Grand route de Krechiv, le lendemain

 L'avantage de perdre ses affaires dans un naufrage, c'est qu'on voyage léger par la suite. Et heureusement d'ailleurs, mes plaies ne cessaient de se rouvrir et de me faire défaillir. Toutes les heures nous avions droit Carth et moi à un changement de bandages par Nalia. Leurs conversations se faisaient presque exclusivement en langue elfique, que j'avais appris en vain au poste de Commandant des armées de Batria. Mais Carth a toujours su parler mieux que moi. Je souriais en les voyant discuter ainsi, leur relation était plutôt distante mais étonnamment fusionnelle. Surtout pour ce qui était de me ridiculiser. Rien qu'avant de partir, mes vêtements avaient étrangement disparu à ma sortie du lac, me forçant à déambuler nu dans notre camp de fortune.

  C'est après une journée entière de marche qu'une fumée de cheminée vint nous redonner espoir. Nous n'avions pas croisé une seule âme et commencions à nous demander si nous avions fini sur l'île voisine. A bout de souffle, sans eau ni nourriture, cette fumée semblait tellement lointaine. Au bout d'une bonne heure de supplice supplémentaire, la source de la fumée de dévoilait alors : Krechiv. La ville était sous le feu ennemi, assaillie de toutes part par un ennemi ardent. Ainsi la Flamme avait gagné l'Archipel. Nous pensions ce pays épargné mais hélas, il était trop tard. C'est alors qu'un escadron de guerriers chargea vers nous, haches au clair.

- Qu'est-ce qu'ils foutent ?! hurla Carth, désarmé et endolori.

- A ton avis govàl ? (imbécile)

  Ils nous encerclèrent, montés sur leurs chevaux de guerre nous pointaient du bout de leurs épées. Avant même de pouvoir prononcer un mot, ils nous mirent les fers et nous emmenèrent en direction de la citée alors embrasée par le feu ennemi.