De réveil en pleine nuit et d'orage dans l'air

Artémis se réveilla brusquement dans son lit, trempée de sueur. Elle venait de revivre pour la énième fois son accident, qui, quoi qu'elle en dise, la hantait toujours, et ce n'était pas vraiment agréable. Elle ne s'était toujours pas résolue à en parler au psychologue que l'hôpital lui avait assignée – non pas qu'elle soit devenue folle mais tous les médecins qu'elle voyait tenait à 'garder sous contrôle sa santé mentale' – car elle savait exactement la raison pour laquelle elle faisait ce type de cauchemars de plus en plus souvent : dans deux jours, cela ferait un an qu'elle avait été renversée.

Elle se décida tout de même à appeler Mahé, qui dormait dans l'ancienne chambre d'amis qu'il avait arrangé à sa manière. Elle était si proche de celle de la jeune femme qu'on entendait l'autre tousser. Elle lança alors un 'Mahé' et le jeune homme arriva peu après, les cheveux ébouriffés et un air endormi. Artémis le trouvait assez craquant comme ça et elle ne put s'empêcher de lâcher un petit 'BG!' à la suite duquel son ami lui donna une légère tape sur la tête.

– Bon, qu'est-ce qu'il y a ? Parce qu'il est deux heures du matin et j'aimerais bien aller me recoucher, dit Mahé.

– Je l'ai refait.

– Tu es sûre de vouloir n'en parler à personne ?

– Je t'en ai parlé et, à ma connaissance, tu n'es pas personne.

– Tu sais très bien ce que je voulais dire, arrête de faire ça.

– Oui, je suis sûre.

– D'accord, je peux retourner dans les bras de Morphée maintenant ?

– Bah, je croyais que t'étais gay !

– C'est une expression qui veut dire dormir.

– Ah oui, je me disais aussi que ce prénom me disait quelque chose. J'ai dû étudier cette dame en latin. Il faut croire que je suis encore bien endormie.

– Donc ? J'ai l'autorisation ?

– Tu me sers un verre de jus d'orange avant s'il te plaît ?

– Si tu y tiens.

– N'oublie pas de vérifier la date de péremption avant de le faire.

– J'ai été faire les courses hier, je te signale.

– N'empêche, je te connais Mahé et t'es comme pleins de gens, tu ne regardes pas les dates des choses que tu achètes.

– Comment tu fais pour savoir tout ça sur moi ? Ça devient vraiment flippant.

– Je suis assez observatrice, et disons que vu que j'ai que ça à faire dans ma journée, je connais plein de choses sur toi et tes expressions corporelles.

– Trop bizarre, murmura Mahé en revenant dans la chambre, un verre de jus de pamplemousse à la main.

– Merci, dit la rousse. Tu savais que quand tu avais 3 ans, t'as gagné un concours de danse local avec ta cousine ?

– Ça, c'est le type de secret que j'aurais bien emporté dans ma tombe, dit le jeune homme.

– C'était même écrit petit prodige pour son âge sur le journal. Tu me fais une petite danse, Chouchou ?

– Si tu veux.

Mahé se mit alors au centre de la petite chambre et esquissa quelques pas, tandis qu'Artémis porta à ses lèvres son verre dont elle recracha immédiatement le contenu sur son ami.

– Diantre Mahé, du jus de pamplemousse, vraiment ?

– C'est pas ma faute, une orange et un pamplemousse ça se ressemble vachement..., murmura-t-il se sentant un peu coupable.

Le silence se fit dans la chambre tandis que Mahé essuyait par terre et son pyjama.

– Tu danses mal, tu sais, lança Artémis, uniquement pour remplir le blanc.

– Tu parles comme au Moyen-Age, tu sais ?

– Pardon ?

– Tu as dit diantre. Et diantre est un mot que personne n'a utilisé depuis Jeanne d'orc.

– Premièrement, tu n'en sais absolument rien. Deuxièmement, c'est Jeanne D'ARC, pas d'orc. Et pour finir, tu sais ce que ça veut dire au moins ?

– Trop de questions pour ma petite tête, je vais me recoucher, dit le brun en trainant les pieds jusqu'à son lit.

– Ouais, c'est ça, espèce de gros feignant, cria Artémis.

– Moi, pas être feignant, lui répondit Mahé, déjà à moitié endormi.

∞ ∞ ∞ ∞

– Mahé, hôpital !

– Mer...credi, je croyais que c'était mercredi.

– On est mercredi, idiot, et ne va pas me faire croire que tu voulais dire ce mot au départ.

– Jamais. Allez, viens princesse, on va faire un tour.

Mahé porta Artémis du vieux canapé jusqu'à son fauteuil puis alla chercher son manteau tandis qu'Artémis enfilait le sien. Ils sortirent de l'appartement, que Mahé ferma à clé pendant que la propriétaire appelait l'ascenseur. Ils descendirent jusqu'à la voiture et le brun conduisit jusqu'au parking de l'hôpital, où il aida son amie à sortir du véhicule. Daphné la pris en charge et l'emmena à l'intérieur du bâtiment. Le mercredi, c'était le jour du psy, des radios de contrôle et de la visite du médecin et par conséquent, le plus long et énervant. On l'emmena au troisième étage de l'hôpital, pour sa séance chez le psychologue.

Elle détestait y aller, d'une part parce qu'elle n'avait absolument pas le sentiment d'en avoir besoin et d'autre part car elle trouvait que payer quelqu'un – même si elle était remboursée – afin qu'on lui livre toutes ses secrets et pensées les plus sombres lui paraissait complètement idiot.

