Chapitre 7

J'essuie le sang sur l'épée en bois d'entraînement en observant les déchus couchés au sol et je dis :

- Vous avez sérieusement besoin d'entraînement, les gamins. Prêts pour un second round ? J'ai la journée à vous accorder si vous voulez.

L'assassin m'indique :

- Tu enchaînes les coups en traître.

- Ah oui, dans un vrai combat, vos adversaires sont rarement reglo. On n'est pas dans un cours de judo, il n'y a pas de code d'honneur dans le vrai monde. C'est tuer ou être tué.

Mon âme-sœur entre dans la pièce et affirme :

- C'est terrifiant ce que tu dis, Nalf.

Je lui lance aussitôt une des épées en bois qu'il rattrape par réflexe et je rétorque :

- Tu participes au prochain round, poussin ?

- On parle toujours de combat ?

- Je ne suis pas contre un round d'un tout autre sport, mais oui, ça te dit ?

J'effleure délicatement son bras de la pointe des ailes. Il en profite pour caresser celles-ci avec un sourire, puis remonte doucement jusqu'à toucher mon épaule. Pendant ce temps, je mets l'épée sous sa gorge et j'ajoute :

- Tu as perdu.

- Non, j'ai eu ce que je voulais, répond-il en m'embrassant.

J'en profite pour poser ma main sur le bas de son dos, avant de finalement la descendre sur ses fesses tout en continuant de l'embrasser. Quand nos lèvres se séparent, il sourit  :

- Tu es entreprenant, Nalf.

- Hmm, tu ne m'as pas chassé pourtant.

- En effet, ça ne me déplaît pas. En revanche, est-ce qu'il y a du public ?

- Oh, ça se réveille. Peut-être pourrons-nous tirer quelque chose de ces gamins.

- Tu es dur, Nalf.

- Non, pragmatique. Comment s'est passée ta réunion ?

- D'un ennui mortel. Tu veux t'occuper de les entraîner ?

- Ça dépend des marges de manœuvre que j'ai.

- Pas de blessures durables ni de tortures injustifiées. Sinon, tu as carte blanche. J'ai toujours trouvé les entraîneurs trop conciliants parmi les déchus.

- Splendide ! J'espère que vous avez mis des couches, les enfants. Vous allez en chier, dis-je en ricanant et en sortant de la pièce.

- Un rien sadique, ta déclaration, Nalf. Je me trompe ?

- Je le suis un peu sur les bords, je te l'accorde. Tu as une idée de programme ?

- Déjà, ne pas rester trop longtemps dehors. Le soleil tape fort aujourd'hui. Un petit tour au cinéma te dit en attendant ce soir ?

- Plutôt un petit film rien que tous les deux, lover sur le canapé, si ça te va. Ou quelque chose de plus sportif.

- Un tour dans les catacombes ?

- Tu trouves ça romantique, toi ?

Je demande, curieux.

- Je ne sais pas, je me pose seulement la question, je me dis qu'il n'y a pas de lumière là-bas. Tu n'as pas peur des rats ?

- Non, c'est même excellent à la broche avec un peu de sel. Sinon, tu as des forêts dans les environs ?

- Oui, pas loin. Pourquoi ?

- Tu aimes le gibier ?

- Je raffole du lapin.

- Et tu sais chasser ?

- Non, pas vraiment, mais quelque chose me dit que tu vas m'apprendre. Tu me suis ? demande mon âme-sœur en se dirigeant vers la sortie.

Je le suis de nouveau dans le hall, dans cet énorme vide parsemé de portes jusqu'à la plus basse, débouchant sur un tunnel étroit en terre sans aucun aménagement. Nous replions alors nos ailes en les serrant contre notre dos pour éviter qu'elles ne nous gênent. Gadriel fait apparaître une petite boule de lumière dans sa main, tandis que je remonte simplement ma paire de lunettes de soleil et la glisse dans mes cheveux. Soudain il se retourne et me demande :

- Je suppose que tu vois tout ?

- Oui.

- Tes yeux reflètent la lumière comme ceux d'un animal, c'est très joli. Ça te donne un air sauvage.

- Hum, tu trouves ? C'est le cas chez tous les nyctalopes, pas seulement les Drow. Nos yeux absorbent n'importe quelle source de lumière, même les plus petites, pour nous offrir une vision parfaite dans l'obscurité. Le problème, c'est que, pour la même raison, les lumières fortes sont au minimum désagréables, voire assez dangereuses pour les plus extrêmes. J'ai entendu des histoires de Drow devenant aveugles à cause de la lumière de la surface.

