Chapitre 5

- Gadriel ? Est-ce que tu penses qu'il serait possible d'avoir un incube ou une succube pour m'aider avec la magie des rêves ?

- Les anges n'ont pas le pouvoir de t'aider dans ce domaine. Ne t'inquiète pas, nous te trouverons ça, répond-il.

Ensuite, Gadriel se lève du canapé et se tourne vers moi en ajoutant :

- Tu viens ? À moins que tu ne veuilles pas sortir avec moi ?

- Bien sûr que si, affirmé-je en me levant à mon tour.

Je me dépêche alors de mettre le costume noir posé sur mon lit. Il est assez simple, mais légèrement trop grand. J'enfile également une paire de rangers montantes et glisse une petite dague dans ma poche. Ensuite, je m'empresse de tresser mes longs cheveux blancs avant de mettre mes lunettes de soleil. Après cela, je rejoins Gadriel sur le toit. Là-haut, l'ange saute et se laisse tomber en chute libre avant de déployer ses ailes juste avant de toucher le sol. Je reste bouche bée en l'observant enchaîner les figures acrobatiques. Après quelques minutes, je me décide enfin à sauter à mon tour, une cigarette au coin des lèvres. Mon compagnon se positionne rapidement à côté de moi, ses ailes effleurant les miennes, et me demande :

- Est-ce que tu es déjà venue à Paris auparavant ?

- Pas vraiment, je n'étais jamais montée à la surface. Le soleil est vraiment trop éblouissant.

- Et les étoiles, tu aimes ça ?

- Les étoiles ? La nuit dernière, le ciel était sombre.

- C'était juste à cause des nuages, on ne pouvait pas voir les étoiles. Et tu sais, tu peux me quitter des yeux pour admirer la vue. La ville est magnifique.

- La vue serait encore plus belle sans vêtements, déclaré-je taquinement.

Puis, je regarde en bas. La ville est en effet très jolie, une multitude d'immeubles à la façade blanche et ouvragée, avec de longues bandes grises sur lesquelles circulent des chevaux de métal étranges.

Je questionne l'ange :

- Est-ce que ces véhicules fonctionnent avec de la magie ?

- Non, avec de l'essence, un liquide inflammable qui empeste.

- Un vrai cheval sent moins mauvais.

- Peut-être, mais les véhicules sont plus rapides et moins fatigants.

- C'est sûr, personnellement je prends rarement la voiture ou d'autres moyens de transport, je me sers le plus souvent de mes ailes, c'est bien plus agréable.

- Mais voler nous rend vulnérables.

- Tu n'as pas vu ? Je maintiens une barrière autour de nous depuis tout à l'heure.

- Ah oui ? Elle est vraiment discrète. Mais où m'emmènes-tu ? J'aimerais si possible éviter de rester trop longtemps dehors, le soleil est désagréable.

- Il te fait mal ?

- Mal, non, mais c'est gênant.

- Alors, suis-moi, on va tenter de te trouver de meilleures lunettes.

- On va chez l'opticien ? J'avoue que ça m'arrangerait.

Il acquiesce, puis nous partons jusqu'à un magasin à la devanture grise où dans la vitrine minimaliste se trouvent de nombreuses paires de lunettes. En rentrant, le vendeur se met quasiment à genoux en tremblant et dit :

- Bienvenue dans notre enseigne, Sir Gadriel. En quoi pouvons-nous vous être utile ?

- Vous pouvez vous lever, je ne suis pas là de façon officielle. Je vous présente Nalfein, mon âme-sœur, je suis là pour lui.

- Que puis-je pour vous, Sir ?

- J'aurais besoin de lunettes solaires bien protectrices. Mes yeux sont assez sensibles à la lumière.

- On peut peut-être commencer par des verres polarisés ? Cela vous sera utile contre le UV et vous évitera d'être ébloui. Une limite de budget ?

- Non, aucune. Prenez les plus efficaces du magasin, mon lié mérite le mieux, rétorque Gadriel.

- Je n'ai pas besoin d'autant.

- Laisse-moi te gâter un peu, Nalf.

- Nalf ? J'ai un surnom maintenant, c'est mignon.

- Désolé, je n'ai pas fait attention. Si cela te gêne, je peux arrêter.

- Non, non, continue, je trouve ça adorable, les surnoms, bien que je trouve celui-ci peu original.

- Tu préfères des trucs plus niais, Poussin, par exemple ? renchéri-t-il en ricanant.

- Oh non, s'il te plaît, tout mais pas ça !

- Alors, Nalf, c'est bien.

- Mieux que Poussin, c'est davantage toi le Poussin avec tes ailes toutes duveteuses et douces. Mais on n'était pas là pour choisir des lunettes et pas pour se dragouiller ?

Il sourit et se dirige vers les présentoirs. Il passe de longues minutes à tout regarder. J'ai le temps de sortir fumer une cigarette. Au bout de quelques minutes, l'ange me rejoint dehors et pose simplement sa tête sur mon épaule. Alors que le vent froid se lève soudain et me fais frissonner, il déploie ses ailes qu'il replie autour de moi  :

- En fait, tu détestes faire les magasins, je me trompe ?

- En effet, je m'impatiente vite, mais tu avais l'air si enthousiaste...

- Car je voulais faire quelque chose avec toi, et tu avais besoin de vêtements. D'où ma proposition. Si tu préfères, on peut juste aller se poser dans un bar et discuter.

- Pas en terrasse, mais oui, ça me plairait.

- Et si la terrasse est couverte ?

- Si je garde mes lunettes, ça ira.

- Le vin, tu aimes ?

- Je ne suis pas un grand buveur, et généralement, je préfère les alcools sucrés, mais pourquoi pas ?

- Alors, je connais un bar qui sert un Saint-Émilion à damner, si cela te dit, Nalf.

- Oui, pourquoi pas, je te suis, réponds-je en décollant.

Ensuite, je m'élève comme un aigle royal. En plein vol, je replie mes ailes pour passer entre deux immeubles, puis je les déploie brutalement pour éviter de m'écraser une fois de l'autre côté. Là-haut, je plane en l'attendant. Quand il me rejoint, il dit :

- Et c'est moi qui me vante, apparemment.

- Je dois avouer que je le fais aussi de temps en temps. Tu as aimé ?

- Oui, tu es vraiment très agile, Nalf, et je ne suis pas sûr que tes ailes manquent de musculature. Les décollages verticaux que tu fais sans cesse demandent une grande force musculaire, surtout avec ton envergure.

- Quel est le lien avec l'envergure ?

- Plus les ailes sont courtes, moins tu as de prise sur l'air. J'ai aussi du mal à planer, même si j'ai presque un mètre d'envergure de plus que toi. Le chef, par exemple, peut planer sur des kilomètres avec ses immenses ailes bleues. Je suis un peu jaloux, d'ailleurs. Elles ont de magnifiques reflets verts. Les miennes sont simplement blanches.

- Je trouve tes ailes très belles, et elles ne sont pas uniquement blanches. Elles ont de légères nuances nacrées sur la pointe des plumes.

- Et les tiennes ont des reflets métalliques au soleil. C'est vraiment fascinant à observer. Enfin, nous sommes arrivés. C'est juste en dessous.

- Celui avec les rideaux verts devant ?

- Oui, exactement, réagit le déchu en se posant devant.

Je lui tend alors la main et c'est ensemble que nous entrons dans le bar.

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