Elle entra tout de même dans le cabinet quand on l'appela.

– Alors, Artémis, comment te sens tu ?

– Bien.

– Mais encore ?

– J'ai de temps en temps mal aux jambes mais mon assistant s'occupe très bien de ça.

– Parlez-moi de votre famille, Artémis.

– Ma mère est morte, mon père disparu dans la nature depuis un bon bout de temps et ma sœur est à l'hôpital psychiatrique. Mais vous le saviez déjà, je me trompe ?

Le psychologue resta muet, guettant la moindre émotion sur le visage de la rousse, qui ne réagit pas. Ses yeux se baladaient et observaient ce que possédait son médecin dans son cabinet. Des bibelots, une photo de famille – comme la plupart des gens – ainsi qu'un tableau perturbant le champ visuel de toute personne dans la salle avec ses couleurs trop clairs pour les murs sombres.

– Vous avez quelque chose d'autre à me demander ? demanda insolemment la jeune femme.

– Oui. Avez-vous revécut récemment l'accident ? Etant donné la date d'aujourd'hui et celle de votre accident, cela me paraît logique.

– Pas du tout. Je dors très bien et je n'ai toujours que très peu de souvenirs de ce qui s'est passé cette nuit-là, mentit Artémis avec aplomb.

– Si tu le dis, dit le psychologue, peu convaincu. Allez, je te libère. Mais je veux te revoir impérativement dans deux jours, compris ?

– Oui chef, bien chef, lança Artémis, dans le seul but d'énerver un maximum celui qui était supposé la soigner d'un mal qu'elle n'avait pas.

Elle sortit rapidement de la salle puis alla faire tous ses autres examens. Comme d'habitude, rien n'empirait, rien ne s'améliorait. Elle finit par redescendre en bas, à l'accueil où elle appela Mahé.

– Oui ?

– Je suis sortie, viens me chercher s'il te plaît.

– J'arrive tout de suite, je préviens ma patronne et je suis à toi.

Avec cette histoire de psychologue, la rousse avait complètement oublié que son meilleur ami avait trouvé un travail dans la ville. En vérité, il avait juste piqué le sien. Elle avait discuté avec Alexianne qui avait avoué avoir du mal à trouver quelqu'un à embaucher depuis sa promotion à la place de gérante de la bibliothèque. Artémis avait alors envoyé Mahé à l'entretien d'embauche qu'avait organisé son amie. Il était revenu chez lui avec un grand sourire et un nouveau boulot. La jeune femme était convaincue qu'il avait discuté d'elle avec sa meilleure amie mais elle avait beau insister, il ne disait rien, d'après lui pour garder le secret professionnel.

Mahé arriva sur le parking et installa son amie à côté de lui. Sans raison, le silence se fit entre les deux jeunes gens. Artémis savait que quelque chose clochait mais elle ne dit rien avant d'avoir analysé la situation. Premièrement, Mahé avait mis moins de cinq minutes pour venir à l'hôpital. Deuxièmement, elle se rappela que la bibliothèque était fermée le mercredi matin. Et troisièmement, il avait une odeur bizarre. N'ayant aucune idée de ce qu'il avait pu faire, elle se résolut à questionner son ami.

– Qu'est-ce que tu as fait, Mahé ?

– Moi ? Bah, j'ai été travaillé à la bibliothèque, répondit-il.

– Mahé, me prend pas pour une idiote, je sais très bien que tu n'y étais pas.

– Mais si si, je te jure. J'y étais.

– Tu penses vraiment que je vais te croire ?

– Pourquoi est-ce que tu ne le ferais pas ? Tu es censée me faire entièrement confiance, non ?

– Censée, Mahé, censée ! Le problème, c'est que je sais que tu mens. Tu sais combien j'ai du mal avec les mensonges depuis Marc alors, maintenant, stop, s'énerva Artémis.

– J'étais en train de travailler. Et de toutes les manières, je suis venue te chercher alors qu'est-ce que ça peut te faire ?

– Tu es mon protecteur, donc je suis ta protectrice. Et pour te protéger comme il le faut, j'ai besoin de savoir ce que tu faisais. Pas précisément, je veux juste avoir une idée de ce que tu faisais.

– Je n'ai pas besoin de protectrice, tu devrais le savoir non ? Et j'étais à la bibliothèque, ça doit faire au moins cinq fois que je te le dis donc ça devrait suffire non ?

– Non ! Merde Mahé, arrête ! Tu sais aussi bien que moi que tu n'y étais pas alors maintenant, dis-moi la vérité ! cria Artémis.

Mahé arrêta la voiture sur le bord de la route et en descendit. Il claqua la porte et marcha sur le trottoir, afin de s'éclaircir les idées. Devait-il lui dire ou non ? Aucune idée. Qu'elle allait être la réaction de sa meilleure amie si elle apprenait ce qu'il avait fait ? Mauvaise, forcément vu qu'elle était déjà énervée – elle avait tout de même dit 'merde'. Il retourna dans la voiture, prêt à dire la vérité à la jeune femme. Elle parla en premier :

– Alors ? Tu n'aurais pas quelque chose à me dire par hasard ?

– Euh, je..., commença le brun.

– Accouche Mahé, qu'as-tu fais pendant que j'étais à l'hôpital ?

–J'ai été voir ta sœur, avoua finalement le brun.

(Je croyais avoir publier ce chapitre depuis bien longtemps mais apparemment non :')). Le voilà en tout cas et j'espère qu'il vous a plu !

-C'était moi )

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