De discussions et de problèmes
Il commençait à pleuvoir. Ni l'un ni l'autre n'avait de parapluie mais les deux jeunes gens ne semblaient pas dérangés par la pluie. Ils furent vite trempés mais ils ne s'en souciait guère et rigolaient.
– Tu habites où?
– Dans cette ville, répondit Artémis.
– Non, sans blague! Où dans la ville, c'était ça ma question.
– Rue de la Paix.
– Y a une rue de la Paix dans cette ville?
– Non, c'est là que j'habite quand je joue au Monopoly toute seule.
– C'est pas ennuyant ça?
– De jouer contre soi-même? Non, c'est génial! Tu gagnes forcément et en plus tu peux prévoir ce que l'autre va faire. Ça fait te fait passer pour un devin.
– T'es pas pareil.
– Que qui?
– Que les autres filles. T'es plus naturelle. T'es en robe sous la pluie, des cheveux trempés dans la bouche avec un grand sourire aux lèvres. Une fille plus commune serait déjà rentrée chez elle.
– C'est une bonne chose? Tu sais, je fais rien d'extraordinaire hormis être moi-même.
– J'imagine. J'analyse rarement les gens.
– D'accord.
– J'espérais mieux de ta part.
– Votre réponse est tout à fait satisfaisante, mon cher, dit alors Artémis d'une voix théâtrale. Vous avez une grande carrière diplomatique devant vous.
Mahé éclata de rire, rapidement rejoint par Artémis. Ils marchaient toujours sur le trottoir, côte à côte, sous le crachin. Ils dérivaient dans le village, guidés par leurs inconscients.
Mahé tourna à gauche et Artémis réalisa soudainement qu'elle se trouvait devant la maison d'Alexianne. Elle ne voulait pas qu'elle la voit et encore moins avec un garçon.
– Mahé, chuchota-t-elle, pas par-là, on s'en va.
Le jeune homme fronça les sourcils pour exprimer son incompréhension mais suivi tout de même la rousse. Elle se faisait discrète, rasant les murs comme si elle n'était pas censée être là. Mahé, lui, marchait tranquillement au milieu de la rue, les mains dans les poches, les cheveux dégoulinants.
Il rejoignit Artémis la rue suivante. Elle était toujours sur ses gardes, si bien que le brun faillit se prendre une claque en pleine figure. Il rattrapa cependant la main de la femme avant que celle-ci ne rentre en collision avec sa joue. Mahé lança un regard désapprobateur à la rousse qui s'excusa. Un silence s'installa quand les deux adultes se remirent à marcher. Ce fût le plus jeune des deux qui craqua en premier.
– Pourquoi as-tu fui?
– Moi, fuir? Jamais!
– Artémis, ne mens pas. Pourquoi?
Artémis soupira. En y réfléchissant, son action était stupide. Dire à son 'nouvel ami' qu'elle ne voulait pas parler à Alexianne n'était pas forcément un bon début de relation. Elle choisit tout de même l'honnête, quitte à être ridicule.
– Ma meilleure amie, Alexianne, habite là et je ne veux pas lui parler et encore moins en ta présence, dit Artémis d'une traite.
– Pas compris. Tu veux bien répéter?
La rousse s'exécuta, un peu honteuse. Mahé affichait un air impossible à déchiffrer, qu'Artémis interpréta comme de la déception. Elle s'était déçue elle-même à vrai dire. Ce n'était pas vraiment sa journée. Ils se regardèrent dans les yeux et la jeune femme devina une pointe d'amusement.
– Tu cherches à me faire culpabiliser ou t'es vraiment pas content? demanda Artémis.
– A toi de voir, répondit Mahé.
– Je préférerais que tu respectes mon choix mais bon, c'est ta réaction après tout.
– Je t'en veux pas enfin Artémis. En vouloir à une fille qu'on a rencontré depuis une demi-heure, c'est vraiment con.
– Pas de mots grossiers en ma présence, mon beau!
– Oui, chef! dit Mahé en esquissant un salut militaire.
Artémis pouffa brièvement puis proposa à son 'ami' de continuer à marcher. Ce dernier accepta volontiers et ils se remirent en route. Ils se rapprochaient de chez la rousse, qui, n'ayant pas envie de rentrer chez elle, proposa à Mahé de retourner dans le centre-ville. Celui-ci la suivit dans les rues, tout en continuant à parler.
– Et cette fille, Alexianne, c'est une bonne amie?
– Oui, bien sûr! Elle est gentille, intelligente et on a la même mentalité. Elle est très sympa.
– Alors pourquoi tu l'évites? Je veux dire, si elle est gentille et qu'elle te comprend, tu devrais lui parler, non?
– C'est compliqué. Je suis pas du type à me livrer facilement.
– Alors pourquoi tu te livres à moi?
– Les circonstances ont fait que je t'ai raconté des trucs que je n'aurais pas forcément racontés en temps normal.
– Les circonstances font bien les choses alors.
– Tu as fini de jouer les psychologues monsieur?
– Eh bien, madame, dit Mahé en se grattant la tête avec un stylo imaginaire, je pense que cette séance vous a aidé à vous livrer plus qu'habituellement. Il faudra réitérer ça.
– Si c'est gratuit, ce sera avec plaisir!
– Pourquoi je te ferais payer enfin? Tu es mon amie.
– Ouah, s'extasia Artémis, mon deuxième ami!
– En comptant Alexianne ou sans la compter?
– En la comptant.
– Tu as donc peu d'amis.
– Quel importance? J'en ai deux et ils sont gentils! J'ai pas besoin d'en avoir plein, je suis bien comme ça, s'énerva la rousse.
