Je dessinais tranquillement. Assise sous un arbre, un saule pleureur, pour éviter les rayons du soleil, j'écoutais de la musique grâce à mes écouteurs et secouait la tête au rythme des pulsations, faiblement. Toute de noire vêtue portant des talons aiguilles, une minijupe et une veste de cuir entrouverte avec ma fermeture éclair dorée sur le haut de mon soutien-gorge gris foncé, j'étais brune comme la nuit avec des yeux gris orageux. Ma peau était plus blanche que la normale, on pourrait me comparer à une poupée de porcelaine gothique. J'avais des bracelets argentés à mes poignets, une mini tête de mort blanche en percing à une narine et des boucles d'oreilles en pics noirs. Je me mis alors à chantonner doucement.
La lala laaa... lala la ! La ! Lala laaa...
Une autre fille me regardait sans que je ne le sâche. Cachée dans les branches de l'arbre d'en face, elle contemplait mon visage. Elle était blonde aux yeux vert avec une tunique rose clair, et un jean bleu foncé déchiré aux niveaux des genoux avec des nus pieds blancs. Elle écrivait, rayait, griffonait et recommençait à écrire sur un carnet semblabe à une magnifique nuit étoilée, ne me quittant que rarement des yeux.
Soudain, la jeune blonde aperçue un groupe de personnes ; 4 garçons et 8/9 filles, venir vers moi en riant d'un air mauvais. Méfiante, la fille à la tunique rose rangea ses affaires et attendit. Se penchant, elle réussit à entendre leurs paroles.

- "Dégage d'ici, c'est notre arbre." m'ordonna un garçon.

Faute d'écouter de la musique dans les oreilles, je n'entendis pas et cela énerva le groupe.

- "Je te parle !!" hurla toujours la même personne.

Agacé, il repéra enfin mes écouteurs et me les arracha littéralement.
Dans les branches, l'inconnue fronça les sourcils ; elle n'aimait pas ça, son instinct lui criait : "attention, attention..."
Je relevais la tête, étonnée, et me levais d'un bond, exaspérée, après avoir posé mon cahier de dessins "ying et yang".

- "Je peux savoir ce qui te prends !? Rend-moi mes écouteurs !" exigeais-je en tendant la main.

Quelques uns rigolèrent. Le garçon qui me les avait arrachés, les cheveux châtains en bataille et aux yeux noisettes, passa mes écouteurs à une blondasse en rose avant de s'approcher de moi, l'air menaçant et souriant.

- "Vas-y Clarc ! Vas-y !" hurlaient en cœur la bande surexcitée.

Clarc, aussi vif que l'éclair, attrapa mes poignets et me plaqua contre le tronc de l'arbre avec force.
Dans les branches, l'inconnue se redressa, prêt à descendre me sauver en cas de besoin.
Clarc se lécha les lèvres, et embrassa mon cou. Il cherchait seulement à me faire peur. Et c'était réussi !

- "A-Arrête Clarc..." bégayais-je en tremblant.

Clarc m'attrapa les deux poignets d'une main et passa l'autre, libre désormais, sur mes hanches.
Au secours, n'importe qui...
Je fermais les yeux et gémis de terreur.
Clarc se délectait de ma peur.
Le garçon descendit sa main derrière ma cuisse et l'attrapait fermement quand je me rebellais et lui donnais un coup de genou au ventre. Clarc grimaça et relâcha son étreinte. J'en profitais pour me libérer et passer à côté de lui pour fuir quand il réagit. Clarc m'attrapa par la taille et m'emprisonna dans ses bras. Je criais de surprise et me débattis, fermant les yeux tant je forçais. Quand je les rouvris, j'avais les larmes aux yeux. Hors de question de pleurer pour lui !
Dans l'arbre d'en face, la fille aux yeux verts le vit et sauta de sa branche pour atterrir au sol, accroupie. Le groupe se retourna et je gigota un peu moins, aussi curieuse que les autres. La jeune blonde se mit debout et leva la tête, ses yeux lançant des éclairs vers Clarc. Elle marcha jusqu'à nous. Fixant le garçon, elle ordonna :

- "Baisse-toi."

Je compris. Je me penchais en avant et la blonde leva son point pour l'abattre sur l'arête du nez de l'adolescent. Celui-ci hurla de douleur et me relâchais quand, toujours penchée, je tombais par terre. Me retournant sur le dos en prenant appui sur mes avant-bras, des cheveux sur le visage, je regardais Clarc s'enfuir avec ses amis, le nez en sang et jurant des milliers d'insultes de vengeance.

- "Tiens."

Je relevais la tête et tendis les mains juste à temps pour récupérer mes écouteurs blancs. Je les regardais, stupéfaite. Je me levais et les rangeais dans la poche de ma veste avant de fermer la fermeture éclair complètement.

- "J'avais pas besoin de ton aide !" lançais-je au visage de la blonde.

- "Je sais." sourit celle-ci.

- "Alors pourquoi es-tu intervenue ?" demandais-je, rageuse.

- "Ils étaient trop nombreux pour toi." tenta mon interlocutrice.

- "J'avais la situation en mains !" répliquais-je.

- "C'est ce que je voyais." clasha la jeune fille en souriant, toujours calme.

Je serrais les poings, énervée. Je fulminais même, enrageais ! Que pouvais-je répliquer ? Mes larmes avaient disparus. Je pris mon carnet et fit demi-tour, courant dans les bois avant de lancer sans me retourner :

- "Ne recommence jamais !!"