Clos-Blanc, arrière-pays.

  Je galopais de toutes mes forces. Cette jument était rapide mais ne valait pas ma belle Velna. Dommage que j'aie dû la vendre. L'homme était inconscient. Mon sort n'avait pas suffisamment aidé. Le village se rapprochait de plus en plus.

  Une fois arrivés, j'attachai la jument de Darvin à une étable et le pris sous mon épaule. La douleur devait être atroce.

« QUELQU'UN À L'AIDE ! »

Personne.

« SAUVEZ-NOUS JE VOUS EN PRIE ! »

Un vieillard sortit de sa cabane en courant.

« Mathilde ! Prépare le lit tout de suite ! » Cria-t-il.

De l'aide ! C'était un miracle.

Je rentrais et posais le mi-mort sur le lit.

« Aidez-moi à le déshabiller, nous devons extraire cette lame et s'occuper de cette plaie.

- Vous êtes guérisseur ?

- Après, les questions. Occupons-nous de lui d'abord. »

  J'acquiesçais et me mis à la tâche. J'enlevais sa cape, son pourpoint ainsi que sa chemise afin de pouvoir dévoiler un torse musclé et parsemé de quelques cicatrices. Sur ses bras et ses épaules figuraient des plumes. Lorsqu'il fallut le mettre sur le ventre, son tatouage se dévoila : un aigle, la pointe de son bec s'achevait sur le haut de sa nuque, les ailes déployées qui se prolongeaient de son dos entier à l'arrière de ses bras. C'était stupéfiant ! À mesure que l'homme me demandais des outils ou onguents, je m'exécutais avec pour seul espoir de sauver cet homme. Je ne le connaissais que depuis quelques heures et pourtant, je voyais un ami en lui. Il a eu mille fois l'occasion de m'abandonner et pourtant le voici avec moi. Peut-être plus pour longtemps, mais il restait tout de même à mes côtés.

  Quelques heures plus tard, la lame fut extraite, la plaie pansée et l'homme alité. Je restais à son chevet le temps qu'il reprenne connaissance. Je pris sa main et pria pour sa vie. Sa voix se réveilla et prononça faiblement :

« Alfina ? »