'aider.
J'ouvrais la porte d'une première pièce. C'était aussi une chambre. J'ouvrais l'armoire qui se trouvait dans celle-ci. Mauvaise pioche, elle était complètement vide. Je sortais de la pièce pour en essayer une autre.
Cette deuxième chambre me paraissait beaucoup plus grande. J'avançais vers la penderie qui était au fond de la pièce. Quand soudainement une présence me fit sursauter.
Je me retournais surprise d'apercevoir mon chevalier grognon d'hier soir. Celui-ci était habillé d'une longue robe de nuit très similaire à la mienne. Il me regardait avec surprise et décontenancement de la tête en bas comme si j'étais petitement vêtu.
« Mais ...mais... Que fait vous donc dans mes appartements ? » Me demanda-t-il en tournant le regard pour être gentlemen.
Moi aussi j'étais tout bonnement choquée de le voir dans une robe complètement ridicule. Je me retenais tant bien que mal mais un rire s'échappa de ma gorge. On aurait dit qu'il avait piqué la robe de nuit de sa grand-mère. C'était vraiment trop drôle. Ma réaction le mettait mal à l'aise, il devenait rouge comme une écrevisse.
« Vous vous foutez de moi en plus ? S'offusqua-t-il.
- Non, non absolument pas, dis-je en essuyant les larmes qui s'écoulaient de mes yeux.
- Je réitère ma question !
J'essayais de ne plus le regarder sinon une nouvelle crise de rire incontrôlable allait une fois de plus s'échapper de moi.
« Je m'excuse, je me suis trompé de... chambre. » Dis-je en sortant hilare de la pièce.
Je me dépêchais de fuir par le couloir, sinon je savais que Monseigneur Machin Truc allait obligatoirement me retenir pour avoir des explications. Alors que je retournais vers ma chambre, je croisais une petite demoiselle rondelette aux cheveux auburn. Elle portait un tablier écru au-dessus de sa robe.
« Excusez-moi ! L'appelais-je.
- Oui, Mademoiselle ?
- Aurais-tu un tee-shirt, un pantalon, enfin des vêtements plus confortables à me prêter ?
- Heu... »
La jeune fille restait muette et bouche bée face à ma demande. J'avais l'impression d'avoir demandé quelque chose de complètement sorcier.
« Un pantalon ? Répétais-je.
- Heuu... oui ça je connais. Mais vous êtes sûr, Mademoiselle ? Me demanda-t-elle perplexe.
- Ah oui oui je suis sûr !
- Je vous apporte cela, alors... S'exclama-t-elle perturbée par ma demande.
Il n'y avait pas de quoi faire cette tête toute de même. C'était comme si porté un pantalon était contre nature. Les gens du coin sont vraiment étranges.
J'attendais sagement dans ma chambre que l'on apporte ce que j'avais demandé. Je récupérais une brosse dans la petite coiffeuse qui se trouvait face à mon lit. Je m'accrochais ma chevelure verte en queue de cheval pour être plus à l'aise.
On frappa à ma porte.
« Oui entre ! »
La jeune fille entra discrètement pour me donner les vêtements demandés.
« Je vous ai mis une chemise pour aller avec le pantalon... S'exclama-t-elle déconfite de la situation.
- Merci beaucoup, je te revaudrais ça !
La demoiselle me regardait choquée, comme si mes paroles étaient inhabituelles. Elle sortit précipitamment de la chambre, faisant claquer la porte au passage.
C'est en dépliant les vêtements que je me rendais compte que j'étais très loin du simple jean et du tee-shirt.
« C'est quoi ce truc ! » M'exclamais-je en regardant le pantalon légèrement bouffant.
Bon je n'avais plus le temps de tergiverser, tant que je ne me baladais pas le cul à l'air, c'était l'essentiel. J'enfilais l'immense chemise et accrochais tant bien que mal le pantalon trop grand pour moi. Un veston en tissus marron me permettait de ne pas être couverte seulement d'une chemise légère sur le haut de mon corps.
Je récupérais des petites pantoufles dans l'armoire de la chambre et je sortais de la pièce. Je scrutais discrètement le couloir, pour l'instant personne à l'horizon. Je me dépêchais de parcourir les couloirs, de descendre rapidement les escaliers pour trouver la porte de sortie. A deux reprises, je me retrouvais dans un grand salon vide. Cette maison était un vrai labyrinthe.
Une lueur d'espoir subvenait en moi quand j'apercevais la porte de la liberté, il ne me restait plus qu'une pièce à traverser. Mais en entrant dans celle-ci ma joie disparue immédiatement.
J'étais maintenant face à Monseigneur Machin truc et deux belles jeunes femmes qui étaient en train de prendre leur petit déjeuné. Les trois individus que regardaient maintenant avec des yeux ronds comme des soucoupes, ainsi que l'une des servantes qui en m'apercevant fit tomber un de ces plats sur le sol.
« Bonjour, dis-je légèrement mal à l'aise.
- Heu... Veuillez vous asseoir, je manque à tous mes devoirs, s'exclama perturbée la grande blonde qui portait une belle robe ajustée en satin bleu ciel.
- Merci. »
Je m'asseyais à la table pour ne pas paraître impolie. Toutes les personnes de la pièce ne pouvaient s'empêcher de me regarder comme si j'étais une bête sauvage, ce qui rendait très nerveuse.
« Mon dieu si j'avais su, j'aurais dû écouter les rumeurs dans les couloirs ce matin, murmura la petite brune dans l'oreille de sa voisine en rigolant.
- Un peu de tenue, Margot. Lui répondit la grande blonde en donnant un coup de coude.
- Je vous présente mes deux sœurs, Célestine et Margot, s'exclama soudainement Machin truc.
- D'accord, enchantée. Moi c'est Charlotte.
- Charlotte ? Mais ce n'est absolument pas le nom que vous m'avez indiqué mon frère. » S'insurgea Célestine en le regardant.
Celui-ci ne l'écoutait guère, préférant lire son journal du matin comme un vieux grand-père. L'image de lui en chemise de nuit me revenait une l'esprit ce qui me fis sourire. J'attrapais quelque tranche de pain que je beurrais. Tant qu'à être ici,
« Qu'est-il arrivé à vos cheveux ? Me demanda intriguée la brunette.
- Ça ne se fait pas Margot !
- Attends je n'ai fait aucun commentaire sur sa tenue, lui murmura-t-elle discrètement.
- Arrêtes, comportes-toi correctement. Je suis désolée. Euh...Charlotte.
- Vous êtes une célébrité maintenant ! S'exclama soudainement leur frère.
- Comment ça ? » Demandais-je surprise.
« Regarder par vous-même ! » Dit-il en me tendant le journal.
Un cri sourd sortie de ma gorge. Ce qui me choqua n'était pas l'affreuse caricature de moi entrain de m'étaler devant une assemblée de convives. Non c'était la date inscrite quelque centimètre au-dessus : le 8 Mai 1810.
***
Coucou,
Je ne vous ai toujours pas demandé comment vous trouvez cette nouvelle histoire ?
Les deux personnalités vous plaisent ?
Les deux époques aussi ?
Bisous
Chook
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