Chapitre 3

Le chef des anges me fixe et demande :

-J'aimerais qu'on soit clair sur quelque chose. As-tu l'intention de me tuer ?

-J'ai déjà parlé à Gadriel, répliqué-je en rangeant mes épées avant de m'appuyer contre le mur. Il m'a dit qu'il s'interposerait si j'essayais. Et je n'ai aucune intention d'attaquer ma propre âme sœur, donc non. Mais as-tu dit à Gadriel ce que je t'ai rapporté à propos de mon clan ?

-Oui, bien sûr. Si Nalf retourne dans le monde souterrain sans t'avoir tué, c'est lui qui sera exécuté. Et s'ils n'ont pas de nouvelles de lui, ils enverront des assassins à sa poursuite. Je t'avoue que je ne veux pas te voir mort, chef. Mais je ne veux pas non plus perdre mon âme-sœur. Donc, je lui ai promis que je le protègerais. Quel est ton avis par rapport à ça ?

-Hé bien, si j'étais toi, je le marquerais de mon sigil au plus vite pour que personne ne le touche. Renforce sa magie et place-le sous surveillance continue. Cela évitera qu'on tente de le tuer ou qu'il tente de me tuer.

-Je voulais attendre qu'on se connaisse mieux avant de lui parler de ça.

-Tu peux m'expliquer ?

-C'est une tradition parmi les déchus. Quand on a trouvé la bonne personne, on lui marque notre sigil au niveau du cœur. Cela équivaut à demander quelqu'un en mariage pour les humains.

-Et c'est définitif ?

-Oui, c'est comme un tatouage, mais avec de la magie. La seule façon de l'enlever est de le brûler, mais cela laisse de sérieuses cicatrices.

-Tu veux le faire ?

-Je ne le ferai pas avant d'avoir ta permission.

-Cela me convient. Tu es mon âme-sœur. Si tu penses que c'est mieux pour moi et que cela peut te faire plaisir, personnellement cela ne me dérange pas.

-Tu as l'intention de le loger dans tes quartiers, je suppose, Gadriel ?

-Oui, j'ai une chambre supplémentaire. Il est tard. Bonne nuit, chef.

-À toi aussi. Mais saches que le fait d'avoir trouvé ton âme-sœur ne te soustrait pas à tes obligations. Il y a une réunion demain après-midi.

-C'est compris, quel est le sujet ?

-Les Nephilim et leurs sanctions en cas de transgression des lois humaines.

-Un sujet bien ennuyant.

L'ange sort de la pièce et je retrouve mon âme-sœur qui me demande si j'ai apporté un pyjama.

-Non, pas vraiment. D'ordinaire, je dors en sous-vêtements, mais si tu as quelque chose à me prêter, ce n'est pas de refus.

-Je vais te chercher ça, dit-il en sortant.

Pendant ce temps, je retire mon armure en cuir et pose mes nombreuses lames sur la table.

Quand il revient, il s'exclame :

-Que t'est-il donc arrivé ?

En pivotant la tête, je demande avec un sourire en coin :

-Tu parles des cicatrices ? Ou des muscles ?

-Des cicatrices ! on dirait des coups de fouet. On t'a torturé ?

-Disons plutôt que je n'ai pas toujours été un élève exemplaire et que les transgressions se paient cher en dessous.

-Je suis désolé.

-On ne se connaissait pas encore, tu n'aurais rien pu faire.

-Tu veux que j'essaie de te guérir ? Ce n'est pas ma spécialité, mais je peux essayer, propose-t-il gentiment.

-Eh bien mes cicatrices me rappellent des souvenirs bons ou mauvais, je trouve ça important de ne pas oublier. Tu ne voudrais pas faire autre chose plutôt ? répond-je en tapotant mon torse dénudé jusqu'à l'emplacement où bat mon cœur juste en dessous.

Il me fixe, puis me regarde dans les yeux et demande :

-Es-tu sûr que c'est ce que tu veux ? Je ne pourrais pas l'enlever après.

-Oui, certain.

Il se rapproche et pose sa main sur ma poitrine au-dessus de mon cœur, sans me lâcher du regard. J'hoche alors la tête et ses doigts commencent à fourmiller de magie et deviennent chauds. Quand il les retire, je découvre un motif circulaire et très compliqué gravé en blanc sur ma peau, détachant nettement pas comme une cicatrice, enfin pas tout à fait, elle semble briller de l'intérieur d'une lumière blanche. L'être céleste la fixe avec un grand sourire, puis m'observe de haut en bas et dit :

-Tu as vraiment un très beau corps.

-Tu étais en train de me mater ou je me trompe ? l'interrogé-je en plaisantant.

-Tu ne te trompes pas, mais maintenant avec mon sigil, ta magie devrait légèrement se modifier. De quel élément es-tu d'ailleurs ?

-Ombre et feu.

-Il est possible que tu te retrouves également avec la lumière ou que cela renforce ton feu ou rien du tout, c'est très aléatoire.

-Merci. Tu sais si il y a une salle d'entraînement ici ou une armurerie ?

-Oui, il y a un gymnaste où s'entraînent nos jeunes. Pour l'armurerie, il n'y aura pas meilleure arme que les tiennes. Les Drow sont parmi les meilleurs forgerons.

Puis, il s'éloigne et je lui demande :

-Gadriel ?

-Oui, quoi donc, Nalfein ?

-J'ai oublié de te dire que mes yeux sont assez sensibles à la lumière, donc je ne sais pas ce que ça va donner avec le soleil lorsque je serais à la surface.

-Ils sont pourtant très jolis, d'un bronze chaud au reflet orangé.

-Merci. En contrepartie, je suis nyctalope.

-Donc là, tu me vois toujours, ajoute-t-il en fermant les rideaux et en éteignant la lumière.

-En nuances de gris, mais je te vois. Attention, tu vas te prendre la table basse, clamé-je en la désignant du doigt.

-Vraiment ? lache-t-il en tâtonnant le mur dans le but de trouver la lumière.

Je pose une main sous son menton, luttant pour ne pas l'embrasser. Ne bougeant pas de ma position, je suis déçu lorsqu'il trouve l'interrupteur. Nous fixant intensément, la surprise s'empare de moi quand tout à coup il lève un sourcil sans reculer avant de finalement s'avancer pour enfin poser ses lèvres brièvement sur les miennes. Malheureusement ce tendre moment ne dure pas longtemps puisqu'il se recule tout aussi vite. Mais cette fois, c'est moi qui m'avance et l'embrasse restant un peu plus longtemps, puis je me retire avec un sourire et dis :

-Où se trouve ta chambre d'ami ?

-La porte au fond à droite. Celle à gauche est la mienne. Si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas.

-Merci.

- De rien, bonne nuit, répond-il avant de partir se coucher.
Je me dirige alors vers l'autre porte, l'ouvre et me retrouve dans une pièce peu meublée, contenant un immense lit fixé au plafond par des liens en métal. Au sol, se trouve un canapé et un coffre table basse en bois gris. Après avoir refermé le lourd rideau bleu nuit, la pièce plonge dans l'obscurité. Aussitôt, je me retrouve sur le lit grâce à un mouvement d'ailes. Le matelas est incroyablement moelleux, comme un nuage. Je déploie une aile au-dessus de mon visage pour bloquer la lumière résiduelle et m'endormi doucement.

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