Chapitre 4 - Nalia

 Forteresse en ruines, Terres de Colbrise.

  

  C'est à la lumière de l'aube et aux premiers chants des oiseaux dehors que mes yeux s'ouvrirent. Je n'avais aucuns souvenirs de ce qu'il s'était passé ni même où je me trouvais. J'étais dans un lit frappé par l'âge, le bois grinçant à chaque mouvement et les pieds sur le point de céder. Alors que je peinais à discerner la moindre forme, deux silhouettes apparurent à mes côtés.

- Darv', elle se réveille ! lança l'une des deux personnes.

C'est alors que je le vis. Darvin, cet homme froid et taciturne d'habitude, les yeux gonflés par les larmes, souriait en me voyant me relever, dos à mon oreiller.

- Je t'ai tant manqué que ça ? lui dis-je, éteinte par le sommeil.

  Il ne répondait pas. La lumière pénétrait la chambre chaque seconde un peu plus et nous ne devions pas traîner. Notre navire partait ce soir. Sur le chemin du lac, où il était prévu que je me ressource et me lave, je questionnais Darvin à propos de cet endroit, cette immense forteresse en ruines.

- Nalia, tu te trouves au Bastion, forteresse ancestrale des Chasseurs. C'est ici que j'ai prêté serment...

- Tu veux dire que c'est ça la forteresse légendaire des Chasseurs ? fis-je avec étonnement. Je pensais cela plus vivant...

Aux yeux de tous, le Bastion relève presque d'un conte de fée et le voir ainsi créait en moi un profond sentiment de déception.

- Elle l'était il y a quelques jours. Il y a environ une semaine, la Flamme de Corvo à décimé tous les Chasseurs du Bastion et mit le feu à l'endroit.

Il marqua une longue pause alors que sa voix tremblait de plus en plus.

- C'est ici que tous mes amis sont morts. Quand tu as été poignardée, le seul endroit où te soigner était le Bastion. Je pensais y trouver des guérisseurs de notre Ordre. Mais en arrivant, il ne restait que des cendres de mes anciens compagnons. Un seul fût épargné. Celui qui m'a personnellement formé, le père que je n'ai jamais eu. En le voyant, il m'appela. Il m'expliqua alors l'horreur de ce siège et les atrocités faites à mes confrères. Brûlés de l'intérieur, écorchés vifs, mutilés jusqu'à la mort. Ce fût la fin des Chasseurs, alors déjà sur le déclin.

  Je ne savais que dire. Perdre sa famille une nouvelle fois, ça devait être plus qu'éprouvant, même pour un Chasseur. Je lui pris la main et, bêtement, prononça quelques vœux de deuil elfes. C'est ce que j'aurais voulu recevoir si j'étais à sa place.

- C'est ce qu'on fait lorsque l'on perd des êtres chers : « Doh inhe faelon », dis-je, ses mains jointes sous les miennes.

Ses yeux s'illuminèrent avant qu'il plonge ses yeux dans les miens, sans dire un mot. Mais je comprenais bien, cela signifiait « Merci ».

  Après m'être préparée, je rejoignis Carth qui préparait nos rations pour cet ultime trajet vers le Nord. Je le pris dans mes bras.

- On a cru te perdre, Faldit, mot signifiant « idiote » en elfe courant.

J'étais si surprise de l'entendre parler ainsi que je le regardais, pleine d'étonnement avant de glousser avec lui. Il faut croire que les blessures mortelles, ça rapproche... 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top