J'allais enfin retourner au collège.
Mais j'appréhendais les autres élèves.

- "T'inquiètes pas, ça va bien se passer." m'avait dit Sandra en souriant.

Pourquoi alors avais-je l'impression que ça serait plutôt l'inverse ? Quoiqu'il en soit, Georges nous déposa toutes deux devant la grille où se réunissait les bandes.

- "Sandra !"

On se retourna. Mark arrivait vers nous et, le sourire aux lèvres, attrapa mon amie par la taille.

- "Quand j'ai sus que Clarc avait essayé de t'étrangler, j'ai eu si peur !" s'écria-t-il en se rapprochant d'elle.

- "Euh... je... merci de t'être inquiété pour moi Mark mais pourrais-tu me lâcher maintenant s'il te plait ?" demanda gentiment Sandra.

Tous les élèves les regardaient avec des yeux rond et faisaient des cœurs avec leurs mains.

- "Arrêtes Mark, dis-je, tous le monde croit que vous sortez ensemble."

- "C'est le cas." répondit-il simplement sans lâcher Sandra du regard.

- "Quoi !?" s'écria Sandra.

- "Quoi ?!" m'écriais-je.

- "Oh chérie, tu es parfaite. Allez, j'te laisse. Ta copine fait une mauvaise image de nous, on peut pas lui parler. Tchao bébé !"

Et Mark et sa bande partirent.

- "Il ment Jennifer !" me dit Sandra.

- "Je te crois." souris-je.

Nous rentrâmes dans la cour.
Nous devions commencer par un cours de français aujourd'hui.
M. Latresse entra et salua ses élèves.

- "Je vais d'abord faire une parenthèse avant de débuter le cours."

Certains adolescents marmonnèrent.

- "Vous êtes bien sûr tous au courant du comportement de Clarc ces derniers jours."

Aussitôt, un silence de plomb s'abattit dans la salle.

- "Il a été arrêté, et il est en garde à vue actuellement. On a pus déceler qu'il avait un problème psychologique, le rendant fou. Il est psychopathe. Il a tenté deux fois de tuer Jennifer Perly et une fois d'étrangler Sandra Jacob car, d'après lui, elles l'empêchaient d'atteindre l'estime de Dieu. Je vous prierais donc d'être gentils et aimables avec ces deux filles. Merci. Bien, on peut commencer le cours maintenant."

Tous nous dévisageaient Sandra et moi et on se regardait avec gêne.
Lors de la récréation, on alla s'assoir près d'un énorme chêne.

- "Ça va ?" demanda Sandra.

- "Ce n'est pas moi qui ai embrassé une fille, qui me suis fait étrangler par un psychopathe et que tout le monde s'inquiète parce que je suis une populaire depuis... la moitié d'un mois ?"

- "D'accord, j'ai compris Jennifer. Message reçu !"

- "Quel message ?"

- "Désolée de t'avoir embrassé. T'es sûre que tu ne veux pas que je recommence ?" me taquina Sandra.

- "Quoi ? Tu es folle ! Pas devant tous les élèves." m'écriais-je.

- "Alors quand on sera seules ?" sourit-elle.

- "Non ! Arrêtes Sandra ! Je ne suis pas comme toi..."

Je me levais quand elle me retint par le bras.

- "Attends ! Désolée, je n'aurais pas dût. À vrai dire... ce que Clarc m'a fait me traumatise. Je n'ai pas dormi de la nuit."

- "Hier soir, j'ai cru voir Clarc. C'est pour cela que j'ai crié."

Puis, des gens arrivèrent.
Ho non, qu'est-ce qu'ils nous veulent ?

- "Clarc avait tellement raison Jennifer !" dit une jeune rousse.

- "Il aurait dût réussir à te tuer, c'était une bonne idée !" s'écria un autre.

- "Pourquoi tu ne meurs pas ?" demanda un brun.

- "Personne ne t'aime, sale droguée !" hurla un blond.

Vexée, je n'en montrais rien et me relevais. Je pris mon sac et marchais.

Point de vue de Sandra

Je vis Jennifer s'en aller. Je fronçais les sourcils.

- "Je peux savoir ce qui vous a prit !?"

- "Elle mérite de crever !" répondit la rousse.

- "Pourquoi ?" demandais-je.

- "Elle fume et se drogue ! Elle n'est pas comme nous !" dit le brun.

- "Comme nous ? Comme nous !? En quoi être différent mérite d'être traitée comme une personne inférieure ? Une moins que rien ? Je ne suis pas comme vous et pourtant je suis une populaire ! Alors arrêtez de dire du mal d'elle ! C'est mon amie !" hurlais-je en me levant d'un bond.

Je courus pour rattraper la gothique.

- "Jennifer !"

Point de vue de Jennifer

J'entendis Sandra m'appeler. Furieuse, je marchais encore plus vite. Elle finit néanmoins par me rattraper près de la grille d'entrée.

- "Qu'est-ce que tu fais ?" me demanda-t-elle, essoufflée.

- "J'me casse."

- "Je te demande pardon ?"

Je lançais mon sac de l'autre côté, attrapais les barres de fer, pris appui et sautais. Je sortis de l'enceinte du collège.

- "Jennifer, reviens ! Tu vas avoir des ennuis !"

- "Qui s'en préoccupe de ma vie ?" répondis-je simplement.

Je partis. Je l'entendis alors grommeler et, d'après le bruit métallique, me rejoindre.

- "Lâches-moi Sandra." ordonnais-je.

Elle se mit à mes côtés. On marcha en silence un court moment.

- "Ton père t'a-t-il déjà parlé de moi ?" demandais-je alors à la blonde.

Sandra redescendit un peu sa courte jupe blanche et réajusta sa chemise bleue claire. Elle replaça son sac en bandoulière noir.

- "Je... je lui ai demandé des renseignements, au cas où... désolée." s'excusa-t-elle.

- "Et que t'a-t-il dit au juste ?" demandais-je avec un ton à peine plus excédé.

- "Tu as été arrêté plusieurs fois pour essais de vols, pris en flagrant délit d'usages de stupéfiants et pour... deux tentatives de suicide." finit-elle.

- "Si je recommence, m'en empêcheras-tu ?"

- "Quoi ! Nan mais ça va pas ? Bien sûr que je vais t'en empêcher ! Je t'interdis de te tuer tu m'entends ? Je... ah mais Jennifer que..."

J'avais attrapé Sandra et l'avais tirée dans une étroite ruelle.