De sortie et de trucs de dingues
– Je suis libre! s'exclama Artémis.
– Calme toi, tu sors juste d'un hôpital.
– Mais ça faisait quatre mois que j'étais là-dedans. Et même plus de huit si on compte ceux où j'étais pas consciente.
– Et tu vas devoir y retourner tous les deux jours.
– Vois les côtés positifs, pas que les négatifs. Je vais pouvoir t'embêter tous les jours.
– Comment ça? Pourquoi tu m'embêterais tous les jours?
– Parce que tu vas venir habiter chez moi, pardi.
Mahé arrêta de pousser le fauteuil. Il le contourna afin de regarder Artémis dans les yeux.
– C'est une blague ou c'est vrai? Parce que c'est hors de question que je dors dans le lit de ton ex, je suis sûr qu'il va pas sentir bon, vu le type de conn...
– Mon ex ne dormait pas chez moi, le coupa Artémis, et je t'ai déjà dit que je n'acceptais pas les vulgarités. Si tu continues, je te renie de ma famille.
– Eh, c'est quoi ce système de mer...
– Mahé!
– Oui, oui, désolé.
– J'espère bien que tu es désolé.
Artémis poussa sur ses bras pour faire avancer son fauteuil et réussit à éviter Mahé, un exploit pour elle qui n'arrivait pas bien à contrôler son moyen de transport, comme elle se plaisait à dire. Elle regarda Mahé qui marchait pour la rattraper et la jeune femme accéléra. La dernière fois qu'ils avaient fait une course, Mahé avait gagné par abandon, cette fois, elle allait gagner. Tout en jetant des coups d'œils derrière elle, elle continuait à rouler le plus vite possible. Le problème quand on regarde derrière nous, c'est qu'on ne voit pas les éventuels obstacles. Et Artémis arrivait en haut d'une pente. Son fauteuil prit de la vitesse et la rousse se retourna pour voir à quoi cette soudaine accélération. Quand elle comprit, elle commença à crier en agitant les bras en l'air:
– Mahé, Mahé, aide moi, je vais m'écraser! Je veux pas mourir, au secours!
– Freine, cria le brun qui courait à sa suite.
– Je sais pas comment on fait! Ils sont où les freins?
– Mets tes mains sur les roues, essayent d'arrêter leurs mouvements!
– Je vais me brûler, ça va faire mal!
Voyant qu'Artémis ne ralentissait pas et que tous les passants s'écartaient, Mahé accéléra encore. Il arriva à attraper les poignées du fauteuil juste avant la fin de la pente.
– Cette scène était digne des plus grands films d'actions, dit le brun en éclatant de rire, un truc de dingue!
– C'était pas drôle, j'ai failli mourir!
Mahé jeta un regard à Artémis qui craqua.
– D'accord, c'était super marrant, admit la jeune femme en rigolant.
Ils partirent dans un fou rire incontrôlable. Une fois remise, Artémis proposa à Mahé de partir chez elle. Le garçon acquiesça et il poussa le fauteuil de son amie. Elle était très contente d'être là avec Mahé. Plus elle apprenait à le connaître, plus elle l'aimait bien. Il était très serviable, plutôt drôle, bon joueur et surtout, il lui remontait le moral.
– Tu sais où j'habites au moins? demanda la rousse
– Yep!
– Je te l'ai dit? Dans mon sommeil, quelle imbécile, je te l'ai dit dans mon sommeil. Qu'est-ce que j'ai dit d'autre? Je t'ai pas raconté la chute dans les toilettes? Si? Dis-moi que je t'ai pas raconté ma vie, paniqua Artémis.
– On se détend. Tu n'as pas parlé dans ton sommeil, il avait ton adresse à l'hôpital. Par contre, je suis sûr que cette histoire de toilettes est très intéressante.
– Non, je ne vais pas te raconter comment quelqu'un m'a poussée dans les toilettes alors que je vérifiais si mon chat n'était pas tombé dedans. Jamais.
– Tu sais que tu viens de tout me raconter là?
– Oh mais qu'est-ce que je suis gogolichonne! C'est pas vrai, t'en as pas marre de moi? Parce que ça m'arrive souvent d'avoir marre de moi.
– Franchement, ça m'arrive pas souvent. Ça me fait rire en fait.
– Tu veux dire que tu te moques de moi?