- Ah oui quand même. Je vais faire poser des vitres spéciales sur les fenêtres de l'appartement et trouver un mage pour enchanter tes lunettes.

- Tu exagères, Poussin.

- Non, non, si la lumière peut être dangereuse pour toi au point de risquer de te rendre aveugle, rien n'est trop extrême.

- Tu es inquiet ?

- Évidemment.

- Comment le prendrais-tu si je te disais que je suis heureux que tu te soucies de moi ?

Je vois son regard doux dans l'obscurité, puis il me cherche quelques secondes et parvient à me trouver. Il me fait maladroitement un câlin que je lui rends aussitôt. Je l'embrasse rapidement, puis m'écarte et demande :

- J'ai raison de penser que tu es assez tactile ?

- D'habitude pas autant que ça, mais avec toi, je le fais sans même y penser. Pourquoi cela te gênerait-il ?

- Aucunement. Je t'avoue que je le suis assez également, enfin si mon odeur de clopes ne te dérange pas.

- Non, je ne te ferais pas la morale à ce sujet. Je ne suis pas ton père, et j'ai moi-même un peu fumé il y a quelques siècles.

- Tu fumais quoi ?

- Du tabac brun que je faisais pousser.

- J'en ai un peu de brun d'excellente qualité. Tu veux que je t'en roule une ?

- Allez, pourquoi pas après cette chasse.

Corrections:

- Alors tu en auras une seulement si tu arrives à attraper quelque chose, nous sommes loin de la sortie.

- Non, une trentaine de mètres, répond-il en se dirigeant vers celle-ci et regardant derrière lui toutes les 5 secondes.

Je finis alors par dire :

-Tu sais que je te vois très bien, pas besoin de vérifier toutes les deux secondes, mais si ça peut te rassurer... rétorqué-je en posant une main sur son épaule.

- Merci Nalf, dit-il en avançant de nouveau.

Je remets mes lunettes quand je vois une porte et quand il l'ouvre, je découvre une dense forêt. Je lance aussitôt un sort d'ombre pour me camoufler, que je partage avec mon âme sœur, et dis :

- Reste près de moi, sinon tu vas sortir de mon sort de zone. Suis-moi à la trace. Il est important de se déplacer sous le vent, sinon les animaux nous sentiront.

- Je ne sens aucun vent.

- Les feuilles bougent très légèrement. Regarde mieux. Les animaux ont généralement un certain flair, donc si on veut rester invisibles à leurs yeux, être bien cachés ne suffit pas. Et quand un animal est stressé au moment où il est tué, la viande devient dure. Les humains ont une technique lamentable avec leurs battues. La chasse se fait en délicatesse, c'est un véritable art, pas une barbarie !

- Je peux comprendre ton point de vue. C'est une des raisons pour lesquelles beaucoup d'anges ont été déchus, d'ailleurs, en refusant de les mettre au-dessus de nous.

- Je trouve ça assez logique. Une seconde, je vérifie les traces dans les environs.

Je fouille le bois environnant et remarque des traces de la taille d'une assiette que j'examine et dis :

- J'ignorais qu'il restait des loups en France, surtout d'aussi gros. Vu l'empreinte, il doit faire la taille d'un poney.

- Oh, il y a effectivement des loups dans les environs, mais ils ne sont pas vraiment ce que l'on croit. Il y a une meute de loups-garous à Paris. Ne t'inquiète pas, nous ne courons aucun danger, car ils ont conclu un pacte de non-agression avec notre clan. De plus, l'un de leurs membres a une âme sœur qui est un déchu, donc ils ne rompront pas le pacte.

- Alors je vais les suivre pour leur demander s'ils ont repéré des lapins ou des lièvres aux alentours. La plupart des herbivores ont certainement pris la fuite, et leurs odeurs doivent être partout.

- Leur village se trouve à quelques kilomètres. Viens avec moi", s'exclame le déchu en s'élevant verticalement.

Je le rejoins immédiatement dans les airs, et il effectue une pirouette pour voler à l'envers, se positionnant au-dessus de moi. Il m'embrasse rapidement, puis refait la même pirouette et se place légèrement en avant pour me guider. J'ai eu le temps de voir un petit sourire lorsqu'il m'a dépassé. Je touche rapidement mes lèvres et souris à mon tour en le suivant.

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