Le lendemain, Grand Route du Chêne.

  Le monde est grand et varié. Du Nord au Sud le climat change, de l'Est à l'Ouest, le vent souffle et les arbres naissent. Chaque peuple a son milieu. Les hommes ont la terre, les elfes leurs forêts et les nains leurs montagnes. Je faisais route vers Lindra, le royaume sylvestre des elfes.

  Au bout de quelques jours, les arbres m'étreignaient de plus en plus fort, filtrant la lumière du soleil comme un voile. Deux gardes veillaient devant la grande porte du royaume. Elle était sublime. De grandes gravures ornées de jade et d'émeraude décoraient l'entrée. Je leur demandais la permission de rentrer mais ils m'expliquèrent que les hommes n'y étaient pas les bienvenus s'ils n'avaient pas reçus d'invitation personnelle du "seigneur dudit lieu". Voici la confiance de deux pays voisins ; Les elfes n'ont jamais été félicités pour leur hospitalité. Je tentais une nouvelle fois, tentant de les convaincre, mais en vain. Il fallait que je m'infiltre dans ce cas.

  La douce brise de la nuit. Les étoiles et leur lueur. Parfait pour m'infiltrer dans le royaume. Premier obstacle, les gardes. Les elfes tiennent à leurs arbres. Alors je préparais une torche et l'embrasa, caché par les feuilles et la hauteur. Je mis le feu aux feuilles vertes et blanches de l'arbre. Il n'y avait pas trop de vent alors j'espérais que ça n'allait pas se propager. Je fondais dans l'ombre, loin du feu. C'était un pauvre leurre mais miraculeusement, cela fonctionnait.

  Les gardes s'éloignèrent juste assez pour que je puisse escalader la porte. Ce n'était que la première défense du royaume. La deuxième allait être plus ardue à contourner. Pas de gardes mais une barrière magique. N'étant pas mage, je ne savais pas comment agir. Alors je lançai une pierre. Puis une branche. Mais rien. Aucun changement. Pas d'autres issues.

« Halte là ! »

  Évidemment...je me retournais les mains en l'air et j'enlevais mon capuchon. Deux elfes, en armure dorée et armés d'arcs et d'épées. J'avais négligé l'une de leur force principale : la magie. Ces deux soldats avaient dû prendre le poste des deux derniers, trop occupés à régler le problème du feu.

  Ils me sommèrent de les suivre jusqu'aux cellules. Pas de procès pour un voleur, encore moins un homme.

Valhern Naharin !

  Leur prison était néanmoins bien plus chaleureuse que celles des Hommes : De grandes séries de platanes blancs de nacre gardaient l'entrée. C'était tout bonnement magnifique. En revanche, l'ambiance changeait brusquement une fois dans l'escalier menant aux geôles. Dans ce qui allait être ma cellule, je vis une femme. Blonde, cheveux mi-longs, fine. Une elfe comme toutes celles que l'on pouvait imaginer. Des yeux verts. Et une toile de jute en guise de vêtements. Je me surprenais à la regarder aussi longtemps. Mais je n'avais pas le temps de parler avec elle, j'avais trop de choses à régler, de choses auxquelles penser. Je m'allongeais sur ma paillasse et réfléchissais à un plan pour sortir d'ici.

Cela allait être difficile et je n'avais aucune piste. J'espère que cette femme pourra m'aider.