– Eh, tout doux! J'ai pas critiqué, je suis pareil. Tu es ma cinquième amie.
– Je suis désolé de m'être emportée, j'ai pas l'habitude qu'on me dise ça dans ce sens-là. Je suis très souvent critiquée, du moins quand j'étais plus jeune. Je suis devenue de plus en plus asociale et j'ai pas l'habitude d'être complimentée par quelqu'un.
– Pas de souci. Je comprends.
Artémis était contente. Elle s'était fait un nouvel ami, et qui plus est un bon. Il était sympa, drôle et surtout, prêt à la supporter. Finalement, elle avait bien fait d'aller chez Kévin, même si l'idée de base n'était pas brillante. Comme dirait Mahé, les circonstances font bien les choses.
– Est ce que tu m'entends? Allô Artémis, ici Mahé!
– Hein, quoi?
Mahé soupira et lui jeta un regard exagéré. Artémis leva les sourcils à deux reprises, ce qui fit rigoler le brun. C'est la première fois qu'elle entend vraiment son rire et elle ne le trouve pas très beau.
– Ton rire est, comment dire, particulier...
– Mon rire est génial enfin! Tu trouves qu'il fait trop cochon d'Inde?
– Ça rit un cochon d'Inde?
– J'en sais absolument rien. Mais je suis sûr que s'ils rigolent, leur rire est magnifique.
Artémis éclata d'un rire qui n'avait rien à voir avec celui d'un cochon d'Inde. Son rire ressemblait à celui d'une mouette rieuse. Ils avaient tous les deux un rire d'animal, ce qui ne dérange pas la rousse.
– J'ai envie de faire pipi, dit soudainement la jeune femme.
– Eh bien, trouvons des toilettes!
Ils se dirigèrent donc vers les toilettes publiques. Ils marchèrent pendant une dizaine de minutes, Artémis se tortillant dans tous les sens. Ils restèrent silencieux pendant tout le trajet. Le silence était pesant. La rousse le rompit en lançant un gros 'flûte!'.
– Que se passe-t-il, ma chère?
– Rien du tout, cet énorme blanc était plutôt étrange.
– Eh bien lance une nouvelle conversation!
– Euh...
– Le E est la cinquième lettre de l'alphabet. On peut lui ajouter différents accents comme l'accent aigu ou l'accent grave, sans oublier le circonflexe et les trémas. Cette lettre est une voyelle très couramment utilisé, si bien que j'en ai utilisé au moins vingt dans ma dernière phrase, ma chère.
Le brun était tellement absorbé par son speech qu'il n'a pas remarqué qu'Artémis ne l'écoute plus et qu'elle joue avec l'eau et les pièces dans une fontaine. Il l'a rejoint en trottinant et lui tapote doucement l'épaule.
– Ça fait plaisir de se sentir écouter.
– Oh pardon. Je suis désolée. J'imite Edith mais sans le masque et le tuba.
– Madame a de ces références cinématographiques! Bravo!
Artémis lui donna une légère tape sur le torse. Elle remit les pièces dans la fontaine en rigolant puis suivi son ami car elle avait toujours envie d'aller aux toilettes.
– Du coup, tu disais quoi?
– Je te faisais une dissertation orale sur la lettre E. C'était très intéressant, tu aurais dû écouter.
– Tout ce que tu dis est forcément intéressant et vrai c'est ça?
– Tout à fait, si je dis quelque chose, c'est que c'est vrai.
– Modeste à ce que je vois.
– C'est une mes plus grandes qualités!
– Mais bien sûr. D'ailleurs, cher monsieur, quel est ton nom de famille?
– Et bien, chère demoiselle, mon nom de famille est Sari. Et le vôtre?
– Je peux affirmer que mon nom est pire que le vôtre car, le mien étant Poirier, il n'y a pas de comparaison possible.
– Je peux t'assurer que nous sommes arrivés.
En effet, on apercevait les toilettes publiques au milieu de la place. Artémis s'y dirigea et referma la porte derrière elle, tandis que Mahé, ne trouvant rien d'autre de mieux à faire toquait à la porte en continu.
– Mahé, arrête ça tout de suite, dit la rousse.
Mahé n'arrêta pas, tout content d'avoir trouvé un nouveau jeu. Artémis sortit des W.C précipitamment et le jeune homme se pris la porte dans le nez. La rousse éclata de rire puis lui demanda s'il avait très mal ou pas. Le brun marmonna quelque chose qui ressemblait à un oui et s'assit sur un banc. Il se releva cinq minutes après, un sourire aux lèvres.
– Que dirais tu, pour te faire pardonner, de faire la course jusqu'à chez Kévin?
– Avec plaisir!
Les deux adultes se placèrent côte à côte et Mahé donna le top départ. Artémis était devant mais elle se fit rattraper rapidement par son acolyte. Ce dernier la dépassa, se retourna pour lui tirer la langue puis accéléra. La jeune femme, bien décidé à gagner, fit un sprint pour le rejoindre. Mais Artémis n'avait pas entendu la voiture qui arrivait à sa droite.
Ce fût le choc.
Puis le noir.
(Bonjour! Comment allez -vous? J'ai enfin fini le chapitre suivant et j'ai pas mal entamé l'autre donc je me suis dit que c'était le bon moment pour poster :)) . Je sais, je suis pas cool de faire ça à Artémis, mais il y a plus sadique que moi je vous assure XD. En tout cas, j'espère que le chapitre vous a plu et je vous souhaite une bonne après-midi! Love.
-C'était moi)
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