D'achats et de rencontres
Une semaine que Marc l'avait larguée et une semaine qu'Artémis se morfondait vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Il ne restait plus qu'une semaine avant Noël, elle devait donc acheter des cadeaux à sa famille.
Mais en y réfléchissant, hormis Alexianne, elle n'avait personne à qui offrir de cadeaux. Son père était parti un an après la naissance de sa petite sœur, Gaëllanne. Sa mère était morte d'un cancer, un an et demi plus tôt. Gaëllanne était à l'hôpital psychiatrique depuis 6 mois, pour bipolarité. Sa sœur faisait des crises de plus en plus intenses et rapprochées depuis que leur mère était morte. Artémis avait dû l'envoyer à l'hôpital, la veille de leur départ pour l'Australie. Ça avait été un coup dur pour la jeune femme, qui avait perdu sa mère et sa sœur en l'espace d'un an. Elle avait le droit d'aller la voir une fois tous les deux mois et elle y avait été une semaine et demie avant. Elle aurait pu offrir un cadeau à son oncle Samuel, mais il habitait désormais en Suisse et le temps que le paquet arrive, il serait bien trop tard. Elle lui apporterait quelque chose quand elle viendrait chez lui pour faire du ski.
Elle entreprit alors une sortie shopping l'après-midi même pour acheter un cadeau à Alexianne, un à sa sœur, des fleurs pour sa mère et plusieurs cadeaux pour elle. Personne ne lui offrait de cadeaux alors elle s'en offrait elle-même.
Elle partit à quinze heures de chez elle, fit vingt minutes de vélo pour arriver au centre commercial de la ville voisine. Elle fit des dizaines de magasins mais ne trouva rien de correct pour Alexianne. Elle avait acheté un combi-short pour sa sœur mais, n'ayant pas les mêmes goûts qu'elle, elle ne savait pas ce qui lui plairait. Elle avait pris quelque chose qu'elle n'aimait pas, elle espérait qu'elle l'aimerait bien. Elle n'avait pas envie de supporter une de ses crises de violence pour un cadeau de Noël.
Elle acheta finalement un livre tout juste sorti pour Alexianne. Ce n'était pas un cadeau très original, mais elle savait que ça lui plairait tout de même.
Elles se ressemblaient beaucoup au fond. Toutes les deux des lectrices passionnées, qui avaient des goûts simples en termes de livres, et qui adoraient sentir les livres avant de les acheter. Physiquement, elles étaient radicalement différentes.
L'une, avait la peau blanche, des belles boucles rousses qui descendaient jusqu'au bas de son dos, des yeux bleu-vert, un petit nez retroussé et des petites mains dont les ongles longs n'étaient pas vernis. L'autre, avait la peau mate, des yeux noirs très sombres, un nez en trompette, des cheveux châtains qui s'arrêtaient à ses épaules, des paupières sur lesquelles étaient tartinées plusieurs couches de maquillage et de grandes mains calleuses aux ongles rongés, souvenir de ses années passées à la campagne.
Elles étaient toutes les deux belles sans pour autant être jolies.
Elle s'acheta une salopette, une paire de gants de ski car elle avait troué les siens en faisant du jardinage avec et un sachet de bonbons de cinq cents grammes – il devait tenir jusqu'au prochain Noël. Elle rentra chez elle avec tous ses cadeaux dans son panier puis les emballa soigneusement dans du papier cadeau "Vive l'été", celui qu'elle utilisait depuis trois ans.
Il était maintenant dix-neuf heures et cette après-midi shopping l'avait épuisée. Elle alla donc se reposer sur son canapé, avec un livre. À vrai dire, c'était le livre. C'était le livre préféré de Gaëllanne et elle l'avait déjà lu douze fois depuis que cette dernière était partie. "Le rire est le meilleur des remèdes " était un très bon livre humoristique mais Artémis en avait déjà lu des meilleurs. Elle en était à la moitié quand elle s'endormit, le livre sur la tête.
Artémis se réveilla alors que son réveil indiquait vingt-trois heures. Elle avait corné trois pages du livre de sa sœur, elle s'en voulu immédiatement. Elle se leva puis prit son manteau pour aller faire un tour dehors. Elle savait qu'elle ne se rendormirait pas cette nuit alors, autant faire quelque chose.
La ville était silencieuse. Artémis était dans la lune, comme souvent. Elle ne faisait pas attention à ce qu'elle faisait, si bien qu'elle se prit un lampadaire en pleine tête. Elle tomba par terre, étourdie. Elle reprit tranquillement ses esprits puis se releva. Elle allait avoir une bosse sur la tête mais ce n'était pas très important à ses yeux. Elle leva les yeux et remarqua avec étonnement qu'elle était en bas de l'immeuble de Kévin.
Ses pas l'avaient inconsciemment menée jusque-là. La raison la frappa soudainement. Elle avait pensé à Marc toute la journée. Et elle voulait l'oublier, ne serait-ce que momentanément. Elle prit l'ascenseur et rentra dans l'appartement de son "ami" sans demander la permission.
