18 - La Proie des Flammes
On avait passé le lendemain comme un jour normal. Personne ne s'était douté de quelque chose, et aucun de nos parents étaient venus nous porter disparues. Évidemment, puisque mon père est alcoolique, violent, toujours vautré sur le canapé devant un film pornographique une bière à la main, le nez rouge et toujours prêt à me frapper.
Ma mère était morte jeune, assassinée pour une raison inconnue.
Mais pour Sandra, c'était différent. Son père la rejetait à cause de son orientation sexuelle et sa mère était repartie dans un pays lointain pour prendre des photos dans "un décor authentique".
Alors cela ne nous rendait pas des plus malheureuses. On faisait avec, on n'avait pas le choix de toute façon.
Le matin, la sonnerie pour les employés nous avait réveillé et heureusement d'ailleurs ! On avait mangé des biscuits, des sandwichs et bu de l'eau, simple. On s'était changées avec des baisers volés ici et là, puis étions descendues discrètement. On était allées attendre directement devant la porte de notre premier cour, et avons fait croire aux personnels qu'ils ne nous avait pas vu et si on n'avait pas de cartable c'était parce que on les avait oublié en ne voulant pas arriver en retard à tout prix, ce qui les avait fait rire.
- "Bonjour à tous ! Aujourd'hui, nous allons parlé de biologie."
Au secours... Cours d'SVT avec Madame Pichon, cette vieille sorcière brune à l'énorme verrue sur le nez et aux doigts crochus. Sa voix était grave comme celle d'un homme, incroyable.
- "Mademoiselle Jacob, comment se sont rencontrés vos parents ?"
Je me figeais instantanément. Sandra se raidit en entendant cette question. Les larmes aux yeux, je ne répondis rien et fixais le tableau l'air de rien.
- "JENNIFER JACOB !! JE VOUS AI POSÉ UNE QUESTION, RÉPONDEZ-MOI !"
- "Oh ça va la moche, on arrête de hurler parce que je vous ai mis un vent, vous êtes soulante ! J'veux pas en parler, c'est clair ?!"
- "Ahah, rigola Andréa, sa mère est morte et son père la bat, pauvre gosse c'est pour ça qu'elle est renfermée et qu'elle se drogue."
- "Toi Andréa ! dis-je en la pointant du doigt et me levant si vite que ma chaise en tomba, je sais pas pourquoi t'es dans ma classe, mais tu te la fermes ! C'est toi et ton frère qui m'avez refilé d'la drogue je te rappelle, alors ton clapet de pétasse il disparaît ou bientôt il faudra que tu ailles recoller tes dents chez toi c'est clair ?"
Ok, j'étais assez colérique surtout depuis ces derniers temps mais là... Ça ne me ressemblait pas du tout ! Tant pis. Fallait que je me défoule. Et toute la classe me regardait avec tantôt de la surprise, tantôt de la peur et la majorité du mépris. Même Sandra fut secouer de ma brusque tirade. Je pris mon sac, fourrant avant mes affaires rapidement et sortis de la classe en trombe.
Je montais discrètement les escaliers jusqu'à l'endroit où j'avais passé la nuit et m'assis pour réfléchir et éviter de commettre un meurtre sur une personne dont je ne citerais pas le nom.
- "Jennifer..."
- "Ouais Sandra ?" dis-je sans prendre la peine de tourner la tête.
- "Tout à l'heure, tu n'étais pas toi-même. Qu'est-ce que..."
Drrriiiiiiinnnnng drrriiiiiiinnnnng drrriiiiiiinnnnng !!!
- "Qu'est-ce qui se passe ?" geignit Sandra.
- "L'alarme incendie." répondis-je quelque peu inquiète.
Était-ce une entrainement ? Sûrement.
- "Pourquoi ça sent le cramé ?" dit alors la blonde.
Je me relevais d'un bond et inspirais longuement. C'est vrai ! Et je voyais de la porte fermée à l'autre bout du couloir de la fumée s'échapper.
- "Vite Sandra, nous sommes dans un cul-de-sac. Il faut qu'on passe devant la porte avant qu'elle ne s'ouvre et que le feu nous bloque tous pass... !"
Je n'eus pas le temps de finir mon explication que la porte explosa sous la chaleur et de gigantesques flammes vinrent lécher les murs. La chaleur nous faisait transpirer, le feu s'approchait de nous très rapidement.
- "Sandra, faut partir d'ici ! Vite !" hurlais-je à pleins poumons.
Alors que je me tournais vers ma copine, je sursautais.
- "NOOON !!"
Je courrais vers elle mais trop tard. Elle se tenait au bord de la fenêtre qu'elle avait ouvert pour fuir l'incendie et avait sauté. Je me penchais plus vite que la lumière et lui attrapais le poignet, mais le fait de devoir supporter tout son poids me le brisa et je hurlais de douleur. Elle releva la tête, ses yeux agrandit par l'étonnement et la peur.
- "J-Jennifer... !"
Serrant les dents, je tentais de la ramener près de moi. Je sentais les flammes se rapprocher dangereusement et beaucoup trop vite. On allait se faire griller comme des saucisses ou suffoquer avec la fumée.
- "Jennifer, il faut qu'on saute ! Je sais qu'on est à plusieurs étages du sol, mais on va brûler si on reste là-haut !"
La sirène d'alarme incendie résonnait dans les oreilles comme un écho assourdissant. Je criais pour que la blonde puisse m'entendre :
- "Je suis vraiment suicidaire, mais si tu t'y mets toi aussi... Ok, je saute !"
Je fermais les yeux, les rouvrais, et passais par-dessus la fenêtre. Je sentis juste avant le feu frôler mes chevilles. Sandra et moi nous prîmes dans nos bras et nous fermâmes les yeux avant de tomber et d'entendre nos os se briser sur le sol lorsque le noir, le néant nous engloutis.
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