Château d'Haral, Plaines de Warden.

  Haral m'accompagnait vers sa " salle stratégique " où trônait une immense carte parsemée de petits drapeaux jaunes et bruns. Jaunes pour la bannière de son voisin, Jod Toller, bruns pour la maison d'Haral. Son blason était exposé fièrement partout où l'on posait le regard. Un ours noir sur un fond marron, le tout brodé sur des tissus de basse qualité. A l'image de cette famille. Il me fit signe d'approcher de lui.

- Carth, tu es prêt à enfin payer ta dette ?

- Juste dit-moi ce que tu veux, dis-je en soupirant.

- Je veux Fort Toller, répondit le bougre en frappant du plat de la main sur la carte, faisant tomber tous les drapeaux d'un coup.

- Tu veux voler à tes voisins leur place forte ? As-tu perdu l'esprit ?

- Je suis sérieux Carth. Si tu échoues, je te laisse dans leurs cachots, compris vermine ?

- Ai-je le choix ?

- Tu veux vivre, espèce de saloperie ? Ou tu veux rester une proie toute ta vie, à la merci de l'ombre ?

Sa voix devenait de plus en plus forte.

- Je veux seulement dégager d'ici au plus vite, cet endroit sent le crevé et la merde. Comme toi.

  D'un revers de la main droite, il réussit à me faire valser une dent. Un léger filet de sang la suivit. J'avais une main sur le manche de ma dague, une autre sur ma bouche et il me suffisait d'un mouvement pour mettre fin à toute cette histoire, mais je ne bougeais pas, tiraillé entre l'envie de lui trancher la gorge d'un coup net, et celle de trouver un plan pour capturer Fort Toller. Au bout de quelques secondes, je penchais pour la seconde option.

- Combien d'hommes tu envoies avec moi ? dis-je après avoir essuyé ce mélange rougeâtre qui s'échappait de ma bouche.

- Aucun. Je ne vais pas faire mourir mes gars pour toi.

- Hé, je te dois un service, pas une mise à mort. Tu m'envoies à l'abattoir là !

Il croisa les bras et se retourna dos à moi.

- Tu as jusqu'à demain. A l'aube.

J'acquiesçais faiblement avant de sortir de cette maudite salle.

- Oh un dernier conseil, puant :

Te rates pas.