Deux jeunes gens étaient en train de se peloter sur le canapé orange. Elle salua Kévin quand celui-ci l'aperçut, et s'installa à son poste habituel. Elle avait pris une bouteille de champagne pleine.
Elle avait envie de se saouler mais l'alcool n'était toujours pas ce qu'elle préférait. Mais après tout, c'était pour son bien mental. Elle but quatre gorgées à la suite. Les bulles n'étaient pas désagréables mais l'arrière-goût de l'alcool l'était. Elle but plusieurs gorgées de plus puis, la bouteille n'étant qu'à moitié vide, la garda à la main.
Ça lui fait du bien, elle plane un peu, les sensations sont atténuées. Elle recommença à pleurer, comme elle en a l'habitude.
Au bout de huit minutes de sanglots, un jeune homme apparut près de la fenêtre. Il sortit sur le balcon et s'approcha d'Artémis.
– Tu vas bien?
– Oui oui, c'est juste que je transpire des yeux.
Le garçon resta muet face à la réponse de la jeune femme, qui le dévisagea prudemment. Il est joli, des cheveux bruns et des yeux bleus. Il a quelques boutons mais ça lui donne du charme. Il n'est pas 'craquant' mais il est beau. Il n'a toujours rien dit, Artémis reprend alors la parole.
– C'est juste que, toi, tu vois une fille à moitié bourrée qui est en train de pleurer et tu lui demandes si ça va ? C'est pas logique, car tu sais que ça va pas, mais tu lui demandes tout de même. Mais d'un autre côté, ça veut dire que t'es humain, les extraterrestres sont plus intelligents que ça.
Artémis a prononcé la fin de sa phrase comme si elle se parlait à elle-même, ce qui perturba le garçon. Il était désemparé et ne sachant pas trop quoi dire, il s'assit à côté d'Artémis. Ils restèrent cinq minutes sans rien dire, le garçon réfléchissant et Artémis sanglotant. Puis, le jeune homme prit la parole.
– Du coup, tu vas pas très bien. Qu'est-ce qu'il y a dans ce cas?
– C'est mon petit copain. Il est parti avec une autre.
– Pas cool.
– Ouais, pas cool. T'as pas une tête à aller à des soirées toi, qu'est-ce que tu fais là ?
– Je suis venu avec quelqu'un, pour lui faire plaisir. Mais j'ai pas envie d'être là. Et, sans vouloir t'offenser, tu n'as pas non plus l'air d'être une fêtarde.
– Normal, j'en suis pas une. Je suis juste ici parce que j'habitais en face et que je veux oublier mon ex.
– Ce n'est pas la bonne solution. L'alcool ne t'apporte pas de réponses, il te permet juste d'oublier les questions.
– Ça, c'était puissant.
Le brun prit la bouteille des mains d'Artémis, qui se laissa faire. Il l'aida à se relever puis rentra avec elle à l'intérieur. Il posa la bouteille sur une table, força Artémis à boire un café puis l'entraîna hors de l'appartement.
Il fait frais dehors, un petit vent souffle. Artémis a un peu froid, elle a laissé son manteau chez Kévin. Cependant, elle ne dit rien, de peur de passer pour une femme frileuse. L'inconnu, puisque c'est ce qu'il est aux yeux de la rousse, prend la parole :
– T'as froid ?
– Ouais, marmonne Artémis. Tu ne veux pas me passer ton manteau ?
– T'as rêvé mon amie, je vais pas te passer mon manteau, je tiens à ma vie ! Surtout que mourir d'hypothermie, c'est pas cool.
Artémis hoche la tête d'un air pensif. Ce gars n'est visiblement pas romantique mais il est plutôt drôle et surtout intelligent.
– Comment tu t'appelles ?
– Moi ?
– Qui d'autre, banane ?
– Ah euh... Mahé.
– Cool. Artémis, enchantée.
– De même. T'as quel âge ?
– 5 ans.
– 5 ans ?
– Ou 25, c'est toi qui choisis. En nombre d'années passées sur cette planète, ça fait vingt-cinq mais si on compte le nombre d'années où j'ai eu mon anniversaire, ça fait cinq, tu comprends ?
–Absolument pas.
– Je suis née un vingt-neuf février.
– Ça craint.
– Ouais, ça craint comme tu dis. Et toi, t'as quel âge ?
– 23 ans.
– Oh, un petit jeune donc.
– Eh, s'indigna Mahé, je ne suis pas petit !!
Artémis rigola. Ce gars était sympa et plutôt drôle. Elle commençait déjà à l'apprécier. Il n'était Marc mais il lui permettait de se changer les idées.
(Hello! J'espère que vous allez bien et que le chapitre vous a plu! J'ai tardé à sortir ce chapitre et je sais même pas si j'aurais dû le poster car j'en ai qu'un seul de prêt après celui là et j'ai pas de temps pour écrire le dernier, même si avec la fin de Décadence, je devrais me libérer du temps. Sinon, que pensez vous de l'amitié entre Mahé et Artémis?
Bisous 💛
- C'était moi )
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