Grand place de Krechiv, durant l'assaut.

- Tuez-les !

  Les soldats dégainèrent alors leurs armes et les pointèrent vers nous, avachis et attachés comme des porcs que l'on abat. Les lames étaient si proches que je pouvais sentir la rouille des épées émoussées. Je me voyais déjà la gorge tranchée quand une voix encore plus forte vint percer le brouhaha de la foule.

- Et vous irez dire à cette...traînée qu'elle peut continuer à écarter les cuisses devant ces salauds rouges, et-

La voix se coupa net.

- Que foutez-vous bande d'incapables ?

- On exécute les prisonniers, mon Jarl.

Et d'une voix rêche, le supposé Jarl ordonna de nous détacher, nous fit nous lever et nous fixa pendant un long moment.

- Je ne me pose pas la question de savoir ce que fait un Chasseur ici, vous n'êtes pas le premier à avoir pensé échapper à la Flamme. Cependant, je ne vois pas ce qui pousserai un nobliau et une Longues-Oreilles à ramper, blessés, jusqu'à chez moi.

- A vrai dire, on a été rampés jusqu'ici, rectifia sarcastiquement Carth. Attachés aux montures de vos hommes, traînés dans la merde sur-

- Mon bon seigneur, ce qui nous amène en ce pays importe peu, nous pouvons nous battre et nous aiderons du mieux qu'on peut à combattre la Flamme, coupa Nalia.

  Le Jarl me fixa, un sourcil levé et une tronche franchement pas jouasse. J'acquiesçais lentement sans rien dire. Après un long moment, il se décida à parler :

- Préparez les chambres, nous avons des invités au château ce soir !

Et les rires vinrent remplacer les cris.