– Non non. Si en fait. J'en sais rien.
– Donc, tu te moques de toi. Tu sais que tu es censé respecté les anciens. Et ça, c'est pas du respect, dit sérieusement Artémis.
– C'est pas parce que t'as deux ans de plus que moi que tu es mon ancienne. Ça se dit au moins 'ancienne'?
– Techniquement, si, je suis plus vieille que toi. Et j'en sais rien du tout.
– Une vraie littéraire sait quand un mot existe, lança Mahé.
– Et un vrai con sait quand il doit fermer sa grande bouche, rétorqua Artémis.
– Est ce que tu viens d'être...vulgaire? Waouh, tu viens de dire un gros mot? J'y crois pas! Un truc de dingue!
– Roh, ça va, pas besoin d'en faire tout un plat... C'est parti tout seul.
– Justement! Ça veut dire que tu parles comme ça au naturel! J'imagine déjà les gros titres: Artémis, militante contre la vulgarité, lâche un gros mot au milieu d'une conversation.
– Mahé?
– Oui?
– C'était nul. Absolument nul. Ne fais jamais journaliste, je t'en supplie.
– Genre, toi, t'ose me dire ça, dit Mahé en imitant les personnages de télé-réalité. J'y crois pas quoi. Non mais allô quoi. T'es sérieuse? Tu te prends pour mon chien? Genre, tu te crois capable de me critiquer? T'es qui pour me critiquer comme ça? Attention, tu vas te prendre du jus de cranberry dans la gueu... tête, tu vas pas comprendre.
– Je sais pas qui t'imitait, mais j'imagine que c'était censé être drôle alors je vais rigoler.
La plus âgée des deux éclata d'un rire faux, pendant que Mahé la regardait, stupéfait.
– Tu n'as jamais regardé de la télé-réalité? Sérieusement?
– Non, voir des gens absolument bip se mettre en couple puis se disputer puis se remettre ensemble parce quand même, ils s'aiment trop, pendant que les autres se balancent du jus de myrtilles, pas de cranberrys, dessus, ça m'intéresse pas.
– Tu rigoles? Le plus drôle, c'est les filles qui deviennent hystériques parce qu'elles se sont fait plaquées: 'Il m'a quitté, IL M'A QUITTE!' Après, elles s'enferment dans leur chambre et pleurent toutes les larmes de son corps, en rejetant ses super copines, parce qu'elles sont super tristes.
– Ça, c'est inhabituel. La plupart font un peu moins pire normalement.
– Je croyais que tu regardais pas ce genre de choses, fit remarquer Mahé.
– Non mais je ne suis juste pas complètement paumé. Je me mets à jour avec ma génération. Cette histoire a monopolisé YouTube pendant, quoi, une semaine et vu que je regarde 1 vidéo que je mets une demi-heure à chercher chaque semaine, je suis au courant.
– Bien sûr, bien sûr, je te crois.
– Mahé, t'es un gros gamin.
– Et alors, gamine?
– Et alors tu faisais tellement ton gamin que tu t'es perdu. On a largement dépassé chez moi.
Artémis mit ses mains sur les roues de son bolide et les fit tourner pour échapper à son ami. Elle commença à remonter la rue à la force de ses bras quand quelque chose de blanc tomba devant elle.
– Il neige, pensa-t-elle.
Elle regarda le ciel et s'émerveilla un instant devant le ciel bleu. Mahé la rejoignit et lui demanda pourquoi elle était aussi heureuse de voir le ciel.
– Il neige Mahé! Il neige! J'ai vu un flocon tombé, je te jure! s'exclama Artémis, ravie.
– Artémis, on est en août. Si tu as vu quoique ce soit de blanc tomber, c'était une merde de pigeon, pas de la neige.
– Comment ça de la merde de pigeon? Je sais distinguer de la merde de pigeon et de la neige, non?
– Trouvez l'incohérence dans la phrase suivante, dit le jeune homme d'un ton professionnel. Nous sommes en août, il neige en Bretagne. Août, neige, Bretagne. Neige, neige est l'intrus.
– T'as peut-être raison. Mais seulement peut-être! insista la rousse. Bon allez, il nous reste encore une dizaine de minutes avant de se retrouver au chaud dans mon appartement, reprit-elle. Il faut y aller si on veut pas que la nuit se mette à tomber.
