2 - Usage de stupéfiants

Je rentrais chez moi, essouflée. Ça sentait encore la bière. Des reste de pizzas, d'hambergers et de frites traînaient dans tout les coins. Évidemment, mon père ronflait sur le canapé avec la télé allumée. C'était un film de sexe, j'en avais l'habitude. J'éteignis le poste, rangeais les plats, passais le balais et montais dans ma chambre.
Des posters de forêts obscures, d'océans sombres la nuit avec à peines quelques étoiles et des instruments de musique noirs la remplissait. Une vraie guitare trainait dans un coin avec une fleur de lys grise peinte dessus par ma main. Des cahiers griffonés étaient étalés sur le bureau. Des peluches de panthères noires encombraient le lit.
Soudain, je me mis à trembler.
Pas encore !
Je bondis jusqu'à ma table de nuit et ouvrit le premier tiroir. J'en sortis une boîte avec difficulté. Je l'ouvris en plusieurs fois, mes tremblements s'intensifiant. J'en sortis une seringue que je remplis d'un liquide blanchâtre. Je relevais ma manche gauche et baissais mes bracelets, laissant apparaître plusieurs dizaines que dis-je ! plusieurs centaines de points. Je visais une veine sur mon bras et y plantais l'aiguille. J'injectais le sérum et reposais la seringue dans la boîte avant de ranger celle-ci dans le tiroir. Je tremblais encore un peu mais mes tremblements diminuèrent et finirent enfin par s'estomper en à peine quelques secondes.
Je soupirais en levant la tête.
Je m'approchais de mon armoire grise et y sortis de quoi me faire une cigarette. Je la préparais, rangeais le matériel et l'allumais. Je posais le briquet et tirais une bouffée avant de soufflée de la fumée. Avec un sourire triste, la clope à la main, je me tournais vers ma fenêtre et ouvris d'un coup sec les rideaux noirs.
La jeune fille blonde me regardait, ses yeux verts écarquillés fixant la cigarette puis mon bras avec horreur.

- "Aaaaaah !!!" hurlais-je en bondissant en arrière.

Trébuchant sur un crayon à papier qui avait roulé du bureau, je glissais et tombais en arrière, les jambes en l'air et lâchant la cigarette qui vola. Je tombais sur les fesses et grimaçais. Je reposais ma main pour prendre appui et me relever quand je poussais un petit cri. Je regardais ma paume : le rond de la cigarette apparaissait à l'endroit où j'avais posée ma main dessus et qui avait brûlé ma peau. Jetant ma cigarette désormais inutilisable, je m'approchais de la fenêtre et l'ouvris.
Personne.

- "Tout va bien là-haut !?" demanda une voix grave et ensomeillé.

- "O-Oui... très bien !" répondis-je.

Je regardais encore un peu les alentours et refermais la fenêtre. C'est alors que je la vis. Le fille blonde était à l'autre bout de la rue et me fixait droit dans les yeux. Un tramway passa et elle avait disparu. Je la cherchais encore un peu puis abandonnais.
La nuit était désormais tombée. Demain c'était lundi, et les cours allait recommencer.
J'écoutais tranquillement de la musique à fond avec mon casque, si bien que je n'entendis pas quelqu'un pénétrer dans ma chambre.
J'avais les yeux fermés pour mieux me concentrer sur le rythme, si bien que je ne le vis pas ni ne le sentis monter sur mon lit.
Je secouais légèrement la tête en accord avec les pulsations et tapotais des doigts dans l'air quand quelque chose m'empêcha de respirer.
Je crus d'abord que ça venait de moi-même alors je me calmais mais l'air ne revenait toujours pas.
Je fronçais les sourcils et remuais. Je sentis un corps s'allonger subitement sur moi, des jambes entourer les miennes pour m'immobiliser et une horrible hodeur d'alcool me prendre au nez.
Je rouvris les yeux et vis mon père.
Ho non... ça recommence ! Il... il m'étouffe... arr...

- "... -ête !!" gémis-je.

Ses yeux noirs sortaient de leurs orbites, son visage était rouge tant il appuyait sur ma gorge. Ses cheveux bruns négligés lui donnait l'air fou. Et il l'était peut-être vraiment... je me débattis mais il resséra son étreinte autour de mes jambes et s'affala encore plus sur moi. J'attrapais ses poignets avec mes mains et hurlais un cri muet. Je commençais à avoir le tournis, le sang n'affluait plus et je ne le suportais pas. Je gigotais entre plus et tentais de crier ; mais aucun son ne sortit. Je virais désormais à l'écarlate. Mes veines ressortaients sur mes mains que je ne lâchais toujours pas autour des poignets de mon père. Je fermais les yeux tant je suffoquais et toussais.

- "... 'a !" tentais-je de crier.

Il ne réagit pas.

- "... 'pa !" commençais-je à réussir.

Toujours aucune réaction.

- "Papa !!" hurlais-je.

Ce fut comme s'il se prenait une décharge électrique. Il bondit en arrière et resta au pied de mon lit le temps de respirer un peu. Il sortit de ma chambre et je l'entendis marcher d'un pas vif, tourner les clefs et faire claquer la porte d'entrée. Parti... il est parti... pour une nuit. J'écartais les bras et ne bougeais plus. Ma respiration était saccadée tant je cherchais à pouvoir respirer de nouveau. Je fus parcourus de tressautements et me retins d'éclater en sanglot. Ce n'était pas la première fois qu'il m'étranglait, et ça ne serait pas la dernière. Mais ces crises étaient de plus en plus fréquentes et fortes. Il allait finir par me tuer...
Je me retournais sur le côté, attrapais une panthère contre laquelle je me collais entièrement et m'endormis en gémissant, refusant catégoriquement de verser la moindre larme.

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