– On est toujours en été, la nuit tombe tard en été, tu souviens?
– Euh ouais, ouais. J'ai du mal aujourd'hui.
– Je vois bien ça. En route, mauvaise troupe! clama Mahé.
Il poussa le fauteuil de son acolyte jusqu'à chez elle. Ils pénétrèrent dans le hall de l'immeuble et appelèrent l'ascenseur.
– A mes pauvres petits, cet engin moderne est cassé depuis trois jours, intervint le concierge. Le réparateur devrait venir mardi prochain mais ce n'est pas une certitude. Vous savez, ces jeunes qui travaillent alors qu'ils n'y connaissent rien. Ça me fait mal aux reins de voir ça. Dans le temps, ils auraient réparé cet ascenseur le jour même, finit le vieil homme en soupirant.
Il rejoignit sa loge et son magazine, les laissant tous les deux.
– Le cliché, ricana le brun. Ce gars est un énorme cliché.
– C'est bien beau de se moquer de personnes âgées, mais si tu avais écouté, l'ascenseur ne sera pas réparé avant au moins cinq jours et j'habite au quatrième étage ET JE SUIS EN FAUTEUIL ROULANT. On fait moins le malin n'est-ce pas? Tu vas devoir me porter, claironna la jeune femme, un grand sourire aux lèvres, puis redescendre prendre le fauteuil et, bien entendu, le remonter. Ça te tente?
– Est ce que j'ai le choix?
– Non, et c'est ça le plus drôle.
Mahé passa ses bras sous les jambes d'Artémis, qui s'accrocha à son cou. Elle avait beau ne pas être bien grosse, elle pesait son poids et l'épreuve fut dure pour le jeune homme. Il arriva en haut au bout d'un bon quart d'heure durant lequel Artémis l'embêta. Il lui demanda ses clés et le regarda de travers.
– TU avais les clés gros malin. Tu les as prises dans mon manteau ce matin.
– Ah non. Je te les ais rendu entre temps.
– Tu les as mises dans ton sac qui est accroché à mon fauteuil. Donc tu vas bouger tes petites fesses pour aller me les chercher.
– Et je fais quoi de toi?
– Tu m'installes confortablement sur la dernière marche des escaliers. Et plus vite que ça.
Mahé s'exécuta et revint deux minutes plus tard, tout essoufflé avec les clés et le fauteuil.
– Il s'est passé un truc de dingue! Ton ex, il s'appelle Marc, c'est ça? Eh bah il était en bas, continua-t-il sans laisser le temps à Artémis de répondre. Il m'a demandé qui j'étais et ce que je faisais avec un fauteuil à la main, parce qu'il avait dû voir tes clés alors je lui ai répondu que c'était ton fauteuil et que, attention, prépare toi à un choc, que j'étais ton nouveau petit ami! Et là, se prenant pour un bad boy comme dans les séries américaines, il dit qu'il le savait et que de toute façon, il ne voulait plus te voir. Et tu veux que je te dise mon avis? Sa petite amie l'a plaqué alors il voulait te récupérer. Mais moi, chevalier servant, je t'ai sauvé de ce monstre. Pas mal non?
– Génial, mais ces marches ne sont pas super confortables donc si je pouvais bouger maintenant que tu as les clés, ce serait pas plus mal.
Mahé ouvrit la porte, porta son amie jusqu'à son canapé puis s'assit à côté d'elle.
– Tu veux quelque chose à boire? demanda la propriétaire des lieux.
– Je veux bien du jus d'orange s'il te plaît.
– Va le prendre alors. En bas du frigo, qui est dans la cuisine.
Le plus jeune des deux se leva pour aller chercher et on entendit l'eau couler quelques minutes plus tard.
– Qu'est-ce qu'il y a ? cria Artémis depuis le canapé.
– Ton jus d'orange est périmé, voilà ce qu'il se passe, répondit Mahé avant de cracher dans l'évier.
– J'avais pas précisé la date. Je vois que t'es pas prêt à faire tes courses tout seul. Je vais devoir t'apprendre, pauvre gamin.
– Je suis pas un gamin! lança Mahé depuis la cuisine.
(Enfin! Le chapitre qui devait sortir il y a un mois est là! Désolée pour le retard mais j'espère que ça vous a plu!)
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